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les deux ponts sont rétablis, plusieurs divisions les franchissent, et le général Kray, instruit trop tard du succès des républicains, fait marcher contre eux, de Donauwert et de Dillingen, un corps nombreux de cavalerie, qui vient se développer dans la plaine d'Hochstett. Bientôt, il sort lui-même de son camp retranché, pour prendre part, avec toutes ses troupes, à la bataille qui doit sauver ou lui enlever tous ses magasins. Un instant, l'Autrichien fait plier l'armée de Moreau; il établit, en avant de la Brentz, un corps de huit mille hommes; mais l'impétuosité française reprend le dessus. Le combat se prolonge pendant toute la soirée, au milieu des ténèbres; à onze heures du soir, Kray opére sa retraite, dans le plus grand désordre, et abandonne sa position d'Ulm, après avoir jeté une bonne garnison dans cette place. La journée dite d'Hochsttet fut pour les Français une éclatante revanche de la défaite qu'ils avaient éprouvée dans ces mêmes plaines, en 1704, sous les ordres du maréchal Tallart.

Vivement poursuivi par Moreau, Kray apprit au général républicain qu'un armistice avait été conclu entre Bonaparte et Mélas sur les rives du Pô; il lui fit proposer de suspendre également les hostilités sur les bords du Danube, jusqu'à la réponse du gouvernement autrichien. Moreau refuse toute suspension d'armes; il laisse une forte division devant Ulm, envahit la Bavière sans coup férir, et dirige le général Lecourbe sur les hauteurs d'Unter-Haussen, où Kray s'est établi à la suite de plusieurs contre-marches. Un sanglant combat s'engage dans les plaines, en vue de Neubourg. Les munitions venant à manquer, on s'aborde à l'arme blanche; une affreuse mêlée s'ensuit, au milieu de laquelle le vaillant Latourd'Auvergne de Corret reçoit un coup mortel. Quelques mois auparavant, les consuls avaient décerné à ce guerrier, issu du sang de Turenne, un sabre d'honneur et le titre de premier grenadier de la République. Aussi modeste que brave, Latour-d'Auvergne avait refusé toute espèce d'avancement, dans l'armée qu'illustrait son courage, et n'avait jamais voulu d'autre grade que celui de capi

taine. Une fête funéraire fut célébrée en son honneur, dans le mois de thermidor. Il fut en outre décrété que son nom serait prononcé chaque jour à l'appel de sa compagnie (46° demi-brigade), et que le plus ancien grenadier répondrait : Mort au champ d'honneur (3).

Le combat de Neubourg fut une défaite pour l'armée de Kray, qui battit en retraite sans pouvoir reprendre l'offensive. Tous les corps autrichiens, cantonnés dans la Bavière, se retirèrent derrière l'Inn; les Français occupèrent Munich, le 16 messidor (4 juillet); les retranchements formidables de Feldkirch tombèrent en leur pouvoir. Maîtres du Voralberg et de la vallée des Grisons, ils menaçaient Inspruck, et rien ne semblait devoir s'opposer à leur marche sur Vienne.... lorsque le 25 messidor, Moreau vit le cours de ses triomphes interrompu tout à coup par les dépêches de son gouvernement. Il reçut la nouvelle officielle de l'armistice d'Alexandrie; Bonaparte lui ordonnait de suspendre les hostilités, afin de pouvoir entamer, avec la cour de l'Empereur, des négociations qui amenassent une paix européenne. Moreau, frémissant d'impatience, s'arrêta sur la route de Vienne; il reprochait à Bonaparte d'avoir précipitamment traité avec Mélas, après la bataille de Marengo, dans le seul but de paralyser l'armée d'Allemagne et de l'empêcher d'entrer dans la capitale de l'Empire autrichien : fait d'armes dont le retentissement eût effacé tout l'éclat de la campagne d'Italie. Le vainqueur d'Hochstett aurait eu raison d'accuser ainsi le premier Consul, si celui-ci avait sacrifié les intérêts de la France, dans ses conventions avec Mélas; mais nous avons vu quelles larges concessions il avait obtenues dans les plaines de StJulien. Kray ayant proposé de nouveau une suspension d'armes, elle fut signée à Parsdorf, le 27 messidor, entre le général-major comte Dietrichteims, pour l'Autriche, et le général de brigade Victor, pour la France. L'armistice portait que les Français ne franchiraient pas les bords de l'Isar; que les impériaux se retireraient sur la droite de l'Inn, depuis la source de cette rivière jusqu'à Passau, et que les pays situés entre l'Inn, l'Isar et le Danube.

