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leur apportant le secours des fruits de la terre; il semble même qu'il existait là une maison commune aux lépreux. Tous ces biens étaient grevés de légers cens au profit de l'abbaye, ce qui semble bien établir qu'ils provenaient de la fondation des moines.

La charité des religieux s'exerçait enfin principalement par l'hospitalité large et ouverte que l'abbaye offrait aux voyageurs pauvres ou riches. Elle donnait le gîte et le couvert aux hommes et aux animaux. Chambres des hôtes, réfectoires, écuries occupaient une large place dans la maison religieuse. Et la plus grosse part de la dépense de bouche provenait de ce va et vient de voyageurs auxquels on offrait, comme on le voit au chapitre de la dépense, le plus large bien-être et confort.

Les distributions d'argent étaient plus restreintes que les contributions en nature. Quelques unes sont obligatoires, notamment celle du jeudi-saint aux petits enfants. La plupart des dons, dans les deux derniers siècles, sont faits à des passants et sont généralement de quelques sols: officiers sans solde, dames de qualité ruinées, un pauvre meunier dont le moulin a été brûlé par le seigneur, des nouveaux convertis, un grand nombre d'Irlandais, dont un prêtre chassé de son pays par sentence (1716), des religieux et des ecclésiastiques sans ressources, des religieuses parmi lesquelles, à plusieurs reprises, des clarisses, un cordelier en quête pour la réparation de son église, un cabaretier de Courçon « pour l'empêcher d'ôter les hardes d'un pauvre officier et de sa femme, tombés malades chez lui », des matelots et des ouvriers blessés, des victimes d'incendie, notamment en 1722, 7 livres 10 sols sont donnés « aux religieuses de Thouars brûlées », quelquefois des quêteurs pour des cuvres charitables, d'autres fois pour les captifs.

Aux mêmes chapitres des charités, sont comprises les étrennes aux domestiques, aux clercs des procureurs, au milicien de Benon, etc.

On y voit encore figurer 3 livres 5 sols de gratification donnée aux pauvres le jour de l'enterrement du père dom Keally (1716), et aussi trois offrandes à des nouveaux convertis en 1686, à eux données sur l'ordre de dom de La Thoison, religieux de la maison (à l'un 4 sols et à chacun des deux autres 3 sols 6 deniers). C'est à une somme variant de 20 à 25 livres que se monte habituellement le chapitre des aumônes en deniers au XVIIIe siècle.

§ 7. La vie matérielle.

L'absence de documents précis rend absolument impossible l'examen de la condition matérielle de la vie des religieux jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Il n'en est pas de même pour les années qui suivent. Quelques livres de comptabilité échappés à la destruction font pénétrer dans les détails des opérations journalières de l'abbaye. Le relevé des points les plus saillants de cette comptabilité permet de mettre en lumière quelques traits de l'existence des religieux et de fournir des données intéressantes sur le prix des choses à un ou deux siècles en arrière. Ces relevés ne sont point insignifiants, car ils peuvent servir de comparaison avec les usages des temps modernes. Tel est le motif qui semble justifier les considérations qui vont suivre.

Revenus de l'abbaye. Ces revenus peuvent s'établir d'une façon certaine de 1683 à 1741.

De 1683 à 1709, ils ne dépassent pas 2,000 livres qui suffisent, à 150 livres près en moyenne, aux besoins de l'abbaye. Pendant cette période de temps, les abbés avaient appliqué tout leur soin à remettre l'abbaye en possession des biens qui avaient été accaparés par des usurpateurs à la faveur des guerres de religion. Ils avaient même pris soin d'aller rechercher dans tous les fonds d'archives, et jusqu'en Angleterre, les titres et les documents qui permettaient de retrouver et de faire valoir en justice les droits des religieux. Et leurs efforts avaient été souvent couronnés de succès.

