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tion. Il s'est rendu volontairement; il a accepté de grand cœur le ministère du pieux religieux qui l'avait entouré d'amitié; il a reçu l'extrême onction quand il l'a voulu. Phénomène singulier, dans ses entretiens sur Dieu et sur Jésus-Christ, les mots ne lui manquaient pas, l'aphasie était moins obstinée; il se faisait bien comprendre. »

Cet homme, si remarquable par son esprit d'invention, ne l'était guère moins par l'art de rendre sa pensée. Nul ne porta plus loin la simplicité, la clarté, la netteté du style scientifique, ces qualités si précieuses du génie français. Je ne connais pas dans la littérature de la science de pages plus expressives, plus transparentes, plus picturales si j'ose ainsi parler, que certaines pages dans lesquelles Foucault décrit ses procédés d'expérience et les phénomènes observés par lui. Le lecteur, je n'en doute pas, partagera cette impression après la lecture de quelques extraits que je donne plus loin. Les chroniques scientifiques du Journal des Débats, dans la rédaction desquelles il succéda au Dr Donné en 1845, renferment de nombreux témoignages de ces qualités d'exposition, en même temps que de cette indépendance de jugement et de cette franchise d'appréciation qui tenaient à la nature droite de Foucault, et qui ne laissèrent pas de lui susciter des inimitiés douloureuses à rappeler. « La tâche, périlleuse à plus d'un titre, dit M. J. Bertrand, exigeait beaucoup de science, et Foucault se proposait d'en acquérir; beaucoup de prudence en même temps et de sens critique; il y mêla beaucoup de hardiesse. Toujours attentif à ne pas se compromettre par des jugements erronés ou douteux, ses appréciations n'avaient rien de banal. Entre tant de travaux, non moins différents par le but que par la méthode, il marquait nettement ses préférences, non sans quelque dédain pour la science, si élevée qu'elle fût, quand elle se déployait sans résultat immédiat et précis.

>> Malgré l'importance croissante de ses propres travaux,

il n'abandonna jamais complètement cette tâche qu'il aimait et dans laquelle la franchise de ses jugements, toujours pleins cependant de convenance et de courtoisie, a éveillé plus d'une rancune et par là peut-être retardé ses

succès. >>

Quant à sa personne même, j'en emprunte le portrait à M. Lissajous: « Il semblait que la nature eût pris à tâche d'établir un contraste saisissant entre l'organisation physique de L. Foucault et sa puissance intellectuelle. Qui aurait pu deviner l'homme de génie sous cette frêle apparence? Sa taille était peu élevée, sa tête petite, le front peu développé, les yeux inégaux,l'un franchement myope, l'autre presbyte. Aussi ne regardait-il que de l'oeil droit, tandis que l'œil gauche semblait abandonné dans le vague. A cette disposition s'ajoutait une légère nuance de strabisme divergent qui donnait à son regard quelque chose d'étrange et de très caractérisé.

» L'expression de sa physionomie était ordinairement froide, son attitude modeste, son langage réservė; néanmoins l'ensemble de sa personne était distingué, il avait même dans la conversation un charme tout particulier qu'augmentaient encore la finesse de son sourire, le timbre agréable de sa voix, l'expression douce et parfois caressante de son regard. Il s'étudiait à racheter par l'exquise urbanité des formes ce qu'il y avait d'absolu dans ses idées et d'invariable dans ses convictions.

>> C'est qu'en effet il n'avançait jamais une opinion sans s'y être mûrement arrêté, et tout ce qu'il affirmait était le fruit de longues études et de méditations sérieuses. Aussi était-on étonné de la profondeur et de l'originalité de ses vues lorsqu'il se livrait un peu, dans ces causeries intimes du jeudi qui réunissaient chez lui de nombreux savants. C'est ainsi que sans effort, et par la sûreté de son jugement, il avait conquis sur tous ceux qui l'entouraient une véritable autorité. »

Tel était, dans l'ensemble de ses traits, l'homme éminent dont il est temps d'aborder l'œuvre scientifique, rassemblée, comme je l'ai dit, par les soins de Madame Foucault, qui a trouvé dans M. C. Gariel un assistant à la fois dévoué et intelligent, et dans M. Gauthier-Villars un de ces éditeurs comme il est trop rare d'en rencontrer pour des publications d'un ordre aussi élevé. Dans ce beau volume, enrichi d'un article de M. J. Bertrand et d'une notice biographique de M. Lissajous, accompagné d'un volume de planches soignées, les écrits de Foucault sont classés d'après leur objet : Optique et Photographie, Électricité, Mécanique. J'ai préféré, dans l'analyse que je vais essayer d'en faire, me rapprocher davantage de l'ordre chronologique sans m'y astreindre-tout à fait. J'étudierai les mémoires et les écrits de L. Foucault, en les groupant autour des œuvres principales qui ont marqué les diverses périodes de sa trop courte carrière.

