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toute seule, c'est n'avoir qu'un œil. Mais ceux qui brillent dans les deux à la fois, véritables ambidextres, ceux-là sont les parfaits, et, dès ici-bas, jouissent de la beatitude de l'autre vie (1). »

Saint Grégoire de Nazianze (328-vers 389) n'a touché à la création qu'en passant, dans ses discours et dans ses poésies. Dans la pièce intitulée Du monde, il considère surtout l'acte créateur au point de vue dogmatique et théologique. Il l'entend de la même manière. que ses deux amis (2). Cependant, nulle part dans ses écrits, il n'expose

(1) S. Gregor. Naz. Oratio XLIII, 10, 12. Migne, Patr. gr., t. XXXVI, col. 508-509. Trad. Fialon, Étude, etc., p. 37.- On trouve dans S. Grégoire de Nazianze beaucoup d'autres passages de ce genre, quoiqu'il reconnût,comme ses amis, l'incertitude de la science humaine. Voir entre autres éloges de la science humaine, ibid., 23, col. 525-528; Orat. vII, 9, t. xxxv, col. 765; Orat. xxv, col. 1198 et suiv. ; Orat. XXI, 2, in laudem Athanasii, col. 1083, où il appelle la science une déification, Oέworç. S. Grégoire de Nysse a pour la science la même estime que les deux autres grands Cappadociens. Pour établir la sphéricité de la terre, il allègue l'autorité des savants: Tò de σχῆμα τῆς γῆς σφαιροειδές ὄν, καθώς φασιν οἱ τὰ τοιαῦτα καταvohoavtɛs. Orat. x in Cant., t. XLIV, col. 984. Ces savants sont les stoïciens. Voir Eusèbe, Præp. Ev. xv, 56, t. xxi, col. 1400.

(2) Nous lisons dans ce poème, vers 75-76, le passage suivant qu'on pourrait entendre dans le sens de la création simultanée d'Origène, mais il ne faut pas trop prendre à la rigueur des figures poétiques :

Νοῦς ἔδινεν ἅπαντα, ῥάγη δ' εἰς ὕστερον ὠδὶς
Ώριος.

Migne, Patr. gr., t. xxxvII, col. 421. Comparez d'ailleurs le poème In laudem virginitatis, vers 66 et suiv., ibid., col. 527. Dans un de ses discours, il admet d'abord la création de la matière première et puis la mise en œuvre de cette matière : : « Tandis que Dieu avait suivi en d'autres choses cette marche, créant d'abord la matière (проüлоστσaç) et la revêtant ensuite de la forme, en donnant à chaque être une figure, des dimensions, etc. » Orat. XLIV, c. 4; Migne, Patr. gr. t. xxxvi, col. 609 (Cf. Orat. II, c. 81, t. xxxv, col. 488). Dans ce discours II, non seulement S. Grégoire de Nazianze distingue la création du monde de la forme donnée plus tard à la matière, mais il semble supposer un intervalle indéfini entre la production et l'ordonnance des choses créées. « Tout fut fait, dit-il, au commencement (wç тò àñαруñç), quand le monde (tel qu'il est aujourd'hui, xóouoç) n'existait pas encore, quand il n'avait pas ce bel ordre et sa forme actuelle; alors tout était mêlé et confus, attendant

avec détails la façon dont il comprenait le premier chapitre de la Genèse. En revanche, son ami saint Basile a étudié longuement l'œuvre des six jours.

L'Hexameron de saint Basile (329-379) est l'œuvre la plus connue que l'antiquité ait produite en ce genre (1). Saint Ambroise, en expliquant lui-même aux fidèles de Milan, l'œuvre créatrice, ne dédaigna pas d'en faire le plus grand usage, et se borna même souvent à traduire son devancier, «< avec lequel il avait été uni de cœur, quoique éloigné par la distance (2). » L'œuvre de l'évêque de Césarẻe exerça également une grande influence sur tous les autres commentateurs qui vinrent après lui.

une main et une puissance ordonnatrice. »> Le cardinal Wiseman dit sur ces paroles : « S. Grégoire de Nazianze, après S. Justin martyr, suppose une période indéfinie entre la création et le premier arrangement régulier de toutes choses. » Discours sur les rapports entre les sciences et la religion révélée, discours III, édit. Migne, Demonst. Évang. t. xv, col. 160. (Pour S. Justin, voir Apologia I pro Christianis, c. x, Migne, Patr. gr. t. vi, col. 340). Le saint docteur se demande, dans la belle description qu'il fait de l'univers, Orat. xxvIII, t. xxxvi, col. 64, sur quel fondement repose la terre. Il répond: < sur la volonté de Dieu. » Dans son Discours XLIV, au passage que nous venons de citer, S. Grégoire de Nazianze appelle la lumière primitive żowμatov. Sur sa méthode d'exégèse, tenant le milieu entre les Alexandrins et les Syriens, Cf. Ullmann, Gregor von Nazianz, der Theologe, p. 533-539; L. Diestel, Geschichte des Alten Testamentes in der christlichen Kirche, p. 122. Le plus grand éloge de la science scripturaire de S. Grégoire de Nazianze, c'est que S. Jérôme se glorifie d'avoir appris de lui le véritable sens des Écritures. Voir Benoît, S. Grégoire de Nazianze, sa vie, ses œuvres, 1876, p. 467-468.

