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du Louvre possède l'esquisse de ce tableau célèbre); Apollon instruisant Vulcain des amours de Mars et de Vénus, et cent autres tableaux de Velasquez de Silva (voy. VELASQUEZ), conservés à l'Escurial et au Pardo, qui sont des témoignages de la supériorité irréfragable de ce maître sur ses compatriotes de tous les âges, et l'ont fait nommer le coryphée de l'école nationale et de celle de Madrid en particulier. En effet, aucun artiste espagnol n'a possédé à un plus haut degré les parties élevées et essentielles de l'art; | Luca Giordano voyait en lui la théologie de la peinture.

Alors les arts, en Espagne, et principalement la peinture, étaient à leur apogée; mais à la mort de Philippe IV, en 1665, ils périclitèrent, comme ils avaient fait à la fin du xvi et au commence

ment du xvII° siècle; ils faillirent même s'éclipser entièrement. Il était réservé à Philippe V de leur tendre une main secourable. Dès que ce petit-fils de Louis XIV se sentit affermi sur son trône, on le vit mettre à profit les grandes leçons qu'il avait puisées à la cour de son aïeul, en faisant venir de France et d'Italie des peintres et des sculpteurs pour orner le palais de Saint-Ildefonse, élevé par ses soins à l'imitation de celui de Versailles, en envoyant de jeunes peintres étudier les arts en Italie, en réunissant à grands frais des tableaux de maîtres, et en acquérant la précieuse collection d'antiquités de la reine Christine de Suède. L'effet de ces soins généreux fut de répandre le goût des arts, de les mettre en honneur, de leur créer des protecteurs parmi les nobles de sa cour, et de faire fleurir trois génies qui rendirent à la peinture sa splendeur passée : Alonzo Cano, de Séville, mort en 1667, qu'on a comparé, non sans raison, à Michel-Ange, comme peintre, sculpteur et architecte, et dont le Musée royal du Pardo, près de Madrid, possède deux chefs-d'œuvre : saint Germain de Rodillas entendant la trompette du jugement dernier, le Christ mort soutenu par un ange, et le Musée du Louvre une Descente de croix, outre onze autres tableaux parmi lesquels est le portrait du célèbre Calderon de la Barca; François Zurbaran, mort en

1662, le peintre des expressions sombres et réfléchies, des exaltations mystiques, que son Apothéose de saint Thomas d'Aquin, exposée au Louvre en 1815, a fait connaître en France, et dont le saint François en extase, et près de 80 autres tableaux, exposés aujourd'hui dans le même palais, justifient la grande réputation; enfin Murillo, mort en 1682, l'étoile fixe de l'école de Séville, l'élève et l'ami de Velasquez, celui des peintres de sa nation, qui marche immédiatement après l'illustre ami et imitateur de Rubens et qui peut lui être comparé pour la belle entente du clair-obscur et du coloris, la facilité et la grâce du pinceau, la naïveté et le charme de l'expression. Son Adoration des bergers, les deux tableaux retraçant l'origine de Sainte-Marie - Majeure, à Rome, sa Sainte Élisabeth de Hongrie soulageant les pauvres, que le Louvre possédait en 1815, son mystère de la Conception de la Vierge, son Jésus au jardin des Oliviers, son Père éternel contemplant l'enfant Jésus, son Jeune mendiant, restés dans ce Musée; enfin les 40 tableaux de sa main dont on a entouré son portrait, peint par lui-même, dans la nouvelle Galerie espagnole qu'on y a jointe, tableaux parmi lesquels il faut citer le Christ et saint Jean aux bords du Jourdain, l'Enfant prodigue, la Reine des anges, la Vierge à la ceinture, Saint Rodriguez, Saint Bonaventure écrivant ses mémoires, absoudront du reproche d'exagération les critiques qui l'ont placé sur la même ligne que Van Dyck*.

