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herbacées en même temps que les vaisseaux scalariformes et les sporanges propres aux fougères et à d'autres cryptogames vasculaires. M. Dawson voulant savoir à quoi s'en tenir sur le rang d'un des plus anciens arbres fossiles, le Dadoxylon, du terrain dévonien d'Amérique, en fait tailler des fragments en lames minces transparentes ; il soumet ces lames au microscope et, moyennant un grossissement suffisant, il aperçoit dans la coupe longitudinale des fibres, les aréoles discoïdes qui caractérisent actuellement encore le bois des pins et des sapins. A quoi bon accumuler les exemples? Sachons seulement que des botanistes ont préféré comme plus facile et plus instructif l'examen microscopique des bois fossiles silicifiés à celui des espèces vivantes.

Remarquons maintenant une conséquence de ces analogies profondes des organismes fossiles avec les actuels. Une plante ou un animal ne se produit pas naturellement avec son développement normal en un clin d'œil. Il est de l'être organisé de parcourir un cycle. Il naît, il s'accroît peu à peu, acquiert la faculté de se reproduire, et sa structure, à un moment donné, porte la trace nécessaire des phases quelquefois très longues par lesquelles il a passé. Elle résume son histoire antérieure. Considérez, par exemple, une écaille ou valve d'huître. Cette valve n'a pas l'aspect d'une plaque produite d'un seul jet. On y découvre à l'extérieur un bon nombre de plis concentriques correspondant au rebord d'autant de lamelles gaufrées et superposées, dont les inférieures s'avancent au delà des supėrieures. Chacune de ces lamelles pierreuses a été secrétée en son temps par le manteau charnu de l'animal, à mesure de sa croissance, et ces rebords espacés répondent à des temps d'arrêt dans la sécrétion pierreuse : car c'est là un phénomène périodique, du moins pour un très grand nombre de coquilles. Au point de départ, l'écaille de l'huître était réduite à un grain de calcaire situé près du sommet. La valve est donc un édifice qui s'est construit lentement et

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avec des temps de repos qui se rattachent aux saisons.

Si l'on inspecte ensuite les huîtres (Ostrea ventilabrum) qui abondent dans le terrain tertiaire de Lethen, près Tongres, et qu'un oeil novice pourrait confondre avec les huîtres actuelles, on y constate les mêmes rebords lamelleux en retrait les uns par rapport aux autres. Dirons-nous que ces lamelles juxtaposées des ostracés tertiaires ne procèdent pas des mêmes phénomènes physiologiques que ceux qui président aux accroissements des huîtres récentes? Non, certes, nous n'avancerons pas cette erreur: parce que nous admettons la permanence des lois qu'il a plu à Dieu d'imprimer à la vie ici-bas. Ce principe de la permanence des lois est la condition sine qua non de l'interprétation rationnelle du monde physique. C'est pourquoi, sans hésiter, nous déclarons que la coquille de l'O. ventilabrum s'est confectionnée avec une certaine lenteur, et par périodes; et nous affirmons du même coup que l'animal vivait dans le fond de la mer, était nécessairement en rapport avec une certaine quantité d'oxygène dissous dans le liquide ambiant, et qu'il lui était aussi impossible qu'à l'animal de l'huître actuelle de se développer et de vivre sous dix mètres de sable.

Il est vrai que les circonstances peuvent être plus ou moins favorables à la marche des corps organiques et que, nonobstant la persistance des lois, ceux-ci jouissent d'une incontestable flexibilité. Mais cette flexibilité qui est dans la nature des êtres vivants, c'est l'observation qui nous l'enseigne, et en même temps elle nous apprend que les écarts en sont restreints dans des limites resserrées. Transformer indéfiniment par hypothèse les habitats et conditions de vie des organismes fossiles, accélérer outre mesure la marche de leur accroissement, c'est méconnaître ce qui est ici pour nous la base de toute certitude, à savoir l'observation et l'expérience: c'est précisément violer la loi.

Étendons par la pensée ce que je viens de rappeler touchant les huîtres de Lethen aux coquilles turbinées des gastéropodes, aux coquilles cloisonnées des céphalopodes, à tous

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les autres mollusques, aux bryozoaires, aux polypiers, aux crustacés, aux ossements de vertébrés, aux troncs d'arbres avec couches annuelles d'accroissement et aux innombrables empreintes végétales, en un mot à tous les débris fossiles rencontrés dans les couches. Chaque spécimen, chaque fragment porte dans sa structure la preuve indėlėbile d'une carrière plus ou moins durable accomplie autrefois dans le milieu vital, c'est-à-dire dans l'atmosphère et à la surface même du globe, ou au sein des eaux qui le recouvrent en partie.

