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admettre d'autres actions que les actions atomiques intérieures et extérieures. Cette recherche ne se composera pas seulement de raisonnement, mais encore d'observation et d'expérience. Pour ne surprendre la bonne foi de personne, disons tout de suite quel en sera le résultat. Nous arriverons à une réponse franchement négative, c'est-à-dire à la conclusion que, dans tous ces phénomènes vitaux où n'intervient pas le volontaire, il n'y a que des actions ėlėmentaires de même nature que les actions atomiques.

1o Phénomènes de la chimie organique. Écartons d'abord un mauvais argument que l'on apporte parfois en faveur de notre thèse. On sait que, sous le rapport de la composition chimique, les corps vivants différent notablement des minéraux, non que les atomes des uns n'entrent pas dans les autres, mais parce que ces mêmes atomes s'arrangent en molécules beaucoup plus compliquées et beaucoup plus diverses dans les premiers que dans les seconds. On attribue généralement cette différence à l influence de la vie, et l'on a parfaitement raison si l'on donne à ces mots le sens qu'ils doivent avoir dans le langage purement scientifique, c'est-à-dire si on ne dépasse pas la région des phénomènes, et si, en invoquant cette cause, on la réduit au fonctionnement particulier des organismes. Quoi qu'il en soit, longtemps on crut pouvoir tracer avec exactitude la frontière commune aux deux chimies, à l'organique et à l'inorganique. Des découvertes chaque jour plus nombreuses montrent maintenant qu'on s'était trop hâté. La frontière se déplace, toujours, comme de juste, au profit de la chimie inorganique qui n'avait rien à perdre, et comme toute puissance qui grandit, elle ne manque pas de flatteurs pour prédire qu'elle finira par tout annexer. Ces enthousiastes ne s'arrêtent point là. De l'existence de cette frontière on avait jadis conclu que l'activité des atomes était insuffisante pour les grouper en molécules organiques; par un excès contraire, après avoir composé dans nos laboratoires un

certain nombre de ces molécules, on conclut que dans les tissus vivants elles se construisent toutes et toujours par les seules forces atomiques. C'était dans les deux cas raisonner un peu légèrement; les procédés et les appareils du chimiste sont très différents de ceux de la nature; et il est évident que les deux phénomènes chimiques que l'on assimilait ainsi peuvent n'avoir rien de commun que leurs résultats définitifs. Du reste, à côté des flatteurs dont nous parlions, il y a encore des chimistes fort distingués qui refusent de croire à l'unification future des deux chimies; et vraiment, quand on compare la richesse des laboratoires naturels avec la pauvreté des nôtres, on est bien tenté d'être de leur avis.

La théorie de l'énergie, appliquée à la chimie des corps vivants, fournit un argument d'une tout autre valeur. Pour le bien comprendre, il faut se rappeler les déplacements atomiques qui doivent se produire dans tout phénomène chimique. Prenons pour exemple la formation et la décomposition de l'eau. Si l'on mélange dans un ballon de l'hydrogène avec de l'oxygène, en proportion convenable, on sait que ce mélange n'est pas de la vapeur d'eau. Il n'y a pas dans le ballon une seule molécule composée à la fois d'atomes de ces deux corps simples, il n'y a que des molécules composées d'atomes d'oxygène et d'autres molécules composées d'atomes d'hydrogène. Que par une étincelle électrique, ou la chaleur d'une flamme, on disloque quelques-unes de ces molécules, à l'instant ou plutôt dans un temps si court qu'il est inappréciable, tout le mélange se convertit en vapeur d'eau, c'est-à-dire, toutes les molécules des deux gaz sont détruites, et leurs atomes se rejoignent entre eux d'une nouvelle manière pour former des molécules d'eau. En même temps le système élève considérablement sa température, et dégage par suite sur les corps extérieurs une grande quantité de chaleur. D'où vient cette chaleur? Il n'y a qu'une seule réponse possible. Cette chaleur est de l'énergie qui auparavant se trouvait dans le

système à l'état potentiel. Il faut donc en conclure que, dans l'eau qui s'est formée, les forces qui maintiennent les atomes dans les molécules déterminent une énergie potentielle plus faible que dans le mélange des deux gaz. On peut comparer cette réaction au phénomène mécanique suivant: Supposons une pierre arrêtée sur le flanc d'une montagne par une légère aspérité du sol. Si, par un effort médiocre, on la pousse au delà de cette aspérité, elle roulera ensuite jusque dans la vallée. A cette chute correspond un accroissement d'énergie actuelle visible, qui bientôt se convertit par les chocs en énergie vibratoire; mais il s'est fait en même temps une diminution dans l'énergie potentielle, car, après la chute, la pierre n'est plus aussi éloignée du centre de la terre.

