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toujours plus élevée sous bois que hors bois, et réciproquement pour la moyenne des maxima qui y est toujours plus

basse.

Ces diverses constatations se trouvent corroborées par une autre série d'observations faites par M. Fautrat dans un département dont près du tiers de la surface totale est couvert de bois ou de forêts, dans le département de l'Oise, non loin de Senlis ; observations qui ont été du reste communiquées chaque année à l'Académie des sciences.

M. Fautrat a suivi pendant quatre années l'exemple donné par l'éminent sous-directeur de l'École forestière, mais en adoptant une marche différente. Il a tenu à rapprocher ses stations d'expériences pour être, en forêt et hors forêt, dans des conditions d'altitude, de climat et d'état atmosphérique parfaitement comparables. Il a placé ses pluviomètres les uns à 7 mètres au-dessus du sommet des massifs boisés, les autres, hors bois, à une altitude identique et d'autres enfin hors bois et sous bois sur le sol. En outre il a varié ses expériences entre les bois feuillus et les bois résineux. Ses deux groupes de stations étaient placės, l'un au-dessus et à côté de la forêt d'Halatte près du village de Fleurines, bois feuillus; l'autre, près du village de Thiers, au-dessus et à côté d'un peuplement de pins sylvestres de 1000 hectares, âgés de 25 ans et dépendant de la forêt d'Ermenonville.

Les quantités de pluie reçues par les udomètres situés au-dessus des massifs boisés, ont toujours été sensiblement supérieures à celles que révélaient les udomètres placés en plaine à deux ou trois cents mètres des premiers. Les observations, sur chaque appareil, ont été faites et notées trois fois par jour et aux mêmes heures pendant les quatre années 1874 à 1877. La moyenne d'excès de la hauteur de l'eau tombée au-dessus du massif feuillu sur celle de l'eau tombée hors forêt, a été de 0m024; entre la hauteur de l'eau tombée au-dessus des pins et celle de l'eau

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tombée en plaine, toujours à même altitude, la différence en faveur de la forêt a été beaucoup plus sensible la moyenne de ces différences pendant les trois années 1875 à 1877, a été de 0m057 environ (0,05666).

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Il pleut donc plus abondamment, toutes choses égales d'ailleurs, au-dessus des forêts qu'au-dessus des terrains. non boisés, et plus abondamment au-dessus des massifs d'arbres résineux qu'au-dessus des bois composés d'essences feuillues (1). Premier résultat entièrement conforme à celui des observations analogues de M. Mathieu en ce qui concerne les bois à feuilles non persistantes.

Au moyen de psychromètres, M. Fautrat a relevé également le degré de saturation de l'air par l'humidité audessus des forêts feuillues et résineuses et en dehors d'elles. Il a trouvé pendant chacune des deux années 1874 et 1875 une différence de saturation de 1/100 en faveur de la forêt d'arbres à feuilles caduques, et de 3/100 en chacune des deux années suivantes, soit une moyenne de 0,02. Au-dessus des massifs de pins sylvestres la moyenne en faveur de ces derniers a été de 10 centièmes.

Les forêts produisent donc et retiennent autour d'elles plus de vapeurs qu'il n'en existe au-dessus des terrains découverts; en sorte que « si les vapeurs dissoutes dans l'air étaient apparentes comme les brouillards, on verrait les forêts entourées d'un vaste écran humide; et sur les résineux l'enveloppe serait plus tranchée que sur les bois feuillus (2). »

Les instruments d'observation de M. Fautrat n'ont pas tous été placés à une hauteur supérieure à celle des massifs de forêt observés. D'autres ont été disposés sous bois et sur le sol même, permettant de mesurer la différence entre la quantité d'eau tombée au-dessus du massif et celle qui a pu

(1) Observations météorologiques par M. Fautrat, sous-inspecteur des forêts In-4°. Paris, Imp. nationale. 1878.

(2) Ibid.

parvenir jusqu'à terre. Il a été ainsi constaté que l'eau reçue par le sol, sous le couvert des arbres feuillus de la station de Fleurines, a été moyennement des 64 centièmes de l'eau tombée au-dessus, et des 67 centièmes de l'eau tombée sur le sol agricole; que la proportion d'eau arrivée jusqu'à terre sous le couvert des pins sylvestres de la forêt d'Ermenonville, a été seulement de 46 ou 47 centièmes de l'eau tombée au-dessus, et des 50 centièmes de l'eau tombée en terrain découvert.

La feuillée et la ramure du massif d'arbres à feuilles caduques ont donc intercepté 1/3 des eaux tombées sous forme de pluies, et le couvert des arbres résineux plus de moitié. Ces eaux se sont résorbées dans l'atmosphère. Dans l'opération du reboisement des montagnes, les conifères seraient donc préférables aux arbres feuillus, puisqu'ils laisseraient arriver bien moins encore d'eau jusqu'au sol.

