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au chauffage que leur moindre production et non leurs quatre cinquièmes. Cela se peut réaliser par un emploi plus général et plus judicieux des combustibles minéraux. A supposer que nos charbonnages français ne puissent suffire à une consommation plus étendue, mieux vaudrait demander à l'étranger ces combustibles à bas prix que de lui acheter à chers deniers des bois de construction, de service et d'industries de toute nature, tandis que nous brûlons inconsidérément dans nos foyers des bois qui auraient une valeur égale à ceux du dehors, si nous savions les employer suivant leur plus grande somme d'utilité.

Il serait à désirer encore que les particuliers, propriétaires de bois et de forêts pouvant produire des étais de mines et des traverses de chemin de fer, élevassent en conséquence l'âge d'exploitabilité de leurs taillis et ménageassent audessus de ces derniers des réserves plus abondantes (1).

L'accroissement continu de ces deux modes de consommation indique que c'est surtout dans cette voie que doit être dirigée la production des bois de dimensions moyennes, c'est-à-dire celle qui convient le mieux à la condition de la propriété individuelle en France.

Enfin l'extension et l'amélioration de la propriété forestière ne serait pas-il est aujourd'hui permis de l'affirmer,

sans exercer une influence salutaire sur les conditions hydrologiques et sur le climat des pays où elle existe ou peut exister.

Partout la marche et les développements de la civilisation avaient jusqu'ici provoqué, par un effet naturel, le déboisement. Il fallait bien quand, aux premiers temps de

(1) On a vu plus haut que la consommation annuelle des étais de mines en France a atteint, depuis quelques années, un chiffre approchant de 740 000 stères. D'après M. Thélu, les taillis et les éclaircies pratiquées dans les futaies fourniraient chaque année, en France, « plus de deux millions de mètres cubes de traverses de chemin de fer.» (p. 101). Faute de houille ces énormes masses de bois seraient consumées dans les foyers; mais, grâce à la houille, cette production peut et doit être augmentée.

notre ère, les Gaules et la Germanie ne formaient guère qu'une immense forêt, il fallait bien conquérir sur elle le sol nécessaire à la culture des céréales et à l'habitation de l'homme.

Pendant des siècles l'œuvre de défrichement s'est poursuivie au grand profit de la civilisation elle-même. Mais depuis longtemps, en France comme dans d'autres pays, l'équilibre désirable est dépassé et rompu. De là ces montagnes décharnées, de là ces landes et ces friches incultes qui déparent tant de contrées. Mais de là aussi la naissance et les développements de l'art forestier qui a précisément pour raison d'être et pour but, et de tirer le meilleur parti du matériel produit par les forêts et de réagir contre les suites trop prolongées de l'impulsion donnée à l'origine, afin de rentrer dans ce sage milieu, également éloigné des extrêmes, et qui, dans l'ordre des choses relatives et contingentes, est toujours et partout l'expression la plus certaine de la véritė.

CHARLES DE KIRWAN.

L'AVEUGLEMENT SCIENTIFIQUE

SIXIÈME ARTICLE (1).

VII.

LES ACTIONS VITALES.

Les phénomènes matériels étudiés jusqu'ici doivent tous être rangés dans la catégorie des phénomènes nécessaires, non qu'ils soient tels à priori, mais parce qu'ils sont dans tous leurs détails une conséquence rigoureuse des lois générales et d'un état antérieur dit initial. Il en est d'autres que nous avons plusieurs fois déjà désignés sous le nom de volontaires, et la fin du chapitre précédent nous a montrẻ leur importance; car ils font partie de ces actes libres dont, grâce à la Providence divine, les lois générales et l'état initial du monde ne sont eux-mêmes qu'une simple conséquence. Ce sont ces actes libres qui donnent au plan de l'univers son véritable caractère et sa véritable grandeur. Essentiellement soustraits à l'enchaînement des causalités, qui seul peut révéler les événements futurs à un être fini, ils n'appartiennent qu'à la prescience éternelle de Celui

(1) Voir janvier, avril et juillet 1877, avril et octobre 1878.

pour qui tout est présent; et, puisqu'ils sont en réalité la clef de voûte de l'univers, ils font de ce vaste édifice une œuvre exclusivement providentielle, dont le plan dépasse la portée de toute intelligence créée. Nous avons vu, ou plutôt nous voyons sans cesse que ce concept de la création, tout sublime qu'il est, se trouve gravé au fond de toutes les consciences; c'est lui qui se manifeste dans tous les hommes par l'invincible croyance à la Providence spéciale et par le besoin impérieux de la prière (1).

