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CHAPITRE IX.

Suppression du Tribunat. Fête donnée à la Garde Impériale. - Le Portugal. Traité de Fontainebleau. — Affaires d'Espagne. - Napoléon visite le royaume d'Italie. Décret rendu à Milan. Abdication de

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L'Espagne est envahie.

- Joseph est proclamé roi d'Espagne. Entrevue d'Erfurt. Lettre Napoléon à Madrid. - Rupture entre la France et

à l'empereur d'Autriche.

l'Autriche.

JUILLET 1807.

AVRIL 1809.

Après avoir réglé la marche de la grande armée à travers le royaume de Prusse, qu'elle devait évacuer dans un délai déterminé, Napoléon se sépara de ses hôtes couronnés et quitta les bords du Niémen. Il passa par Varsovie, capitale de ce pâle duché sorti du traité de Tilsit, faible étincelle de nationalité qu'il avait fait jaillir des cendres de la vieille Pologne. Le 22 juillet, il revisait et promulguait à Dresde le statut constitutionnel octroyé aux frères de l'illustre Sobieski. Le 24, le Prince primat de la Confédération Rhénane le recevait à Francfort sous un arc triomphal, élevé à l'extrémité de la promenade appelée Zeill. Toutes les troupes de la Con

fédération furent rangées en haies sur le passage du vainqueur, qui entra dans cette vieille cité allemande, aux détonations du bronze et au bruit éclatant des cloches. L'empereur était de retour à SaintCloud, le 27. Soixante coups de canon annoncèrent son arrivée.

Le lendemain, Napoléon, après avoir tenu le Conseil-d'Etat, où assistèrent tous les ministres, reçut les félicitations du Sénat, du Tribunat, du Corps-Législatif, des cours d'appel et de cassation, toujours empressés d'apporter leurs hommages aux pieds du trône impérial. Des harangues hyperboliques lui furent adressées, que n'excusait même pas la fièvre du triomphe, chez des hommes qui n'avaient pas vu la fumée du bivouac, que l'odeur de la poudre n'avait point enivrés, et qui ne connaissaient léna, Eylau, Friedland, que par les bulletins de la grande armée. Le premier président de la cour d'appel, Séguier, osa dire à son maître: NAPOLÉON EST AU-DESSUS DE L'HISTOIRE HUMAINE; IL APPARTIENT AUX SIÈCLES HÉROIQUES. Il est au-dessus de l'admiration; il n'y a que l'amour qui puisse s'élever jusqu'à lui. On ne pouvait pas être à la fois plus exagéré et plus malencontreux, car Napoléon était précisément au niveau de l'admiration des siècles, et c'était l'amour de son peuple qui ne pouvait s'élever jusqu'à lui, faute d'aliment.

L'ouverture du Corps-Législatif eut lieu le 16 août. Le discours du trône, pour appliquer à ces temps une expression postérieurement adoptée, présenta aux députés un tableau succinct de la situation de l'Europe, telle que venait de l'établir la paix de Tilsit.

«

Depuis votre dernière session, dit l'empereur, de nouvelles guerres, de nouveaux triomphes ont changé la face de l'Europe politique. Si la maison de Brandebourg qui, la première, se conjura contre notre indépendance, règne encore, elle le doit à la sincère amitié que m'a inspirée le puissant empereur du Nord. Un prince français régnera sur l'Elbe; il saura concilier les intérêts de ses nouveaux sujets avec ses premiers et ses plus sacrés devoirs. La ma son de Saxe a recouvré, après cinquante ans, l'indépendance qu'elle avait perdue. Les peuples du duché de Varsovie, de la ville

de Dantzig, ont recouvré leur patrie et leur droit. La France est unie aux peuples de l'Allemagne par les lois de la Confédération du Rhin; à ceux des Espagnes, de la Hollande, de la Suisse, de l'Italie, , par les lois de notre système fédératif. Nos nouveaux rapports avec la Russie sont cimentés par l'estime réciproque de ces deux grandes nations. Je désire la paix maritime. Aucun ressentiment n'influera jamais sur mes déterminations; je n'en saurais avoir contre une nation jouet et victime des partis qui la déchirent, et trompée sur la situation de ses affaires, comme sur celle de ses voisins. Mais quelle que soit l'issue que les décrets de la Providence aient assignée à la guerre maritime, mes peuples me trouveront toujours le même, et je trouverai toujours mes peuples dignes de moi.. »

