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Nous rencontrons dans les œuvres de saint Denis l'Aréopagite une explication de l'origine du soleil qui rappelle celle de saint Grégoire de Nysse (1) : « La lumière (du soleil) dit-il, est cette lumière dont parle le divin Moïse, laquelle distingua la première triade de nos jours, quoiqu'elle n'eût pas encore reçu sa forme (de soleil) (2). » Nous verrons plus tard que le vénérable Bède adopta aussi, en Occident, cette explication qui devint dominante au moyen-âge.

Procope de Gaza, qui florissait au vre siècle, a adopté, par rapport au mode de la création, l'opinion de l'école d'Alexandrie, à peu près de la même façon que saint Basile et saint Grégoire de Nysse. Il nous apprend lui-même qu'il avait commencé sur l'Octateuque une vaste compilation dans laquelle il reproduisait mot à mot l'explication des commentateurs qui l'avaient précédé, avec l'indication du nom des auteurs; mais comme ce travail prenait des proportions considérables, il résolut de le publier sous une forme abrégée, en s'appropriant ce que l'on avait dit de mieux avant lui. Son commentaire a été publié en entier pour la première fois, dans le texte original, par le cardinal Mai. Il

(1) S. Maxime, dans ses notes sur S. Denys, signale la ressemblance qui existe entre ce passage De divinis nominibus, et ce que dit S. Basile le Grand dans l'Hexaméron. Migne, Patr. gr. t. v, col. 249.

(2) S. Dionysii Areopag. De divinis nominibus, c. IV, § 4; Migne, Patr. gr. t. III., col. 700. Sur ce passage, voici le remarquable commentaire de S. Thomas: «S. Thomas, dit l'annotateur de S. Denys, le P. Corder, (ibid., col.,737, in Quæst. disputatis, tom. VIII, quæst. 4, art. 2, ad 6,) ait, lucem illam quæ legitur primo die facta, secundum Gregorium (Lib. 11. Mor. c. 9) et Dionysium esse lucem solis, quæ simul cum substantia luminarium, quæ est subjectum ejus, fuit prima die producta secundum communem lucis naturam; quarta autem die attributam esse luminaribus determinatam virtutem, ad determinatos effectus, secundum quod videmus alios effectus habere radium solis et alios radium lunæ, et sic de aliis. Et propter hoc, inquit, dicit Dionysius lucem illam fuisse lucem solis, sed adhuc informem, quantum ad hoc quod jam erat substantia solis, et habebat virtutem illuminativam in communi; sed postmodum quarta die formata fuit, non quidem forma substantiali, quam prima die habuit, sed secundum aliquas conditiones accidentales per collationem determinatæ virtutis, secundum quod postmodum data est ei specialis et determinata virtus ad effectus particulares. »

n'est souvent que la reproduction presque littérale d'Origène (1), mais il admet la distinction des jours de la création, le sens littéral du texte sacré et plusieurs des opinions des Cappadociens.

Procope de Gaza expose de la manière suivante son opinion sur la durée de la création: « (L'auteur sacrė) ėnumère les jours du monde, parce qu'il veut décrire exactement ce qui a été fait. Car Dieu, en créant, n'a pas besoin de temps. Il ne fait point cependant ses œuvres sans ordre: c'est le nombre qui indique cet ordre. (Le texte) ne dit donc pas « le premier jour », mais « un jour » ; parce que dans les choses qui sont produites simultanément (2), il n'y a ni premier ni second, cependant comme la narration ne peut être écrite sans ordre, après un jour, on nous parle du second jour, et ainsi de suite jusqu'à six, pour le besoin du récit (3). »

Voici ce que dit Procope de la création de la lumière : << De même que le soleil n'apparaît qu'après les herbes et les plantes, afin qu'il n'en soit pas considéré comme le créa

(1) Huet, Origeniana, l. 11, c. 11, q. vIII, no 5. Migne, Patr. gr. t. xvII, col. 979. Procope admet cependant quelques idées de l'école syrienne; il nie la sphéricité de la terre et regarde l'esprit sur les eaux comme une force naturelle.