Je ne conçois qu'une exception possible à la règle qui vient d'être rappelée, d'après laquelle la conformité de la structure intime entre un organisme fossile et un organisme vivant suppose chez l'un et chez l'autre des phénomènes vitaux et une durée à peu près semblables. Voici cette exception :

J'ignore entièrement comment Dieu s'y est pris pour faire éclore la vie sur la terre, et même comment il y introduisit les premiers exemplaires de chaque type d'être. C'est le mystère de l'apparition ou de la dérivation des espèces, visà-vis duquel nous sommes réduits aux hypothèses. L'Écriture sainte paraît enseigner qu'Adam fut créé dans la plėnitude de ses facultés physiques, comme il le fut avec le plein usage de ses facultés intellectuelles. S'il a plu au Créateur de faire apparaître ainsi à l'état adulte un grand nombre d'espèces destinées à se reproduire et à se multiplier avec le temps, il est clair que, dans chaque cas, les premiers exemplaires peuvent induire en erreur le savant qui par hasard mettrait la main sur eux. Ces exemplaires primordiaux, en dépit de l'identité de structure, ne supposent pas la même histoire physiologique que leurs descendants, puisque, dans l'hypothèse, ils ont été produits complets par le pouvoir créateur. Ils font donc exception. Mais cette exception n'est pas opposée au principe de la permanence des lois au contraire, les lois physiologiques que nous connaissons, exigent cette exception à cause de leur insuffisance et comme condition de leur exercice. Ces cas singu

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liers ne sont donc pas de nature à ébranler la démonstration de l'ancienneté du monde.

La signification des fossiles étant une fois reconnue, il ne reste plus qu'à tenir compte du fait de la superposition des couches fossilifères pour conclure nécessairement à l'ancienneté du globe. -En effet l'observateur impartial la trouve exprimée d'une manière assez éloquente dans la structure du sol qui nous porte. Mais il faut ouvrir les yeux!

La surface de la terre habitable nous présente, dans sa configuration extérieure, une apparence d'immobilité et, dans la distribution des terrains, une apparence de confusion qui trompent l'une et l'autre le regard du spectateur inhabile. Quoi de plus stable, au premier abord, que la disposition physique des contrées, que les limites des mers, que la direction des fleuves, que la répartition des pays de montagnes et des pays de plaines? L'histoire nous montre les générations et les civilisations humaines se supplantant l'une l'autre sur ce grand théâtre, sans que les traits essentiels s'en altèrent d'une manière sensible. Si maintenant nous considérons de plus près la nature même du sol, quelle variété et, en même temps, quelle diffusion bizarre des masses minérales! Rappelez-vous un voyage de quelques heures en chemin de fer. Tour à tour, comme au hasard, souvent avec une brusquerie étonnante, se succèdent ou se répètent le sable, le limon, les argiles, les amas de craie, les rochers de marbre, les montagnes de grès, d'ardoises ou de granit. Mais l'observation méthodique vient démentir ces premières impressions en faisant retrouver un ordre constant et une suite incomparable de changements sous cette figure capricieuse et immobile de la terre. En effet, si la terre a son véritable cycle historique, si elle a traversé des états divers, courts ou prolongés, elle en doit porter le témoignage dans sa structure présente, comme il en arrive de l'écaille d'une huître qui démontre le mode progressif qui l'a constituée telle qu'elle est. Voilà comment l'étude attentive de la charpente des continents

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conduit de soi-même à l'histoire de la terre, histoire inattendue du philosophe autant que du simple paysan.

Que disent les faits? C'est que la majeure partie du sol des continents est formée d'immenses plaques ou couches minérales, empilées les unes au-dessus des autres et offrant une épaisseur énorme. Chacune de ces plaques ou assises minérales, qu'elle soit composée de sable, de grès, d'argile, de schiste, de marne, de calcaire ou de tout autre substance, renferme à peu près toujours sur des portions plus ou moins considérables de son étendue en surface, et à presque toutes les hauteurs, des accumulations innombrables d'organismes marins. Si l'on compare ces organismes à leurs analogues vivants, on voit, soit par leur état de conservation, soit par la position qu'ils occupent, que la plupart ont vécu à peu près à la place où on les trouve.

De ces faits universellement établis, et chacun peut les vérifier au besoin dans le pays qu'il habite, on tire infailliblement les conséquences suivantes :

1o La presque totalité des couches qui composent les terrains a été déposée dans le sein des mers.

2o La très grande partie du sol des continents géologiquement explorés, c'est-à-dire l'Europe, les deux Amériques, une bonne partie de l'Asie, de l'Australie et des îles, les contrées nord et sud de l'Afrique, ont dû se trouver sous les eaux marines et en ont émergé plus tard.

3o Les dépôts sédimentaires marins qui forment le plus ordinairement le fond des contrées habitées par l'homme ont dû s'effectuer lentement dans leur ensemble. Il est impossible de les faire dériver d'une précipitation rapide de matières pierreuses et terreuses tombant du sein d'un océan universel qui aurait été peuplé d'êtres vivants; et l'idée de les rattacher d'une manière quelconque au cataclysme si court que la Bible nous a transmis sous le nom de déluge, ne viendra jamais à celui qui connaît les faits. Car les lits coquilliers successifs insérés dans les couches ont constitué tour à tour un fond de mer. Ces fonds de mer devaient donc

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