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principe de l'antithèse. Ces raisons sont plus que suffisantes pour faire rejeter la thèse; cependant nous ajouterons encore quelques remarques.

3o Darwin nous décrit les bras qui pendent avec les mains légèrement fermées, comme l'expression de l'homme ne pensant à rien de particulier. L'étonnement impliquant l'attention, notre théoricien des phénomènes émotionnels a besoin, pour créer une situation d'esprit opposée, d'exclure de celle-ci l'attention. Mais il est évident que l'on peut très bien avoir les bras qui pendent avec les mains légèrement fermées, tout en pensant à quelque chose. Et même comme une telle attitude est celle d'un homme éveillé, il n'est pas possible qu'elle coïncide habituellement avec cette absence de toute activité intellectuelle que suppose Darwin. Quel est l'homme qui, dans une promenade, malgré qu'il ait l'habitude décrite par le naturaliste anglais, puisse dégager son esprit de toute pensée particulière durant une seule minute?

4o Pour Darwin, élever jusqu'au-dessus de la tête les mains ouvertes et tournées vers l'objet qui est la source de l'étonnement, tendre les bras au niveau du visage, raidir les bras en arrière; tout cela, en supposant les doigts séparés, est en complète antithèse avec les bras pendants et les mains légèrement fermées. Mais si pour des mouvements si disparates cette qualification identique est réellement exacte, il faut avouer que la complète antithèse des mouvements est quelque chose de bien vague. En fait, dès le moment où ils ne seront pas les mêmes, on pourra toujours dire en raisonnant de la sorte, qu'ils sont en complète. antithèse.

5° Lorsque dans le geste de l'étonnement les mains sont relevées comme l'indique Darwin, la paume est dirigée vers l'objet qui est la source de l'étonnement. C'est là un détail tout à fait caractéristique. Or, l'opposition aux mains légèrement fermées avec les bras pendants, ne nécessite pas du tout cette direction déterminée. Ce point

met donc manifestement en défaut l'explication de Darwin. 60 Au contraire, les mouvements de l'étonnement nous paraissent, comme on l'a déjà fait remarquer avant nous (1), pouvoir s'expliquer par l'influence d'une association d'idées. Nous trouvons-nous en face d'un danger à éviter, nous avons l'habitude de porter précipitamment les mains vis-àvis du visage pour le protéger. En présence d'un phénomène qui nous étonne, sous la vague appréhension de quelque chose à éviter, nous portons instinctivement les mains vis-à-vis de la figure. La direction même de la paume de la main, comme si l'on voulait repousser un choc imminent, se conçoit ainsi comme toute naturelle. L'application de la main sur la tête ou même sur la bouche comme signe d'étonnement, mouvement que Darwin déclare ne pouvoir expliquer (2), devient également intelligible dans cet ordre d'idées. On porterait la main sur la tête par un geste instinctif de protection. On la porterait sur la bouche pour dire que l'objet étonne à un point tel qu'on ne saurait guère exprimer l'impression ressentie.

Les gestes de l'impuissance et de l'étonnement sont les seules expressions humaines que Darwin rattache nettement à la loi prétendue de l'antithèse. Comme nous l'avons vu dans la première partie, il rattache pourtant encore d'une manière timide à cette loi, la nature des sons saccadés émis dans le rire. Selon lui, les cris de la douleur étant caractérisés par des expirations continues et de courtes inspirations, il est naturel que dans la joie les sons soient saccades avec des inspirations profondes.

Mais ce rapprochement, en tant qu'il a pour but de donner quelque appui au principe de l'antithèse, est purement illusoire. Sans doute, celui qui souffre n'est pas joyeux, mais cependant la douleur n'est pas précisément le senti

(1) Voir L. Dumont, Revue scientifique, 2o année, 2o série, no 44, p. 1038 Paris, 1873.

(2) Ch. Darwin, The expression of the emotions, p. 288.

ment opposé à la joie ; c'est la peine, le chagrin. Or, la personne qui est simplement dans la peine, ne pousse pas les cris de la douleur; elle est ordinairement silencieuse.

