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gny, Bronn, Quenstedt, Élie de Beaumont et d'Omalius, de Verneuil, Pictet, Murchison, d'Archiac, Barrande et bien d'autres qui ont prouvé par leurs recherches le fait de la succession des faunes et des flores sur le globe, n'étaient pas des panthéistes. Tous ceux-là ont déclaré qu'ils croyaient à un Dieu créateur du monde : la plupart étaient chrétiens, reconnaissaient l'inspiration des saintes Écritures; plusieurs professaient ou professent encore la foi catholique !

Mais le P. Bosizio n'est ni peu ni point préparé à la critique des doctrines de la géologie, les connaissances les plus étendues en théologie et en philosophie étant insuffisantes pour cela. Il ne se rend pas compte de la méthode d'observation et de son efficacité pour résoudre de grands problèmes. Il ne soupçonne pas à quel point le désintéressement de toute opinion préconçue est indispensable au naturaliste qui tient à l'exactitude. Aussi n'apprécie-t-il pas, comme elle le mérite, l'autorité de l'observateur qui scrute les faits et les relations nécessaires qu'ils ont entre eux, relations qui sont aussi des vérités. Je sais qu'il est des savants ne mentionnant que les faits qui leur conviennent et qu'ils s'efforcent de plier à des hypothèses. Mais il serait ridicule et injuste de ranger parmi ceux-là les hommes éminents que j'ai cités. On doit les en croire quand ils s'accordent sur les longues périodes de la terre et sur les transformations du monde organique. Ouvriers actifs et témoins fidèles, ils ont apporté chacun de son côté des matériaux pour un même ouvrage, et plus d'une fois sans soupçonner à l'avance le résultat auquel ils devaient parvenir.

C'est le P. Bosizio qui est dominé par une fausse théorie! Il n'y a pas à se le dissimuler : l'histoire du globe, telle que les faits l'ont dictée aux géologues, lui déplaît complètement. Il est clair que ces périodes interminables, que ces phases distinctes et plus ou moins progressives de la création vivante, auxquelles on n'avait jamais songé avant les recherches modernes, ne cadrent pas entièrement avec l'idée

que le P. Bosizio s'est formée de la toute-puissance divine. Voilà comment il soupçonne très sincèrement la plupart des géologues d'être menés par des tendances pantheistiques. Rien, à mon avis, ne montre mieux qu'un tel exemple combien il se faut méfier du raisonnement à priori dans les matières auxquelles il répugne. Autrefois, quand les sciences naturelles étaient peu cultivées, il y avait un moindre inconvénient à ces empiétements du raisonnement abstrait dans le domaine alors inoccupé des études physiques. Les choses sont changées. Le respect dû aux métho-· des propres à chacune des branches du savoir et aux résultats qu'elles amènent doit être porté désormais jusqu'au scrupule (1). Il faut en convenir : l'étude approfondie de l'univers visible a rectifié sur plusieurs points essentiels les opinions universellement professées autrefois par les plus grands esprits. Aussi le philosophe et le théologien bien avisés ne déduiront pas l'étendue du monde sidéral, la structure et l'ancienneté de la terre, soit de l'idée qu'ils se font des perfections divines, soit de passages bibliques susceptibles d'interprétations contraires : ils s'en enquerront auprès de l'astronome et du géologue, en commençant par comprendre leurs preuves, sauf à les peser ensuite. Procẻder autrement, c'est s'exposer à juger indigne de Dieu précisément l'univers qu'il lui a plu de créer. Ajoutons que c'est perdre tout crédit sur les savants qui ne seraient pas bons catholiques.

II.

Je disais en commençant que, parmi les conclusions indubitables de la géologie, il en était d'assez importantes pour frapper celui qui les admet, moins encore en tant que

(1) La première Constitution dogmatique du Concile du Vatican dit: In suo quæque ambitu propriis utantur principiis et propria methodo. C. IV.

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naturaliste, que comme homme s'intéressant à l'origine des choses. Je prendrai une de ces conclusions assez établie pour que tous les apologistes chrétiens sachent à quoi s'en tenir c'est la haute antiquité du globe terrestre. Cette antiquité qui est à la durée de nos temps historiques ce que sont les distances planétaires aux dimensions du globe, elle est acquise à la science. Ce n'est pas une vérité absolue, me disait dernièrement un de mes éminents collègues de la faculté de droit. Je le veux bien : la haute antiquité du globe est simplement vraie comme l'existence de César et de Napoléon.

Toutefois, nonobstant une assertion si catégorique, je sais trop que le caractère péremptoire des arguments n'affecte pas immédiatement toutes les sortes d'esprits, pour me flatter de convaincre par une exposition faite à grands traits ceux qui ne seraient pas façonnés à l'induction en histoire naturelle. Dès qu'il s'agit de l'univers physique, ce n'est plus à la parole humaine, mais aux faits de convaincre; et qui s'obstine à douter n'a qu'à se mettre face à face avec les réalités. Néanmoins l'argumentation que je vais résumer est si simple, à mon avis, dans ses termes essentiels, qu'elle doit frapper tout homme docile et de bonne foi comme quelque chose de très sérieux.

