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les recherches les plus minutieuses et les plus actives sont restées sans résultat. Le précurseur de l'homme est encore à trouver. Mais l'on veut qu'il existe; il le faut pour la théorie transformiste qui, dépourvue de base plus sérieuse, est réduite à vivre d'hypothèses et à s'appuyer sur des conjectures. Et c'est là ce que l'on appelle de la science expérimentale!

L'idée de M. de Mortillet n'a pas été adoptée seulement par les partisans des doctrines transformistes. Des catholiques, zélés défenseurs de l'orthodoxie chrétienne, l'ont accueillie avec faveur, quoique en la modifiant quelque peu. Ils ont vu dans les silex de Thenay l'oeuvre de la brute, le produit d'un instinct animal et non d'une intelligence humaine.

En supposant ainsi, fort gratuitement, qu'il a jadis existé un être intellectuellement plus parfait que le singe et, par suite, plus rapproché de nous, ces honorables apologistes donnent la main aux transformistes les plus avancés.

D'ailleurs une intelligence qui se traduit par la fabrication d'outils, si grossiers qu'ils puissent être, ne nous semble différer aucunement de la raison. Rien dans la nature actuelle ne nous autorise à considérer l'animal comme capable de se fabriquer un instrument. Un tel phénomène serait essentiellement nouveau; il contredirait l'idée que nous nous faisons à juste titre de l'intelligence que n'accompagne pas la raison. L'art de fabriquer des armes ou des outils est, comme celui d'allumer le feu, comme le goût de la parure et du vêtement, l'un des attributs extérieurs de l'espèce humaine. Vouloir l'attribuer à la brute, ce serait bouleverser les idées communément reçues concernant les caractères distinctifs de l'humanité.

L'instinct produit, il est vrai, des œuvres beaucoup plus parfaites et plus difficiles à réaliser que ne le sont les grossiers silex de Thenay. On connaît l'industrie du castor; l'on sait aussi avec quelle habileté certains oiseaux construisent leurs nids; les insectes eux-mêmes font preuve dans l'exécution de leurs œuvres d'un talent que l'homme avec

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toute sa raison ne saurait déployer. Mais, pas plus que l'intelligence animale, l'instinct ne s'est jamais révélé par la fabrication d'instruments. Du reste, la perfection même de ses œuvres ne nous permet pas de lui attribuer la prétendue taille des silex tertiaires.

Les autres faits invoqués à l'appui de l'hypothèse de l'homme miocène sont, de l'aveu de tous, fort loin d'avoir l'importance du précédent. Nous citerons tout d'abord comme se rattachant de plus près à ce dernier la découverte d'entailles et d'incisions constatées par M. l'abbé Delaunay sur des ossements d'Halitherium, cétacé fossile qui caractérise le miocène supérieur (1). Cette découverte, si elle avait la portée que lui attribue son auteur, aurait donc pour résultat de faire remonter l'existence de l'homme au moins jusqu'à la dernière partie de la période miocène, c'est-à-dire jusqu'aux temps qui virent se déposer les faluns de nos contrées. A ce titre, elle mérite que nous entrions dans quelques détails.

M. de Mortillet la communiqua dans les termes suivants à la Société géologique en décembre 1867:

<< Pendant que M. l'abbé Bourgeois recueillait des silex taillés dans les assises du calcaire de Beauce, son collègue et ami, comme lui professeur au collège de Pontlevoy, M. l'abbé Delaunay découvrait les débris d'un squelette d'Halitherium, espèce de cétacé fossile, à la base des faluns de la carrière de la Barrière, commune de Chazéle-Henry, près de Pouancé (Maine-et-Loire). Quelle ne fut pas sa surprise quand il reconnut sur deux fragments de côtes, extraits devant lui du gisement, des coupures et de profondes incisions présentant le même état de décomposition que le reste de la surface de l'os, décomposition qui tranche nettement avec les cassures fraîches; coupures et

1867-68, p. 183.

(1) Matériaux pour l'hist. de l'homme, IV, p. 180, 427. Bull. de la Soc. geol., Revue de Franee, déc. 1874, p. 826. Revue scientifique, VII, p. 268. Zaborowski-Moindron, De l'ancienneté de l'homme,

p. 102. Hamy, Paléontologie humaine, p. 57-60.

incisions sont donc anciennes. Les os gisaient à la base d'une assise parfaitement en place et non remaniée; coupures et incisions sont donc de l'époque du dépôt de cette assise. Ce qui confirme encore davantage cette déduction, c'est que les os, au lieu d'avoir conservé leur nature première, sont entièrement pétrifiés, ce qui arrive souvent aux os de cétacés fossiles; coupures et incisions ont dû être faites avant la pétrification; elles sont trop profondes, trop nettes, trop fraîches pour qu'il en soit autrement (1). »

La conclusion définitive, d'après l'auteur de cette note, c'est que les entailles en question ne pouvaient être attribuées qu'à la main de l'homme; mais cette conclusion, M. de Mortillet eut quelque peine à la faire accepter au sein de la Société géologique. M. Hébert, entre autres, déclara que « les incisions que portaient les os de lamantins recueillis par M. l'abbé Delaunay dans les faluns de Touraine ne prouvaient aucunement l'existence de l'homme à cette époque. »

:

Cependant l'opinion générale était alors opposée à celle de M. Hébert, du moins parmi les adeptes de la chronologie préhistorique « Tous, ou presque tous, écrivait en 1870 M. Hamy, ont accepté sans arrière-pensée les ossements, incisės cette fois, de l'Halitherium exhumé par M. Delaunay, à Pouancé (2). »

C'était trop se hâter. M. l'abbé Bourgeois qui, au Congrès d'archéologie préhistorique tenu à Paris en 1867, avait présenté ces objets comme attestant véritablement l'action de l'homme, déclara au Congrès de Bruxelles en 1872 qu'il se rangeait à l'opinion de M. Hébert, d'après lequel les incisions que portaient ces ossements devaient être attribuées à la morsure d'un squale contemporain de l'Halitherium, le Carcharodon megalodon. « Il est impossible, par suite, dit avec raison l'auteur d'un travail récent sur l'ancienneté de

(1) Bulletin de la Société géologique, 1867.

