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d'une oxydation naturelle si facile à comprendre au sein de couches calcaires (1), soit de mille autres causes qui ont dû intervenir à tour de rôle dans les temps géologiques. Plus tard, lorsque le pays se transforma en un lac, les eaux désagrégeant la craie lui arrachèrent ses éclats de silex qui de la sorte se trouvèrent disséminés dans les couches argilo-marneuses alors en voie de formation.

Nul ne contestera, pensons-nous, que des causes naturelles ne puissent faire éclater le silex. A ceux qui le nieraient, nous pourrions demander s'ils attribuent à l'homme les millions d'éclats qui tapissent les couches de Thenay. Évidemment ils n'iront pas jusque-là. Le nombre de ces silex, leur forme, la petitesse de leur volume, la position même qu'ils occupent, tout prouve qu'ils sont le produit d'une action naturelle. Or, si telle est l'origine de la plupart, à quel titre attribuerait-on à quelques-uns le privilège d'avoir été fabriqués par l'homme ? N'est-il pas infiniment plus rationnel d'attribuer aux seules forces physiques et chimiques, à un brisement naturel, à un choc accidentel, ces formes grossières, indignes d'une intelligence humaine, dans lesquelles l'œil complaisant de certains archéologues voit une œuvre d'art?

Que des changements plus ou moins brusques de tempėrature puissent produire des éclats de silex, c'est un fait trop bien établi pour qu'il soit permis d'en douter encore. Ce que M. Al. Bertrand a réalisé artificiellement dans l'expérience que nous avons rapportée, la nature le répète tous les jours. « On a constaté, dit M. Alphonse Favre,

(1) C'est sans doute à un échauffement résultant d'une action chimique de cette nature, qu'il faut attribuer les traces de feu que l'on a cru remarquer sur quelques silex. Nous n'insistons pas davantage sur ce fait, parce que, de l'avis des partisans de l'homme tertiaire, ces traces de feu, fussent-elles parfaitement authentiques, ne prouvent nullement une action humaine. Le feu existait sur la terre bien avant l'homme. Les volcans, la foudre, les combinaisons et décompositions chimiques qui s'opèrent spontanément dans certaines conditions, en sont une source constante et naturelle.

que des silex exposés à de certaines influences atmosphẻriques, éclatent en lames tranchantes dont quelques-unes pourraient bien ressembler à ce qu'on prend pour des silex mal taillés. En effet, dans le voyage que MM. Desor et Escher de la Linth ont fait au Sahara, ils ont remarqué dans le désert de Mourad ou des Ziban, un grand nombre de silex anguleux et tranchants et d'autres dont les fragments à peine disjoints étaient encore en présence les uns des autres. M. Escher a supposé que ces silex se divisaient sous l'influence du soleil, lequel produisait la cristallisation souvent répétée des sels dont le sol est imprégné et qui peut-être s'infiltrent dans les fissures capillaires de la pierre (1). »

Ce brisement naturel du silex sous la seule action du soleil n'est pas une pure supposition. M. Fraas raconte que, voyageant en Égypte, il a vu le phénomène se produire. Peu de temps après le lever du soleil, un éclat de silex se détacha sous ses yeux et avec bruit d'une masse de même nature. « Déjà auparavant, dit-il, j'ai vu cent fois à terre, dans le désert, et plus tard au bord du Nil, des silex éclater en formes lisses et arrondies, et je me suis convaincu de mes yeux et de mes oreilles que l'action du soleil en était la seule cause. » Le même observateur rapporte que Livingstone et le Dr Wetzstein ont été témoins de phénomènes semblables, le premier à l'ouest du Nyassa et l'autre à l'est de Damas.

Lepsius explique de la sorte et considère par conséquent comme dus à des causes naturelles tous les éclats de silex que l'on a récemment découverts en Égypte et que l'on donne assez souvent comme les produits industriels d'une époque très reculée. « Lorsqu'on se repose silencieusement le matin dans le désert, dit-il, ou la nuit, après le coucher du soleil, on entend souvent tout autour de soi un crépitement

(1) Revue des cours scientifiques, 26 mars 1870.

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qui ne peut provenir que de l'éclatement des galets siliceux (1). »

D'après ce même savant, les champs de silex, si communs dans l'Europe septentrionale, n'auraient pas une autre cause. Aussi les légendes du Nord parlent-elles souvent de personnages qui, en proie à de violentes colères, éclatèrent en morceaux sous la forme de fragments de silex, et il paraît que ces merveilleuses transformations se produisaient de préférence aux premiers rayons du soleil. Le soleil, en effet, ajoute Lepsius, en se concentrant sur un certain point, détermine un éclatement analogue à celui qui résulterait d'un coup appliqué sur ce même point. Il en conclut que les gisements d'éclats et de couteaux, aussi bien en Europe qu'en Égypte, sont dus à des causes naturelles, et qu'il a fallu subir l'influence d'idées préconçues pour y voir des produits artificiels.