(2) Ἐν γὰρ τοῖς ἅμα τυγχάνουσιν οὐκ ἔστι πρῶτον καὶ δεύτερον. Le mot important aux que nous avons déjà vu employé par Philon et par les Alexandrins (voir plus haut p. 574, 582), pour exprimer la création simul. tanée, a été mal rendu dans la traduction latine du Commentaire sur la Genèse, de Procope. On y lit: « Nam in uno non datur statuere vel primum vel secundum. » La traduction qu'on lit dans Petau, Theologica dogmata, t. v, p. 252, est au contraire exacte: « In iis, quæ simul existunt, non est primum ac secundum. »

(3) Procope de Gaza, Comment. in Genesin, 1, 5. Migne, Patrol. gr. t. LXXXVII, col. 60-61. Dans l'alinéa qui suit celui dont nous venons de rapporter une partie, il emprunte à Origène, pour établir son opinion, les preuves tirées de Gen. 11, 2, et Psal. cxvii, 24: « C'est le jour que le Seigneur a fait.» A cause du passage que nous venons de citer, plusieurs théologiens ont rangé Procope parmi les écrivains qui soutiennent la création simultanée dans le sens de Philon. Voir Suarez, De opere sex dierum, 1. i, c. x, 4. Opera, Lyon, 1635, t. ш, p. 40.

teur, de même il est précédé de beaucoup par la création de la lumière, afin que personne ne s'imagine qu'il en est l'auteur et ne soit tenté de l'adorer comme un dieu. Car comment le soleil pourrait-il se confondre avec la lumière, puisque la lumière existait avant lui? La lumière a étė créée d'abord et ensuite le réceptacle de la lumière; autre est le candélabre et autre la lumière qui brille sur le candélabre. Le soleil est devenu comme le corps de la lumière qui est immatérielle (aiov). Les objets composés se divisent en sujet et en qualités de ce sujet. Dès que la volonté de Dieu a réuni en un tout la lumière et son sujet, nous ne pouvons plus distinguer ce composé que par le langage ou par la pensée... La lumière primitive, qui brillait à la manière des éclairs (àoτρañaîov), dura pendant trois jours (1). »

Procope admet comme Théodore de Mopsueste et Théodoret que Dieu ne créa qu'un couple de chaque espèce d'animaux. Il nie aussi, comme les Syriens, la sphèricité de la terre.

Nous devons rattacher aussi aux Cappadociens le grammairien d'Alexandrie, Jean Philopon ou le Laborieux (vr° siècle), qui a puisé ses idées exégétiques sur le premier chapitre de la Genèse dans les écrits de saint Basile et de saint Grégoire de Nysse (2). Il nous reste de lui sept livres sur la création du monde où les explications allégoriques et morales sont fort rares (s); il s'attache à peu près exclusivement à une sorte d'exposition scientifique. C'était un physicien de l'école d'Aristote qui s'était occupé de mathématiques comme de sciences naturelles et qui avait composé un livre Περὶ ῥοπῶν.

(1) Procopii Gazæi, Commentarii in Genesin, 1, 15. Migne, Patr. gr. t. LXXXVII, col. 85.

(2) Joannis Philoponis, De mundi creatione libri septem, cura B. Corderii, S. J., dans Gallandi, Bibliotheca veterum Patrum, t. xii, 1. 1, c. et passim, p. 473, 476, etc. Cf. Photius, Codex XLIII, Patr. gr. t. cIII, col. 76.

1, 3,

(3) Il rapporte, 1. vII, c. 13, p. 608, l'explication allégorique de l'école d'Alexandrie, sur ce chiffre des six jours et qui est tirée de la symbolique des nombres. Voir plus haut, p. 573.

Il tomba dans le trithéisme et dans diverses erreurs qui le firent condamner par le sixième concile œcuménique, mais il défendit la doctrine chrétienne de la création dans sa réfutation de Proclus, qui soutenait l'éternité du monde, ainsi que dans son grand ouvrage, comme il l'appelle (1), sur l'œuvre des six jours. Dans ce dernier, il s'attache principalement à combattre Théodore de Mopsueste.

