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l'homme miocène, consiste dans les silex taillés ou prétendus tels, découverts à Thenay (Loir-et-Cher) par un géologue bien connu, M. l'abbé Bourgeois (1), qu'une mort prématurée vient d'enlever à la science. Cette découverte ayant déjà été rapportée dans cette Revue par son auteur même (2), nous n'entrerons à son sujet que dans les détails nécessaires pour juger de sa portée (3).

Dès 1863 M. l'abbé Bourgeois, rendant compte à la Société géologique d'une première fouille qu'il venait de faire exécuter dans les environs de Pontlevoy, déclarait avoir rencontré des silex taillés dans quatre couches superposées. Mais l'âge de ces couches n'était pas bien déterminė; leur épaisseur était faible; les silex pouvaient y avoir été introduits postérieurement à leur formation. On ne pouvait donc déduire légitimement de cette découverte aucune conclusion relative à l'ancienneté de l'homme.

Cependant, toujours préoccupé de ses intéressantes études et constamment à la recherche de nouveaux gisements, M. l'abbé Bourgeois découvrit à Thenay, dans une petite carrière, située au bord d'un vallon, un nombre considéra

(1) M. de Mortillet, à qui rien n'échappe, a reproché au R. P. de Valroger (Revue d'anthropologie, 1875, n. 1) d'avoir enlevé à dessein à M. Bourgeois son titre d'abbé. Pourquoi n'a-t-il pas adressé le même reproche à M. Hamy qui, sans doute pour ne pas amoindrir aux yeux de ses lecteurs l'autorité de M. l'abbé Bourgeois et la portée de sa découverte, ne mentionne pas une seule fois sa qualité de prêtre ? V. Paléontologie humaine, p. 39-60. (2) Année 1877, 4me livraison.

(3) Voir sur l'homme tertiaire de Thenay: Matériaux pour l'histoire de l'homme, III, p. 374; 1v, p. 179, 248, 425; v, p. 297; víï, p. 14, 308; 1x, p. 105. Bulletin de la Société géologique de France, 1862-63, p. 535-542; 1868-69, p. 182, 901; 1869-70, p. 519.- Revue scientifique, vII, p. 269; xì, p. 211, 233. — Zaborowski-Moindron, De l'ancienneté de l'homme, p. 103-105. Hamy, Paléontologie humaine, p. 45-51. Revue des questions scientifiques, 1877, 11, p. 561-575. Chabas, Études sur l'antiquité historique, p. 560-565; Chabas, Les études préhistoriques et la libre pensée devant la science, p. 37-40. — Comptes rendus des congrès de Paris, Bruxelles et Stockholm, passim. — Victor Meunier, Les ancêtres d'Adam, p. 268-275. Revue des questions historiques, avril 1876. Revue de France, décembre 1875. Marin de Carranrais. Études sur les origines, p. 554.

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ble de silex dispersés dans toute l'épaisseur des terrains qui séparent les alluvions supérieures des couches les plus profondes du calcaire de Beauce ou miocène inférieur. Voici du reste, à partir de la surface, la série de ces terrains avec leur épaisseur et les fossiles les plus caractéristiques qu'ils renferment (1):

1. Dépôts récents avec silex polis.

2. Alluvion quaternaire avec Hyana spelaa, Rhinoceros tichorhinus et silex taillés. Pas d'étage pliocène (2).

3. Faluns de la Touraine : dépôt marin avec ossements d'Halitherium et silex taillés ; - miocène supérieur ; 1m d'épaisseur.

4. Sables fluviatiles de l'Orléanais avec ossements de Dinctherium Cuvieri, mastodontes et silex taillės; miocène moyen; 3m d'épaisseur.

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5. Calcaire de Beauce, compact et sans silex taillés à la partie supérieure, marneux et avec silex taillés très rares et ossements d'Acerotherium à la partie inférieure ; — 1m 75 d'épaisseur.

6. Marne avec nodules de calcaire et silex taillés. Épaisseur: 0m 80.

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7. Argile jaune et verdâtre avec de nombreux silex taillés.

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Épaisseur: 0m 35.

8. Mélange de marne lacustre et d'argile avec quelques silex taillés. Épaisseur 3m.

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9. Argile à silex, sans silex taillés.

miocène inférieur

Telle est la série, aussi exacte que possible, des terrains

(1) Ce tableau résulte de deux coupes qui se complètent l'une l'autre. En aucun endroit on n'a constaté directement la superposition de ces différentes couches.

(2) On remarquera cette absence du pliocène. Nous nous demandons vraiment si cet étage existe quelque part nettement caractérisé, et s'il n'y aurait pas lieu de supprimer de la série des temps géologiques la période correspondante qui, là même où elle semble le mieux représentée, peut encore se confondre soit avec la période antérieure ou miocène, soit avec la suivante ou quaternaire.

longuement étudiés par M. l'abbé Bourgeois à Thenay. A tous les étages, on le voit, depuis les dépôts les plus récents jusqu'aux couches argilo-marneuses qui forment la base du miocène inférieur, des silex présentant, aux yeux de certains observateurs, les apparences d'un travail humain, ont été rencontrés. Faut-il donc conclure de là que l'homme existait en France dès le commencement de la période miocène? M. l'abbé Bourgeois l'affirme, et c'est cette conclusion que nous voulons examiner ici.

Pour qu'elle fût fondée, il faudrait : 1o que l'âge de ces terrains fût bien établi ; 2° que l'enfouissement des silex fût réellement contemporain de la formation des couches d'où ils proviennent; 3° qu'il fût prouvé que ces silex sont travaillés de main d'homme. Ces trois conditions sont-elles réalisées ?

