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eau suivant les lignes de plus grande pente et dans une proportion d'autant plus forte que ces pentes sont plus rapides. Quand les mêmes phénomènes se produisent sur un sol boisé, la portion d'humidité que ne résorbe point tout d'abord l'atmosphère est en partie absorbée par les feuilles, en partie retenue par les rameaux, les branches, les tiges; la portion qui parvient jusqu'au sol n'y arrive que plus lentement et s'y arrête, retenue d'abord par le spongieux tapis de feuilles mortes et d'humus qui le recouvre, puis s'écoule peu à peu, entravée à chaque instant par les souches, les racines, le pied de toute tige, broussaille, touffe ou brin d'herbe; ce ne sera qu'avec une extrême lenteur, et pour ainsi dire goutte à goutte, qu'elle parviendra au bas de la pente. L'atmosphère est par suite plus humide et la température un peu moins élevée en forêt qu'en plaine, dans une région boisée qu'en une contrée dénudée. D'autre part, dans les sols marécageux ou imprégnés d'un excès d'humidité, les arbres, et plus particulièrement certains d'entre eux, exercent, par l'action aspirante de leurs feuilles sous l'influence de la lumière et de la chaleur solaire, une influence asséchante et assainissante. Effets variés qui peuvent se résumer dans un résultat général de pondération et d'équilibre. S'il en est ainsi, n'est-il pas exact de dire que l'avenir forestier de la France est dans la mise en valeur par la sylviculture des terres incultes et improductives? Or le reboisement des montagnes et celui des dunes sont deux cas particuliers, les plus importants il est vrai, de cette vaste question. De plus ils répondent à deux intérêts de premier ordre précédemment indiqués aux chapitres V et VI de la présente étude.

XIV

Reboisement des montagnes.

Soixante-dix vues photographiques de toutes les variétés de travaux exécutés ou entrepris dans les périmètres de reboisement ont été levées et publiées par M. de Gayffier, conservateur des forêts, l'organisateur d'habileté sans conteste et de science consommée de l'exposition forestière française. Avec les monographies et les notes descriptives qui les accompagnent, elles permettent au plus étranger à ces matières de se faire une idée exacte de la nature, de l'importance et du prix de ces travaux (1).

L'écrètement, sur des versants dénudés, des arrêtes qui séparent les ravines, le rejet des matériaux en provenant au fond des thalwegs où les retiennent des fascinages préalablement établis, et bientôt noyés sous ces décombres, préparent le nivellement transversal de ces flancs déchirés. Dans les lits ainsi exhaussés et élargis des ravines, de nouveaux fascinages suffisamment rapprochés provoqueront à chaque chute d'eau ou fonte de neige, des séries d'atterrissements et retarderont, en le divisant par d'incessants obstacles, l'écoulement des eaux. Dans chaque recoin, dans chaque ligne de plus grande pente, des fascinages multipliés et solidement assujettis par des piquets de mélèze enfoncés de 80 centimètres dans la roche, retiennent les matériaux arrachés par les eaux aux flancs de la montagne. Puis, au fond du ravin qui sert de bassin de réception aux ravines ainsi consolidées, se dressent des obstacles analogues mais plus vastes, plus importants, plus espacés ; ce sont tantôt de petits barrages rustiques en pierre sèche, tantôt des clayonnages transversaux formés avec des boutures et des plançons de saules et autres essences d'un

(1) Reboisement et gazonnement des montagnes.— Monographies de travaux exécutés dans les Alpes, les Cévennes et les Pyrénées. 1 volume gr. in-4o de VIII-365 pp., sans nom d'auteur. Paris, Imprimerie nationale. 1878.

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enracinement facile entrecroisés autour de longrines verticales, elles-mêmes consolidées par des moises que des pieux obliquement enfoncés rattachent au sol d'amont.

Enfin, dans le lit du torrent principal, réceptacle commun de tout ce que charrient ravins, ravines et sillons de tous les versants qui l'entourent, s'élèvent de vastes et coûteuses constructions, des barrages en maçonnerie hourdée au ciment hydraulique avec couronnement en pierres de taille. Le parement d'amont est rectiligne et vertical; celui d'aval est disposé en arc de cercle concave vers la pente. Le couronnement forme lui-même une dépression concave vers le ciel. Les hauteurs verticales de ces barrages, qui varient avec la disposition des lieux, ne sont jamais inférieures à plusieurs mètres. Un ou deux pertuis, quelquefois plus, placés dans la verticale au centre de la concavité, permettent aux eaux d'infiltration de se faire jour sans miner la maçonnerie. Un épais radier, parfois consolidé par des pièces de mélèze solidement entrecroisées et noyées dans sa maçonnerie, lui-même terminé souvent par un petit parement vertical formant contre-barrage, reçoit le choc de la colonne d'eau tombant des pertuis et du couronnement du barrage (1). Dans l'épaisseur de celui-ci on ménage, quand les circonstances s'y prêtent, un canal de dérivation pour conduire une partie des eaux torrentielles sur des terres qu'elles arroseront et fertiliseront.

