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Signalons, pour être complet, une découverte que sir John Lubbock annonçait en 1873 dans les termes suivants (1) :

« Un Anglais, M. Frank Calvert vient de faire, près des Dardanelles, une découverte qu'il considère comme la preuve de l'existence de l'homme sur la terre pendant la période miocène. Déjà M. Calvert avait trouvé des os et des coquillages dans les terrains en question. Enfin il a trouvé un fragment d'os appartenant probablement à un dinothérium ou à un mastodonte. Sur la partie convexe est gravée l'image d'un quadrupède à cornes dont le cou est arqué, le corps long, les jambes de devant droites et les pieds larges. On y trouve aussi la trace de sept ou huit autres dessins, mais qui sont presque effacés. Il a découvert dans la même strate un éclat de silex taillé et plusieurs os brisés comme pour en extraire la moelle. Ces objets prouvent non seulement que l'homme existait pendant la pėriode miocène, mais aussi qu'il avait déjà fait quelques progrès sous le rapport de l'art. »

Avant d'accepter ces conclusions du savant anglais, il y aurait bien des questions à résoudre. Les ossements découverts appartiennent-ils réellement à des espèces miocènes? Est-il même bien sûr qu'ils soient ceux d'espèces éteintes? Connaît-on d'une façon certaine l'âge des terrains qui les renferment ? Ces terrains n'ont-ils pas été remaniés ?

Il est en effet un principe qui a été formulé par M. A. Gaudry et que M. l'abbé Moigno rappelle à cette occasion(2), c'est que les quadrupèdes, - et à plus forte raison les restes de l'industrie humaine ne sont pas toujours du même âge que le terrain où ils sont enfouis.

Admettons cependant que ces ossements soient parfaitement authentiques; les dessins qu'ils portent le sont

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ils également ? Avec la science nouvelle de l'anthropologie préhistorique « est née une industrie nouvelle aussi, celle des dessinateurs sur os de rennes et des fabricants de monuments préhistoriques. Dans bien des endroits on spécule sur l'ardeur des collectionneurs. Ne l'oublions pas ; s'il est difficile d'imiter un chef-d'œuvre, il ne l'est pas de simuler les essais de l'humanité dans son enfance (1). »

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On voit de combien d'éclaircissements aurait besoin la découverte de M. Calvert, pour qu'elle eût l'importance qu'y attache Lubbock. C'est sans doute à cette absence de renseignements précis, qu'elle doit d'avoir été à peine remarquée (2). Il en a été question cependant au Congrès de Portland en 1873, mais ç'a été pour la nier, ou plutôt pour protester contre la conclusion qu'on en tirait. La présence d'ossements fendus longitudinalement et privés de leur moelle, a-t-on ajouté, n'est pas une preuve de l'existence de l'homme; car on en a trouvé de semblables brisés par des bêtes fauves. En outre, quand un os a été longtemps enfoui, sa moelle disparaît et il se brise longitudinalement au plus léger choc (3).

Nous terminerons par une découverte récente dont on aurait pu également tirer parti en faveur de la théorie que nous combattons, si son auteur même ne l'avait réduite à sa juste valeur.

A la 5me session de l'Association française pour l'avancement des sciences (Clermont, 1876), M. Pomel, sénateur d'Oran, soumit à la section d'anthropologie un fémur de rhinocéros fossile présentant des rayures transversales, parallèles et régulières. Si ces marques étaient l'œuvre de l'homme, dit M. Pomel, « elles feraient remonter son exis

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(1) M. Chabouillet, Revue des Sociétés savantes, 1874.

(2) Il faut dire aussi qu'en attribuant à l'homme miocène une industrie plus avancée peut-être que celle de la pierre polie, elle déconcerterait les théories de l'école évolutionniste et cette circonstance a pu contribuer à la faire rejeter.

(3) Revue scientifique, 1874.

tence à une époque bien plus reculée que celle qu'indiqueraient les observations recueillies par M. l'abbé Bourgeois.>> C'est une erreur; car du propre aveu de M. Pomel, cet os, trouvé à Garniat, provient «< du calcaire lacustre faisant partie de la formation miocène inférieure à l'anthracotherium magnum. » Il serait du même âge sinon moins ancien que les silex de M. l'abbé Bourgeois qui proviennent de la base même de cet étage.