(2) Précis de paléontologie humaine, servant d'appendice à la deuxième édition française du livre de Lyell, l'Ancienneté de l'homme, p. 57.

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l'homme, de ne pas admettre cette opinion, malgré le bruit qu'avait fait la découverte et la déception du grand nombre de savants qui en avaient reconnu la valeur probante. La difficulté qu'il y a à distinguer les incisions faites par l'homme de cette époque si reculée, de celles produites par d'autres animaux, eux-mêmes souvent à peine connus, doit inspirer en face de tels faits une réserve prudente (1). >>

Nous enregistrons avec soin cet aveu et nous nous en tenons à cette conclusion de deux partisans de l'homme tertiaire. Il semble, du reste, que dans ces dernières années, la découverte de M. l'abbé Delaunay ait été de plus en plus abandonnée.

Une découverte analogue à la précédente, mais qui tend à reculer davantage encore la date de l'apparition de l'homme dans nos contrées, est celle que fit en 1868 M. Bertrand, conducteur des Ponts et Chaussées dans l'Allier (2). Il s'agit

par

(1) Zaborowski-Moindron. De l'ancienneté de l'homme. Résumé populaire de la préhistoire. Pour permettre au lecteur de se faire une idée de la valeur morale de cet ouvrage, en même temps que des tendances de la nouvelle école, nous en extrairons quelques passages. « Toute religion ayant généralement pour objet une puissance surnaturelle et mystérieuse est nécessairement en contradiction avec le principe essentiel de toute science et doit être combattue le naturaliste. » (p. xxi). L'auteur relève dans un ouvrage de M. Beudant une erreur scientifique et il ajoute : « Pour le cas présent il est vrai on n'aurait pas à se tromper si tout le monde à l'enseigne reconnaissait la valeur de l'ouvrage. Le livre de M. Beudant est revêtu de l'approbation d'un évêque. Ce n'est pas flatteur pour ce savant. » (p. 91). Ailleurs, parlant de M. Lartet et des hommages publics que mériterait sa mémoire, il dit (p. 127): « Il est certes affligeant de songer que ces hommages ont été jusqu'ici réservés à cette collection de malheureux, la plupart frappés d'idiotie que l'on décore du nom de saints. Car tandis que les noms dont s'honore la science, ceux des saints de l'humanité, demeurent relativement inconnus, faute d'une instruction plus répandue, on entretient de somptueux édifices pour débiter onctueusement des insanités au peuple et l'amuser gravement de burlesques cérémonies orientales. >> Plus loin nous lisons que «la tradition religieuse et l'Adam biblique sont coulés. » Voilà pourtant l'ouvrage que des journaux, qui se disent religieux, n'ont pas craint de recommander à leurs lecteurs. Inutile d'ajouter que ce livre, œuvre de sectaire, fruit de la passion et de l'impiété, est, au point de vue scientifique, plein d'assertions erronées et d'interprétations fantaisistes. (2) Comptes rendus de l'Académie des sciences, séance du 13 avril 1868. - Bulletin de la Société géologique, 1868. Matériaux, IV, p. 141, 428; Comptes

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de deux fragments de mâchoire appartenant probablement, d'après M. Lartet, à l'Acerotherium ou Rhinoceros pleuroceros de Duvernoy, et portant tous les deux des entailles de 6 à 8 millimètres de profondeur et larges de 1 à 2 centimètres. Ces ossements avaient été trouvés dans une carrière de sable calcarifère appartenant au miocène inférieur et située à Billy, près de Saint-Germain-desFossés. D'après M. Laussedat qui communiqua cette dẻcouverte à l'Académie des sciences ainsi qu'à la Société géologique de France, les incisions, obliques à la direction de la mâchoire, étaient analogues à celles que l'on pourrait produire en frappant obliquement sur un morceau de bois avec une hache bien effilée. Elles sont évidemment très anciennes, ajoutait-il; car la minéralisation y est la même qu'à la surface de l'os.

Cependant la plupart des géologues ne semblent pas avoir partagé l'opinion de M. Laussedat relativement à la découverte qu'il signale. A la séance même de la Société géologique où les pièces furent communiquées, M. Hébert émit des doutes sur leur authenticité. Ces os, en effet, avaient été découverts par un seul ouvrier et n'avaient été remis à des naturalistes que longtemps après. Est-il donc impossible qu'on y ait pratiqué des entailles dans le but de connaître leur dureté, et qu'on ait ensuite essayé de réparer la détérioration qu'ils avaient subie?

Et puis, en supposant que ces entailles soient bien authentiques, il resterait à se demander si elles ne peuvent être attribuées à d'autres causes qu'au travail de l'homme. M. Laussedat observe, il est vrai, qu'elles ne peuvent être dues à la dent d'un carnassier, vu que « la faune du terrain miocène inférieur ne renferme aucun animal capable de faire une pareille morsure; » mais, pour la même raison

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rendus de l'Académie des sciences, LXVI, p. 752; Revue scientifique, VII, p. · Bulletin de la Société géologique, 1867-68, p. 614; Cosmos, avril 1868; Hamy, Paléont. hum., page 55-58.

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