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maint endroit les unes à côté des autres, comme les périodes archéologiques de la pierre et du bronze se sont prolongées parallèlement jusqu'à nos jours. Les noms de ces périodes, employés dans des sens très divers, très ambigus et très ondoyants, produisent des illusions, des malentendus et des disputes interminables, non seulement parmi les hommes dénués d'instruction, mais parmi les savants plus avides d'apprendre que de bien expliquer ce qu'ils apprennent (1). »

La détermination précise de l'âge géologique des couches à silex de Thenay est, on le voit, à peu près impossible. Il est un point toutefois que l'on ne saurait contester et ce point a son importance dans la question présentement posée, c'est que ces couches et les silex qu'elles renferment sont antérieurs à la formation des faluns, antérieurs par suite à l'époque où la mer qui a déposé ces nouvelles strates est venue occuper le pays. Or, cela nous reporte immédiatement à une époque très reculée, bien qu'il soit tout à fait impossible d'en fixer la date.

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que

Il n'est pas contestable, en effet, - et c'est la réponse à la seconde question que nous nous sommes posée les silex ne soient du même âge que les couches qui les recèlent. On a pu en douter à l'origine, alors qu'ils n'avaient encore été découverts, qu'au point d'affleurement des couches, à une faible profondeur, et pour ainsi dire à la surface du sol. Le moindre remaniement superficiel aurait suffi pour les y introduire accidentellement à une époque récente. En faisant creuser un puits sur la hauteur, M. l'abbé Bourgeois s'est proposé de répondre à cette difficulté, et, il faut le dire, le résultat a été conforme à ses prévisions. « C'est au fond de ce puits, écrivait-il à la Société géologique de France, que j'ai trouvé la vérité et la vérité la plus incontestable (2).»>

(1) R. P. de Valroger, Revue des Questions historiques, avril 1876. (2) Bulletin de la société géologique, séance du 3 mai 1869.

Au-dessous des faluns avec coquilles et ossements, au-dessous encore de plusieurs assises de calcaire de Beauce compact, il a rencontré, à six mètres de profondeur, «< dans les petites couches marneuses ou argileuses à silex taillés, des instruments bien caractérisés parmi lesquels on peut voir, dit-il, un marteau présentant des traces de percussion très évidentes (1). >>

Si nous étions en présence d'un sol tourbeux et que, d'autre part, il s'agît de quelques silex seulement, l'on pourrait croire à une introduction postérieure ; l'on sait en effet avec quelle facilité la tourbe et les terrains meubles détrempés laissent pénétrer les objets pesants déposés à leur surface. Mais au-dessus du silex se trouve ici un lit de calcaire compact qu'aucun objet n'a pu traverser ; de plus, les éclats de silex sont répandus en si grand nombre, si uniformément et sur une telle étendue dans les couches argilo-marneuses qu'il suffit de les avoir vus en place pour ne conserver aucun doute sur la parfaite authenticité de l'origine tertiaire qu'on leur attribue.

Reste la troisième question, la seule importante, on peut le dire, dans la circonstance, celle qui concerne la taille intentionnelle des silex de Thenay. Ces silex sontils réellement travaillés ?

M. l'abbé Bourgeois n'en doute pas. Il y distingue des haches, des grattoirs, des couteaux ou éclats, des têtes de lances, des pointes de flèches, des scies, des massues, des marteaux, etc..., mais il s'en faut que tous les archéologues, que tous les géologues surtout soient aussi affirmatifs. Quelques mots sur l'historique de la question en fourniront la preuve.

Dès 1867, M. Bourgeois soumit un certain nombre d'échantillons, des mieux caractérisés selon lui, à l'appré

(1) Nous verrons tout à l'heure ce qu'il faut penser de ces traces évidentes de travail.

ciation des membres du Congrès d'archéologie préhistorique réuni alors à Paris. Sa communication fut, au rapport de M. de Mortillet, accueillie avec enthousiasme et couverte d'applaudissements (1); mais si bien disposé que fût le Congrès en sa faveur, ses conclusions n'en furent pas moins écartées. Quelques membres seulement, entre autres M. Hamy, virent le travail de l'homme dans les objets qui leur étaient présentés; la plupart nièrent que la taille fût intentionnelle. Pour cette raison on refusa de les accepter parmi les produits de l'industrie humaine qui figuraient à l'Exposition universelle de la même année.

Dans les années qui suivirent plusieurs géologues se rallièrent à l'opinion de M. l'abbé Bourgeois. Cependant, en 1871, M. de Quatrefages écrivait dans le Journal des savants : « Les objets recueillis par le savant abbẻ ne se sont pas trouvés assez caractérisés pour enlever toutes les convictions. Un certain nombre de juges très compétents les ont acceptés, il est vrai, comme autant d'œuvres de l'industrie humaine; mais des autorités non moins imposantes se sont formellement prononcées en sens contraire. Pour mon compte, après avoir examiné avec grand soin ceux qui proviennent de Pontlevoy, je n'ai pu m'arrêter à aucune conclusion définitive. Bien d'autres naturalistes et en particulier M. Lartet m'ont paru partager cette indécision (2) ».