M. Arcelin, tout en combattant ces conclusions peut-être un peu trop absolues du célèbre orientaliste allemand, admet cependant que l'action de la chaleur peut provoquer la-rupture des silex. « Que le soleil les fasse éclater, dit-il, c'est ce dont il m'est impossible de douter, et je l'ai constaté par moi-même (2). »

En présence de témoignages aussi nombreux, il n'est pas permis de douter que les éclats de silex ne puissent avoir une origine naturelle. Il est bien certain, du reste, que ceux qui existent en si grand nombre dans les terrains secondaires, n'ont jamais passé par les mains de l'homme. L'on peut en dire autant, à priori, de tous ceux qui existent en couches régulières; pour leur attribuer une origine différente, il faudrait y reconnaître des traces évidentes d'un travail humain; or, tel n'est pas le cas, on en conviendra, pour ceux de Thenay.

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(1) Cité d'après M. A. Arcelin, L'âge de pierre et la classification préhistorique, p. 16.

(2) L'âge de pierre et la classifica ion préhistorique, p. 17.

Des considérations d'une autre nature achèvent de montrer l'invraisemblance de l'hypothèse. On a vu par notre tableau précédent que dans huit couches immédiatement superposées, répondant à huit périodes consécutives, l'on avait trouvé des éclats de silex de formes à peu près identiques. Si ces éclats sont vraiment des produits de l'industrie humaine, la conséquence à tirer de là serait que, depuis les débuts de la période miocène jusqu'à la nôtre, c'est-àdire pendant toute une série de milliers d'années, plus de 100 000 ans, au dire des géologues les plus modérés, · l'homme aurait vécu sur un même point du globe qu'il aurait vu tour à tour occupé par un lac, parcouru par un fleuve, envahi par la mer, et de nouveau sillonné et profondément raviné à l'époque quaternaire par de puissants cours d'eau; et pendant tout ce temps l'homme aurait fait usage des mêmes instruments de pierre taillée sans en modifier notablement la forme ! Les conditions atmosphériques auraient varié ; la faune se serait renouvelée autour de lui à différentes reprises (1); des espèces auraient disparu; d'autres les auraient remplacées pour disparaître à leur tour; l'homme seul serait resté, et resté toujours semblable à lui-même, plongé pendant des centaines de siècles dans la plus profonde barbarie, sans le moindre progrès, sans avancer d'un pas vers la civilisation! Les grossiers débris de son industrie naissante se compteraient par milliers, et pas une pièce de son squelette, pas un fragment de son crâne ne nous aurait été conservẻ! En vérité, n'est-ce pas de la plus complète invraisemblance?

Des archéologues contemporains l'ont senti. M. Gabriel

(1) S'il fallait en croire M. A. Gaudry (Les enchaînements du monde animal), la faune se serait renouvelée huit fois depuis la formation du calcaire de Beauce; mais nous sommes convaincus que plusieurs des faunes qu'il donne comme successives ont été contemporaines. Le savant professeur nous semble attribuer à l'élément paléontologique une valeur exagérée au point de vue de l'appréciation des temps géologiques.

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de Mortillet a reconnu (1) qu'il serait contraire aux lois de la paléontologie que l'homme fût resté si longtemps invariable alors que tout se modifiait autour de lui. C'est pour répondre à cette difficulté, en même temps que pour appuyer son système favori de la transformation des espèces, qu'il a inventé son précurseur de l'homme, être imaginaire à l'industrie et à l'intelligence duquel il faudrait attribuer les silex de Thenay. Mais cette hypothèse est beaucoup plus invraisemblable encore que le fait qu'elle prétend expliquer. Une intelligence qui se révèle par la fabrication et l'usage d'instruments qu'est-elle donc, sinon la raison ellemême? Et si l'être hypothétique de M. de Mortillet était doué de raison, en quoi différait-il de l'homme?

L'on cite des tribus d'Australiens qui ne savent pas tailler le silex et qui ne possèdent ni armes ni outils (2). L'animal anthropoïde de Thenay leur était bien supérieur : il savait allumer le feu; il faisait usage d'instruments délicats, de grattoirs pour préparer les peaux dont il se revêtait, de poinçons pour les coudre (3). Avouons que si cet être n'était pas l'homme, il en avait du moins, semble-t-il, l'attribut caractéristique, la raison.

Après tout, la théorie de M. de Mortillet ne doit pas nous surprendre elle est le complément naturel de la théorie transformiste appliquée à notre espèce. Il fallait combler l'intervalle par trop considérable qui sépare l'homme de la brute; il fallait montrer dans la faune éteinte l'être qui a servi de trait d'union entre l'un et l'autre. Sous ce rapport, il est vrai, la paléontologie n'a guère répondu à l'attente de l'école darwiniste. Les investigations les plus multipliées,

(1) Voir le compte rendu de la seconde session (Lyon, 1873) de l'Association française pour l'avancement des sciences.

(2) Chabas, Les études préhistoriques et la libre pensée, p. 41.

(3) Évidemment, nous parlons ici comme le ferait un partisan de l'hommetertiaire; car, à notre avis, l'on peut voir tout ce que l'on veut dans ces prétendus grattoirs et les éclats que l'on décore du nom de poinçons sont incapables de percer une peau.

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