De plus, ce qu'il y a d'opposé aux cris, ce n'est pas d'émettre des sons autrement modulés, c'est de rester muet. Ici encore il n'y a donc rien d'admissible dans l'antithèse supposée. Darwin lui-même, du reste, ne paraît guère prendre au sérieux son idée à cet égard. Il nous dit, en effet, avant de l'exposer : « nous ignorons pourquoi les sons ėmis par l'homme pour manifester sa joie, ont précisément le caractère saccadé du rire (1). »

Pour conclure, nous dirons donc :

A quelque point de vue que nous nous placions, soit que nous envisagions la question d'une manière générale et dans ses bases physiologiques, soit que nous discutions en particulier les faits allégués, nulle part nous ne trouvons un motif suffisant pour admettre la loi de l'antithèse émotionnelle imaginée par Darwin.

Sans doute, et c'est là ce qui donne une apparence de vérité au principe posé par le théoricien anglais, il est incontestable que dans la plupart des cas, des émotions, des sentiments opposés se traduisent par des mouvements opposés. Mais la raison en est bien simple, c'est que, dans la plupart des cas, des sentiments opposés en rapport avec un but à atteindre, demandent pour atteindre ce but des mouvements d'une nature opposée. Ou bien, s'il n'y a pas de but à poursuivre, il est du moins naturel que l'opposition des émotions retentisse sur le système nerveux par des effets contrastants. Mais il n'y a là rien qui s'explique par une tendance innée à produire des mouvements qui n'auraient qu'une base négative; tout mouvement de l'organisme a nécessairement une raison d'être positive. L'abbé LECOMTE.

(1) < Why the sounds which man utters when he is pleased have the peculiar reiterated character of laughter we do not know » Ouvrage cité, p. 207.

LE DALTONISME

Les couleurs jouent un si grand rôle dans la nature, elles nous paraissent si intimement liées aux objets qui nous entourent, qu'il nous est difficile de nous figurer que certaines personnes les perçoivent autrement que nous. Aussi, ceux qui rencontrent pour la première fois des cas de daltonisme sont-ils ordinairement frappés d'étonnement à la vue des confusions que font les daltoniens.

Quand, par exemple, nous soumettons une personne à l'examen du sens chromatique par la méthode de M. Holmgren, et que cette personne nous indique comme étant de même couleur deux écheveaux de laine, dont l'un est du plus beau vert, l'autre d'un rouge bien marqué, nous sommes tentés de croire à une inattention ou à un malentendu. Nous avons peine à admettre qu'elle ne voit réellement qu'une seule et même couleur là où nous trouvons des différences si tranchées. Pour nous convaincre nous demandons que l'expérience soit réitérée plusieurs fois, afin d'éviter toutes chances d'erreur.

Au fond cependant, cet étonnement n'est pas justifiable.

N'a-t-on pas dit depuis bien longtemps qu'il ne faut pas disputer des goûts, ni des couleurs? Nous constatons, d'ailleurs, les mêmes faits pour les autres sens. Que de diversités d'appréciation quand plusieurs personnes dégustent certaines substances sapides! Que de divergences aussi quand on cherche à se rendre compte de certaines odeurs! Nous ne nous étonnons nullement quand des personnes, que l'on dit n'avoir pas l'oreille musicale, confondent deux sons que nous trouvons très dissemblables. A priori donc, on doit s'attendre à ce que le sens de la vue nous offre les mêmes variétés que les autres sens.

Si quelque chose doit nous surprendre dans l'histoire de l'étude du sens chromatique, c'est qu'on ait tant tardé à découvrir le daltonisme. Il n'y a qu'un siècle, comme nous allons le voir, qu'on s'est aperçu de l'existence de ce vice de la vue, et il y a peu d'années seulement qu'on en a constaté la grande fréquence. Je ne vois que deux raisons plus ou moins plausibles pour expliquer cette constatation tardive d'une part, l'absence d'une méthode scientifique et rationnelle pour l'examen de la faculté de distinguer les couleurs; d'autre part, la minime importance qu'on devait attacher à cette infirmité, importance qui s'est singulièrement accrue depuis l'invention des chemins de fer et l'énorme extension qu'ont prise les voyages sur mer.

L'étude de cette question est très intéressante au point de vue scientifique; elle a une importance pratique très considérable; enfin elle est pleine d'actualité. Un grand nombre de physiologistes et d'ophtalmologues se livrent à des recherches pour élucider les divers points obscurs de cette question. C'est ce qui m'a décidé à lui consacrer ici quelques pages. J'ai surtout en vue d'exposer les principales théories qui ont été émises pour expliquer cette anomalie, de montrer les conséquences pratiques auxquelles le daltonisme peut conduire, enfin de rechercher les meilleurs moyens de prévenir ou d'atténuer les inconvénients et les dangers de ce vice de la vue.

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