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et de carbone qui formaient l'acide carbonique absorbė par les plantes. On sait en effet que dans l'obscurité, en l'absence de la lumière solaire, il ne se fait aucune assimilation de carbone par les feuilles, et que cette assimilation est, toutes choses égales d'ailleurs, d'autant plus considérable que la lumière est plus intense. On sait aussi que le soleil envoie sur les feuilles une quantité d'énergie beaucoup plus que suffisante pour la décomposition, et bien qu'on n'en ait pas encore de mesures précises, on n'a aucune raison de douter que la portion d'énergie absorbée ainsi par les feuilles ne soit égale à celle que les feuilles dépensent dans cette fonction. Ainsi disparaît le prétendu travail de forces spécialement végétatives que semblait révéler l'assimilation du carbone. Dans l'assimilation des autres éléments, on n'a pas signalé jusqu'à présent la moindre trace apparente d'un travail semblable. L'oxygène et l'hydrogène sont tous deux absorbés à l'état d'eau et, pour le dire en passant, comme cette eau vient aussi de l'atmosphère, il suit des nombres proportionnels donnés plus haut que les plantes doivent à l'atmosphère environ les dix-neuf vingtièmes de leur masse. Mais ici le soleil ne semble guère leur rendre de service qu'en formant les nuages, et les courants atmosphériques qui les transportent et les résolvent en pluie. Les deux éléments de l'eau, tout en formant avec le carbone et d'autres corps simples de nouvelles combinaisons, y entrent à peu près dans les mêmes proportions que dans l'eau elle-même. C'est comme s'ils n'étaient pas séparés l'un de l'autre en pénétrant dans l'économie, et nous n'avons pas à chercher d'où peut venir l'énergie nécessaire pour cette séparation.

Quant aux nombreuses réactions qui se produisent dans l'intérieur des végétaux, la plupart nous sont encore inconnues; mais on n'en a pas encore constaté une seule qui fasse soupçonner l'intervention d'une source d'énergie autre que les atomes. Le plus souvent, loin de demander une addition d'énergie dans le système, elles ont pour résultat une

V.

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diminution d'énergie potentielle et un dégagement de chaleur. Quand une réaction chimique consomme de la chaleur dans un organisme vivant, comme par exemple dans le renflement qui, situé à la base des pétioles de la sensitive, renferme les organes des mouvements de ses feuilles, on constate en même temps la source de cette chaleur; ainsi, dans la sensitive, l'énergie nécessaire à la réaction est empruntée à la chaleur du renflement, dont la température, variable avec les mouvements de la feuille, est constamment inférieure à celle de la tige.

En résumé donc, on peut dire que, dans les phénomènes chimiques des végétaux, il ne se manifeste aucune énergie qui n'ait son origine dans les actions atomiques. Les faits positifs que nous connaissons appuient cette loi générale, et aucun fait, absolument aucun, n'y peut faire soupçonner une exception. Qu'en faut-il conclure? C'est que les forces atomiques sont les seules qui interviennent dans toute la chimie végétale, comme elles sont les seules aussi dans toute la chimie inorganique.

Il nous reste à parler des animaux. Leurs réactions intérieures, celles où il n'y a pas d'échange avec le milieu, donnent lieu à la même remarque que les réactions intérieures des végétaux. Parmi les autres, la plus importante est encore une réaction où intervient l'acide carbonique. Pour abréger, nous en parlerons comme s'il ne s'agissait que des vertébrés.

On sait que les globules du sang viennent sans cesse dans les poumons absorber l'oxygène de l'air, qu'ils le charrient ensuite à travers tout l'organisme, que cet oxygène est ainsi mis en rapport avec le carbone dans les tissus, brûle le carbone et forme avec lui de l'acide carbonique; ce dernier gaz est ramené dans les poumons par la circulation, et de là passe dans l'atmosphère par la respiration. Si l'on ne considère que l'oxygène et le carbone ainsi mis en rapport, ils forment donc un système d'atomes dont l'énergie potentielle est considérablement diminuée par la

chimie animale. Il faudrait en dire autant d'une partie de la vapeur d'eau exhalée en respirant, et qui provient de la combustion de l'hydrogène dans l'organisme. Si l'énergie ainsi perdue ne se retrouvait nulle part, nous devrions en conclure que les systèmes animaux sont, dans les phénomènes chimiques, soumis à des actions vitales différentes des actions atomiques. Mais on sait qu'il n'en est rien. L'énergie en question se retrouve dans la chaleur que dégagent les animaux, et dans la force vive visible des mouvements qu'ils exécutent. Par ce dégagement, par ces mouvements, les animaux sont de véritables machines thermiques à marche directe, déversant continuellement sur les corps extérieurs l'énergie qu'elles absorbent dans la combustion. A leur égard, on a même poussé les mesures expérimentales plus loin que pour les végétaux, ces machines à marche inverse. On a mesuré d'un côté les produits de la respiration d'un homme au repos ou exécutant un travail, de l'autre la chaleur que son corps dégageait et le travail qu'il exécutait dans ces deux états ; et bien que les procédés employés ne permissent pas la dernière rigueur, il ne peut plus rester de doute sur le résultat thẻorique de la comparaison. L'énergie potentielle disparue dans la combinaison des atomes, se trouve exactement représentée par l'énergie calorifique ou visible que l'animal dégage.

