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CHAPITRE II.

Paix offerte à l'Angleterre.

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Coalition contre la France.

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L'armée de réserve franchit le mont Saint-Bernard. - Campagne d'Italie. Batailles de Montebello - Retour

et de Marengo.

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Victoires éclatantes.

de Bonaparte à Paris.

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Conventions d'Alexandrie.

(DÉCEMBRE 1799. JUIN 1800 ).

Habituée à voir la grande figure de Bonaparte à travers ce prestigieux rideau de fumée du champ de bataille, qui ne se dissipait que pour le montrer maître de la destinée des peuples, la France s'était plue à l'entourer d'une auguste auréole. Sa grande âme semblait planer bien au-dessus des misères de l'humanité. Restaurateur de la liberté italienne, fondateur d'une république, il était revenu au milieu de ses admirateurs, modeste sous le poids de ses lauriers, pauvre après avoir levé sur les rois vaincus plusieurs centaines de millions; puis, se dérobant tout à coup aux applaudissements de ses concitoyens, il avait été apprendre son génie et notre valeur aux vieilles cités des Pharaon, à la terre des Sphinx et des hiéroglyphes. Bonaparte est le premier capitaine de son époque; vingt généraux ont fui à son approche, la guerre est son élément et la France ne lui doit encore que des victoires. Le monde alors le contemple avec étonnement, s'incline devant lui et ne voit rien

au-dessus de sa grandeur. Mais voilà que le héros, traversant les mers, abdique et descend à petit bruit sur l'arêne politique, où quelques ambitieux se disputent les lambeaux d'un pouvoir que la Convention et le Directoire ont traîné dans la boue et dans le sang. Il tire alors son épée, mais ce n'est plus contre l'ennemi; il se mêle à la foule des prétendants; il invoque le dieu de la foudre et de la guerre, se met à la tête d'une compagnie de grenadiers, et s'empare du pouvoir exécutif, comme il s'est emparé de Mantoue, d'Alexandrie et du Caire.... par une brêche. Alors tranquillement assis sur le trône consulaire, il se prend à rêver la paix du monde et les paisibles conquêtes de la civilisation.

Étrange méprise, inconcevable aveuglement du soldat, qui a pensé que l'épée peut creuser le sillon fertile où croît l'olivier. II quitte volontairement le piédestal où l'avait placé le génie des combats; il vient prendre part aux haines, aux passions des partis; il détruit le prestige qui l'entourait, et montre à la foule qu'il est fait de la même argile que tous. Chaque jour de repos enlève un rayon à son auréole, et il cherche lui-même à prolonger ce repos fatal à sa gloire. Il proclame à haute voix qu'il veut la paix, et il la demande aux rois coalisés contre lui: oubliant que chacun vient au monde avec une mission providentielle, et que la sienne est de bouleverser la vieille Europe; ignorant que l'homme ne s'adjuge pas, à son gré, telle ou telle part, mais que depuis le monarque puissant qui règle le sort des empires, jusqu'à l'humble artiste qui emploie le pinceau ou la plume, nous sommes tous, entre les mains d'une puissance surhumaine, les dociles instruments dont elle se sert à son gré.

Plus d'une fois, Napoléon Bonaparte essayera ainsi de fermer les portes du temple de Janus; plus d'une fois des paroles de paix se presseront sur ses lèvres; alors il espérera asseoir solidement son emire sur le serment des traités, et toujours une implacable destinée le rejettera au milieu des batailles pour la gloire de son nom et pour la perte de sa dynastic,

Les intrigues de la diplomatie, les subterfuges de cabinet, les lenteurs de la tribune, ne convenaient point à son caractère despotique. Aussi, les quelques semaines qu'il passa loin de son armée, à Paris, dépeçant l'héritage du Directoire, le rapetissèrent-elles singulièrement aux yeux de ses antagonistes et même à ceux de ses admirateurs. Il avait une de ces organisations susceptibles, qui ne souffrent aucune espèce de rivalité, et qui ne savent accomplir de grandes œuvres qu'à la condition de s'affranchir de toute influence, de marcher en avant de tous, et de ne rendre compte à personne, pas plus qu'à elles-mêmes, des motifs et du but. Les hommes de génie sont ainsi; essentiellement personnels, ils portent en eux et spontanément, tout ce que le vulgaire emprunte avec lenteur à la masse des connaissances acquises par l'humanité. Leur individualité n'a aucun lien sympathique avec la foule qui les subit; ils ne savent point se plier aux événements qu'ils n'ont pas faits, et ils ne sont quelque chose qu'avec la clause expresse d'être tout. Bonaparte, en 1799, entouré de tous ces révolutionnaires qui contribuaient à son élévation dans leur propre intérêt, et qui n'avaient pas encore reconnu en lui le maître, vit un instant sa gloire pâlir. Ce fut un temps d'arrêt pour sa réputation; une nouvelle coalition se formait contre la France, et allait le remettre dans sa voie providentielle.

Au pays, fatigué de huit années de guerre, Bonaparte promettait une paix honorable et solide. Cette paix, il espérait l'obtenir de l'Angleterre, et il avait essayé auprès du cabinet de Londres des ouvertures directes et extra-diplomatiques, dont il augurait bien. M. de Talleyrand avait été chargé de remettre à lord Grenville une lettre authographe adressée par le premier Consul à Georges III, dans laquelle il faisait part à sa majesté britannique de son avénement au pouvoir, et la conjurait, en même temps, d'épargner à l'Europe les horreurs d'une guerre nouvelle. L'Angleterre était, en effet, l'ame de la coalition; ses trésors l'alimentaient depuis le traité de Pilnitz. La Vendée était pleine encore de ses agents, qui

allaient au premier signal rallumer la guerre civile. En attendant la réponse du cabinet de Londres, Bonaparte adressa à l'armée française une proclamation rédigée de telle sorte, qu'elle pouvait servir de précédent à une guerre imminente ou à une paix prochaine.

"

Soldats, disait-il, en promettant la paix au peuple français, j'ai été votre organe; je connais votre valeur.

« Vous êtes les mêmes hommes qui conquirent la Hollande, le Rhin, l'Italie, et donnèrent la paix sous les murs de Vienne étonnée.

Soldats, ce ne sont plus vos frontières qu'il faut défendre;

ce sont les États ennemis qu'il faut envahir.

« Il n'est aucun de vous qui n'ait fait plusieurs campagnes, qui ne sache, que la qualité la plus essentielle du soldat, est de savoir supporter les privations avec constance. Plusieurs années d'une mauvaise administration ne peuvent être réparées en un jour.

« Premier magistrat de la République, il me sera doux de faire connaître à la nation entière les corps qui mériteront, par leur discipline et leur valeur, d'être proclamés les soutiens de la patrie. Soldats, lorqu'il en sera temps, je serai au milieu de vous, et l'Europe étonnée se souviendra que vous êtes de la race des braves. »

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Pendant que cette proclamation du premier Consul allait relever le courage de l'armée, abattue par ses derniers revers, lord Grenville avait remis au roi d'Angleterre la lettre personnelle du premier Consul. Elle était conçue en ces termes :

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RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. SOUVERAINETÉ DU PEUPLE,
LIBERTÉ ÉGALITÉ.

Bonaparte, premier Consul de la République, à Sa Majesté le Roi de la Grande-Bretagne et de l'Irlande. - Paris, le 5 nivôse an VIII de la Républi ue,

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Appelé par le vœu de la nation française à occuper la première

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