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demeureraient neutres, pendant toute la durée de la suspension d'armes.

Ainsi, en moins de deux mois le bassin du Danube se trouvait reconquis, comme celui du Pô; l'Autriche, humiliée et battue en Italie et en Allemagne, devait s'estimer heureuse d'obtenir une paix honorable, et la république, que le directoire avait livrée pieds et poings liés à la coalition, reprenait parmi les puissances continen tales, le rang qui lui était dû. La cour impériale se hâta d'accréditer un agent à Paris, le comte de Saint-Jullien. Le 9 thermidor (28 juillet), les préliminaires de paix furent signés par le premier Consul, et l'agent autrichien repartit pour Vienne, accompagné de Duroc, aide-de-camp de Bonaparte, afin de les soumettre à la ratification de son gouvernement. Mais les intrigues de l'Angleterre rallumèrent aussitôt la guerre. Cédant aux instigations venues de Londres, la cour désavoue son agent et le disgracie, ainsi que le général Kray. L'empereur vient lui-même passer son armée en revue et il en confie le commandement à un archiduc. Moreau reprend les hostilités et signifie qu'il n'écoutera aucune nouvelle proposition à moins que l'Empereur ne donne aux Français, comme un gage de ses intentions sérieuses, les places d'Ulm, de Philipsbourg et d'Ingolstadt. L'armée autrichienne était affaiblie et découragée; le peuple, épuisé par une guerre aussi longue, demandait la paix à grands cris; chaque jour des manifestations avaient lieu à Vienne, dans ce sens. L'Empereur accorda ce que demandait le général républicain; il livra les trois places, accéda à une suspension d'armes de quarante-cinq jours, et consentit à ouvrir des conférences à Lunéville, pour y régler les conditions d'une paix durable. Le frère du premier Consul, Joseph Bonaparte, et le comte de Cobentzel, pour l'Autriche, se rendirent dans cette ville, dûment munis de pleins pouvoirs.

Depuis sa rentrée à Paris, Bonaparte usait largement de la po

pularité que lui avaient value ses derniers triomphes. L'enthousiasme public ne connaissait plus de bornes, et dans les fêtes qui eurent lieu à l'occasion des conférences de Lunéville, il put voir que la France, enivrée de gloire, présentait elle-même ses bras aux chaînes brillantes qu'il lui destinait. De tous les anniversaires de la république, deux seulement avaient été conservés : le 14 juillet et le 1er vendémiaire. Le 14 juillet fut appelé, cette année, fête de la Concorde, pour marquer que tous les partis s'étaient enfin ralliés au gouvernement. Dans un grand banquet que le premier Consul donna ce jour-là, en commémoration de la prise de la Bastille, il porta ce toast: Au peuple Français, notre souverain. Le 1er vendémiaire suivant, le canon annonça, pour la neuvième fois, que la république avait été fondée à pareil jour, et que le trône ne devait plus se relever en France : banales et officielles protestations, auxquelles le peuple se laisse toujours prendre, et qu'il oublie le premier, quand toute cette fumée va rejoindre les faits dont elle n'était plus que le souvenir. Le bronze, célébrant l'anniversaire de la république, lorsque l'établissement de 1804 se préparait, et Bonaparte proclamant le peuple souverain, après le décret du 27 nivôse..... il ne fallait rien moins que les merveilleuses conceptions du plus grand capitaine des temps modernes, pour faire pardonner de telles palinodies.

Mais, tandis que l'opinion publique se manifestait hautement pour le conquérant pacificateur, deux factions préparaient dans l'ombre des complots odieux. Longtemps l'arêne politique avait été exclusivement livrée aux combats acharnés des patriotes contre les royalistes. Ceux-ci, véritables parias d'une société toute républicaine, avaient dû jusqu'alors tous leurs maux aux terroristes seuls. Tant que dura le triomphe de la Montagne, les modérés de toutes les nuances leur tendirent une main secourable. Quand le directoire se fut installé, les émissaires des Bourbons avaient trouvé, au sein même du pouvoir exécutif, des partisans secrets. A l'avénement de Bonaparte, ils crurent un instant pouvoir renouer, avec

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