Les élèves immédiats de ces grands peintres soutinrent faiblement l'école qu'ils avaient régénérée. Claude Coello, de Madrid, mort en 1693 du chagrin d'avoir vu Luca Giordano, appelé d'Italie pour peindre les voûtes de l'Escurial, achever de perdre l'art par une facilité plus séduisante que savante, fut néanmoins un peintre de premier ordre, comme on en peut juger par son tableau de l'Eucharistie, dans la sacristie de l'Escurial, et son Apparition de l'enfant Jésus à saint François, galerie du Louvre, ouvrages où l'on reconnaît une ten

(*) Voy. ces articles de tous ces peintres qu'on vient de passer rapidement en revue. S.

tels que Catalogo de los cuadros que existen colocados en el real Museo de pinturas del Pardo, Madrid, 1824; Notizia de los cuadros que se hallan collocados en la galeria del Museo del Rey, sito en el Pardo de estu corte, Madrid, 1828, etc.; puis à la Coleccion lithografica de cuadros del Rey de España el señor don Fernando VII, que se con

Academia de San-Fernando, con inclusion de los del real monasterio del Escurial; obra dedicada a S. M., y litografiada por habiles artistas, bajo la direccion de don José Mussoy Valiente, Madrid, 1826; à l'ouvrage El Real Museo, de don Mariano Lopez Aguado, Madrid, 1835; au Viage artistico à varios pueblos de España, con el judicio de las obras de las tres nobles artes que en ellos existen y epocas à que pertinecen, Madrid, 1804; enfin au chapitre que M. Viardot a consacré au musée de Madrid dans ses Études sur l'histoire des institutions de la littérature, du théâtre et des beauxarts en Espagne, Paris, 1835. Quant à la belle collection Hope, de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, on trouvera sur elle quelques renseignements dans la notice et dans l'ouvrage qui ont été indiqués au mot ERMITAGE. S.

dance marquée vers les doctrines pittores- | ques du Titien, de Rubens et de Van Dyck. Le premier rappelle A. Cano pour le dessin, Murillo pour la couleur, Velasquez pour l'effet. Mais cet ouvrage magnifique est peut-être le dernier fleuron de la couronne artistique de l'Espagne, car, depuis, la peinture a constamment été en décadence. En vain Ferdinand VI établit-il à Madrid cette Académie de pein-servan en sus reales palacios, Museo y ture, sculpture et architecture, projetée par son père Philippe V, sur le modèle de celle de Paris; en vain Charles III, son successeur, érigea-t-il en Académie royale celle qui avait été fondée à Valence en 1752 par des particuliers, et confia-t-il au savant Preziado la direction des études des élèves qu'il envoyait à Rome; en vain appela-t-il à sa cour Raphael Mengs, dans l'espoir que la vue des nombreux ouvrages qu'il lui confierait exciterait une salutaire influence sur le goût de ses sujets : tant d'efforts furent inutiles, aucun peintre vraiment capable ne signala cette époque funeste. Le roi Charles IV | était trop peu porté aux grandes entreprises; l'art était trop pour lui une marchandise pour qu'il pût le tirer de sa langueur. Néanmoins l'école moderne de la Péninsule n'est pas entièrement dénuée de sujets dignes d'estime : Fr. Goya, peintre de Charles III en 1780, dont le Louvre contient plusieurs ouvrages; Jos. Madrazo, Mariano Sanchez, Bartholomeo Montalvo, enfin Jos. Apari-parlée pendant quatre siècles des rives de cio, élève de David, à Paris, et de l'académie d'Espagne à Rome, et dont le salon de 1806 au Louvre nous a offert un épisode de l'épidémie d'Espagne en 1804 et 1805, tableau plein de sentiment et de science pittoresque, sont des artistes qui ont contribué par leurs ouvrages à rétablir l'honneur et la gloire de l'école espagnole. L. C. S.

Il est à désirer qu'un savant connaisseur réunisse bientôt, dans une description générale, tous les tableaux de l'école espagnole que possède Paris, c'est-à-dire ceux du Musée, ceux de la nouvelle Galerie Louis-Philippe, ceux du maréchal Soult, de M. Aguado, etc. Pour ceux, en plus grand nombre et surtout plus célèbres qui sont restés en Espagne, nous renvoyons les lecteurs aux livrets des musées royaux,