Aussi, à partir de 1709, les revenus de l'abbaye s'augmentent-ils, et dès 1712 les voit-on dépasser 5,000 livres. En 1712, ils sont de 6,666 livres 6 sols 2 deniers; en 1734, de 12,251 livres 11 sols; en 1738, de 22,342 livres 13 sols 2 deniers. Les années suivantes ils varient de 15,000 à 18,000 livres. Aussi pendant ces dernières années les revenus dépassaient-ils les dépenses de 1,000 à 1,500 livres en moyenne.

Les dépenses consistaient en travaux de réparations et de constructions de l'abbaye, en fournitures pour la sacristie, en dépenses d'exploitation, de vêtements, de mobilier, de bibliothèque, de voyages, de médecins, d'oeuvres charitables, dont les principaux traits seront mis en lumière dans les chapitres suivants.

La comptabilité était tenue d'une façon rigoureuse, sous la

surveillance de commissaires et de vérificateurs délégués par la maison-mère de Clairvaux. Il paraît intéressant de rappeler les vérifications relevées sur les registres de comptabilité, étant donné que l'on y retrouve la trace du passage des personnages importants de l'ordre.

Voici la date des vérifications avec le nom des commissaires vérificateurs :

1684, 8 août. Le frère C. Brisebarre, commissaire de monseigneur de Clairvaux, et le frère Joseph Brezard, secrétaire. 1686, 12 août. Le frère F.-E. de La Thoison, commissaire. 1687, 18 janvier. Le même et le frère A. Proust, vicaire général de l'ordre de Citeaux, en la province de Poitou, assisté du frère B. Guichardet, adjoint.

1712, 1717. M. Desmoulins, prieur de Clairvaux, visiteur et vicaire général; Denize, secrétaire.

1719, 2 août. Le frère Auguste Gorilleau, visiteur commissaire; le frère C.-G. Lempereur, adjoint.

1721, 31 juillet. Le frère Robert Gassot, abbé de Clairvaux, de l'ordre de Citeaux, au diocèse de Langres, l'un des premiers pères dudit ordre, supérieur immédiat de l'abbaye de La GrâceDieu, assisté du frère C.-G. Lempereur, prieur des Châteliers, du frère Bouchereau, prieur de Moreilles, et du frère Chappuis, secrétaire.

1722, 1723, 1724. Le frère Malfillâtre, vicaire général, visiteur, assisté du frère Bouchereau, prieur, et du frère François Le François, secrétaire.

1726, 9 juillet. Les mêmes visiteurs, assistés du frère Chabry, adjoint.

1728, 12 juin. Le frère Malfillastre, abbé de Chaloché, vicaire général, assisté du frère Perron, adjoint.

1729, 23 juillet. Le frère Chappuis, vicaire général, assisté du frère P. Absolut, adjoint.

1730, 6 mai. Le même, assisté du frère N. Jourdain, adjoint. 1733, 9 septembre. Le frère Mayeur, procureur de l'abbaye de Clairvaux, assisté du frère Piou, adjoint.

1734, 28 septembre. Le frère Foyot, visiteur commissaire, assisté du frère Millot, adjoint.

1736-1738. Le frère C.-F. Léoutre, abbé de Grosbos 1, vicaire général, assisté du frère Charrasse, adjoint.

1. Grosbos, abbaye au diocèse d'Angoulême.

1740. Le frère S. Merlet, adjoint (sans mention de visiteur). 1742-1744. Le frère C. F..., abbé de Grosbos, vicaire général, assisté du frère Antonie Saurel, adjoint.

§8.- Conflits entre les abbés commendataires et les religieux.

A compter du moment où l'abbaye devint en commende, et où les abbés ne partageaient qu'accidentellement les charges de l'abbaye dont ils étaient la plupart du temps éloignés, de nombreuses difficultés surgirent entre les abbés et les religieux pour le partage des revenus.

Les pièces justificatives publiées à la suite de ce mémoire contiennent de nombreux renseignements sur ces conflits et sur les tentatives qui eurent lieu pour les faire cesser.

