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souvent, dans l'exposition de ses idées à ce sujet, c'est l'impossibilité où il est de se rendre compte des premiers jours de la création, avant la production du soleil.

Il admet d'une certaine manière la distinction des jours (1) mais c'est une distinction logique, non réelle.

« Qu'est-ce que ces jours? Il nous est très difficile ou même impossible de le concevoir. A combien plus forte raison de le dire? Les jours que nous connaissons ont un soir au moment où le soleil se couche et un matin au moment où le soleil se lève, et ces trois premiers jours se sont écoulés sans le soleil, qui, nous rapporte l'Écriture, n'a été créé qu'au quatrième (2). » Dans le De Genesi imperfectus liber, saint Augustin dit encore : « On peut demander qu'est-ce que (Moïse) appelle jour et qu'est-ce qu'il appelle nuit. S'il veut désigner par là ce jour que commence le lever du soleil, et que finit son coucher, et cette nuit qui dure du coucher jusqu'au lever du soleil, je ne comprends pas comment cela a pu se faire, avant la création des luminaires du ciel (3). » Nous avons déjà rencontré dans Origène une observation semblable (4).

Il est vrai, ajoute-t-il, que le texte sacré porte que les six jours de la création se composaient d'un soir et d'un matin,

(1) De Genesi ad litt. 1. Iv, c. XIV, p. 25; édit. Gaume, col. 280. (Voir aussi De Civ. Dei,l. xi, c.vi et suiv. t. vii, col. 445). Cependant ce passage doit être entendu probablement comme d'autres passages plus explicites, où il n'admet que nominalement la distinction des six jours, comme ib., 1. v, c. xxiii, no 46, col. 322, où il dit : « Illo modo quo creavit omnia simul, senarioque dierum numero consummavit, cum diem quem fecit, eis quæ fecit sexies præsentavit, non alternante spatio temporaliter, sed ordinata cognitione causaliter. (2) De Civ. Dei, 1. xI, c. vi, et vii, t. vII, col. 445.

(3) De Gen. lib. imperf. c. vi, no 27, t. I, col. 170-171 (Voir aussi 176). S. Augustin s'exprime d'une manière analogue et avec plus de développements encore, De Genesi ad litt. 1. 11, c. XIV, no 28 et 29; t. I, col. 238-239.

(4) S. Augustin s'appuie aussi comme Origène sur Gen. 11, 4 : « Superius septem dies numerantur, nunc unus dicitur dies, quo die fecit Deus cœlum et terram et omne viride agri, et omne pabulum, cujus diei nomine omne tempus significari bene intelligitur. Fecit enim Deus omne tempus simul cum omnibus creaturis temporalibus, quæ creaturæ visibiles cœli et terræ nomine significantur.» De Genesi contra Manich. 1. 11, c. III, no 4, t. 1, col. 1077.

mais ce langage n'implique nullement la succession réelle du jour et de la nuit; Moïse évite d'employer le mot nuit ; par soir et matin, il veut simplement désigner des moments ou des modes différents dans la manifestation de la création aux esprits célestes, ou bien la matière et l'espèce (1).

Le soir et le matin des jours qui précèdent la création du soleil, comme de ceux qui le suivent, désignent les modes divers de connaissance des esprits angéliques la connaissance qu'ils ont des objets en les voyant objectivement, est appelée du soir comme moins parfaite, et celles qu'ils en ont en les voyant dans le Verbe est appelée du matin comme plus parfaite (2). Les jours de la création sont donc « très différents des jours qui composent nos semaines, » ils ne sont pas produits « par la révolution des astres, » ce ne sont pas «< des jours solaires (3).. » « Ces six premiers jours étaient d'une espèce extraordinaire et qui nous est inconnue (4). »

En expliquant les jours de la création comme une simple figure, saint Augustin assure d'ailleurs qu'il ne leur attribue pas un sens allégorique, mais qu'il les entend dans leur sens propre (5).

(1) De Gen. imp. liber, c. xv, no 51, t. I, col. 183: De Gen. ad litt. 1. Iv, c. 1, no 1, col. 268; c. xxII, no 39, col. 288 et suiv. Cf. S. Thomas d'Aquin, q. LXXIV, a. 2.

(2) De Genesi ad litt. 1. Iv, c. xxvi, no 43 et suiv. t. II, col. 291 et suiv. (3) Ibid., c. XXVI et xxvII, col. 291, 292; l. v, c. v, no 12, col. 306.