Mais ce résultat ne contredirait-il point celui de M. Mathieu, constatant que le sol forestier conserve et emmagasine plus d'eau que le sol agricole? Non; car l'observation n'est ici que partielle et doit être complétée par celle de la capacité d'évaporation des terrains boisés et non boisés. Or, en prenant les moyennes des chiffres relevés à ce dernier point de vue par M. Fautrat, on trouve que l'évaporation en terrain découvert est 3 fois et 2/3 (ou 3,66) plus forte que sous le massif de bois feuillu, et seulement de 2 fois et 1/3 (ou 2,33) que sous le couvert des pins. Si donc le sol boisé reçoit moins d'eau que le sol rural, il en retient beaucoup plus : la forêt à feuilles non persistantes ne laisse arriver au sol que les 2/3 de l'eau tombée du ciel; mais cette portion d'humidité qu'elle lui laisse, elle la lui conserve avec une intensité plus de trois fois et demie plus forte que le terrain non boisé (1).

(1) D'après Ebermayer la couverture de feuilles mortes qui tapisse le sol des bois exercerait, contre l'évaporation, une action égale à celle du couvert des arbres (M. Fautrat, loc. cit.) : il faudrait donc doubler le rapport 3,66 qui deviendrait 7,32.

L'effet est un peu moindre sous les arbres verts — au moins sous les pins sylvestres, mais il y est encore fort important et suffit pour justifier l'influence des forêts sur la formation et la conservation des nappes d'eau souterraines qu'elles alimentent.

L'influence des forêts sur la température n'est pas constatée par M. Fautrat dans un autre sens que par M. Mathieu. Si l'on jette les yeux sur les tableaux graphiques qui accompagnent son mémoire, on est frappé : 1o de la constance générale des courbes de la température en forêt à rester au-dessous des courbes de la température en plaine; 2° de l'écart très grand entre les températures maxima hors bois et sous bois, celles-ci (sous bois) étant les plus faibles, et de l'écart moins important des températures minima, ces dernières étant souvent plus élévées en forêt qu'en plaine; 3° de la persistance de cet écart à croître quand la température s'élève et à diminuer quand elle baisse, aussi bien sur les courbes des températures minima que sur celle des températures maxima; 4o enfin de ce fait que dans les bois résineux, les minima sont moins élévés dans la saison chaude (et souvent aussi dans la saison froide) que dans les bois feuillus. Nous laissons de côté d'autres observations moins importantes.

De toutes ces observations il ressortirait clairement : Que les forêts en général et plus particulièrement les forêts d'arbres verts, exercent une influence marquée sur la répartition des pluies, les rendant plus abondantes sans doute, mais n'en laissant arriver qu'une portion à terre, et retenant cette portion, l'aménageant pour le maintien de la fraîcheur du sol et l'entretien des nappes d'eau souterraines, conservant le surplus à l'état d'écran de vapeur au-dessus des cimes de leurs arbres;

Que les terrains non boisés reçoivent moins d'humidité, ne conservent que peu de temps et en faible quantité celle qu'ils reçoivent, et subissent des alternatives de sécheresse beaucoup plus fréquentes et marquées;

Que la température de l'air est moins variée, plus constante dans les bois que dans les champs, soit qu'on la considère à divers moments de la journée, ou comme moyenne mensuelle et annuelle; qu'elle amoindrit les chaleurs extrêmes, atténue les froids rigoureux, et accuse ainsi une tendance à uniformiser les saisons, exerçant par là, à l'intẻrieur des terres, une influence analogue à celle de la mer sur le climat des côtes.

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Assurément, pour être absolument et définitivement hors de conteste, ces conclusions demanderont à être contrôlées par des séries d'observations de plus longue durée et en plus grand nombre encore. Mais la marche, et si l'on l'esprit des lois de la nature en peut ainsi s'exprimer cette matière, est déjà clairement indiquée. Des observations plus nombreuses, plus complètes, plus variées, seront utiles, nécessaires même, pour que l'on puisse préciser, rectifier, sur les points de détail, ces lois qui ne sont jusqu'ici qu'ébauchées; mais il est dès à présent certain que ces lois ne seront pas modifiées quant à leur essence et à leurs principes fondamentaux. On peut donc dire que M. Mathieu, M. Fautrat et les autres membres du corps forestier français qui les ont accompagnés ou imités dans leurs laborieuses et patientes recherches, ont bien mérité de la science et, dans une certaine mesure, de l'humanité elle-même, s'il est vrai, comme on a cherché à le faire voir dans ce travail, que le bien-être des sociétés civilisées est lié à la prospérité comme à la bonne gestion de la propriété forestière.

XXIII

Conclusion.

Il est temps de mettre fin à cette longue étude. Elle est pourtant loin d'être complète. Elle passe sous silence notamment toute une importante série de recherches et

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