Cette démonstration repose sur deux faits et comporte l'admission d'un principe. Elle est aisée à retenir.

Ces deux faits sont d'abord, la présence de débris organiques ou de fossiles dans les couches qui constituent les terrains; en second lieu, la superposition des terrains les uns aux autres. Le principe c'est la permanence des lois.

Les fossiles sont-ils des restes de plantes ou d'animaux qui ont vécu autrefois à la surface du globe? Personne, à ma connaissance, n'en doute actuellement; même les écrivains, comme le P. Bosizio, qui rejettent la plupart des conclusions de la géologie contemporaine, acceptent l'origine organique des fossiles; et par le fait même, qu'ils le sachent ou qu'ils l'ignorent, ils sont conduits forcément à

la haute antiquité de la terre. Mais, on le sait, longtemps on méconnut la vraie nature des fossiles. Chose curieuse, très digne de l'attention du penseur car elle montre combien lentement on arrive à la connaissance de vérités très simples, Léonard de Vinci et Fracastoro, au xv et xvie siècles, ayant soutenu l'origine organique des fossiles, eurent contre eux presque tout le monde; et non seulement des philosophes, mais des naturalistes très distingués comme le botaniste Matholi, l'anatomiste Fallop, et le célèbre Agricola si digne d'admiration pour son étude des gisements métallifères.

Dans les temps modernes, aussitôt qu'on eut reconnu la nature réelle des fossiles, on commença par les croire identiques aux êtres vivants actuels et par attribuer leur ensevelissement dans les terrains au déluge et à d'autres cataclysmes historiques. C'est l'idée que maintient encore le P. Bosizio, et ce fut un grand progrès: car auparavant, soit chez les anciens, soit au moyen âge, on pensait que les pétrifications devaient leurs formes particulières à l'influence des corps célestes ou à la force plastique de la terre (1). Ce n'étaient donc que de simples formes imitatives. Si quelqu'un ressuscitait aujourd'hui cette hypothèse il arrêterait net la démonstration géologique. De plus, si l'adversaire que je suppose était purement un raisonneur, qu'il fût absolument rebelle à l'observation des faits et à ce mode de conviction qui naît invinciblement de leur confrontation et de leurs analogies, il serait impossible de le réfuter. Il dirait qu'il peut exister en effet des forces occultes que nous

(1) Quelques philosophes grecs ont eu néanmoins des idées plus justes. Xénophane, d'après les Philosophumena d'Origène, aurait reconnu formellement le caractère véritable des poissons, des coquilles et des plantes fossiles dont les empreintes se rencontrent dans les carrières de Syracuse, de Malte, de Paros, et en aurait conclu que les terres et les mers prévalaient tour à tour sur ce monde changeant. Empedocle aurait eu des idées approchantes. Cons. la dissertation très remarquable de M. Schvarcz, sur les connaissances géologiques des Grecs et des Romains, insérée dans le cours de paléontologie stratigraphique de d'Archiac, t. II, p. 577 et suiv.

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n'avons pas directement expérimentées; il ajouterait que Dieu peut tout faire, et que s'il lui a plu de créer par milliards dans l'intérieur de la terre des formes qui trompent l'œil le plus exercé, c'est qu'il en a trouvé, dans son éternelle sagesse, des raisons qui nous sont profondément inconnues. J'ignore, quant à moi, ce que l'on pourrait rẻpondre à un argumentateur qui se roidirait de la sorte, si ce n'est que la Providence ne l'a pas destiné à la connaissance scientifique du monde qui nous entoure.

Mais les fossiles ne sont plus contestés, du moins dans les publications contemporaines, l'examen attentif ayant convaincu tous ceux qui ont pris la peine de les comparer aux formes vivantes, et ceux-là ayant transmis leur conviction aux autres. Un coup d'oeil rapide jeté sur les formes extérieures est déjà décisif dans la plupart des cas. Pour un homme impartial il suffit de regarder. Mettez sous les yeux d'un campagnard quelque belle plaque de schiste houiller avec restes de fougères, en lui demandant à quoi cela ressemble: il n'hésitera pas un instant à assimiler ces empreintes aux plantes qu'il rencontre à chaque pas dans le bois. Ramassez des coquilles dans le terrain tertiaire des environs de Paris où l'on en trouve parfois qui ont gardé leurs couleurs, mélangez ces coquilles à celles qui abondent sur les plages actuelles de l'Océan, personne ne distinguera les unes des autres, sauf un Deshayes, un Woodward et ceux qui, comme eux, se sont appliqués aux particularités conchyliologiques.

Ne nous contentons pas de confronter les apparences extérieures multiplions les moyens de contrôle ; prenons la loupe, le miscroscope; la parenté des formes s'accentuera dans la proportion des moyens employés. Les lithologistes affirment que la houille est d'origine végétale en comparant la composition chimique des diverses variétés à celle du bois desséché. Le micrographe à son tour retrouve dans les particules de la houille ancienne le tissu celluleux qui constitue l'épiderme des feuilles et des tiges

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