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naturel et spontané que sur la chaîne des Alpes, où il forme, de Saint-Gervais en Savoie jusqu'aux abords de Nice, une longue ligne de sommets boisés longeant la frontière franco-italienne.

Il a été donné précédemment (IV) des indications sommaires mais suffisantes sur les qualités spéciales aux bois de ces trois essences. La première, le sapin, sur ses 192 000 hectares soumis au régime forestier, produit annuellement 705 000 mètres cubes de bois, dont 20 pour cent servent au chauffage ou sont convertis en charbon, un peu plus de 1 pour cent est absorbé par la marine et 35 pour cent sont employés en charpente proprement dite. Sur les 44 qui restent, 39 sont affectés aux usages marchands et le reste passe à tous autres emplois : étais, perches, poteaux et traverses; sciages divers et bois de fente; industries variées. Pareils emplois sont ceux de l'épicéa dont le rendement annuel, sur ses 75 000 hectares domaniaux et communaux, est seulement de 200 000 mètres cubes; la répartition en est toutefois un peu différente: ainsi la marine ne fait à l'épicéa que des emprunts insignifiants (1/3 pour cent de sa production totale); les étais, traverses, perches et poteaux lui prennent encore moins; la charpente consomme 26 pour cent de l'épicéa livré à la consommation, et les sciages marchands 39; les autres emplois se font dans des proportions à peu près pareilles à celles des emplois similaires du sapin. Quant au mêlèze, 43 000 hectares régis par l'administration publique, ne rendent que 18 à 19 mille mètres cubes par an: la marine, peut-être à tort, ne lui prend rien, mais la charpente civile recherche avec empressement son bois dur, souple et résistant, dont la durée est également longue, exposé à l'air comme en terre ou sous eau; elle lui demande 27 pour cent de son volume annuel. En raison des mêmes qualités on en emploie 10 pour cent en traverses de chemins de fer, auxquelles on affecte relativement si peu d'épicéa et de sapin, et 32 à 33 pour cent en sciages marchands et divers qui,

ses

avec ceux des sapins et épicéas des Alpes s'écoulent sur Lyon, Genève, Beaucaire, etc. Le surplus, sauf quelques centaines de mètres employés en bois de fente et en industries diverses, sert comme bois de chauffage (chauffage médiocre du reste) et de charbon qui se consomme dans les pays de production.

Les lieux de consommation de tous ces produits varient avec leur nature comme avec les pays qui les ont vus naître. Les bois d'ébénisterie et de charron nage, les conduites de fontaines, pâtes à papier, etc., ainsi que les merrains, bardeaux, bois de boîtes, lattes, échalas, s'emploient gėnėralement, comme le charbon et le chauffage, dans les départements même qui les ont produits. Les traverses de mélèze sont exclusivement employées dans la partie méridionale du réseau de Paris-Lyon-Méditerranée; les bois de marine et de batellerie le sont sur la Saône, le Rhône et la Méditerranée; les charpentes et les sciages marchands des sapins et épicéas de la chaîne des Vosges vont à Paris, en Lorraine et en Champagne; ceux du Jura et des Alpes s'écoulent à Lyon et dans toute la Provence. Les Pyrénées livrent les leurs au Roussillon, au Languedoc, à la Guyenne; le Plateau Central et les Cévennes les consomment eux-mêmes ou les envoient aux départements du midi.

XVIII

Les bois de feu et leur importance.

Si, dans nos trois grandes essences conifères indigènes, l'emploi en bois de chauffage et de charbon est plutôt l'exception que la règle, puisque cet emploi n'est le plus souvent que le cinquième de la consommation totale et n'arrive même pas au tiers, on n'en saurait malheureusement dire autant des essences feuillues, dont il nous reste à parler, et parmi lesquelles on voit des bois aussi précieux que le charme, le hêtre et même le chêne, ne fournir au service,·

au travail et à l'industrie, au bois d'oeuvre en un mot, que la plus infime partie de leur production annuelle, le charme à peine dix centièmes, le hêtre vingt et le chêne vingt-sept, le chêne commun encore, car pour les chênes spéciaux au midi, yeuse, liège, tauzin, kermès, en dehors de leur écorce c'est bien leur totalité ou peu s'en faut, croyonsnous, qui sert au chauffage. L'ensemble de la production annuelle en bois de feu et en bois à charbon de toutes essences dans les forêts soumises au régime forestier, étant de 5 104 000 mètres cubes, le chêne, le hêtre et le charme entrent dans ce chiffre pour un peu moins de 4 millions de mètres (3 911 475) dont près de 2 millions (1 800 000) sont fournis par le premier; le surplus se rẻpartit entre les autres bois durs feuillus pour un dix-huitième (286 000 m. c.), les bois blancs pour un onzième (442 000 m. c.) et les bois résineux pour un seizième (321 000 m. c.) (1).