II

Le premier travail publié par Foucault date, si je ne me trompe, de 1841 et est relatif à la photographie (1); il parut dans une brochure destinée aux praticiens, sous ce titre Méthode pour appliquer le brôme à la production des épreuves daguerriennes. L'auteur y donnait avec tous les détails les précautions à employer pour éviter les difficultés que présente l'emploi du brôme, dans la préparation des plaques sensibles destinées au daguerreotype. Son attention était alors portée sur cet art nouvellement inventė, car en 1843 il présentait à l'Académie des sciences une note sur ce même sujet de la préparation des plaques sensibles (2), et il y revint à diverses reprises. Mais son esprit scrutateur ne pouvait s'attarder longtemps à ces détails de pure

(1) Recueil des travaux scientifiques, etc., p. 1. (2) Recueil, etc., p. 9.

expérimentation, et, suivant sa coutume, il rencontra dans ces premières études les éléments d'un travail de haute physique, qu'il exécuta avec un autre savant également célèbre depuis, M. Fizeau. Le 5 août 1845, il écrivait à Arago une lettre (1) publiée dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences, et où il résumait les faits observés par M. Fizeau et par lui, relativement à l'action neutralisante qu'exercent les rayons rouges du spectre solaire sur une plaque sensibilisée qui a déjà subi l'impression de la lumière blanche. Cette recherche intéressante fit l'objet d'un mémoire développé, inédit jusqu'ici, qui porte le titre de « Études sur l'action spéciale exercée par l'extrémité la moins réfrangible du spectre sur les substances impressionnables à la lumière (2). >>

Les expériences décrites dans ce travail ont pour but et pour résultat de constater une influence en quelque sorte négative, que les rayons les moins réfrangibles du spectre solaire, les rayons rouges et les rayons invisibles situés au delà, exerceraient sur les plaques daguerriennes. Une plaque argentée ayant été rendue sensible à la lumière par une préparation d'iode et de brôme, qui fournit la plus grande sensibilité, est d'abord faiblement impressionnée par un faisceau de lumière blanche convenablement ménagée. Si l'on expose cette plaque déjà altérée à l'influence du spectre solaire fourni par un prisme, on reconnaît que les rayons bleus, violets et ultra-violets du spectre renforcent l'action déjà commencée par la lumière blanche, tandis que les rayons les moins réfrangibles, les rayons rouges par exemple, diminuent l'effet antérieur et ramènent même la plaque à son état primitif, pourvu que l'exposition à la lumière blanche n'ait pas durẻ trop longtemps ni produit une altération trop profonde.

(1) Observations concernant l'action des rayons rouges sur les plaques daguerriennes (Recueil, etc., p. 14.

(2) Recueil, etc., p. 19.

On savait déjà fort bien que lorsque la lumière solaire dispersée par le prisme agit sur une plaque sensibilisée, l'effet atteint son maximum dans les rayons bleus, et n'est pas appréciable dans la région de la plaque soumise à l'influence des radiations rouges. Mais on ignorait que ces radiations agissent en sens inverse des premières (ce que les auteurs appellent une action négative), bien que Herschel et d'autres physiciens eussent déjà constaté l'effet protecteur que les verres rouges exercent sur les plaques iodées,

Le mémoire de MM. Fizeau et Foucault expose d'abord toutes les précautions à prendre pour obtenir une bonne couche sensible d'iodure et de bromure d'argent; puis il fait connaître les résultats des expériences, tels que je les ai résumés plus haut. Il étudie ensuite l'influence, sur ces résultats, du degré d'altération de la couche dû à l'exposition primitive à la lumière blanche; cette influence ne change pas la position, relativement aux rayons du spectre, du maximum d'action négative, mais il faut plus de temps pour ramener la plaque à son état initial quand l'impression première a été plus forte. C'est en exposant la plaque impressionnée à la vapeur de mercure que les opérateurs révélaient l'action éprouvée par la couche sensible et son retour plus ou moins parfait à l'état primitif.

En recherchant quelle est l'influence de l'action plus ou moins prolongée du spectre sur la couche altérée, MM. Fizeau et Foucault rencontrent ce fait remarquable, que le maximum d'activité négative se déplace vers les rayons moins réfrangibles quand l'exposition dure plus longtemps. Ils arrivent à cette importante conclusion: il y a dans le spectre des radiations qui agissent toujours positivement (rayons les plus réfrangibles), des radiations qui agissent toujours négativement (partie la moins réfrangible du spectre), des radiations dont l'effet alterne du négatif au positif suivant la durée de l'exposition (elles sont confinées dans la portion jaune et orangée du spectre). De là, les auteurs

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