Quoi qu'il en soit, M. Pomel ne croit pas que les stries en question soient une œuvre humaine, parce qu'il ne voit pas «< quel aurait été le but de ce travail intelligent ni avec quel instrument il aurait pu être fait. » Il lui semble probable qu'il est le fait de quelque animal, inconnu, il est vrai.

M. de Mortillet ne partage pas en cela l'opinion de son collègue. Pour lui ces entailles sont le résultat « d'une action mécanique produite par un simple phénomène physique. » Mais tous deux sont d'accord sur ce point que l'homme n'est pour rien dans leur origine (1).

Nous avons rapporté fidèlement tous les faits invoqués jusqu'ici pour reporter jusqu'aux temps miocènes la date de l'apparition de l'homme en nos contrées. Le lecteur a maintenant sous les yeux les pièces du procès. A lui de juger.

Il est évident que les faits favorables à cette haute antiquité se réduisent à bien peu de chose. Cette pénurie de faits n'est-elle pas la preuve de la thèse opposée ? Preuve toute négative, il est vrai, mais qui n'en est pas moins frappante lorsque l'on songe aux longues investigations dont les divers étages miocènes ont été l'objet et au nombre prodigieux de débris organisés qui en ont été extraits. C'est par milliers que l'on compte les ossements retirés des gisements de Pikermi et du mont Lèberon par M. A. Gaudry. Ceux que Lartet a extraits de Sansan, ceux qui ont été exhumés

(1) Voir le compte rendu du Congrès de Clermont 1876.

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des faluns de la Touraine et des autres provinces ne sont pas en moins grand nombre. N'est-ce pas un fait des plus remarquables que nulle part l'on n'a découvert la moindre parcelle d'un ossement humain ?

N'est-il pas d'ailleurs contre toute vraisemblance que l'homme ait vécu à une époque où la plupart de nos grands mammifères n'avaient pas encore fait leur apparition? Il paraît convenir, en effet, que lui, l'être le plus parfait de la création, celui qui en devait être le couronnement et le roi, ait apparu après tous les autres. Quelle que soit l'idée que l'on se fasse de l'origine des espèces, qu'elles procèdent par évolution, selon le système de Darwin, ou qu'elles émanent directement d'une volonté créatrice selon l'ancienne théorie, la seule vraie selon nous, l'on doit dans tous les cas, semble-t-il, admettre que dans un sens général, les plus parfaites d'entre elles sont venues en dernier lieu. C'est l'ordre que nous révèle la géologie; c'est aussi celui qui a toujours été communément admis. Pour aller contre des traditions ou des doctrines aussi universelles, il faudrait des faits plus sérieux que ceux que l'on nous oppose. Il est possible que l'avenir nous réserve des découvertes plus significatives; en attendant, vu l'état actuel de nos connaissances, il nous semblerait téméraire, et pour le moins prématuré, d'adhérer à la théorie de l'homme miocène.

L'existence de l'homme dans les temps pliocènes est-elle mieux établie ? C'est ce que nous aurons à voir dans un prochain article.

L'abbé HAMARD

Prêtre de l'Oratoire de Rennes.

LES NATURALISTES PHILOSOPHES.

TROISIÈME ARTICLE (1).

HERBERT SPENCER.

Herbert Spencer peut être considéré comme le chef de l'École positiviste moderne. A des connaissances économiques très étendues, il joint une érudition scientifique et philosophique beaucoup plus sérieuse que la plupart des naturalistes contemporains, sans doute parce qu'il a su s'inspirer des traditions de l'École écossaise qui faisait à l'observation et à l'expérience une si large part dans le domaine des sciences philosophiques.

Nous retrouvons chez Herbert Spencer, le précurseur de Darwin en Angleterre, le minutieux esprit d'observation et le génie des patientes analyses unis à des facultés d'imagination et de généralisation très remarquables; l'art de grouper et de classer systématiquement les faits les plus insignifiants en apparence, d'établir entre eux des rapports imprẻvus et d'en tirer des théories toujours ingénieuses, sinon tou

(1) Voir janvier et avril 1878.

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