En 1872, M. l'abbé Bourgeois soumit de nouveau une collection de trente-deux échantillons au Congrès d'archéologie

(1) Pourquoi ces applaudissements ? Nous aimerions à rencontrer plus de gravité chez des représentants de la science. Si la note qui leur était communiquée avait eu pour résultat de rajeunir l'homme au lieu de le faire remonter à une prodigieuse antiquité, aurait-elle été l'objet d'une semblable manifestation? Est-ce qu'une vérité leur doit être plus agréable qu'une autre vérité ?

(2) M. de Quatrefages s'est depuis rallié à l'opinion de M. Bourgeois. Il fut de ceux qui, au Congrès de Bruxelles, en 1872, déclarèrent reconnaître l'origine humaine des grattoirs de Thenay. Il l'a déclaré de nouveau au Congrès de Stockholm en 1874.

et d'anthropologie préhistorique qui se tenait cette fois à Bruxelles. Une commission de quinze membres fut chargée de les examiner. Les avis restèrent partagés; huit membres, MM. d'Omalius, de Quatrefages, Cartailhac, Capellini, Worsaæ, Engelhardt, Valdémar Schmidt, et Franks, déclarèrent reconnaître le travail de l'homme dans quelques-uns de ces objets, spécialement dans les grattoirs. M. de Vibraye ne se joignit à eux qu'avec réserve; M. Van Beneden n'osa se prononcer. Les cinq autres, MM. Desor, Steenstrup, Neirynck, Virchow et Fraas, déclarèrent ne reconnaître aucune trace de l'action humaine (1).

Cette même question avait été l'objet de communications intéressantes à la Société géologique de France. Mais là plus que partout ailleurs l'accueil a été défavorable aux conclusions de M. l'abbé Bourgeois.

Dans la séance du 2 décembre 1867, M. de Mortillet déclare adopter ces conclusions. «Pourtant, ajoute-t-il, je reconnais que les silex sont loin d'être suffisants pour convaincre tout le monde. »

Il fut le seul en effet qui se montrât convaincu. L'un des membres les plus autorisés de la Société, M. Hébert, après avoir examiné attentivement les silex, déclara de la manière la plus formelle qu'ils ne présentaient rien qui fût de nature à exiger l'intervention de la main de l'homme. De pareilles conclusions, appuyées sur des faits de cette nature, lui paraissent être un danger véritable et d'autant plus sérieux que les personnes qui se laissent entraîner sur cette pente présentent plus de garanties scientifiques.

L'un des

(1) Compte rendu du Congrès de Bruxelles, 1872, p. 81-94. membres qui reconnurent le travail de l'homme dans les silex de Thenay, M. Cartailhac, déclara l'année suivante au Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences, tenu à Lyon, qu'il ne fallait pas a tribuer aux conclusions de la commission une importance décisive. « Réunis quelques instants avant l'ouverture d'une séance générale, nous avons eu assez de temps, dit-il, pour voir les silex, mais pas assez pour discuter. »> Voir le compte rendu du Congrès de Lyon, p. 615.

Nous ne croyons pas que depuis cette époque la Société géologique ait eu à se prononcer de nouveau sur la question; mais ses dispositions ne paraissent pas s'être modifiées. La Société aime les faits, et non les hypothèses.

M. Hamy écrivait en 1870 que les pierres de M. Bourgeois étaient «< généralement mal accueillies dans les assemblées savantes (1) » il pourrait le répéter aujourd'hui avec non moins de raison.

En dehors des sociétés savantes l'accueil qu'elles ont reçu n'a pas été plus favorable. Voici le jugement motivé qu'exprime à leur sujet un savant bien connu, M. Chabas : « Ce qu'il faut rencontrer, dit-il, pour être convaincu de la rẻalité des silex tertiaires intentionnellement taillés, c'est une série un peu constante d'outils bien déterminés à l'usage de l'homme. Or rien de cela ne se voit dans ceux dont parle M. l'abbé Bourgeois; c'est le résultat négatif auquel on arrive en examinant ses collections, et même en regardant les deux planches d'objets de choix qu'il a publiées. Un seul genre d'outils s'y reproduit nombre de fois; ce sont des fragments de silex irrégulièrement plats, de forme grossièrement triangulaire ou arrondie,portant à une de leurs extrẻmités une pointe très courte..... S'ils ont eu quelque emploi, ce n'a pu être que pour piquer ou percer; mais que pouvait-on percer avec des pointes si courtes que la plupart ne suffiraient pas à traverser un cuir? J'en ai recueilli à Thenay même, dans une fouille laissée ouverte par M. de Mortillet, un spécimen qui présente bien la pointe en question, mais qui a en même temps une saillie aiguë du côté opposé, de telle manière qu'on ne pourrait saisir ce silex sans se blesser les doigts (2). >>

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M. Chabas revient ailleurs sur la question (s). A côté des

(1) Précis de paléontologie humaine, p. 48.

Étude sur l'antiquité historique, p. 362.

(3) Les études préhistoriques et la libre pensée devant la science; réponse à M. de Mortillet, p. 38.

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