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et les soutiens du nouveau pouvoir furent étonnés eux-mêmes de leur œuvre, semblables à ce sculpteur de l'antiquité, qui tombe à genoux devant le Jupiter-Tonnant, ébauché par son ciseau. Tous les détails de la cérémonie avaient été empruntés à l'histoire du sacre des premiers rois de France; les pages, les huissiers, les hérauts d'armes portaient le costume que leur donnent nos traditions nationales. La couronne, le sceptre et l'épée de Charlemagne, soutenus par des maréchaux, étaient là, comme pour servir de transition entre la vieille monarchie, détrônée par la révolution, et la jeune dynastie qui s'élevait à son tour sur les ruines de cette même révolution.

Pie VII, entouré de ses cardinaux, commença la célébration du service divin. Lorsqu'il arriva au Graduel, conduits aux pieds du Saint-Père, l'empereur et l'impératrice agenouillés, reçurent une triple onction, une sur la tête et les deux autres sur les mains. Napoléon s'avança alors vers l'autel, et, saisissant un diadême de feuilles de chêne et de laurier, il se couronna lui-même comme s'il eût voulu indiquer par là que son génie seul l'ayant élevé sur le trône, les constitutions de l'empire, et la consécration du chef de l'église, n'étaient à ses yeux qu'un vain cérémonial propre à éblouir le vulgaire et à calmer quelques susceptibilités. Il y a toujours ainsi, au milieu des actes qui ne sont pas d'accord avec la croyance de ceux qui les effectucnt, quelque muette et involontaire protestation. Le sacre et le couronnement étaient accomplis. La majesté et l'inviolabilité du héros venaient d'être mises sous la protection du ciel; le Pape, se tournant vers les assistants, prononça à haute voix la formule: Vivat imperator in æternum ! La messe continua. L'empereur s'était placé sur le trône élevé dans la grande nef. A l'issue du service divin, le grand-aumônier lui apporta sur un coussin de velours le livre des évangiles, et se tint debout à sa gauche. Le président du Sénat, suivi des présidents du Tribunat et du Corps Législatif, présenta à sa majesté la formule du serment constitutionnel, que Napoléon prononça, assis, la couronne sur la tête et la main levée sur l'évangile, comme il convenait au

successeur de Charlemagne. Le chef des hérauts d'armes dit immédiatement: Le très glorieux et très auguste empereur Napoléon, empereur des Français, est couronné et intronisé, Vive l'empereur! La cérémonie fut terminée par un Te Deum et par la signature d'un procès verbal. A cinq heures du soir, Napoléon premier et Pie VII, au milieu d'un bruyant concours de citoyens, qui se pressaient au devant du cortégé, rentrerent aux Tuileries; comme la nuit était venue, cinq cents torches éclairèrent leur marche, qui fut un triomphe.

Les fêtes du couronnement se prolongèrent pendant trois jours. Le second jour fut consacré aux réjouissances populaires; le troisième, une distribution de drapeaux et d'aigles eut lieu au Champde-Mars; le quatrième, enfin, la municipalité de Paris offrit à l'empereur une fête splendide, dans son palais de la place de Grève. Le préfet reçut Napoléon sur le perron de l'Hôtel-de-ville, et lui adressa une harangue. Messieurs du Corps municipal, répondit » l'empereur, je suis venu au milieu de vous pour donner à ma » bonne ville de Paris l'assurance de ma protection spéciale; dans « toutes les circonstances je me ferai un devoir et un plaisir de lui » donner des preuves particulières de ma bienveillance, car je » veux que vous sachiez que dans les batailles, dans les plus grands » périls, j'ai eu toujours en vue l'opinion de cette grande capitale » de l'Europe, après toutefois le suffrage, tout puissant sur mon » cœur, de la postérité. »

Le soir de cette journée où Napoléon appelait la capitale de la république française, sa bonne ville, un aérostat s'élevait dans les airs, portant, renfermés dans une boîte, tous les détails des fêtes qu'on avait données et le procès-verbal du couronnement. Le lendemain, cet aérostat, après avoir traversé la France, les Alpes, et parcouru en vingt-deux heures, un espace de trois cents lieues, tombait dans la campagne de Rome, et se déchirait aux ronces qui croissent autour du tombeau de Néron.

La populace de Versailles, du 10 août, du 2 septembre, du 21

janvier; celle qui avait assisté et applaudi au supplice des girondins, à la fin tragique de Marie-Antoinette; celle qui s'était baignéc dans le sang des rois et des nobles salua de ses vivats toutes ces magnificences impériales. Non moins empressée et non moins bruyante sur les pas de Pie VII, la populace qui avait dansé la carmagnole autour des cadavres des prêtres réfractaires; celle qui avait adoré, sous ces mêmes voûtes de Notre-Dame, quelque fille d'opéra, habillée en déesse Raison, s'était inclinée avec respect sous la bénédiction du souverain pontife. Le trône et l'autel étaient ainsi restaurés par les mêmes instruments qui les avaient renversés, à dix années seulement d'intervalle. Mais ces flagrantes contradictions n'étonnent plus, quand on jette un coup d'œil sur la suite de Napoléon, allant se faire sacrer par le successeur de Saint-Pierre. Talleyrand, Fouché, Cambacérès, Réal, tous ces grands révolutionnaires de la veille, sont devenus les conservateurs du jour; ils tiennent à la main, au lieu du marteau destructeur, le plan du nouvel édifice qu'ils élèvent à la royauté. La tribune nationale, où grondèrent les foudres de la terreur, retentit chaque jour des éloges du gouvernement d'un seul; le Journal de l'Empire a remplacé le Père Duchesne et le Vieux Cordelier. Le peuple, sous le régime démocratique ou sous la férule d'un dictateur, libre ou esclave, sujet ou souverain, reçoit toujours d'en haut le rayon qui l'éclaire et les fausses lueurs qui l'égarent. C'est une terre fertile, qui développe le germe qu'on lui confie, qui prospère et se couvre de fruits sous un soleil vivifiant, sous une fraîche rosée, mais qu'un ciel torride et les orages dessèchent, dévastent et bouleversent. Ne regardons pas à nos pieds, levons la tête, lorsque nous voudrons savoir ce qu'elle peut produire, et ce que nous devons attendre d'elle. Ne l'accusez jamais de stérilité, vous que les destinées ont chargés de sa culture: si elle se couvre de ronces, si elle porte la ciguë et l'asphodèle, soyez bien sûrs que vous en êtes seuls coupables.

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Russie. L'empereur Alexandre conclut un traité contre la France, avec L'Autriche entre dans la coalition.

l'Angleterre.

La guerre est déclaréc.

- Campagne d'Autriche. Bataille d'Austerlitz, dite des Trois Empereurs. - Désastre de Trafalgar.

-

Armistice. Paix de Presbourg.

LE GRAND.

NAPOLÉON

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La session de l'an XIII du Corps Législatif commença le 6 nivôse (27 décembre 1804). Napoléon Bonaparte l'ouvrit en personne, comme l'exigeait la Constitution. Mais il voulut que la majesté impériale présidât à cette solennité politique, afin d'effacer, sous l'éclat du pouvoir exécutif, le peu de lustre qui restait à ce débris des assemblées nationales. En avant de la tribune ordinaire, on éleva un trône, sur lequel un palmier ouvrait en éventail son feuil

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