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Pour recomposer la lumière blanche, il n'est même pas nécessaire d'employer les six couleurs du spectre. On peut obtenir le même résultat en n'utilisant que quelques-unes des couleurs spectrales. D'après Young et M. Helmholtz, cette propriété appartient spécialement à trois couleurs, qu'on a nommées fondamentales; ce sont le rouge, le vert et le violet. Elles en ont encore une autre, c'est qu'associées convenablement, elles sont susceptibles de reproduire toutes les autres couleurs. Brewster avait attribué ces propriétés au rouge, au jaune et au bleu. Des recherches récentes de M. Chevreul semblent confirmer cette manière de voir (1).

Enfin on a reconnu qu'en associant deux à deux certaines couleurs primitives autres que les fondamentales, on parvient également à reproduire la lumière blanche. C'est ce qu'on a appelé couleurs complémentaires. Tels sont le vert-bleu et le rouge, le bleu verdâtre et l'orangé, le bleu d'outre-mer et le jaune, le jaune-vert et le violet.

La théorie Young-Helmholtz admet que la rétine renferme trois espèces d'éléments nerveux, correspondant aux trois couleurs fondamentales: les uns perçoivent le rouge, d'autres le vert, les autres le violet. Si les éléments pour le rouge sont seuls excités ou à un degré supérieur aux autres, nous éprouvons la sensation du rouge; ainsi des deux autres espèces. Si deux espèces d'éléments sont excitées seules ou plus que la troisième, nous voyons une couleur qui forme la combinaison des couleurs répondant aux éléments mis en activité. Si les trois espèces d'éléments sont excités simultanément avec la même intensité nous ne percevrons plus la qualité de la lumière, nous verrons alors de la lumière blanche.

L'anatomie n'a pas encore démontré l'existence de ces trois espèces de fibres ou d'éléments, chargés de percevoir les trois couleurs fondamentales. Mais la plupart des faits concordent et s'expliquent assez bien avec cette hypothèse.

(1) Communication à l'Académie des sciences de Paris, 22 octobre 1878.

On peut donc l'admettre comme vraisemblable; sa simpli-· cité est séduisante, et nous verrons qu'elle rend assez bien compte du vice de la vue que nous étudions.

Pour se faire une idée de la théorie, on peut construire une figure, qui donne une représentation assez exacte de la manière dont les différentes couleurs agissent sur les trois éléments sensibles de la rétine.

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La fig. 1 nous représente le sens normal des couleurs. On y distingue trois courbes d'excitabilité, l'une (R) des éléments percevant le rouge, la seconde (Ve) des élements: percevant le vert, la dernière (Vi) des éléments percepteurs du violet. Nous pouvons, à l'aide de ce diagramme,. nous représenter le mode d'action des différentes couleurs. spectrales sur chacun des éléments rétiniens.

En effet, on voit que le rouge spectral excite vivement les éléments du rouge, beaucoup moins ceux du vert, et encore moins ceux du violet; d'où la sensation de rouge. Le rouge devient orangé par l'augmentation de l'excitation: des éléments du vert. Le jaune spectral excite au même degré ou à peu près les éléments du rouge et du vert, tandis qu'il n'affecte que faiblement les éléments du violet; d'où la sensation du jaune qui est une combinaison du rouge et du vert (1). Le vert du spectre excite fortement les

(1) Cette notion paraît en contradiction avec ce que nous observons ordinairement du mélange des couleurs. Le jaune semble être une couleur simple, tandis que le vert peut se produire par le mélange du bleu et du jaune.

éléments du vert, bien plus faiblement les deux autres espèces; donc sensation du vert. Le bleu affecte assez vivement et à peu près également les éléments du vert et du violet, mais faiblement ceux du rouge; de là sensation du bleu qui est une combinaison du violet et du vert. Enfin le violet excite fortement les éléments du violet, et faiblement les deux autres; il en résulte la sensation du violet.

Si nous cherchons à expliquer le daltonisme à l'aide de ces données, nous pouvons admettre que cette infirmité consiste tout simplement dans l'atrophie ou la paralysie de l'une de ces trois espèces d'éléments nerveux; le daltonien serait, par conséquent, aveugle pour la couleur correspondant à l'élément nerveux qui lui manque ; de là les noms de cécité pour les couleurs, colourblindness, Farbenblindheit. A priori, on peut donc distinguer trois espèces de cécité : la cécité pour le rouge, la cécité pour le vert et la cécité pour le violet.

