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La découverte de M. Whitney pourrait être parfaitement authentique, du reste, sans avoir pour cela toute la portée que lui attribue son auteur. Il n'est nullement prouvé que les couches dans lesquelles se trouvait enseveli le crâne humain soient véritablement tertiaires. Quant à l'épaisseur de ces couches, elle ne suppose pas un bien long espace de temps. En effet, d'après M. Whitney lui-même, l'irruption des matériaux volcaniques qui recouvraient le crâne a dû se prolonger << jusqu'à des temps modernes. » Or, chacun sait avec quelle rapidité s'effectuent des dépôts qu'alimente un volcan en éruption. L'homme du Camp des Anges a donc pu vivre à une époque peu éloignée de la nôtre, quoique antérieure aux dernières éruptions volcaniques qui ont recouvert le sol de la contrée d'un épais manteau de cendres.

Nous n'avons pas à nous occuper ici des ossements humains découverts à Natchez, sur la rive gauche du Mississipi. Bien que trouvés en compagnie du mastodonte, ils appartiennent certainement à l'époque quaternaire, sinon à l'époque moderne. Le mastodonte, même en Europe, n'est pas essentiellement tertiaire et tous les géologues conviennent qu'en Amérique il s'est éteint à une époque beaucoup plus rapprochée des temps actuels.

Tels sont les faits sur lesquels repose la croyance à l'existence de l'homme dans les temps pliocènes. Tout esprit non prévenu reconnaîtra qu'ils sont loin d'être concluants (1). Une théorie nouvelle a besoin, pour se faire accepter, d'arguments plus solides. L'homme pliocène, comme l'homme miocène, doit pour le moment être banni de la science.

Ce n'est pas, du reste, en nous présentant quelques dé

(1) Tous les faits relatifs à l'existence de l'homme tertiaire, nous écrit M. Al. Bertrand, s'évanouissent à mesure qu'on les examine de près. C'est mon avis très motivé et je vous autorise à le dire publiquement. » (Lettre du 16 déc. 1877).

couvertes isolées et toujours plus ou moins contestables que les partisans de l'extrême ancienneté de notre espèce parviendront à nous convaincre. Si l'homme avait vraiment vécu à l'époque tertiaire, il eût laissé dans les terrains de cet âge des traces évidentes de sa présence. Dans leurs actives et incessantes investigations, les géologues modernes eussent retrouvé en abondance dans ces couches soit les produits de son industrie, soit les débris de son squelette, comme ils y ont retrouvé les restes des nombreux animaux qui caractérisent cette phase de la vie du globe.

De tous les êtres créés qui vivent à la surface des continents, il n'en est point, en effet, observe avec raison Lyell, qui s'exposent à autant de dangers sur l'eau que l'homme; il n'en est point par conséquent dont le squelette soit aussi sujet à être enfoui dans les dépôts lacustres ou sous-marins. «< D'un autre côté, ajoute l'éminent géologue anglais, on ne peut pas dire que les restes humains soient plus périssables que ceux des autres animaux; car, ainsi que Cuvier l'a observé sous d'anciens champs de bataille, les ossements d'hommes n'avaient pas plus souffert de la décomposition que ceux des chevaux dont ils partageaient la sépulture. En admettant même que les parties les plus solides du squelette de notre espèce eussent complètement disparu, toujours, au moins, devrait-on retrouver les empreintes de leurs formes reproduites sur les roches comme on retrouve celles des feuilles les plus tendres de certaines plantes et des téguments les plus délicats d'un grand nombre d'animaux. Les ouvrages d'art surtout, composés, en général, des matières les plus indestructibles, se seraient conservés bien plus longtemps que tous les corps organisés que renferment les couches sédimentaires (1). »

Or, ces ouvrages d'art, ces empreintes, ces débris humains si avidement recherchés ne se sont présentés nulle part dans les couches tertiaires avec de réelles garanties

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(1) Principes de géologie, t. I., p. 215 (trad. Ginestou).

d'authenticité. Les produits de l'industrie humaine, si abondants dans les alluvions dites quaternaires, disparaissent comme subitement dès qu'on pénètre dans les couches plus anciennes. C'est ainsi, pour n'en citer qu'un exemple, que toutes les recherches des explorateurs n'ont pu parvenir à en rencontrer la moindre trace dans le diluvium alpin, dépôt que l'on considère généralement comme formé au début de la période quaternaire et peut-être à la suite du soulèvement des Alpes principales qui, dans une opinion communément admise, mit fin à l'ère antérieure. Cette absence totale de débris humains dans les couches franchement tertiaires, si elle n'est pas une preuve absolument convaincante de la non-existence de l'homme à cette époque reculée des temps géologiques, ne vient pas du moins, l'on en conviendra, à l'appui de la théorie que nous combattons.

L'abbé HAMARD

Prêtre de l'Oratoire de Rennes.

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Comme nous l'avons déjà dit, Darwin expose ainsi son principe de l'antithèse :

<< Certains états d'esprit, nous dit-il, conduisent à des actions habituelles particulières qui sont utiles, ainsi que nous l'avons vu en traitant de notre premier principe. Maintenant, lorsqu'il se produit une situation mentale complètement opposée, il y a involontairement une tendance énergique à l'exécution de mouvements d'une nature directement opposée, quoiqu'ils ne soient d'aucun usage; et ces mouvements sont parfois fort expressifs (2). »

Ce principe d'antithèse gît donc, d'après le naturaliste anglais, dans la tendance innée, qui se remarquerait chez l'homme et les animaux, à produire des actes expressifs

(1) Voir les quatre livraisons de l'année 1878.

(2) Ch. Darwin, The expression of the emotions in man and animals, p. 23. London, 1872.

dont l'unique raison d'être réside dans leur opposition à d'autres mouvements intelligibles par leur utilité.

Mais à l'admission de ce principe, nous avons à opposer une double fin de non-recevoir : il n'a pas de base positive; et les faits sur lesquels Darwin prétend l'appuyer, ne nécessitent en aucune façon une telle interprétation.

I. Absence de base positive.

Cette absence est manifeste tout à la fois par la nature même du principe posé, et par l'inanité des raisons physiologiques alléguées pour l'étayer.

A. Nature du principe posé.

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Ainsi que nous le disions ailleurs, «< ce principe ne repose que sur une négation, et même, si l'on veut, que sur le plus haut degré de la négation. Ce qui est, en effet, le contraire d'une chose, en est éloigné au plus haut point. Or, conçoit-on une loi physiologique, poussant à un acte dénué de tout but, et qui est exécuté uniquement parce qu'il est le contraire d'un autre ? Lorsque les anciens physiciens, pour expliquer l'ascension de l'eau dans un corps de pompe, disaient que la nature a horreur du vide, ils énonçaient un principe beaucoup plus positif et plus saisissable que celui qui est préconisé ici par Darwin (1). »

nous

Aussi, même parmi ses adhérents ou parmi les naturalistes les plus indulgents à son égard, Darwin a sur ce point trouvé parfois fort peu de faveur à l'endroit de sa théorie. « Qu'est-ce que Darwin entend par antithèse? dit L. Dumont, un des grands admirateurs du darwinisme. Ce mot ne signifie pas assurément que des sentiments contraires, accompagnés de désirs contraires, doivent s'exprimer par des gestes opposés, parce qu'ils tendent précisément vers des buts opposés. S'il ne s'agissait

(1) Annales de la Société scientifique de Bruxelles, 2o année, première partie, p. 145-146. Bruxelles 1878.

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