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il eût dû exclure également l'action de l'homme dont aucun débris ne signale non plus la présence à cette époque.

Ici, du reste, comme précédemment, nous pouvons nous en rapporter au jugement des hommes les plus favorables à la théorie de l'homme miocène :

« Les entailles de la mâchoire du rhinocéros de Billy ont-elles été produites par l'homme? dit M. de Mortillet. Je ne le crois pas. Les empreintes laissées par la scie étant faciles à reconnaître, on peut dire nettement qu'il n'y a pas trace de sciage sur cette mâchoire. Les entailles existantes sont trop larges, trop profondes et trop nettes, sur un os trop dur, pour qu'on puisse un seul instant supposer qu'elles ont été produites par une coupure opérée au moyen d'un couteau en pierre. Il ne reste donc que l'action d'un instrument frappant, l'action d'une hache, et de fait c'est à cette action seule que M. Laussedat a fait allusion. Le coup de hache est toujours plus ou moins arqué; il laisse une empreinte conchoïde. Les empreintes de Billy sont parfaitement planes; elles ne peuvent donc pas être le résultat d'un coup de hache.

>> En outre le coup de hache se distingue par une surface nette et franche dans la partie suivie par la lame, abrupte et rugueuse du côté où part l'esquille. Eh bien, dans les empreintes de la mâchoire de Billy, ce dernier caractère fait tout aussi bien défaut que le premier. Ces empreintes présentent une large section très oblique, terminée par une partie beaucoup plus étroite, presque verticale, qui est aussi lisse, aussi polie que l'autre et de plus qui se trouve régulièrement arrondie. Comme on le voit, cette partie n'a aucun rapport avec le côté abrupt et rugueux du coup de hache.

>> Enfin, d'une manière générale les instruments en pierre laissent de petites stries dans le sens longitudinal des entailles qu'ils produisent, tandis que dans les entailles miocènes de Billy les stries sont dans le sens transversal. Ces entailles ne sont donc pas le produit d'un

instrument manié par l'homme. Que sont-elles donc ? >> Ce sont de simples impressions géologiques. Tous les géologues savent qu'il existe dans plusieurs terrains, mais surtout dans le miocène, des cailloux qui sont profondément impressionnés. La cause de ce phénomène n'est pas encore bien connue, mais le fait a été maintes et maintes fois parfaitement constaté. Eh bien, il y a la plus grande ressemblance entre l'impression de certains cailloux et les entailles de la mâchoire de Billy. Du reste, en examinant avec soin le plus long de ces os, on remarque à l'extrémité une petite impression produite par écrasement. Il n'y a pas eu enlèvement de matière, mais simplement impression. Cette impression qui a le même aspect que les autres leur est contemporaine et sert à les expliquer (1). >>

L'opinion de M. de Mortillet relative aux entailles de Billy, a aujourd'hui complètement prévalu. M. de Quatrefages ne faisait que la reproduire, lorsqu'il écrivait en 1871 « M. Laussedat avait regardé comme des incisions faites par un instrument tranchant les entailles profondes que présentaient les fragments d'une mâchoire de rhinocéros miocène. Un examen plus attentif fit reconnaître le peu de fondement de cette interprétation. Les prétendues incisions se trouvaient n'être que des impressions géologiques telles qu'on en rencontre même sur des cailloux de la plus grande dureté (2). >>

Les trois faits que nous venons de rapporter, silex de Thenay, ossements entaillés de Pouancé et de Billy, sont les plus fréquemment invoqués à l'appui de la théorie de l'homme miocène. L'on a vu qu'aucun des trois ne peut servir de base solide à cette théorie. Il est quelques autres découvertes, cependant, qui ont trait au même objet : nous en dirons un mot afin de ne laisser de côté aucun des arguments que les partisans de la haute antiquité de

(1) Matériaux pour l'hist de l'hommè, t. IV, p. 144. (2) Journal des savants, 1871.

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l'homme pourraient alléguer en faveur de leur thèse. On a dit que les ossements de mammifères découverts en si grand nombre par M. Albert Gaudry dans le fameux gisement miocène de Pikermi, en Grèce, accusaient l'existence de l'homme à cette époque (1). M. le baron de Ducker, appelé en 1872 par le gouvernement hellénique pour l'affaire du Laurium, crut en effet remarquer que ces ossements portaient les traces d'une cassure intentionnelle. Il fit part à M. Albert Gaudry lui-même de ses impressions à cet égard. «En examinant la collection d'ossements de Pikermi qui se trouve dans le musée d'Athènes, lui écrit-il à la date du 4 mars 1872, j'ai reconnu que ces ossements sont pour la plupart des restes de repas de l'homme. La manière dont la plupart des ossements sont brisés m'a suggéré cette idée et, en les regardant de près, j'ai trouvé beaucoup de traces distinctes de la main de l'homme, c'est-à-dire des traces de coups de pierre. Il y a ici des centaines de débris de mâchoires inférieures d'hipparions, d'antilopes, etc., qui sont les résultats d'une cassure systématique... On y voit. presque autant de restes de mâchoires supérieures détachées des crânes de la même manière (2). »

