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CHAPITRE XI.

Pie VII.

Voyage en Belgique. Réunion de la Hollande. Le roi de Rome.
Situation de l'Espagne et du royaume des

- Réunion de la Catalogne.

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Deux-Siciles. - Différents avec la Russie. Casus Belli. dinaires. Préparatifs de la campagne de Russie.-Dresdc.

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Napoléon voulut montrer à ses peuples la nouvelle impératrice. Le 17, il partit avec Marie-Louise, pour visiter le département du Nord. Il parcourut ensuite la Belgique, la Zélande et les bouches de l'Escaut. L'île de Walcheren, théâtre de la dernière expédition de la Grande-Bretagne, fixa particulièrement son attention. Par un traité signé le 16 mars, le roi de Hollande, son frère, lui avait cédé, pour faire partie de l'empire français, toute la Zélande, l'île de Schoonen, le Brabant hollandais et une portion du territoire de la Gueldre. Cette cession, arrachée à la faiblesse de Louis Bonaparte, allait être suivie bientôt de l'absorption complète du royaume ba

lave.

Le 30 juin, l'empereur et l'impératrice étaient de retour à SaintCloud. Quelques jours après, Napoléon frappait, d'un coup longtemps suspendu, son ministre de la police. Fouché dut céder son portefeuille au duc de Rovigo; il fut nommé gouverneur de Rome. Ce nouvel emploi cachait ainsi sa disgrâce ou du moins en atténuait beaucoup la rigueur, et l'éloignait en même temps de Paris, où le parti républicain s'agitait encore sourdement. Fouché, cependant, ne rêvait pas le retour du sanglant régime qui l'avait produit sur la scène politique. Il n'eut aucune espèce de rapport avec le club révolutionnaire découvert vers la fin de 1809, et qui, sous la dénomination de comité-libérateur, travaillait patiemment à réunir en un foyer unique, les rares étincelles qui restaient encore sur le sol de l'empire, du volcan de 1793; le général de brigade Mallet et l'ex-conventionnel Florentin Guyot, qui dirigeaient ces petites intrigues montagnardes, ayant été arrêtés, le complot républicain avait avorté. Le seul crime de Fouché était d'avoir songé, en cas de mort de Napoléon, à placer la couronne française sur la tête de Bernadotte. Quant au prince de Ponte-Corvo, brutalement remplacé par le général Bessières, à l'armée de Hollande, un trône lointain allait l'enlever à son pays natal, et rassurer ainsi l'empereur. Le prince royal de Suède ayant été frappé d'une attaque d'apoplexie foudroyante le 18 mai, quelques officiers suédois qui avaient eu des relations avec Bernadotte, pendant les dernières guerres, le proposèrent pour succéder au roi Charles XIII; une diète le nomma, en effet, prince royal, le 21 août. Napoléon s'empressa de confirmer ce choix, espérant, d'ailleurs, que cette haute position, satisfaisant l'ambition du prince de Ponte-Corvo, effacerait de son esprit le souvenir de leurs griefs mutuels, et vaudrait à la France un fidèle allié de plus.

Le blocus continental, au moyen duquel l'empereur espérait réduire l'Angleterre à demander elle-même la paix, se prolongeait sans amener ce résultat important. L'Europe entière était pacifiée,

l'exception de la Péninsule espagnole et de la Sicile, dernier re

fuge des Bourbons de Naples. Tous les ports du continent devaient être fermés aux navires de la Grande-Bretagne, et il semblait facile, aux économistes français, de préciser le moment où ce royaume, dont la richesse est éminemment commerciale et manufacturière, périrait pour ainsi dire d'inaction, au milieu de ses vastes entrepôts encombrés de produits de toutes sortes, sans débouchés possibles. Comment l'Angleterre, dans une pareille situation, s'obstinait-elle à prolonger la lutte? C'est que plusieurs mailles de l'immense réseau dont l'avait entourée le génie de l'empereur, s'étaient rompues. La Russie, nous l'avons dit, avait été bientôt forcée de violer le traité de Tilsit, et de demander à l'exportation anglaise les étoffes, les aciers, les denrées, les mille produits nécessités par la consommation d'un grand peuple, dont la civilisation est assez avancée pour solliciter toutes les superfluités du luxe, mais qui ne sait pas encore pourvoir à ses besoins par sa propre manufacture. Les ports de la Baltique offraient ainsi, contre la foi des traités, un débouché considérable au commerce de Londres. Napoléon se réservait de mettre un jour Alexandre I en demeure d'accepter les rigoureuses conséquences du blocus continental; mais avant d'aller frapper la puissance britannique au milieu des glaces du nord, il pouvait, aux frontières mêmes de son empire, atteindre un résultat semblable.