(4) << Probabilius est istos quidem septem dies (les jours d'aujourd'hui), illorum (les six jours mosaïques) nominibus et numero, alios atque alios sibimet succedentes currendo temporalia spatia peragere; illos autem primos sex dies inexperta nobis et inusitata specie in ipsis rerum conditionibus explicatos; in quibus vespera et mane, sicut ipsa lux et tenebræ, id est dies et nox, non eam vicissitudinem præbuerunt, quam præbent isti per solis circuitus : quod certe de illis tribus fateri cogimur, qui ante condita luminaria commemorati atque numerati sunt. » Ibid., 1. iv, c. xvIII, no 33, col. 284.

S. Augustin

(5) De Genesi ad litt. 1. iv, c. xxvIII, no 45, t. III, col. 292. tire une autre preuve de la création simultanée d'une fausse leçon du texte latin de la Bible dont il faisait usage. Ce texte portait : Hic est liber creaturæ cæli et terræ, cum factus est dies, fecit Deus cœlum et terram, etc. Gen. 11. La traduction aurait dû être, comme le portent les Septante sur lesquels la ver

Ainsi, toutes choses ont été créées simultanément. Cependant il faut établir une distinction entre les êtres inorganiques et les êtres organiques: les premiers ont été produits tels qu'ils sont encore aujourd'hui, les seconds ne l'ont été que virtuellement et en germe; ainsi les plantes, les poissons, les oiseaux et les autres animaux, à l'exception d'Adam, ne sont pas nés en pleine croissance, mais ils ne se sont développés que par degrés et conformément aux lois naturelles (1).

Telles sont les principales idées de saint Augustin sur l'oeuvre des six jours. On voit par ce que nous venons de dire en dernier lieu, que le saint docteur admettait une distinction réelle entre la création proprement dite et le développement des êtres, ce qu'on peut appeler l'opus creationis, qui était simultané, et l'opus formationis, qui était graduel et progressif, conforme aux lois de la nature que nous voyons agir sous nos yeux. Ce qui distingue l'opinion de saint Augustin de celle des autres Pères, saint Ambroise, saint Basile, c'est que ces derniers placent l'œuvre de formation dans les six jours, tandis que l'évêque d'Hippone la rejette après (2). Il admet la création simultanée des Alexandrins, mais il ne pense pas, comme eux, que le récit mosaïque n'est qu'une allégorie du monde spirituel. Il adopte donc le sens littéral avec les Syriens et les Cappadociens, mais il n'adopte pas comme eux la distinction réelle des six jours.

Nous ne devons pas nous séparer de saint Augustin sans avoir remarqué qu'il est le premier des auteurs ecclésiastiques chez qui nous rencontrions, d'une manière un peu

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sion était faite, cum facta sunt quo die fecit. S. Augustin concluait de sa leçon: « Nunc certe firmior fit illa sententia qua intelligitur unum diem fecisse Deum, unde jam illi sex vel septem dies unius hujus repetitione numerari potuerint, etc. » De Genesi ad litt. 1. v, c. I, no 1. t. III, col. 299.

(1) De Gen. imp. lib., c. xv, no 51, col. 183; De Gen. ad litt. 1. vII, C. XXVIII, no 42, col. 364; 1. v, c. IV, no 7 et suiv., col. 303. Cf. S. Thomas, Summ. Th. q. LXX, a. 1; LXXI, a. 1; LXXIV, a. 2.

(2) Voir surtout De Gen. ad litt. 1. v, c. IV, no 11, col. 305.

nette, l'idée des lois de la nature. Il ne voulait point qu'on multipliât les miracles sans raison, et il pensait qu'on devait, quand on le pouvait, expliquer les phénomènes conformément « à la nature des choses (1). » Il donne aux lois qui déterminent le développement de la nature le nom de << raisons causales; » il assure que Dieu n'a pas seulement créé toutes ses créatures avec nombre, poids et mesure, mais que, tant qu'elles subsistent, elles sont également rẻglées et pondérées (2); il parle même expressément du « cours ordinaire de la nature (s), » de « la loi de la nature (4). >>

(1) « Quemadmodum Deus instituerit naturas rerum, secundum Scripturas ejus nos convenit quærere, non quid in eis vel ex eis ad miraculum potentiæ suæ vult operari, etc. » De Genesi ad litt. 1. 11, c. 1, no 2, t. III, col. 224. Cf. Diestel, Bibel und Naturkunde, Studien und Kritiken, 1866, p. 233-234.

(2) « Habent omnia, quamdiu sunt, mensuras, numeros, ordines. « Ibid., 1. III, c. xvi, no 25, col. 258. Cf. S. Jean Chrys. Hom. III in Gen., no 3, t. LIII, col. 25.