Philopon admet la création simultanée (óμoù) (2) des éléments du monde ou de la matière première, du ciel et de la terre, « du ciel avec les quatre éléments (3). » La production des êtres particuliers a lieu ensuite, dans l'espace des six jours mosaïques. Dieu aurait pu donner l'existence à tous les êtres à la fois, mais il a préféré les créer successivement les uns après les autres (4).

D'après lui, le ciel transsidéral, sans étoiles, la neuvième sphère de Ptolémée, a été créé le premier, parce qu'il est raisonnable de penser que ce ciel qui entoure le monde entier, a été produit avant tout le reste, puisque, par son mouvement, il a été la cause de tous les changements des choses naturelles (5).

Le grammairien d'Alexandrie explique la transformation des choses comme saint Grégoire de Nysse: Les quatre éléments étaient mélangés ensemble, la terre, comme la plus dense, reste au-dessous, au-dessus est l'eau, au-dessus encore l'air et enfin le feu. Ce dernier élément n'est pas désigné sous ce nom par Moïse, mais c'est de lui qu'il parle, comme cause de mouvement, quand il dit que l'esprit de Dieu était porté sur les eaux. Philopon entend donc par

(1) Ibid. Proœmium, p. 473.

(2) De mundi creatione, 1. 1, c. 4, p. 477. Jean Philopon attache le même sens que les Pères cappadociens au premier mot de la Genèse, traduit par Aquila, in capite. Voir plus haut, p. 35.

(3) Ibid. 1, 6, p. 479. Cf. 1. II, c. 10, p. 505.

(4) Ibid. III, 17, p. 541.

(5) Ibid. 1, 6-7, p. 479: Τῆς μεταβολῆς τῶν ὑπὸ φύσεως γινομένων ὑπάρχει, τῇ κινήσει, συναίτιος.

l'esprit de Dieu, avec la plupart des écrivains de l'école de Syrie, un élément de la nature (1).

Il adopte aussi le sentiment de saint Basile sur la création de la lumière. « Le grand Basile, dit-il, pense que la lumière solaire a été créée avant le soleil lui-même, par un effet de la puissance divine qui a accompli ce qui était naturellement impossible... Il n'est pas impossible à la puissance divine de produire la lumière sans un corps (lumineux). Celui qui aura admis ce que nous avons dit plus haut que Dieu créa d'abord la matière première des choses sublunaires, pourra remarquer que le créateur suit ici une marche contraire : il produit la lumière avant les corps lumineux dont celle-là est la forme et dont eux-mêmes sont la matière, et il forme leurs corps de cette matière préexistante... En unissant ces deux choses, il en forma les astres... Il faut dire d'ailleurs que la lumière (primitive) n'existait pas sans corps... La lumière n'éclaira pas tout l'univers simultanément... Cette lumière n'était pas une substance corporelle, elle n'était pas formée comme le sont maintenant les étoiles et les deux grands luminaires; plus tard, Dieu la disposa dans l'ordre actuel, en la partageant entre le soleil, la lune et les autres astres (2).»

Jean Philopon enseigne clairement que les astres se meuvent en vertu d'une force motrice que Dieu leur a communiquée (3). Il dit aussi formellement que la terre est sphérique (4), en opposition avec les écrivains de l'école syrienne. Quant aux ténèbres, elles ne sont pas quelque chose de substantiel, comme le soutient Théodore de Mopsueste, mais l'absence de la lumière (5). Les eaux supérieures sont simplement les parties aqueuses de l'air. La langue

(1) Ibid., 1. II, c. 1 et suiv. p. 498 et suiv.

(2) Ibid. 1. 11, c. 10: Basilii de luce sententia ejusque defensio, p. 505, et c. 11-12, p. 506. Voir aussi l. Iv, c. 11-13, p. 553.

(3) Ibid., 1. 1, c. 12, p. 485.

(4) Ibid., 1. 11, c. 4, p. 501 ; 1. Iv, c. 2, p. 543.

(5) Ibid., 1. 11, c. 6, p. 502 et c. 16, p. 510.

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