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peine, dans leurs manifestations essentielles, sont bien dans ce cas. Darwin est donc parfaitement logique en groupant ces phénomènes sous l'action directe du système

nerveux.

Il est vrai que Bain, tout en reprochant à Darwin d'avoir rattaché au troisième principe les expressions joyeuses décrites plus haut, nous dit ailleurs que la loi de l'opposition du plaisir et de la peine rentre dans le principe de l'antithèse. Il va même jusqu'à prétendre que telle est la manière de voir de Darwin.

« Ce n'est, nous dit le savant professeur, qu'avec son principe de l'antithèse que M. Darwin cherche à généraliser l'expression d'opposition du plaisir et de la peine. En réalité, les principaux exemples qui prêtent un appui évident à ce principe sont ceux qui rentrent dans cette catégorie (1). » Et après avoir indiqué quelques exemples du principe de l'antithèse présentés par Darwin, il ajoute : « Les autres allusions éparses que l'auteur fait au principe des mouvements opposés ne sont guère que de purs exemples de l'opposition du plaisir et de la peine (2). »

Mais sur ce point Bain est dans une complète erreur : il n'a pas compris Darwin.

Nous ne répéterons pas ce que Darwin appelle principe de l'antithèse. Nos lecteurs savent parfaitement que pour faire, dans le sens du naturaliste anglais, une application de ce principe, il ne suffit pas que deux expressions présentent des caractères opposés, il faut que l'une d'elles doive son origine primitive à des mouvements combinés volontairement et dans un but utile. Par conséquent, en supposant que le plaisir et la peine se traduisent par des expressions précisément opposées, il ne s'ensuit en aucune façon que ces expressions dépendent du principe de l'antithèse tel

(1) Alex. Bain, Les idées de Darwin sur l'expression des émotions, Revue scientifique, 7 novembre 1874, p. 436. Paris.

(2) Ibid.

qu'il est conçu par Darwin. En fait, sauf pour tel ou tel détail accidentel, Darwin ne fait jamais intervenir la considération du principe de l'antithèse dans le développement des caractères de la joie et de la peine. Sans doute, il y a, d'une manière générale, contraste dans les manifestations joyeuses ou pénibles; mais, on ne peut trop le répéter, ce n'est pas sur une simple donnée d'opposition que Darwin prétend établir son principe de l'antithèse.

En somme, les critiques formulées par le professeur d'Aberdeen à l'endroit de Darwin, sont peu exactes. Comme il le dit dans l'article qu'il a consacré à l'appréciation des idées de Darwin sur l'expression des émotions, il a eu seulement en vue de les comparer aux idées contenues dans l'ouvrage que lui-même a publié sous le titre : Les sens et l'intelligence (1). Or, cette préoccupation purement personnelle a non seulement conduit Bain à émettre des objections inadmissibles, mais elle l'a fait tomber dans une méprise complète au sujet du principe de l'antithèse de Darwin.

2° Nous admettons pleinement, cela va de soi, que l'action directe du système nerveux peut conduire à des mouvements expressifs. En fait, il n'est pas une seule manifestation de la vie, - si l'on excepte peut-être des êtres tout à fait infimes, qui ne soit due à la constitution du système nerveux. A plus forte raison, nulle part il ne peut y avoir une expression émotionnelle qui n'en dépende. Darwin lui-même, naturellement, le proclame. « Tout mouvement que nous exécutons, dit-il, est déterminé par la constitution du système nerveux (2). » Seulement, il ne range sous son troisième principe que les expressions qu'il ne croit pouvoir rendre intelligibles, ni par le principe de l'association des habitudes utiles, ni par le principe de l'antithèse.

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(2) « Every movement which we make is determined by the constitution of the nervous system. » Ch. Darwin, The expression of the emotions, p. 66.

Mais une objection grave contre l'utilité de la considėration du troisième principe de Darwin, lorsqu'on recherche la cause spéciale des manifestations émotionnelles, est celle-ci :

On peut se demander si c'est faire avancer la théorie des expressions émotionnelles que d'y introduire comme la cause particulière d'une classe de phénomènes passionnels, la cause nécessaire et universelle de tous. Qu'est-ce que nous apprenons qui ne soit connu de tout physiologiste, lorsqu'on vient nous dire, en se bornant à cet énoncé général, qu'une expression émotionnelle s'explique par l'action directe du système nerveux ? Est-ce que, par hasard, il en pourrait être autrement? Sans doute, parfois Darwin essaie quelques timides aperçus dans cet ordre d'idées, pour expliquer avec détail les caractères particuliers d'une émotion; mais qu'il y a loin de là à une solution vraiment scientifique! Le savant anglais avoue lui-même que la matière est pleine d'obscurités.