En amont d'une construction de cette puissance qui d'ailleurs soutient, consolide et peut rendre inébranlables les berges sur lesquelles elle s'appuie, un dépôt de matériaux, terres, vases, pierres etc., se forme et s'agrandit à la suite. de chaque orage; l'atterrissement ne tarde pas à affleurer le couronnement, ayant exhaussé et élargi le lit du torrent jusqu'à des distances prévues; un second barrage analo

(1) Quelquefois le radier est construit horizontalement et en contre-bas du thalweg au pied du barrage: l'eau que débite celui-ci ne tarde pas à former ainsi une sorte de petit lac, un vrai matelas d'eau qui amortit, lors des grandes crues, le choc de la colonne d'eau tombant de son couronnement.

gue au premier, s'élève à la naissance de l'atterrissement que celui-ci a provoqué, puis un troisième en amont du deuxième, et ainsi de suite.

Sur ces atterrissements successifs, vastes gradins inclinés dont chaque barrage de pierres forme à l'aval le parement vertical, deux clayonnages longitudinaux marquent les rives du nouveau lit du torrent, tandis qu'une série de clayonnages transversaux, de dimensions moindres, produisent en petit, d'un barrage à l'autre, l'effet que réalise en plus grand sur l'ensemble la série même des barrages en maçonnerie. Dans ce lit ainsi exhaussé et élargi, sur les berges aux pentes ainsi adoucies, des saules, des peupliers, des platanes, des essences feuillues de toute sorte égayent de leur verdure les abords de ce thalweg naguère aride, morne et désolé.

Parfois de tels travaux ne suffisent pas à consolider des versants composés principalement de marnes liasiques (terres noires) que rien ne défend contre l'action souterraine des eaux d'infiltration. Des glissements de versants entiers, et sur une épaisseur qui peut s'élever à plusieurs mètres, sont alors à craindre, fussent-ils couverts de végétation, même forestière. Des travaux de drainage judicieusement conçus et établis de manière à détourner, au moyen de rigoles remplies de pierres ou même pavées, les eaux souterraines de la direction, que, livrées à elles-mêmes, elles eussent suivies, préviennent de tels dangers.

Quelquefois la pente d'un torrent ou d'un ravin est si rapide sur une section donnée, ou bordée de berges tellement affouillables, qu'aucune suite d'obstacles, si rapprochés fussent-ils, ne saurait par des atterrissements adoucir efficacement cette pente ou préserver ses rives de la corrosion. Alors, par une série de radiers reliés et parés au moyen de perrés et de seuils successifs, on emprisonne en quelque sorte le cours du torrent sur un lit inaffouillable, jusqu'à ce qu'un adoucissement naturel de la pente ou un changement dans la nature du sol permette de rentrer

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dans l'ordre normal des barrages et des clayonnages. Dans certains cas des digues longitudinales s'ajoutent aux barrages ou en assurent la solidité en forçant le torrent à rentrer dans un lit qu'il avait quitté ou à s'en creuser un nouveau en un sol moins affouillable et plus consistant.

Par cet ensemble de travaux et d'autres encore dont le choix est dicté aux agents forestiers par les circonstances orographiques, géologiques et hydrologiques de chaque périmètre, les opérations de reboisement proprement dit sont rendues possibles et peuvent être entreprises avec toutes chances de succès.

Dans les plus hautes régions des Alpes, aux altitudes qui atteignent et dépassent 2 000 mètres, on sème, parmi les pierres et les rochers, des graines de pin cembro; sur des sillons tracés et cultivés horizontalement, des graines de plantes fourragères et arbustives à l'abri desquelles seront semées plus tard, aux mêmes altitudes, des graines de mélèze; au-dessous des graines de pin noir d'Autriche, de pin sylvestre, de pin à crochets, d'épicéa, etc. Sur les berges des ravins, le cytise des Alpes, le sorbier des oiseleurs, le prunier de Briançon (1) et autres feuillus sont plantés. Entre les bandes horizontales on sème du gazon qui permettra plus tard aux graines résineuses répandues à leur tour de prendre racine. Là où dominent les terres noires et peu stables du lias, on plante en cordons horizontaux des boutures de saule, des plants d'acacia et autres feuillus.

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C'est ainsi que, protégé par sa puissante armature de barrages, de digues, d'obstacles de toute espèce, le bassin tout entier d'un torrent dévastateur voit la verdure, une végétation plantureuse, germe de richesses incalculables pour l'avenir, remplacer les ruines, la désolation, le désert.

(1) Le prunier de Briançon est un arbrisseau de 2 à 5 m. de hauteur, très fréquent dans les sols granitiques du Briançonnais, de la Maurienne, du Graisivaudan entre 1500 et 1700 mètres d'altitude. Il se retrouve aussi dans les AlpesMaritimes. A. Mathieu, Flore forestière, 3e édition.

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