Ainsi les phénomènes de la chimie des corps vivants, examinés à la lumière de la mécanique, nous conduisent à cette conclusion : Les actions élémentaires qui composent ces phénomènes sont les mêmes que dans le règne inorganique.

2° Phénomènes d'organisation. Ici la théorie scientifique nous fait défaut. Ces phénomènes sont à peine constatés dans leurs résultats, ils ne sont pas encore analysés. Nous voyons bien, dans les organismes qui fonctionnent, de nouveaux organes se former sans cesse pour remplacer les

anciens, nous voyons même naître de nouveaux organismes qui bientôt fonctionnent indépendamment de leurs parents; mais quels sont les éléments et les étapes successives de ces formations? La physiologie, qui sans doute finira par le dire, est encore bien loin de cette perfection. L'analogie même ne peut nous guider; car, dans les corps bruts, les phénomènes plastiques tels, par exemple, que la cristallisation sont relativement très simples. Ni les résultats, ni les circonstances dans lesquels ils se produisent ne peuvent se comparer aux mystères de la nutrition et de la génération dans les corps vivants. Les premiers s'accomplissent, pour ainsi dire, spontanément, libres de toute influence perturbatrice; dans les seconds, les déplacements des molécules sont gouvernés par des appareils compliqués qui nous sont encore à peu près inconnus.

Nous ne pouvons donc songer à y appliquer la mécanique. Le plus simple de ces phénomènes est probablement l'endosmose, et pourtant je ne pense pas qu'on en ait jusqu'ici donné une théorie mécanique satisfaisante. Mais nous pouvons du moins l'affirmer, dans aucun on n'a encore rien découvert qui porte légitimement à soupçonner l'intervention de nouvelles forces. Nous ne pouvons mieux développer cet argument négatif qu'en réfutant les arguments de la thèse contradictoire.

« D'où vient, nous dit-on d'abord, l'impuissance de nos physiciens et de nos chimistes à former le plus simple organisme vivant? Ils ont en main les éléments premiers des corps organisés, ils disposent de forces considérables; que leur manque-t-il donc pour réussir? Ne serait-ce pas précisément ce principe distinct de la matière et des organes dont ils prétendent pouvoir se passer ? »

En posant cette question, on oublie que le prétendu principe, distinct de la matière et des organes, n'a jamais pu lui-même former le plus simple organisme sans le concours d'un autre organisme préexistant; et l'on demande aux physiciens et aux chimistes de se passer d'une condi

tion, qui, du moins dans la série actuelle des phénomènes, est peut-être indispensable et dont on ne peut soi-même se passer. Remettez d'abord aux savants des appareils aussi parfaits que les organes encore si peu connus qui, dans les corps vivants, concourent à la production de nouveaux organes et de nouveaux organismes; expliquez-leur ces appareils et la manière de s'en servir; alors seulement vous pourrez leur reprocher leur impuissance. Que de choses d'ailleurs les sciences physico-chimiques expliquent avec certitude, sans pouvoir les imiter, depuis les mouvements du système solaire jusqu'à la dislocation d'une molėcule par les ondulations éthérées! Nous ne sommes pas encore maîtres de la cristallisation du carbone; faut-il en conclure que nous nous trompons sur la nature du diamant? Quand l'impuissance de nos physiciens a tant d'autres raisons d'être, c'est une véritable injustice que de l'attribuer à la fausseté d'une théorie.

Soit, nous dit-on, si la formation de l'organisme vous gêne, passons à un autre argument. » Alors on nous fait une description des merveilles de la nutrition et de la génération, et l'on y insère de temps en temps cette question : « Quelle est la force assez puissante pour produire cette merveille? Seraient-ce les forces atomiques?»-Pourquoi pas? répondrais-je volontiers. Suffit-il qu'une chose soit merveilleuse pour que les atomes en soient incapables? Eh! que faites-vous donc des merveilles du monde inorganique? << Mais non, ne voyez-vous pas dans l'ordre admirable révėlė par ces phénomènes la nécessité d'une force principale et supérieure, qui domine toutes les autres, qui coordonne leurs actes, qui balance leur opposition? Unité, direction, ordre, conservation, tels sont les effets de sa présence. »

Cet argument est spécieux; il a produit, je le sais par expérience, plus d'une conviction sincère. Mais, en revanche, il a le défaut ordinaire des arguments spécieux, il prouve trop; car il s'applique avec une égale justesse aux machines artificielles, à une montre par exemple. Il con

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