(1) Après avoir lu notre chapitre VI, un ami nous signala une lettre d'Euler, dans laquelle cet illustre géomètre expose très clairement la même doctrine. C'est la 90° Lettre à une princesse d'Allemagne. Nous voudrions la citer tout entière; en voici du moins quelques passages :

« Je remarque d'abord, que quand Dieu a établi le cours du monde, et qu'il a arrangé tous les événements qui devaient y arriver, il a eu égard à toutes les circonstances qui accompagnaient chaque événement, et particulièrement aux dispositions, aux vœux et aux prières de chaque être intelligent, et que l'arrangement de tous les événements a été mis parfaitement d'accord avec toutes ces circonstances. Quand donc un fidèle adresse à Dieu une prière digne d'être exaucée, il ne faut pas s'imaginer que cette prière ne parvient qu'à présent à la connaissance de Dieu. Il a déjà entendu cette prière depuis toute l'éternité, et si ce père miséricordieux l'a jugée digne d'être exaucée, il a arrangé exprès le monde en faveur de cette prière, en sorte que l'accomplissement fût une suite du cours naturel des événements. C'est ainsi que Dieu exauce les prières des fidèles sans faire des miracles; quoiqu'il n'y ait aucune raison de nier que Dieu ait fait et fasse encore quelquefois de vrais miracles.

» L'établissement du cours du monde une fois fixé, loin de rendre nos prières inutiles, comme le prétendent les esprits forts, augmente plutôt notre confiance, en nous apprenant cette vérité consolante, que toutes nos prières ont été déjà présentées dès le commencement aux pieds du trône du Tout-Puissant, et qu'elles ont été placées dans le plan du monde, comme des motifs sur lesquels les événements devaient être réglés, conformément à la sagesse infinie du Créateur. ....

» Il en faut absolument conclure que les êtres intelligents et leur salut doivent avoir été le principal objet sur lequel Dieu a réglé l'arrangement de ce monde, et nous devons être assurés que tous les événements qui y arrivent sont dans la plus merveilleuse liaison avec les besoins de tous les êtres intelligents, pour les conduire à leur véritable félicité; mais sans contrainte, à cause de la liberté qui est aussi essentielle aux esprits que l'étendue l'est aux corps. Il ne faut donc pas être surpris qu'il y ait des êtres intelligents qui n'arriveront jamais au bonheur.

› C'est dans cette liaison des esprits avec les événements du monde que

L'orgueil rougit de ce besoin; il est des hommes qui, à· certaines heures, parviennent à s'aveugler scientifiquement et à étouffer pour un temps la flamme qui éclaire leur conscience. Il leur faut un homme sans liberté, un monde sans Providence; aussi tout leur univers tient dans les atomes, fatalement gouvernés par les équations de la dynamique. Ils n'y voient plus d'autre grandeur que celles de l'espace et du temps. Ils nous donnent, il est vrai, comme seule capable de le comprendre, une intelligence immensẻment supérieure à celle de l'homme, et ils le développent sans limites dans le mystérieux non-sens de l'infini; mais on ne peut, après tout, s'empêcher de voir que toutes les opérations de cette vaste intelligence pourraient être exẻcutées par une machine à calculer. Voici, par exemple, ce qu'affirme, sans la moindre preuve, M. Émile du BoisReymond, professeur à l'Université de Berlin:

consiste la providence divine, à laquelle chacun a la consolation de participer; de sorte que chaque homme peut être assuré que, de toute éternité, il est entré dans le plan du monde, et que même tout ce qui lui arrive se trouve dans la plus étroite connexion avec ses besoins les plus pressants et qui tendent à son salut. »

Cette doctrine, qu'il ne faut pas confondre avec celle de Leibnitz sur l'harmonie préétablie, n'est pas née au XVIIIe siècle. Saint Thomas d'Aquin au XIII, et Saint Grégoire le Grand au vie, l'enseignaient également, comme on peut le voir par le passage suivant de la Summa Theologica (2a 2æ, quæst. 83, art. 2).

« Oportet sic inducere orationis utilitatem, ut neque rebus humanis divinæ providentiæ subjectis necessitatem imponamus, neque etiam divinam dispositionem mutabilem æstimemus.

» Ad hujus ergo evidentiam considerandum est, quod ex divina providentia non solum disponitur qui effectus fiant, sed etiam ex quibus causis et quo ordine proveniant. Inter alias autem causas, sunt etiam quorumdam causæ actus humani. Unde oportet homines agere aliqua, non ut per suos actus divinam dispositionem immutent, sed ut per actus suos impleant quosdam effectus secundum ordinem a Deo dispositum ; et idem etiam est in naturalibus causis. Et simile est etiam in oratione : non enim propter hoc oramus ut divinam dispositionem immutemus, sed ut id impetremus quod Deus disposuit per orationes esse implendum, ut scilicet homines postulando mereantur accipere quod eis Deus omnipotens ante sæcula disposuit donare, ut Gregorius dicit in Lib. 1. Dialogorum (Cap. vIII a med.). »

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