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offrir habituellement une stabilité suffisante pour permettre l'accroissement des mollusques, des polypiers et autres êtres marins, ceux-ci étant tenus de demeurer en rapport avec l'eau et périssant immanquablement s'ils sont promptement recouverts de substances minérales. Ces preuves et d'autres analogues d'une marche très peu accélérée des actions sédimentaires se répètent à chaque instant dans la série stratifiée (1). Cela revient à dire que, à part les exceptions locales ou momentanées, le fond des océans primitifs se comblait généralement avec lenteur, et que si les dépôts avec lits de fossiles sont épais, il a fallu pour les construire feuillet à feuillet un temps très considérable. Pour les mêmes raisons d'ailleurs les couches profondes ont été déposées avant celles qui les surmontent, de telle sorte que la succession verticale de ces mêmes couches fait retrouver la succession des événements ou l'ordre chronologique.

Il reste à vérifier une seule chose pour compléter la démonstration de la haute antiquité du globe. Les anciens dépôts marins qui dans leur ensemble et sauf des accidents locaux ou passagers se sont accrus avec lenteur, offrent-ils une épaisseur tellement écrasante qu'il n'y ait aucune proportion entre le temps qu'ils réclament et les sept ou huit mille années endéans lesquelles paraît tenir toute la série des enfants d'Adam? Oui, il en est de la sorte: et c'est ce qui résulte de cette partie de la science de la terre qu'on nomme la stratigraphie.

(1) Sur les preuves de la lenteur qui a présidé souvent à l'accroissement virtuel d'un même étage sédimentaire, on peut voir ce que dit Lyell, pp. 23-27 du Student's elements of geology. On peut consulter, de même, à propos des interruptions fréquentes de toute sédimentation dans certains bassins géologiques, le grand mémoire de M. Hébert intitulé: Les mers anciennes et leurs rivages dans le bassin de Paris. On se rappellera également ces alternances de régime marin, de régime d'eau saumâtre et de régime terrestre, qui se renouvellent à plusieurs reprises, par exemple dans la formation de Purbeck si peu importante par sa faible épaisseur et qui précède l'époque Wealdienne (Lyell, op. cit. pp. 300-312). Des faits semblables se reconnaissent dans les terrains stratifiés de toutes les époques.

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La stratigraphie décrit les caractères généraux, l'extension et la position relative de ces grandes plaques ou couches minérales dont j'ai parlé : elle décrit aussi d'autres masses d'origines différentes et qui sont interposées parmi les précédentes. Elle fait à proprement parler l'anatomie descriptive de la croûte du globe. Il n'y a pas de science plus positive. C'est elle qui constate les épaisseurs des diverses assises et l'ordre exact d'après lequel se superposent les systèmes de couches, à partir des plus anciens qu'on puisse atteindre jusqu'aux plus récents. C'est donc à elle de fournir les bases de la chronologie terrestre, et de préciser la nature des grands changements dont la surface du globe a été le théâtre à bien des reprises pendant les âges antérieurs.

Chaque étage consigné par la stratigraphie correspond à un moment de l'histoire de l'univers. La série totale de ces étages a été partagée en quelques grands groupes comprenant beaucoup de subdivisions et correspondant chacun à des périodes fort longues. Ces périodes, énumérées à partir des plus anciennes, se nomment souvent archaïque, primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire. Leur ordre de succession, comme je viens de le donner, repose sur des réalités sans cesse vérifiables, et il est aussi indubitable pour les géologues des deux mondes que l'ordre des époques appelées antiquité, moyen âge et temps moderne, l'est pour l'historien; puisqu'il se déduit directement de l'observation tout à fait comme la superposition de l'épiderme au derme dans la peau humaine. A celui qui, comme le P. Bosizio, nie cet ordre de succession en abusant de difficultés qu'il n'a pas comprises, on doit répondre comme le modeste Desmarets au grand Werner qui rejetait l'existence des anciens volcans d'Auvergne : Allez et voyez !

L'épaisseur totale des terrains sédimentaires est immense. Quoique la plus grande profondeur à laquelle l'homme atteigne directement au-dessous de la surface par les puits et les galeries des mines ne dépasse guère un millier de mètres, il peut toucher de sa main et observer à loisir des ter

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rains depuis le temps desquels les couches de sédiments se sont accumulées sur 30 ou 40 kilomètres d'épaisseur. La cause en est dans les redressements et froissements accompagnés de ruptures qui ont été subis à plusieurs reprises par les systèmes de couches. A la suite de ces grands ridements du sol souvent les couches anciennes se montrent à la surface et en bancs inclinés à côté des couches plus récentes. Il n'est rien de plus remarquable, de plus en dehors de la prévision des personnes ignorantes que ces grandes dislocations de la croûte terrestre. Le stratigraphe, en constatant l'extension variable des formations des différents âges, la disparition partielle de plusieurs d'entre elles par démolition postérieure, les relèvements et les plissements prodigieux des couches étalées d'abord horizontalement, nous déroule l'existence dans le passé d'une très longue suite d'événements. Ce sont des changements répétés et complets de la géographie, dont l'objet paraît au premier abord si immuable. A mesure que s'écoulaient les siècles, de vastes portions de ce que nous nommons les continents, tantôt furent portées au-dessus des océans, tantôt s'affaissèrent audessous de leur niveau. Les plus grands accidents actuels de la surface terrestre, les Alpes, les Pyrénées, les Andes, l'Himalaya s'élevèrent à des époques différentes sur l'emplacement d'anciennes plaines ou d'anciennes mers. Les forces directement mises en jeu pour amener ces changements formidables sont l'objet d'hypothèses; mais la réalité des événements, n'est pas une hypothèse, ces événements ayant leur témoignage authentique dans des faits de structure que chacun peut observer, et que la méthode géologique enseigne à bien lire.