(1) Voir sur l'idée que se fait S. Basile de la création, Fr. et Paul Böhringer, Die alte Kirche, Th. vII, 2e édit. 1875, Die Lehre von der Schöpfung, p. 90 et suiv.; Zöckler, Geschichte der Beziehungen zwischen Wissenschaft und Theologie, t. 1, p. 186 et suiv.

(2) S. Bas. Epist. cxcv11 ad Ambros. Patr. gr., t. xxxII, col. 709. S. Grégoire de Nazianze dit que l'Hexaméron de S. Basile nous apprend à admirer le sublime auteur de toutes choses; Orat. XLIII in Bas., no 67, t. xxxvi, col. 585; S. Grégoire de Nysse place le livre de son frère à côté de celui de Moïse, Hexaem., Proxm., t. XLIV, col. 61. Cf. Photius, affirmant que la lecture de ce livre, dont le style coule aussi légèrement qu'un ruisseau au sortir de sa source, peut dispenser les jeunes orateurs de lire Platon et Démosthène. Codex CXLI, Patr. gr., t. c, col. 420-421.

Elle se compose de neuf homélies qui sont tout à la fois exégétiques et pratiques, unissant les leçons morales à l'explication du texte sacré et le mérite du style à l'étendue de la science et à la sureté de la doctrine. Toutes ces qualités, et, en particulier, les belles descriptions dont elles sont remplies (1) et qui font penser au Traité de l'existence de Dieu de Fénelon, leur ont assuré, dans tous les temps, un grand nombre de lecteurs.

Césarée, où prêchait saint Basile, était la métropole des arts et des lettres, dit saint Grégoire de Nazianze (2). La question de l'origine des choses, en particulier, y passionnait les esprits, à cause des progrès du manichéisme et à cause aussi des attaques de l'empereur Julien qui, dans sa défense du paganisme, prétendait montrer la supériorité de la cosmogonie de Platon sur celle de Moïse (3).

Dès le commencement de l'Hexaméron de saint Basile, nous trouvons une sorte de conciliation de l'opinion alexandrine de la création simultanée avec l'opinion syrienne de la distinction des six jours cosmogoniques: Dieu a créé au commencement, d'un seul coup, la matière première, et il a ensuite, selon l'ordre des jours cosmogoniques, fait ap

(1) Un contemporain de S. Basile, qui se rattache à l'école de Syrie, S. Cyrille de Jérusalem (315-386) a fait aussi de la création une belle description, sobre et pleine d'observations justes et sagaces, dans sa Catéchèse Ix. Migne, Patr. gr., t. XXXIII, col. 641-656. A cause du sujet et de la manière dont il est traité, on a souvent attribué ce discours à S. Basile. Voir ibid. Præloquium, col. 635. Nous n'avons aucun trait particulier à relever dans la Catéchèse IX. Dans les autres Catéchèses, nous pouvons noter les deux points suivants. Catéchèse III, col. 433, S. Cyrille dit que l'eau est le principe du monde, apyn TOU Kоoμou To dwp; et Cat. xIv, col. 836, que le monde a été créé au mois de xantique, c'est-à-dire, au mois de Nisan des Hébreux, au printemps. Il en donne pour preuve Gen. 1, 11: que la terre produise de l'herbe, etc. Nous avons dit plus haut, p. 587, que c'était là l'opinion de l'école exégétique de Syrie.

(2) Orat. XLIII in Bas. n. 13, t. xxxvi, 105-512. S. Basile et S. Grégoire de Nazianze avaient étudié d'abord dans les écoles de Césarée. Voir Benoît S. Grégoire de Nazianze, p. 31.

(3) Voir le passage de Julien cité par S. Cyrille d'Alexandrie, Cont. Jul. 1. 11, Patr. gr. t. LXXVI, col. 576.

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paraître successivement la lumière, les plantes, les astres et les animaux. La création simultanée de la matière est clairement indiquée dans le passage suivant (1): « C'est sans doute (ráxa) parce que l'œuvre de la création a été accomplie en un instant et sans temps, dit-il (2), qu'il est écrit: Au commencement (Dieu) créa, parce que le commencement est quelque chose d'indivisible et sans dimensions. De même que le commencement du chemin n'est pas le chemin luimême, ni le commencement de la maison la maison même, de même le commencement du temps n'est pas le temps ni une partie minime du temps. Et si quelque esprit difficile prétend que le commencement est un temps, je lui répondrai qu'il doit savoir que le temps se divise en diverses parties, le commencement, le milieu et la fin, et qu'il serait ridicule de distinguer le commencement du commencement. Celui qui divise le commencement en fait deux au lieu d'un, ou plutôt un nombre indéfini, car il pourra continuer sa division sans jamais s'arrêter. C'est donc pour nous apprendre que le monde a été créé tout à la fois, sans temps (3), par la volonté de Dieu, qu'il est dit : Au commencement il créa. C'est ce que d'autres traducteurs, rendant plus clairement le sens, ont exprimé ainsi : Dieu créa som