M. de Ducker annonce de plus avoir trouvé, sur l'emplacement même des fouilles, des ossements qui portaient des traces bien visibles de coups de pierre. « D'après tout cela, conclut-il, je ne doute plus que les ossements de Pikermi aient passé pour la plupart entre les mains des hom

mes. >>

Cependant il avoue qu'il a vainement cherché des traces. de feu, d'outil et de poterie. « Je pensais, ajoute-t-il, qu'on devait trouver les pierres avec lesquelles ces ossements ont été cassés; mais personne n'en a connaissance. >>

Cet aveu nous semble ébranler considérablement ses as

(1) Matériaux, XI, p. 68. Revue scientif., Ix, p. 954. Bull. de la Soc. geol. 18 mars 1872.

(2) Bulletin de la Société géologique, séance du 18 mars 1872.

sertions précédentes. Nous ne saurions mieux faire, du reste, pour montrer combien ces assertions sont dépourvues de tout fondement, que de reproduire en entier les réflexions dont M. Albert Gaudry fit suivre la lecture de cette lettre à la Société géologique :

<< Je suis heureux d'apprendre, dit le célèbre paléontologiste, que notre savant confrère, M. le baron de Ducker, visite le Laurium; car, se trouvant à proximité de Pikermi, il pourra compléter et rectifier mes observations. Toutefois il m'est difficile d'être d'accord avec lui en ce qui concerne les indices de l'action de l'homme sur les os de Pikermi. Après avoir lu sa lettre j'ai soumis à un nouvel examen les pièces de ma collection. Les mâchoires d'hipparions sont parfois brisées au-dessus des alvéoles des dents, ainsi que le remarque M. de Ducker; mais ces cassures ne semblent pas avoir été faites par l'homme; elles ont lieu le long du canal dentaire, dans la partie où les mâchoires, ayant moins de résistance, ont dû se rompre plus facilement. On voit des enfoncements sur un grand nombre d'os; je ne crois pas qu'ils aient été produits intentionnellement; quelques-uns ont été le résultat de la pression des os qui étaient très enchevêtrés les uns dans les autres; la plupart proviennent des coups de pioche de mes ouvriers. M. Lartet qui était exercé à reconnaître sur les os fossiles des traces de l'action de l'homme a examiné les échantillons de Pikermi sans rien découvrir qui décelât des vestiges humains. Les gisements de Baltavar en Hongrie, de Concud en Espagne, sont à peu près du même âge que Pikermi; je ne crois pas qu'on y ait rencontré des indices de travail. Legisement du mont Leberon, auprès de Cucuron, est également contemporain de Pikermi. Je viens d'y faire des fouilles ; j'en ai rapporté environ 1200 os sur lesquels je n'observe aucune trace humaine. Ainsi jusqu'à présent, je ne connais pas de preuve matérielle établissant que l'homme a vécu à la fin de l'époque miocène, c'est-à-dire dans le temps où les eaux des mers faluniennes s'étaient en grande partie écoulées vers

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les océans et où le continent européen agrandi voyait s'épanouir la majestueuse faune dont les restes sont enfouis en Grèce, en Hongrie, en Provence et jusqu'en Espagne. >>

Ainsi, les cassures et enfoncements constatés sur les os de Pikermi et donnés comme une preuve de l'existence de l'homme à l'époque miocène s'expliquent tout simplement par les coups de pioche des ouvriers de M. Gaudry! Nous aurons l'occasion de signaler d'autres méprises du même genre.

Il n'est pas jusqu'aux ossements de Sansan (Gers) sur lesquels on n'ait prétendu découvrir des traces de la main. de l'homme. Deux célèbres explorateurs des grottes du midi de la France, MM. Garrigou et Filhol, avaient cru remarquer dans leur mode de cassure une action intentionnelle. Faisant allusion à ce fait, ils écrivaient dès 1864 : « Nous avons des pièces suffisantes pour nous permettre de supposer que la contemporanéité de l'homme et des mammifères miocènes est démontrée. »

Cependant M. Lartet a toujours nié l'existence d'aucune trace d'action humaine sur les os par lui découverts à Sansan et le silence des deux explorateurs méridionaux en face de cette dénégation si formelle montre bien qu'ils n'étaient pas eux-mêmes parfaitement convaincus de la vérité de leur assertion. La cassure des os de Sansan s'explique tout naturellement, du reste, d'après M. Paul Gervais, par la pression de l'assise marneuse dans laquelle ils gisent entremêlés et confondus. Aussi ce nouvel argument en faveur de l'homme miocène ne semble-t-il pas avoir été pris au sérieux par les archéologues.

Nous en dirons autant d'une découverte qui aurait eu lieu en 1872 dans le comté de Suffolk (Angleterre) et consisterait en des perforations pratiquées dans des dents de Carcharodon. Cette découverte ne paraît pas avoir été confirmée. En supposant, du reste, qu'elle fût réelle, il y aurait à se demander si les perforations ne sont point l'œuvre de certains mollusques.

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