<< Notre sujet présent est fort obscur, nous dit-il, mais son importance demande qu'on le discute avec une certaine étendue, et c'est toujours une chose utile que de connaître clairement notre ignorance (1). »

Oui, certes, dès le moment où l'on veut faire descendre un peu les explications dans le détail, le sujet est, en gẻnéral, fort obscur; et il ne sera pas difficile de montrer qu'à cet égard l'ignorance du savant anglais est encore plus •complète qu'il ne l'imagine.

Mais il est un écueil inévitable, lorsque l'on se contente de rattacher à un principe aussi vague la plupart des expressions émotionnelles : c'est de grouper ensemble, pour en former une seule classe, les phénomènes les plus disparates, qui, sans doute, dépendent bien, comme toutes nos fonctions vitales, de la constitution du système nerveux,

(1) «< Our present subject is very obscure, but, from its importance, must be discussed at some little length; and it is always advisable to perceive clearly our ignorance. » Ch. Darwin. ibidem, p. 66.

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mais, analysés dans leurs caractères propres, naissent probablement de causes particulières tellement différentes qu'elles rendent tout rapprochement illusoire. Aussi les partisans eux-mêmes de Darwin ne peuvent s'empêcher d'en faire la remarque. « La fameuse horreur du vide du moyen âge, dit Erdmann, aurait pu lui montrer ce qui arrive lorsqu'on cherche un principe commun pour expliquer tout à la fois l'ascension de l'eau dans un tuyau de pompe et l'appétence des aliments excitée par la faim (1). » En réalité toutes ces recherches de Darwin sur son troisième principe, sont entassées le plus souvent sans qu'aucun lien rationnel les réunisse sérieusement, et selon le jugement du même critique, elles sont présentées à la manière d'un calculateur qui voudrait résoudre une équation sans l'avoir ordonnée préalablement (2).

Ces remarques sont parfaitement justes. Le vague des considérations qui remplissent ainsi chez Darwin la plus grande partie de l'étude émotionnelle de l'action directe du système nerveux, l'entraîne, à notre avis, à se payer de mots plutôt que d'explications. Nous allons en avoir une preuve immédiatement.

3o Selon Herbert Spencer, lorsque le flux nerveux s'échappe sans direction déterminée, il s'engage d'abord par les voies accoutumées, et le trop-plein seulement se répand par les voies moins habituelles. Il croit par là expliquer bien des détails des expressions, et, comme nous l'avons vu, Darwin à sa suite considère cette loi comme étant de la plus haute importance par la lumière qu'elle répand sur la matière. Pour notre part, nous sommes persuadé que cette lu

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(1) « Der berüchtigte horror vacui des Mittelalters hätte ihm zeigen können, was dabei herauskomt, wenn ein gemeinschaftlicher Grund gesucht wird dafür, dass das Wasser ins Pumpenrohr steigt, und dass der Hungrige nach Essen begehrt. » Professor Erdmann, Darwin's Erklärung pathognomischer Erscheinungen, p. 8, Halle, 1873.

(2) « Sie nämlich angestellt werden, wie wenn der Rechner eine Gleichung lösen wollte, die nicht geordnet ist. » Ibidem.

mière est une pure illusion : la loi de Herbert Spencer n'éclaire en rien le problème des phénomènes passionnels.

Et, en effet, que veut-on dire lorsqu'on nous apprend que le courant nerveux se répand de préférence par les voies accoutumées?

Et, d'abord, dans l'application que Darwin fait ici de cette loi, il ne peut être question des voies suivies par les effluves nerveuses pour déterminer des mouvements qui, soit actuellement, soit primitivement, ont une signification. utile. Tels sont, par exemple, les gestes de la menace dans la colère et la fureur. Darwin rattache, en effet, avec raison ces sortes de mouvement à l'association des habitudes utiles. Mais il ne peut être question maintenant que des mouvements étrangers à la poursuite d'un but quelconque.

Or, la question étant ainsi restreinte, encore une fois que veut-on dire lorsqu'on nous apprend que les ondes nerveuses dans les moments d'excitation se répandent par les voies habituelles?

Entend-on, par exemple, que, sous l'empire d'une émotion excitante déterminée, le flux,nerveux s'engage dans des voies déjà habituellement suivies sous l'influence de causes différentes, en sorte que l'émotion, sans avoir en propre des voies spéciales pour la transmission du courant nerveux qu'elle provoque, ne fait que profiter d'une communication préétablie ? S'il en est ainsi, et tel est bien le sens naturel des expressions employées par Spencer et par Darwin, cette prétendue loi physiologique n'est que l'énoncé d'une erreur.

Si, en effet, cette loi était vraie, voici quelle en serait la conséquence évidente:

Toutes les émotions excitantes: la joie, la colère, la rage, etc., se traduiraient par la même expression. Le flux nerveux n'aurait plus qu'à s'engager, abstraction faite de la nature diverse de ces différentes émotions, dans les voies le plus habituellement suivies pour d'autres usages. Ces voies seraient donc les mêmes pour toutes les émo

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