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En 1604 intervint un concordat passé par dom Adrien de La Fontaine, vicaire général de l'ordre de Citeaux, et aussitôt après la visite de celui-ci. Il y est dit que, comme l'abbé avait peu de revenus, la rente due aux deux religieux et au novice qui habitaient le monastère, serait fixée en blé, en vin et en quelque somme d'argent pour leur vestiaire. L'abbé de La Rochefoucauld avait ensuite porté la pension des religieux à 850 livres, savoir: 450 livres à prendre sur la petite abbaye de La Névoire et 400 livres à prélever sur les fermes de l'abbaye. Puis, dans un concordat du 19 août 1631, on porta ladite pension au chiffre de 1,000 livres, plus le bois nécessaire aux religieux à prendre sur les bois de la terre.

Au milieu du XVIIe siècle, surgit un nouveau conflit lors duquel les religieux sont représentés, contre l'abbé Chevrauld, par MichelPothier, religieux et célerier de l'abbaye des Châteliers, procureur général de l'abbaye de La Grâce-Dieu et des autres monastères cisterciens du Poitou, de l'Angoumois et de la Saintonge, charge à laquelle il avait été nommé par commission du 16 novembre 1642. Mais entre temps on reproche aux religieux de dégrader les bois futaies de l'abbaye.

L'abbé Morisset se décide alors à en informer. Un arrêt intervint interdisant aux religieux de couper le bois à moins qu'il ne fût marqué. On leur demandait aussi la restitution des sommes encaissées indûment par l'abus qu'ils avaient fait de leur exploitation, pour être employées aux réparations de l'abbaye; la demande comprenait en outre la restitution de 200 livres pour la jouissance de la seigneurie du Cellier-Maubert dont ils s'é

taient emparés indûment, puis d'une somme de 700 livres que les religieux avaient trouvée dans le coffre d'un religieux après sa mort; le tout devait être employé aux réparations de l'abbaye. On exigeait en outre que le nombre des religieux de l'abbaye fût au minimum de trois. L'abbé Chevrauld offrait de prouver que la plupart du temps il n'y en avait qu'un à l'abbaye. En 1653, la cour ordonne une enquête. L'abbé de Clairvaux envoie des commissaires pour s'occuper des déportements des religieux et établir un commissaire à l'abbaye. A la suite de toutes ces difficultés, une visite eut lieu, faite par dom Fiacre Lemercier, prieur de Fontaine, et Daniel, vicaire général de l'abbé de Clairvaux en Poitou, Aunis et Saintonge, et le commissaire rendit hommage au zèle et à la bonne administration de l'abbé. En 1657, les dissensions intérieures furent momentanément réglées par une transaction signée, d'une part, par Pierre Henry, abbé de Clairvaux, supérieur immédiat de La Grâce-Dieu, assisté de dom Fiacre Lemercier, du prieur claustral Jacques Joubert et du célerier Aimé Gaucher, et, d'autre part, de l'abbé Élie Chevrauld. On prend pour base le concordat de 1631 en ajoutant 460 livres d'augmentation. L'abbé devait conserver pendant sa vie tous les autres revenus. Il est toutefois stipulé que la part affectée aux religieux sera diminuée de 240 livres par tête de religieux manquant au nombre de trois, minimum fixé par le règlement.

Mais les difficultés sont sans cesse renaissantes.

Déjà, en 1701, sous l'abbé Morisset, on trouvait la trace de la situation toujours tendue entre les abbés et les religieux. On prétendait alors que les possesseurs de bénéfices n'étaient que de simples usufruitiers qui n'étaient tenus qu'à l'entretien de l'abbaye. L'abbé Morisset, de ce chef, avait affecté 140 livres à l'entretien de l'abbaye et aux ornements de l'église; il prétendait en outre que par le fait que, depuis quelques années, il n'y avait que deux religieux à l'abbaye, ceux-ci avaient reçu 600 livres en trop par chacun an, qu'ils devaient être tenus à la restitution de cette somme pour en affecter le montant aux réparations. Les religieux s'y refusaient et un procès était né de cette résistance.

Un intéressant mémoire publié aux pièces justificatives donne des détails très circonstanciés sur les divisions qui existaient encore entre les religieux et l'abbé de Rézé qui occupa le siège abbatial de 1701 à 1736.

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