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raison qu'aucune de ces explications n'est satisfaisante. Il considère l'éther comme une substance légère et diaphane. Il soutient que la lumière est indépendante de l'astre qui nous éclaire et que son apparition a précédé la naissance du soleil et des étoiles. Le soleil n'est que le véhicule de la lumière primitive (1).

C'est le dernier trait que nous relèverons dans l'œuvre de l'évêque de Césarée.

« L'Hexameron de saint Basile contient un résumé de tout ce qu'on savait de son temps en fait d'astronomie, de physique et d'histoire naturelle... Pendant son séjour à Athènes, saint Basile s'était livré avec ardeur à l'étude de toutes les sciences... Il avait comparé les systèmes cosmogoniques des diverses écoles de philosophie. Les livres d'Aristote et d'Élien lui étaient familiers... Aucun Père de l'Église, au Ive siècle, n'est aussi savant que lui. (Si) l'exposition scientifique de l'évêque de Césarée se ressent du peu de progrès qu'avaient fait l'astronomie, la physique, l'histoire naturelle, à une époque où l'on employait beaucoup plus le raisonnement que l'observation pour expliquer l'origine et la nature des choses,... au lieu de s'étonner, il faut louer l'étendue de son érudition... Il possédait toutes les connaissances qu'on est en droit d'exiger du théologien qui entreprend d'ajouter à une explication religieuse du récit de Moïse une explication scientifique (2). »

Le plus jeune frère de saint Basile, saint Grégoire de Nysse (vers 332-vers 396 ou 400) composa un commentaire de l'œuvre des six jours, à la prière de son autre frère, Pierre, évêque de Sébaste, afin de défendre et d'expliquer cer

(1) Τὸ ἡλιακὸν τοῦτο σῶμα ἔχημα εἶναι τῷ πρωτογόνῳ ἐκείνῳ φωτὶ. Hom, vi, no 2, col. 121. Cf. S. Justin, Opera spuria, Expositio recta confessionis no 12, vi, col. 1229, Archelaus, Routh, Reliquiæ sacrœ, t. IV, p. 191. Theodoret. Quæst. in Octat. Interr. vII, t. LXXX, col. 88; S. Cæsarii Gregorii fratris Dialog. 1, Int. XCIII, t. xxxvIII, col. 957; etc. Voir Cruice, Essai critique sur l'Hexam. p. 69-70.

(2) L'abbé Bayle, S. Basile, archevêque de Césarée, 1878, p. 398, 400-401.

tains passages de l'Hexameron de l'évêque de Césarée. Saint Grégoire de Nysse, inférieur à son frère saint Basile par la doctrine et à son ami saint Grégoire de Nazianze par l'éloquence, les surpasse tous les deux par la méthode scientifique qu'il apporte dans l'étude des grands problèmes théologiques et philosophiques, et ce n'est pas sans raison qu'après Origène on l'a placé au premier rang des auteurs ecclésiastiques grecs pour la fécondité et l'originalité des vues (1). Il parle de son propre Hexameron avec la plus grande modestie, mais cet ouvrage contient en réalité des observations et des passages très remarquables et mérite d'être lu tout au long par les savants.

Saint Grégoire accepte plus expressément encore que son frère l'opinion alexandrine de la création simultanée; il la soutient fortement, mais il la restreint dans la mesure conve

nable et rejette l'allégorisme d'Origène. « Celui qui peut tout, dit-il, a produit à la fois (óuoù), par sa volonté sage et puissante, toutes les choses dont se compose la matière....... Au lieu de dire que Dieu a fait en même temps (x0pów) tout ce qui est, (Moïse) dit qu'il a fait « sommairement >> ou « au commencement » le ciel et la terre. Le sens de ces deux mots est le même; au commencement et sommairement signifient l'un et l'autre simultanément (apóov). Il montre par « sommairement » que tout a été fait d'un coup et à la fois (σvààñßön) et par « au commencement » que tout a été fait en un instant et sans aucun intervalle de temps (τὸ ἀκαρές τε καὶ ἀδιάστατον). Car le mot commencement ne permet pas de concevoir d'intervalle. Comme le point est le commencement de la ligne, l'atome celui de la matière, ainsi l'instant est celui du temps. Moïse appelle donc commencement ou somme de tout ce qui existe, la production simultanée (20póa) de tous les êtres par la puissance ineffable de Dieu... Quand il dit par conséquent que le monde a été créé au commencement, il

(1) Alzog, Patrologie, trad. Belet, 1877, p. 386.

indique par là même la création de toutes les cases, de tous les principes et de toutes les forces (duvάpe), tout d'un coup, en un instant (συλλήβδην... ἐν ἀκαρεῖ); au premier mouvement de la volonté de Dieu, tout exista : la substance de tous les êtres, le ciel, l'éther, les astres, le feu, l'air, la mer, la terre, les animaux, les plantes (1). »

Après avoir décrit si clairement la création simultanée, saint Grégoire de Nysse explique la distinction des jours par la nécessité où était Moïse de mettre de l'ordre dans son récit. Il a soin d'ailleurs de remarquer plus loin et en rẻcapitulant ce qu'il a déjà dit, que Dieu, dans cette création simultanée (apóov) de tous les êtres, en a créé comme les semences et les germes, mais ne les a pas produits chacun en particulier. Les créatures individuelles ont été produites dans les six jours (2).

Ce que dit saint Grégoire de Nysse du ciel, qui n'est pas un corps solide, de la constitution de l'air, des nuages et des vapeurs, du circulus établi dans la nature, dans laquelle tout se transforme et rien ne se perd, etc. (3) est digne d'attention.