Pour avoir une idée des sensations qu'éprouve le daltonien sous l'influence des différentes couleurs, il suffit de reconstruire le diagramme en supprimant une des courbes d'excitabilité.

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La fig. 2 nous représente les sensations d'un aveugle

Mais il s'agit alors d'un mélange matériel, tandis que la combinaison dont nous parlons ici (rouge et vert) est une combinaison de vibrations éthérées, laquelle produit une sensation. On peut s'assurer facilement, par le disque rotatif de Newton, qu'en produisant en même temps sur l'œil une impression de rouge et de vert, la sensation qui en résulte est celle du jauue.

pour le rouge. Il n'a que deux espèces d'éléments rétiniens, et par conséquent deux couleurs fondamentales : le vert et le violet. D'après ce diagramme, le rouge excite faiblement les organes du vert et presque pas ceux du violet, d'où sensation d'un vert très faiblement lumineux. Aussi un rouge peu lumineux n'excitera-t-il pas suffisamment les organes percepteurs du vert pour produire une sensation, et souvent il paraîtra noir. Le jaune excite vivement les éléments du vert, modérément ceux du violet, il produit donc une sensation de vert plus intense que celle produite par un rayon rouge. Le vert excite très fortement les éléments du vert, et assez bien ceux du violet; d'où sensation de vert intense, mais d'une nuance plus blanchâtre que par le rouge ou le jaune; car le mélange des deux couleurs fondamentales produit ici le même effet que la combinaison des trois couleurs fondamentales chez un voyant normal. Le bleu donne lieu à une sensation de blanc gris, puisqu'il correspond à l'excitation simultanée et assez égale des deux éléments fondamentaux.

D'après la fig. 2, on constate aussi que chez l'aveugle pour le rouge, la lumière rouge et la verte, n'agissant que sur une seule espèce d'éléments rétiniens, doivent produire la même impression de couleur: elles doivent paraître vertes. Mais quand un rayon rouge frappe la rétine, il rencontre moins d'éléments nerveux qu'un rayon vert. Le rouge paraît donc moins lumineux que le vert. Si le daltonien parvient à distinguer ces couleurs, c'est en se guidant sur cette intensité lumineuse. Pour qu'une nuance rouge soit jugée par un daltonien identique à une nuance verte, il faut que la première soit pour un voyant normal beaucoup plus lumineuse que la seconde. Et effectivement T'expérience démontre la réalité de ce fait.

La fig. 3, nous représente les sensations d'un aveugle pour le vert. Il n'y a que deux espèces d'éléments rétiniens, et par conséquent deux couleurs fondamentales, qui sont le rouge et le violet. Si on compare ce diagramme avec

celui du sens normal des couleurs, voici ce qu'on trouve:

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le rouge spectral produira encore une sensation de rouge, puisqu'il excite vivement les éléments du rouge; mais il paraîtra moins jaunâtre que le rouge normal, puisqu'on en a supprimé une certaine quantité de vert. L'orangé et le jaune sembleront rouges, mais la dernière couleur sera plus blanchâtre, puisqu'il y entre une certaine quantité de l'autre couleur fondamentale. Le vert se compose de deux parties sensiblement égales des deux couleurs primitives, il produira donc une impression de blanc ou de gris. Le bleu est un violet intense en lumière.

Ici encore on remarque que, chez l'aveugle pour le vert, les lumières rouge, jaune et verte, excitant les mêmes éléments, produiront une seule et unique sensation, celle du rouge. Le daltonien ne saurait donc les distinguer, ou tout au moins s'il fait une différence entre elles, cette différence porte sur l'intensité lumineuse et non sur la coloration. Le rouge paraît à un aveugle pour le vert plus lumineux que le vert. Pour qu'une nuance verte paraisse exactement semblable à une rouge, il faut que la première soit pour un voyant normal beaucoup plus lumineuse que la seconde. L'expérience prouve l'exactitude de cette conclusion.

Je pourrais construire le même diagramme et reproduire les mêmes explications pour la cécité du violet. Mais, d'une part, nous ne ferions que nous répéter; d'autre part, cette espèce de cécité est assez rare, d'après les recherches statistiques faites jusqu'ici.

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