Quand on décompose l'eau en ses deux éléments, la transformation de l'énergie se fait en sens inverse. On obtient un mélange des deux gaz où l'énergie potentielle est plus grande que dans une même quantité d'eau; mais il faut pour cela noyer, dans l'eau que l'on décompose, une quantité d'énergie actuelle égale à la différence, et emprunter cette énergie à d'autres corps par l'électricité ou par la chaleur. C'est ainsi, pour reprendre notre comparaison, que, si on remontait la pierre au sommet de la montagne, au moyen d'une machine mue par un cours d'eau, on augmenterait l'énergie potentielle, mais en sacrifiant une partie équivalente de la force vive du ruisseau.

Au lieu de l'hydrogène mettons le carbone, au lieu de l'eau l'acide carbonique, et nous aurons l'esquisse mécanique de deux réactions de la chimie inorganique qui vont jouer le rôle le plus important dans nos raisonnements sur la chimie des corps vivants. Là aussi, nous observerions une loi semblable. Quand une certaine masse d'acide carbonique se décompose, l'énergie potentielle de ce système d'atomes augmente; quand, au contraire, l'oxygène et le carbone se combinent, l'énergie potentielle diminue; et tant que nous restons dans le monde minéral, nous sommes

sûrs d'avance, et il est même possible de reconnaître que ces variations sont équilibrées par des variations inverses dans l'énergie du monde extérieur.

Voyons de même les variations d'énergie qui se produisent lors des phénomènes chimiques dans les corps vivants, et puisque ici nos principes de mécanique ne nous permettent pas encore de prononcer à l'avance, nous rechercherons expérimentalement les variations correspondantes de l'énergie dans le monde extérieur. Commençons par les végétaux.

La masse des atomes que l'on trouve dans les végétaux peut en général se résumer ainsi : 40 à 45 pour cent de carbone, à peu près autant d'oxygène, 5 à 6 pour cent d'hydrogène, le reste est formé par l'azote et quelques autres corps simples. Toute cette masse s'emprunte continuellement à l'extérieur, où elle se trouve ordinairement à l'état inorganique, puis elle se façonne chimiquement dans les organes pour être incorporée dans l'organisme. Le carbone doit d'abord et surtout attirer notre attention. Dans les plantes non parasites (1), il est toujours absorbé à l'état d'acide carbonique, et presque tout entier puisé dans l'atmosphère. Grâce aux singulières propriétés de la matière verte appelée chlorophylle, les feuilles décomposent ce gaz, et par conséquent augmentent la quantité d'énergie potentielle de ses atomes. Après cette décomposition, l'oxygène est rendu à l'atmosphère, le carbone entre dans de nouvelles combinaisons en se fixant sur le corps de la plante; mais ces nouvelles combinaisons ne réduisent guère l'énorme accroissement d'énergie potentielle dû à la décomposition de l'acide carbonique; ce n'est qu'en brûlant le végétal, c'està-dire en recomposant le gaz primitivement détruit, que cette énergie disparaît pour se transformer en chaleur. On

(1) Le mot parasite est pris ici dans l'acception la plus large, pour désigner un végétal qui se nourrit d'éléments déjà élaborés par un autre corps vivant. Ces plantes ne forment qu'une exception apparente, qui confirme la règle.

peut se faire une idée de l'accroissement qui en résulte sur toute la surface de notre planète, en songeant que, pour chaque kilogramme de carbone qui se fixe dans les végétaux, l'énergie potentielle des systèmes d'atomes qui ont été soumis à la décomposition se trouve augmentée d'environ trois millions et demi de kilogrammètres, c'est-à-dire de ce qu'il faudrait dépenser pour élever un poids de mille kilogrammes à environ trois kilomètres et demi de hauteur.

Ainsi le phénomène de l'assimiliation du carbone par les végétaux a pour conséquence d'augmenter considérablement l'énergie potentielle de la terre. Se produit-il quelque part une diminution correspondante? A première vue, il semble que non. Car ce phénomène n'abaisse ni la température de la plante, ni celle de l'atmosphère, ni celle du sol; aucune force vive visible ne paraît y contribuer. Qu'en faudrait-il conclure? Très certainement, s'il en était ainsi, il faudrait conclure que dans les systèmes végétaux les atomes sont soumis non seulement à leurs actions réciproques et aux actions des atomes extérieurs, mais encore à d'autres forces dont le travail aurait au moins pour conséquence la grande augmentation d'énergie qui se produit dans l'assimilation du carbone. Ces forces pourraient s'appeler forces végétatives, et nous révéleraient de nouveaux agents à qui on pourrait donner le nom de principe vital. Mais il n'en est pas ainsi. L'énergie dont nous cherchons l'origine ne vient, il est vrai, d'aucun système d'atomes appartenant à la terre, mais elle a été perdue par les atomes du soleil. Livrée au rayonnement, transmise de proche en proche à travers les atomes de l'éther, rencontrant bientôt notre planète, elle aurait pu se manifester à nous sous forme de chaleur sensible, ou se réfléchissant sur les objets qui nous entourent venir ensuite ébranler notre rẻtine et nous les rendre visibles, ou bien encore élever dans les nuages les eaux de la mer, pour reparaître bientôt comme énergie visible dans les chutes d'eau. Au lieu de cela, elle a séparé, les uns des autres, les atomes d'oxygène

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