A l'explication de son frère sur la nianière dont la lumière primitive forma les trois premiers jours par une

col. 69 et

(1) S. Gregor. Nyss. in Hexaemeron liber, Migne, Patr. gr. t. XLIV, 72. M. Zöckler nie, malgré la force de ce passage, que l'évêque de Nysse ait soutenu la création simultanée, Geschichte der Beziehungen zwischen Wissenschaft und Theologie, t. 1, p. 198. C'est à tort. Dom Garnier, l'éditeur bénédictin de S. Basile, dit en parlant de la création simultanée : «Gregorius Nyssenus ita perspicue loquitur ut dubitari non possit quin sit opinionem eamdem amplexus. » Migne, Patr. gr. t. xxix, p. cLxxxv. Cf. Böhringer, Die alte Kirche, 2o édit., t. vIII, 1876, p. 57-58. S. Grégoire de Nysse défend, du reste, le sens littéral, In Hexaem. passim et surtout col. 120.

(2) Τῇ μὲν δυνάμει τὰ πάντα ἦν ἐν πρώτῃ τοῦ Θεοῦ περὶ τὴν κτίσιν ὁρμῇ, οἱονεὶ σπερματικῆς τινος δυνάμεως πρός τὴν τοῦ παντός γένεσιν καταβληθείσης, ἐνεργείᾳ δὲ τὰ καθ ̓ ἕκαστον οὔπω ἦν Ibid. col. 77. Voir

aussi col. 120.

(3) Voir surtout col. 108. L'idée que rien ne périt dans le monde, mais que les choses changent seulement de forme, est une idée pythagoricienne. Lyell Principes de géologie, trad. Ginestou, t. 1, p. 21.

émission et une contraction successives de ses rayons, il substitue l'hypothèse de la rotation de cette lumière primitive autour de la terre (1) et il suppose que c'est de cette matière lumineuse que Dieu a formé, le quatrième jour, le soleil et tous les astres.

Le passage peut-être le plus remarquable de l'Hexaméron de saint Grégoire de Nysse est celui dans lequel il expose l'œuvre du quatrième jour, celle de la création des astres. On croirait presque entendre parler un savant moderne, et la manière dont il explique la formation des corps célestes rappelle l'expérience célèbre par laquelle M. Plateáu a cherché à démontrer le système de Laplace sur l'origine du monde solaire (2).

La lumière, dit-il, exista dès le premier jour comme l'enseigne Moïse, mais les astres ne furent formés que le quatrième jour, parce que c'est alors seulement que fut achevé le travail de condensation qui en fit des corps distincts. « Le grand Moïse n'est pas inconséquent, dans sa description de l'origine du monde, quand il dit que tout fut créé d'abord simultanément, quant à la matière (première), mais que les corps particuliers et distincts qui composent l'univers ne furent achevés que dans un certain ordre et après un certain temps, dans l'intervalle qu'il assigne (c'est-à-dire dans une durée de trois jours). » De là à réclamer pour la condensation et la formation des corps lumineux qu'il a décrites au long, une durée plus considé

(1) Hexaem., t. XLIV, col. 117.

(2) Zöckler, Geschichte der Beziehungen zwischen Theologie und Naturwissenschaft, t. 1, p. 200, 143. — S. Grégoire de Nysse dit que Dieu seul sait comment la substance lumineuse possède un pouvoir éclairant; ibid., col. 76. Sévérien de Gabales parle de même, De mundi creat. Orat. 1, n. 6, t. LVI, col. 436), mais il cherche à se rendre compte de la disposition des divers éléments du monde. L'expérience de M. Plateau va plus loin; elle prouve que toute masse fluide tend par elle-même à prendre la forme sphérique. Voir l'expérience de la sphère d'huile dans un mélange d'alcool et d'eau formantun liquide de densité égale. Cf. Jean d'Estienne, Comment s'est formé l'univers, Revue des questions scientifiques, juillet 1877, t. II, p. 34.

rable que l'espace de trois jours de 24 heures, la distance à franchir n'était pas grande, mais les sciences étaient encore trop peu avancées au ive siècle pour que saint Grégoire de Nysse, malgré la pénétration de son esprit, pût avoir une telle intuition. Du moins en expliquant comme il l'a fait l'origine des corps célestes, il a montré combien les théories modernes peuvent s'accorder aisément avec le texte sacré et il a laissé aux exégètes venus plusieurs siècles après lui le soin de compléter seulement ses vues à ce sujet.

« Tout d'abord, continue-t-il, la lumière avait paru rẻpandue partout (Spón), maintenant elle se manifeste dans des corps lumineux distincts, du nombre desquels sont le soleil et la lune. Les liquides, quoiqu'ils soient tous fluides, ne sont pas tous de même espèce, mais diffèrent par certaines propriétés les uns des autres, comme on peut en faire l'expérience par un mélange d'huile, de vif-argent et d'eau. Si l'on verse tous ces liquides ensemble dans un même vase, bientôt après, on observe que, quoique les trois aient été un moment mélangés, le vif-argent, à cause de sa densité plus grande, descend tout entier au fond du vase; l'eau s'accumule au-dessus de lui, et enfin, les gouttes d'huile surnagent au-dessus des deux autres liquides. Je crois qu'on peut conjecturer que les choses se sont passées d'une manière analogue dans la question qui nous occupe (1), c'est-à-dire dans la formation des corps cfestes. Le docteur du Ive siècle est hors d'état de faire un application juste de sa comparaison; mais un tel langage, sous la plume d'un des Pères de l'Église les plus célèbres par sa doctrine et par sa sainteté, nous prouve, comme l'e temple de plusieurs autres écrivains ecclésiastiques des premiers temps, que l'on a toujours pensé qu'il appartenɛ t à la science et aux savants d'interpréter selon les donnée de la science la cosmogonie biblique.

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(1) In Hexaemeron liber. Ibid., col. 120.

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