(3) « Quæri merito potest, causales illæ rationes, quas (Deus) mundo indidit, cum primum simul omnia creavit, quomodo sint institutæ utrum, ut quemadmodum videmus cuncta nascentia vel fruticum vel animalium in suis conformationibus atque incrementis pro sua diversitate generum diversa spatia peragerent temporum? An ut quemadmodum creditur factus Adam sine ullo progressu incrementorum virili ætate, continuo conformarentur ? Sed cur non utrumque illas credimus habuisse ut hoc ex eis futurum esset, quod factori placuisset? Si enim illo modo dixerimus, incipiet contra ipsas factum videri, non solum etiam illud de aqua vinum, sed et omnia miracula quæ contra naturæ usitatum cursum fiunt: si autem isto modo, multo erit absurdius ipsas istas quotidianas naturæ formas et species contra illas primarias omnium nascentium causales rationes suorum temporum peragere spatia. Restat ergo ut ad utrumque modum habiles creatæ sint; sive ad istum quo usitatissime temporalia transcurrunt, sive ad illum quo rara et mirabilia fiunt, sicut Deo facere placuerit quod tempori congruat.» De Gen. ad litt. 1. VI, c. XIV, no 25, col. 337.- Dans son Tract. XXIV in Joan. no 4, t. I, col. 1958, il dit aussi : « Quia...... miracula ejus quibus totum mundum regit universamque creaturam administrat, assiduitate viluerunt, ita ut nemo pene dignetur attendere opera Dei mira et stupenda in quolibet seminis grano, secundum suam misericordiam servavit sibi quædam, quæ faceret opportuno tempore, præter usitatum cursum ordinemque naturæ, ut non majora, sed insolita, videndo stuperent, quibus quotidiana viluerant. »

(4) De Civ. Dei, xxi, c. VIII, no 5; « Nulla præscribente lege naturæ, » t. vII, col. 1008. Il assure que les miracles ne sont pas contraires à la nature. « Omnia portenta contra naturam esse dicimus, sed non sunt Quomodo est enim

On trouve dans les œuvres de saint Augustin Trois livres des merveilles de la sainte Écriture qui ne sont pas de l'évêque d'Hippone, mais, d'après les critiques, d'un moine de la Grande-Bretagne qui écrivait en 655 (1). L'auteur, qui parle de son ingenioli, met au premier rang le sens spirituel, mais s'occupe beaucoup de l'intellectus rerum gestarum, y expose la théorie Alexandrino-Augustinienne de la création simultanée avec une si grande précision que ses paroles méritent d'être citées. La création est très différente du gouvernement du monde. La création tire l'être du néant, la gubernatio le modifie seulement. « Après avoir achevé la création des œuvres de la nature, Dieu se reposa le septième jour, mais depuis il ne cesse point de gouverner toutes ses créatures. Et quoiqu'il soit rapporté que toutes les créatures ont été créées dans l'intervalle de six jours, cet intervalle ne doit pas s'entendre d'un espace de temps, mais de la différence des œuvres; l'historien a distingué dans son récit ce que Dieu n'a pas divisé dans son opération (2). Car Dieu a créé simultanément toutes les choses qu'il a faites, c'est par un seul acte de volonté qu'il a produit la variėtė multiple des espèces et par cet acte de volonté unique il a fait simultanément, sans temps, toutes les choses que, depuis leur naissance, il n'a pas cessé de gouverner (8).

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contra naturam quod Dei fit voluntate, cum voluntas tanti utique conditoris conditæ rei cujusque natura sit? » Ibid., no 2, col. 1006. La pensée développée par S. Augustin dans ce chapitre, c'est que les miracles ne sont pas contraires à la nature, mais præter naturam,une exception aux lois ordinaires de la nature, exception produite par la volonté du Créateur de toutes choses. Voir là-dessus Brugère, de Religione, 2o édit. p. 273, note 2.

(1) L. Diestel, Bibel und Naturkunde, Studien und Kritiken, 1866, p. 237238; Geschichte des alten Testamentes in der christlichen Kirche, 1869, p. 175. (2) « Quamvis per sex dierum alternationem omnis instituta fuisse creatúra perhibetur, non tamen hæc dierum alternatio per spatium temporis intelligitur, sed in his operum vicissitudo declaratur. Post namque historiæ narrator divisit in sermone, quod Deus non divisit in operis perfectione. >>> (3) De mirabilibus Sacræ Scripturæ, l. 1, c. 1, inter Opera S. Augustini, éd. Gaume, t. III, 2a pars, col. 2720-2721. Nous devons faire observer du reste que toutes les idées du moine breton ne sont pas justes. Cf. S. Th. III, q. XLV, art. 3.

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