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Comment Theodomir et quelques autres grands s'accordèrent-ils si promptement avec les généraux maures, et traitèrent-ils de leur soumission au calife? Comment enfin la reine catholique Egilona, veuve de D. Rodrigue se maria-t-elle avec le musulman Abdalaziz?

La monarchie des Goths fut détruite par les mêmes causes qui ont détruit d'autres grands empires, le mauvais gouvernement. Les causes politiques agissent de la même manière que les causes naturelles : une terre inculte ou mal travaillée ne produit rien, ou ne produit que peu ou de mauvaises plantes; quand elle est bien cultivée, au contraire, les fruits les plus exquis y croissent abondamment. Une nation bien gouvernée peut multiplier à l'infini ses richesses et ses forces, et sans un bon gouvernement, au contraire, les nations les plus fortes et les plus opulentes s'apauvrissent, s'affaiblissent et disparaissent.

CHAPITRE II.

Sage politique des Maures dans leur conquête et leur gouvernement de la Péninsule.

Les califes et leurs généraux furent plus sages que les Goths, dans leur conquête de la Péninsule; il savaient que pour affermir la domination et la rendre plus supportable, il convient, non de détruire mais de conserver et de protéger les anciens propriétaires, et de respecter surtout leurs droits, leur religion, leurs mœurs et leurs coutumes.

Casiri publia les capitulations convenues entre le général mahométan Abdalaziz et le prince goth Théodomir, en l'an 712; par ces capitulations le général accordait à tous les sujets de ce prince la liberté, la propriété et le libre exercice de la religion catholique, et livrait au prince les villes d'Orihuela, Alicante, Lorca et quelques autres lieux, sans autre charge

noble, d'un aureo,

de

que la contribution annuelle, pour chaque

quatre mesures de blé et autant d'avoine, quatre mesures de vin et deux de vinaigre, et deux de miel et d'huile, et pour chaque plébéien la moitié de ces redevances. (1)

Dans un autre écrit de l'an 734 on voit les obligations qu'Albohacem, gouverneur de Coimbra, imposa aux chrétiens de cette ville, et les droits qu'il leur accorda. Leurs contributions devaient être doubles de celles que payaient les Maures; chaque église était imposée 25 piastres d'argent, et chaque monastère 50; mais il permit aux chrétiens d'être gouvernés par un comte de leur nation, qui administrait la justice d'après leurs lois, mais qui ne pouvait appliquer la peine de mort sans que ce jugement ne fût approuvé par l'alcade ou par l'alguasil maure. Il ordonna aussi que les chrétiens des petites villes nommeraient euxmêmes leurs juges, et que si un chrétien blessait ou maltraitait une Mauresque, il serait obligé, s'il était célibataire, d'embrasser la re

(1) Bibliotheca Arabico-Escurialensis, t. 2, p. 105.

ligion de l'outragée, et de l'épouser, ou condamné à mort s'il était marié. La même peine était portée contre tout chrétien qui entrerait dans une mosquée des Maures, ou blasphêmerait Mahomet. Enfin, il était ordonné aux prêtres chrétiens de célébrer leurs mystères à porte close. (1)

Pendant quelques années il y eut assez de changemens dans le sort des villes conquises, selon que le génie des chefs militaires qui les commandaient était plus ou moins féroce, ou que la résistance avait été plus ou moins obstinée. Abderrame fixa ensuite les contributions au dixième des produits pour les villes qui s'étaient volontairement soumises, et à un cinquième pour celles qui avaient été prises de vive force. (2)

Malgré la haine et le mépris avec lesquels on considère généralement les mahométans, si on examine leur politique dans cette conquête, on la trouvera moins cruelle et beaucoup plus raisonnable que celle des Goths, et

(1) P. Florez, Espagne sacrée, tom. ro, trat. 33, c. 7. (2) Chronique du Pacense.

même que la politique de beaucoup d'autres nations antiques et modernes, regardées comme éclairées et civilisées; car il était bien moins onéreux pour les propriétaires de payer un 10', ou 20 pour cent au plus, de leurs revenus, que d'être entièrement dépouillés de leurs biens, selon l'habitude des Romains, ou de n'en avoir que la troisième partie, selon la coutume des Goths.

Cette différence dans la manière de traiter et de considérer les vaincus, fut ce qui contribua le plus à affermir la domination des mahométans en Espagne. Les peuples dégoûtés de la dure oppression du gouvernement des Goths, devaient peu regretter de se soumettre à un gouvernement plus doux. Tout cède à la fin à l'intérêt personnel. Quelque attachement que nous portions aux lois, aux usages et aux coutumes, par l'habitude de l'éducation, il s'affaiblit et change lorsque l'esprit, fatigué des maux et des calamités de la guerre, ou mieux éclairé par l'expérience et la comparaison des faits et des évènemens publics, se replie sur lui-même, calcule et se détrompe de beaucoup. de préjugés, qui jusqu'alors lui avaient paru

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