La première, l'âge géologique des couches, ne semble pas avoir jamais été contestée par les géologues même les plus opposés aux conclusions que M. Bourgeois déduit de ses découvertes (1). Les terrains de Thenay sont en effet disposés en couches parfaitement distinctes et assez nettement caractérisées. On aurait pu supposer tout d'abord que ces terrains, situés dans le voisinage d'un cours d'eau, avaient été remaniés; mais leur disposition régulière, analogue à celle que l'on rencontre dans tout le pays, ne permet pas d'admettre cette supposition. Du reste, pour répondre à cette objection et se fixer lui-même sur la constitution. stratigraphique du sol, M. l'abbé Bourgeois a fait creuser un puits vers le sommet de la colline voisine. Or, il y a rencontré des couches « parfaitement identiques sous tous les rapports à celles qui affleurent plus bas sur les bords du ruisseau (2). >>

(1) Le R. P. de Valroger a cependant émis un doute à cet égard, en s'appuyant à tort sur d'Archiac et sur M. l'abbé Bourgeois lui-même (Revue des questions historiques, oct. 1874); mais il est revenu plus tard sur ce sujet pour confesser son erreur. (Même Revue, avril 1876).

(2) Lettre lue devant la Société géologique dans la séance du 3 mai 1839. —

Il paraît difficile, en présence d'une stratification aussi régulière, de conserver des doutes sur l'âge des terrains. Il y a là, en effet, on est obligé de le reconnaître, tous les éléments d'un terrain tertiaire, sinon miocène. Il y a d'abord, semble-t-il, l'élément stratigraphique. Compris entre les formations secondaire et quaternaire, représentées, l'une par la craie, l'autre par des alluvions avec silex, les couches du gisement de Thenay correspondent aux divers étages du groupe miocène tel qu'il a été constaté ailleurs. Il y a de plus l'élément paléontologique : les fossiles qu'on y a découverts en grand nombre accusent la période tertiaire moyenne; l'âge des faluns y est surtout nettement indiqué par la présence de l'Halitherium et des autres animaux qui sont censés caractériser cet étage. Enfin la composition minéralogique du sol, si faible que soit sa valeur en pareille matière, vient elle-même confirmer les données précédentes: elle est, dans son ensemble, celle des terrains rapportés par les géologues à cette période de l'histoire du globe.

Nous devons donc reconnaître que, suivant toutes les apparences, le gisement de Thenay est vraiment miocène ; mais pouvons-nous aller plus loin et affirmer avec certitude que tel est véritablement son âge? Nous ne le pensons pas; car, dirons-nous avec d'Omalius d'Halloy, « s'il est assez facile de reconnaître des distinctions entre les divers systèmes qui composent un massif tertiaire, il est très difficile d'établir le parallélisme des systèmes qui existent dans des contrées éloignées (1). » Deux terrains séparés par des distances considérables peuvent se ressembler de tout point, surtout s'ils sont géologiquement récents, sans que pour cela ils appartiennent à une même époque (2). La Les sables de l'Orléanais n'ont pas été rencontrés en cet endroit; mais leur intercalation, sur d'autres points, entre le calcaire de Beauce et les faluns n'est pas contestable.

(1) Abrégé de géologie, 7me édition, p. 239.

(2) M. Carl Vogt va même jusqu'à dire que l'identité des fossiles de deux bassins isolés prouve la différence d'âge de ces terrains. Il est vrai que M. Vogt goûte fort le paradoxe.

similitude des caractères ne prouve pas l'identité d'âge; réciproquement une origine chronologiquement identique peut se traduire par des caractères divers.

Est-ce à dire qu'il soit toujours impossible de fixer l'âge relatif des divers étages du groupe tertiaire? en d'autres termes, d'établir rigoureusement le synchronisme de deux bassins? Nullement; car ces bassins ne sont souvent isolés qu'en apparence; des études suivies peuvent montrer le raccordement, le point de contact des couches qui les composent, et il suffit de constater ce point de contact sur l'une d'elles pour que l'âge géologique des autres couches soit légitimement déduit.

Il ne semble pas qu'un résultat aussi précis ait été obtenu à Thenay. Le caractère stratigraphique, le seul qui, entendu dans toute sa rigueur, conduise à des conclusions certaines, n'y a pas été nettement constaté. Par suite, tout en considérant comme indubitable que le gisement de ce nom appartient à l'époque tertiaire, nous conserverons quelque doute sur la partie de cette époque à laquelle on doit le rattacher. Quoiqu'il rappelle par son aspect l'étage miocène, il pourrait cependant appartenir à la période suivante ou pliocène ; il le pourrait d'autant mieux que cette période n'est représentée à Thenay par aucun autre terrain. La présence dans cette localité des espèces miocènes n'est point un obstacle à cette hypothèse ; l'on sait assez que les espèces n'ont point disparu simultanément sur toute la surface du globe après chacune des époques géologiques, et dès lors, les mêmes animaux peuvent caractériser des périodes diverses en des contrées diverses. Le géologue que préoccupe avant tout la recherche de la vérité évite toute affirmation dans ses déductions relatives au classement chronologique des subdivisions de l'étage tertiaire en pareille matière le mieux est d'avouer son ignorance. « Toutes les synthèses générales de la chronologie terrestre sont, en grande partie, problématiques et provisoires; les périodes qu'on y présente comme successives ont pu se prolonger en

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