La propriété boisée de la France, qu'elle appartienne à des corps abstraits comme l'État, les communes, les établissements publics, etc., ou à des particuliers, dépasse un peu neuf millions d'hectares (9 185 311) ou les dix-sept centièmes de l'étendue du pays tout entier (2). Dans cette contenance n'est pas comprise toutefois la surface des périmètres de reboisement et des dunes encore soumises à des travaux de fixation (s). La portion de la propriété boisée qui est régie par l'Administration publique ou, autrement dit, qui est soumise au régime forestier, comprend les forêts appartenant à l'État et à tous les corps mineurs sous la tutelle de l'État: établissements publics, communes et sections de communes, départements, etc. Ces forêts sont au nombre de

(1) M. Larzillière, sous-inspecteur des forêts: Notice sur le débit des bois de feu. In-4°. Paris, Impr. nationale, 1878.

(2) La surface générale de la France est de 52 857 310 hectares dont un peu moins de 1/6 ou 17,3 p. c., est représenté par les neuf millions d'hectares en nature de bois et forêts. (Voir la Statistique forestière déjà citée).

(3) Dunes et périmètres occupent ensemble 223 000 hectares.

douze mille (1) et s'étendent sur près de trois millions d'hectares (2); l'État en possède à lui seul 967 mille hectares (3) répartis entre 748 forêts; le surplus, près de 1 900 000 hectares (4) est partagé entre 11 293 communes ou établissements publics propriétaires.

Le chêne commun, le hêtre et le charme occupent à eux seuls les soixante centièmes du peuplement de ces neuf millions d'hectares; les conifères dont il a été parlé plus haut en occupent vingt autres centièmes et les autres essences de nos forêts se partagent les vingt centièmes restant ou plutôt les seize centièmes, car il en est quatre centièmes qui sont occupés encore par un chêne du midi, l'yeuse ou chêne vert, un arbre de troisième grandeur. Parmi les quatre-vingts ou cent essences de toute grandeur dont plusieurs descendent même au rang d'arbrisseaux et qui composent ces seize centièmes, la plupart ont des emplois industriels importants, nous le verrons par la suite; ce n'est jamais néanmoins qu'une part infime de leur volume annuel qui reçoit cette destination. Tout le reste est converti en bois de feu (chauffage et charbon) (5).

N'y aurait-il pas dans cette énorme quantité de matière ligneuse dont on ne tire profit qu'en la détruisant, un vẻritable gaspillage de l'un des principaux éléments de la richesse publique ? Ne serait-ce pas une pratique dans une certaine mesure encore barbare que de ne savoir utiliser qu'en la brûlant, une matière première aussi précieuse que le bois ? Sans doute, si notre production suffisait largement à notre consommation, on pourrait répondre qu'il n'est brûlé que ce qui ne saurait être employé autrement, tous

(1) 12041.

(2) 2 827 454 hectares.

(3) Exactement 967 120 hectares.

(4) 1 860 334 hectares.

(5) Le hêtre et le charme sont les bois de feu les plus estimés : le charme l'emporterait même sur le hêtre. Toutefois c'est le chauffage des hêtres qui est pris comme unité calorifique pour la comparaison, à ce point de vue, des différents bois entre eux.

nos besoins industriels étant préalablement satisfaits; et que ce n'est pas un gaspillage que de détruire une matière qui accomplit plusieurs services importants par sa destruction même, alors surtout que cette matière ne saurait être utilisée d'une autre façon. Cette réplique serait jusqu'à un certain point spécieuse, si nous ne demandions pas de bois à l'étranger, si du moins l'ensemble de nos importations se compensait par celui de nos exportations; mais il n'en est point ainsi le chiffre qui représente annuellement l'excès des bois que nous achetons à l'étranger sur ceux qu'il nous achète, suit une progession toujours croissante (1); et l'étranger lui-même ne nous fournit le plus souvent ce qui nous manque qu'en exploitant abusivement ses propres forêts. Un tel fait témoigne bien des progrès considérables qui restent à faire en économie gẻnérale comme dans la science et la pratique des moyens à mettre en œuvre pour tirer le meilleur parti, tout le parti possible, de biens que la Providence prodigue sans doute à l'homme, mais à la charge d'en user selon les règles d'une sage et intelligente épargne.

Quand on pense que onze mille mètres cubes de pins maritimes exploités sont abandonnés chaque année sans aucun emploi dans les montagnes de la Corse, faute de voies et moyens de transport; quand on songe que la majeure partie de nos hautes montagnes sont encore dépourvues de routes pour permettre aux produits des forêts dont elles sont couronnées de trouver un écoulement rela

(1)La différence entre nos exportations et nos importations en matière de bois, différence toute en faveur de nos importations, tend toujours à s'accroître. Elle était en 1848 de moins de 28 millions (27 800 000 fr.), de 50 300 000 fr. en 1854, elle était arrivée en 1864 à 99 200 000 fr. En 1874 elle s'est élevée à 128 800 000 fr.; et enfin, en 1876, à 158 000 000 fr., le chiffre des importations ayant été de 64 400 000 fr. et celui des exportations de 202 400 000 fr. (Voir l'Annuaire des eaux et forêts de 1878). Sur cette dernière somme les pièces équarries entrent pour 150 000 000 fr., les merrains d'Italie et d'Autriche pour 62 000 000 fr., les sciages de bois résineux du nord de la Russie et des États dinaves pour 95 000 000 fr. (J. Clavé, Revue des deux mondes).

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