Pendant que Napoléon ouvrait la session du Corps-Législatif, il méditait l'abolition du Tribunat, ce dernier refuge des traditions parlementaires. Deux ou trois sénatus-consultes précédents, si nous nous le rappelons, avaient déjà considérablement modifié cette chambre soi-disant élective. Le 16 thermidor an X (3 août 1802), le nombre des tribuns avait été réduit à cinquante. Le 28 floréal an XII (18 mai 1804), la plupart des attributions de ce corps furent transportées au Sénat; divisé en trois sections, il fut décrété alors que chacune d'elles discuterait en comité secret et séparément les projets de lois communiqués par le Conseil-d'État. Le vœu de ces sections était ensuite porté au Corps-Législatif. Enfin, l'art. 87 du sénatus-consulte organique du 28 floréal renfermait cette étrange définition du Tribunat : Les sections du Tribunat forment et constituent les seules commissions du Corps-Législatif. Ainsi, le Tribunat, dépouillé de ses prérogatives, de son individualité, réduit au rôle muet de commission, se trouvait réellement absorbé par le Corps-Législatif, dont il ne formait plus qu'une branche. Cette situation précaire de la représentation nationale ne satisfaisait pas encore l'empereur. Depuis que, dans le sein du Tribunat, une voix hostile à sa dynastie s'était élevée, depuis que l'austère Carnot

avait combattu l'établissement de 1804, au nom de la liberté expirante, cette assemblée avait été condamnée. Napoléon, au milieu de l'enthousiasme et de l'ivresse produits par ses récentes victoires et par la paix du Niémen, s'empressa d'achever l'œuvre liberticide qu'il avait commencée le jour où le consulat à vie lui avait été décerné. Le 17 août 1807, un sénatus-consulte statua qu'à compter de la session de cette année, la discussion des lois serait faite par des commissions prises dans le Corps-Législatif, sous le titre de Commission de législation civile et criminelle, Commission des finances, Commission de législation intérieure. Le Tribunat était aboli, et les membres de cette assemblée, qui devaient, aux termes du sénatus-consulte de 1804, en faire partie jusqu'en 1812, entrèrent au Corps-Législatif, pour y siéger jusqu'à l'époque assignée à la cessation de leur mandat de tribun.

Cette nouvelle violation du pacte fondamental passa inaperçue, et l'opinion publique ne s'en inquiéta point. On avait vraiment bien autre chose à faire, en France, à cette époque-là, que d'agiter de pareilles questions. La gloire des armes, les inquiétudes de la guerre, la lutte terrible que l'Angleterre ne cessait de livrer à Napoléon, les brusques changements apportés par les victoires de la grande armée dans l'équilibre européen, occupaient tous les esprits. C'est ordinairement au sein de la génération qui s'élève, dans les rangs de la jeunesse nouvellement sortie des bancs universitaires, que se forment ces oppositions un peu turbulentes, ilest vrai, exagérées sans doute, injustes quelquefois, mais si nécessaires à la stabilité d'un gouvernement, qu'elles raffermissent presque toujours, lorsqu'elles ne songent qu'à le renverser. Ces oppositions sont, pour ainsi dire, le grand ressort d'une vaste horloge; abandonnées à elles-mêmes, elles se détendraient avec une extrême violence, produiraient dans les rouages de l'État un mouvement désordonné, et finiraient par se briser; sagement enfermées dans le cercle de la légalité, réglées par un balancier aux lentes évolutions, elles communiquent à toute la machine une marche régulière. Mais

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