La Hollande, malgré les remontrances qui lui arrivent du cabinet des Tuileries, s'obstine à recevoir les marchandises de provenance anglaise. Les impôts, les contributions de guerre, le blocus continental ont ruiné ce royaume; la contrebande seule le fait vivre; mais Napoléon poursuit la réalisation de son système, sans s'inquiéter des intérêts particuliers, et l'ex-république batave sera réunie à la France. Le roi Louis, prévoyant cette violente conclusion de la difficulté, avait essayé des ouvertures auprès de l'Angleterre ; il lui avait exposé, par l'entremise d'un négociateur dûment accrédité, que Napoléon étant décidé à s'emparer de la Hollande, ce serait là un rude coup pour le commerce britannique; qu'il vaudrait mieux,

sans doute, afin de conserver à ce royaume une indépendance nécessaire à l'équilibre européen, prêter l'oreille aux offres pacifiques de la France, et donner enfin la paix à l'univers. Ces observations furent sans résultats; l'Angleterre, forte de l'appui secret de la Russie, avait juré de ne déposer les armes qu'à la chûte de son implacable ennemi. Que lui importait, du reste, l'équilibre européen; la conquête de l'Italie, la confédération du Rhin et l'envahissement de l'Espagne l'avaient déjà bouleversé. Vingt mille hommes, conduits par le général Oudinot, entrèrent alors en Hollande pour y faire exécuter le blocus continental. Le roi Louis s'effraya de cette invasion súbite. Le 3 Juillet, il abdiqua en faveur de son fils, et quitta à la hâte son royaume. L'empereur refusa de reconnaître son abdication; le 9, un décret daté de Rambouillet réunit ses États à la France. La ville d'Amsterdam fut nommée la troisième ville de l'empire, et Napoléon accorda à ses nouveaux sujets six places dans le Sénat, six dans le Conseil-d'État, vingt-cinq dans le CorpsLégislatif, et deux à la cour de cassation. « La Hollande, dit » M. de Champagny, dans le rapport qu'il présenta à cette occa

sion, était une émanation du territoire de la France; sa réunion » est la suite nécessaire de la réunion de la Belgique; elle complète l'empire de votre Majesté, ainsi que son système de guerre politique et de commerce. »

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Par une sorte de compensation fâcheuse, inhérente au systême impérial et qui le constituait en grande partie, chaque accroissement de territoire que la diplomatie ou la conquête valait à la nation française, était précédé ou suivi de quelque nouvelle entrave apportée à l'exercice de ses droits politiques. En 1810, l'empire était arrivé à l'apogée de sa puissance. Depuis 1802, sa surface s'était augmentée de quinze mille lieues carrées, et sa population de quinze millions d'habitants. La réunion des villes Anséatiques, du Lawembourg et de la Hollande, fit atteindre à sa population le chiffre de quarante millions de citoyens; bientôt d'autres empiétements allaient l'élever encore de deux millions, en portnat nombre

des départements à cent quatorze. C'est au milieu de ces envahissements dont le terme semble toujours reculer, que la liberté reçoit les derniers coups qui doivent la faire périr. Les prisons d'État sont rétablies; un conseil privé sera chargé d'en ouvrir ou d'en fermer les portes; ses décisions seront souveraines. La presse perd ses moindres priviléges. Le nombre des journaux est réduit; certains départements devront se borner à publier des feuilles d'annonces; la censure est organisée; toute publication doit être autorisée par elle, sans que cette autorisation la mette à l'abri des poursuites ultérieures. Les libraires et les imprimeurs sont astreints à prêter serment. Tous ces actes de despotisme trouvent le pays indifférent; non que la perte de ses dernières illusions libérales ne l'affecte point, mais la nationalité française s'est perdue, pour ainsi dire, au milieu de tant de peuples, de mœurs et de langages divers, qui sont venus s'asseoir à son foyer. L'esprit public s'est affaibli, en proportion directe de l'accroissement du territoire, et Napoléon, qui a secondé cette tendance naturelle, règne non seulement sur vingt-huit millions de Français, mais encore sur quinze millions de Belges, de Hollandais, d'Italiens, d'Allemands, de Suisses; le joug de la conquête a abâtardi ces peuples, et loin d'apporter à la patrie une nouvelle énergie morale, ils énervent, par leur morne indifférence, les forces primitives de la nation qui les a reçus dans son sein. Cette absence de civisme n'inquiète pas l'empereur, qui a appris, dans les camps, à estimer l'intervention des baïonnettes, la force brutale de la conquête, la situation matérielle d'un peuple, comme le dernier mot de la puissance humaine. Avec une armée de six cent mille hommes, la plus aguerrie de l'Europe, il croit sa dynastie assise pour l'éternité sur le sol de la France, sans se douter que les institutions politiques créent les véritables nationalités, et que tout ce que l'homme d'État ou le conquérant ne fonde point sur ce terrain, est balayé par le premier vent d'orage. Que de bienfaits matériels la France devait d'ailleurs au gouvernement impérial, et combien elle était excusable, l'erreur du

T. I.

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