La sommation des épaisseurs de toutes les couches sédimentaires n'est évaluable que par approximation, parce que les mêmes subdivisions n'ont pas à beaucoup près la même puissance dans toutes les régions où elles sont réparties. En prenant pour base l'état des choses en Angleterre et aux États-Unis, et si l'on songe que partout on rencontre

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des lacunes, on ne peut assigner moins de 30 à 40 kilomètres à l'accumulation des dépôts formés depuis les anciennes couches cambriennes où vivaient les trilobites des types Paradoxides et Plutonia (St David). Dans le cas où l'être mystérieux qu'on a nommé Eozoon canadense et qu'on observe dans les calcaires cristallins du gneiss serait véritablement un organisme, il faudrait ajouter une pile de 10 kilomètres environ à la série prémentionnée des dépôts marins.

Reportant les yeux sur les contrées le plus anciennement connues, comme les côtes syriennes, l'Archipel grec, les bords de la mer Rouge et de l'Afrique, le périmètre de la péninsule italienne et des îles qui en dépendent, on est frappé de leur immutabilité relative depuis des milliers d'années. On remarque l'accroissement extrêmement lent des bancs coquilliers et corallins, l'imperceptible comblement du fond des mers, la presque invariabilité du contour de leurs rivages et la persistance des détroits connus depuis l'antiquité, dans les endroits mêmes où les êtres marins se multiplient le plus rapidement et où la démolition des côtes. par les vagues fournit le plus de matériaux pierreux à l'étalage sédimentaire. Il n'y a qu'au voisinage immédiat des deltas à très grandes alluvions, comme celui du Pô, que les modifications géographiques soient vraiment prononcées mais c'est à la condition que la mer ait très peu de profondeur. Si, comme le prouve l'observation, c'est avant tout aux dépens de la substance des continents que s'accroissent les dépôts au fond des mers, de combien peu de mètres a dû s'épaissir en moyenne le lit immense étalé au fond de la Méditerranée, si après tant de siècles les contours de cette mer ont si peu changé (1) !

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(1) Les modifications dues aux agents géologiques qui se sont exercés depuis plusieurs milliers d'années, ne sont pas insignifiantes lorsqu'on les examine en elles-mêmes, et qu'on les compare aux travaux des hommes. Les démolitions effectuées sur certains points des côtes d'Angleterre, de Normandie, de Bretagne, au détroit de Gibraltar, dans les îles de la mer du Nord,

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En prenant l'ensemble de ces effets géologiques on voit le résultat en a été minime depuis deux ou trois mille ans: et si l'on compare ce résultat à l'œuvre qui s'est progressivement accomplie auparavant, il se réduit à une sorte d'infiniment petit. Le contraste est accablant pour l'imagination. Quant à la raison, elle ne peut hésiter. — En contemplant l'ensemble de la série stratifiée, nous nous trouvons face à face avec le document authentique, avec le témoin irréfragable d'une durée de plusieurs millions d'années écoulées depuis que la vie existe ici-bas. Et il en est ainsi aux yeux de tous les géologues, quelle que soit d'ailleurs. la théorie spéciale qu'ils adoptent pour expliquer le mécanisme des révolutions du globe: qu'ils admettent l'intervention de crises et de cataclysmes comme Élie de Beaumont et Murchison, ou bien, comme Lyell et Constant Prevost, qu'ils ne prétendent recourir en toute occasion qu'à des actions lentes semblables à celles qui se passent actuellement. Tous concluent également à une haute antiquité. Car s'il en est, parmi les assises terrestres, dont l'accumulation déterminée à la suite de phénomènes d'une violence extrême aurait pu se faire en un temps très court, on constate par milliers de fois, dans la suite verticale des assises, les preuves d'un arrêt complet ou d'un ralentissement dans la production des dépôts, qui rappellent ce qui se passe sur les rives d'un lac paisible ou dans une anse tranquille.

Cette même conclusion relative à la haute antiquité des terrains sédimentaires est confirmée par ce fait, que les traces laissées par les anciens de leur existence sont renfermées dans les couches tout à fait supérieures de la série. La stratigraphie démontre de la manière la plus péremptoire que les monuments des civilisations grecque, romaine,

etc., sont très notables, et prouvent l'énergie des phénomènes qui tendent de nos jours à modifier la figure de la terre. Mais ces effets perdent toute leur grandeur apparente aussitôt qu'on les compare à l'ensemble des opérations géologiques qui ont précédé notre époque. Ainsi la plupart seraient peu sensibles sur une carte de l'Europe dessinée au millionième.

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