(1) Dom Garnier, le savant éditeur bénédictin des œuvres de S. Basile, dit à ce sujet, dans sa préface, no 21: « Dixerim Athanasii opinionem et aliorum satis Basilio probari, imo vero ipsam, quantum conjicere licet, ei alia videri probabiliorem. Qua de re dubitaturum puto neminem, qui secum paulo attentius reputaverit illud Basilii» et il cite ici une partie du passage que nous allons rapporter; puis il conclut : « Basilius dum interpretationem eorum, qui vertere ev xepalai, laudat uti dilucidiorem, et dum illud Ev zɛ¤¤à¤ío, sic accipi vult ut significet confestim et in brevi, » aperte, opinor, indicat se non ita multum ab Origenis opinione abhorrere. Attamen vir prudentissimus nihil in re dubia asseveranter dictum voluit, sed tutius duxit assensionem cohibere. » Migne Patr. gr. t. xxix, p. CLXXXVI. Il faut d'ailleurs corriger ce qu'auraient d'excessif les expressions de dom Garnier par celles de dom Maran, Præf. in qua de pluribus rebus ad doctrinam S. Basilii pertinentibus disseritur, § v., no 2, t. xxxII, col. 41-42.

(2) Διὰ τὸ ἀκαραῖον καὶ ἄχρονον.

(3) Ὁμοῦ... ἀχρόνως.

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mairement, c'est-à-dire, tout à la fois et brièvement (1) Un peu plus loin, le saint docteur expliquant les mots : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre, dit expressément: «En nommant ainsi les deux extrêmes, le texte désigne toute la substance de tout l'univers... S'il existe des intermédiaires, ils sont assurément renfermés dans ces limites. Quoiqu'il ne parle donc point des autres éléments, du feu, de l'air, nous devons les considérer comme contenus dans le tout (2). »

Les éléments du monde ainsi créés primitivement étaient à l'état de chaos. Le chaos était une masse informe et ténẻbreuse, parce que les eaux pénétraient et enveloppaient le monde. « Les ténèbres qui planaient sur l'abîme étaient produites par l'accumulation des vapeurs humides; répandues autour du globe terrestre, elles augmentaient sans. cesse la densité de l'atmosphère et empêchaient la lumière de pénétrer (3). »

(1) Εν κεφαλαίῳ ἐποίησεν ὁ θεὸς, τουτέστιν, ἀθρόως καὶ ἐν ὀλίγῳ. Hom. 1, in Hexaem., 6. Migne, Patr. gr. t. xIx, col. 16-17. Cf. Hom. 11, 3, col. 36. Nous avons déjà vu, p. 582, le mot ά0póws employé pour désigner la création simultanée. La traduction du 1er verset de la Genèse que rapporte en dernier lieu S. Basile est celle d'Aquila. S. Ambroise s'est approprié ce passage de l'évêque de Césarée et il le traduit ainsi dans son Hexaméron, 1. 1, c. IV, no 16: « Denique alii dixerunt, év xeqaλaí, quasi in capite, quo significatur, in brevi et in exiguo momento, summa operationis impleta. Migne, Patr. lat. t. xiv, col. 130. Voir aussi S. Augustin, De Genesi ad litt. IV, 33, dont nous parlerons plus loin. Il est bon de remarquer que S. Basile qui avait recueilli avec son ami S. Grégoire, dans la Philocație, les passages d'Origène qui leur avaient paru les plus remarquables sur l'Écriture sainte y avait inséré son opinion sur la création simultanée. De principiis, rapporté plus haut, p. 578. Philocalie, c. 1, p. 12.

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(2) Hom. I in Hexaem. 7. ibid., col. 20. Il est bon de noter que S. Basile, en disant que les éléments furent créés avec le ciel et la terre, n'y renferme pas nominalement les plantes et les animaux, comme le fit plus tard S. Grégoire de Nysse, son frère, ainsi que nous allons le voir bientôt.

(3) Cruice, Essai critique sur l'Hexaméron de S. Basile, explique en ces termes la pensée du saint docteur, p. 50-51. Voir S. Bas. Hom. Ix in Hexaem., IV, col. 37. Cette opinion était empruntée pour le fond aux stoïciens qui, faisant dériver xáos de xúots, pensaient que le monde n'avait été primitivement qu'un vaste assemblage d'éléments liquides. Philon, De mundi incorruptib. p. 941. Cf. Petau, De sex dierum opificio, 1. 1, c. Iv, t. IV, p. 247.

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