ESPAGNOLES (langue et littÉRATURE). 1° Langue. Le latin, cette noble langue-mère qui fut universellement

a

l'Euphrate au détroit de Gibraltar, laissé, en se retirant parmi les langues mortes, trois beaux rejetons : l'italien, le français, l'espagnol, tous trois d'une filiation facile à reconnaître quoique chargés de boutures étrangères. Ainsi, pour ne parler que de la langue espagnole, au moment où les formes latines telles qu'elles avaient été consacrées par les auteurs de la cour d'Auguste cominencent à s'altérer et marchent vers une décadence qui n'est au fond qu'une transformation, le torrent des peuples germaniques se pré| cipite sur la Péninsule: après les Alains, les Vandales, les Suèves, dont les deux premiers ne font que passer, dont le dernier se contente d'un coin de la terre qu'il a envahie, les Visigoths arrivent et fondent un empire qui va durer trois

siècles. L'élément germanique, ainsi établi dans cette terre méridionale, y exercera une action puissante dont les traces ne s'effaceront point; il contribuera à la for- | mation de la nouvelle langue vulgaire qui servira de lien encore imparfait entre les vainqueurs et les vaincus; il y introduira quelques traits d'une physionomie tudesque, à côté des traits toujours dominants du latin. Mais à peine les hordes du Nord ont-elles eu le temps de s'asseoir et de commencer le travail de leur civilisation, qu'une autre multitude accourue du côté du Midi leur enlève leur conquête et les refoule au pied des Pyrénées. Celle-ci, à la langue déjà harmonieuse et élégante, aux mœurs déjà polies, semble d'abord exercer une influence toute-puissante; tous les chrétiens qui ont accepté le joug arabe oublient le latin corrompu qu'ils parlaient auparavant, à tel point que, d'après le témoignage d'un évêque du 1x siècle*, sur mille chrétiens espagnols il s'en trouvait alors à peine un seul capable de comprendre le latin de la messe, tandis qu'un grand nombre d'entre eux s'exprimaient élégamment en arabe. Cependant les chrétiens, un moment oubliés dans les montagnes des Asturies, en sortent pour reprendre pied à pied la terre qui leur a été ravie. La langue vulgaire, le romanzo, suit les mêmes destinées que le peuple qui la parle d'abord méprisée et considérée plutôt comme un patois que comme un idiome, elle acquiert peu à peu un développement considérable; on remarque alors une forte ressemblance entre ce romanzo et celui qui se parle en France le long des côtes de la Méditerranée, et aussi avec celui qui a succédé dans l'Ita- | lie elle-même à la langue de Virgile. Seulement, tandis que du x11 au XII siècle le romanzo du midi de la France et celui de l'Italie ont acquis un haut degré de perfection, que le premier, sous le nom de provençal, est devenu la langue favorite des poètes et des princes, que Dante va bientôt employer l'autre à construire la magnifique épopée des doctrines catholiques, le romanzo des Espagnes, bien plus lent dans sa marche, ne donne

(*) Alvaro, évêque de Cordoue, auteur de

l'Indiculo luminoso.

encore que de lointaines espérances. Il s'est divisé en trois idiomes : le castillan, le galicien et le catalan; c'est dans celuiei surtout qu'on trouve de l'analogie avec le limousin et avec le provençal. Les deux autres conservent une physionomie plus distante. Le catalan, grâce à ses rapports presque identiques avec la langue des troubadours, fait de plus rapides progrès; mais, par une conséquence nécessaire aussi, il ne tarde pas à déchoir; l'éclat dont il a brillé un moment n'était qu'un reflet de l'éclat plus vif de cette poésie qui enchantait alors les cours d'Aix et de Toulouse, et l'un et l'autre ont dû pâlir et s'éteindre ensemble. Au contraire le galicien et le castillan sont restés éminemment nationaux ; tous deux, en s'élevant à la poésie, ont tiré leurs accents des émotions, des espérances, de la vie même des peuples au sein desquels ils se sont développés; ils ont grandi au milieu de la lutte incessante des chrétiens contre les Maures, et tous les accidents de cette lutte, les chants de triomphe, les cris douloureux de la défaite, le cliquetis des armes, les sanglots des mourants, y ont trouvé un écho retentissant et fidèle. Le castillan est devenu la langue de Léon, quand ce royaume s'est absorbé dans la Castille; et dès lors il a régné sans rival au centre de la Péninsule. Le galicien s'est étendu le long des côtes de l'Atlantique avec les armes victorieuses qui fondaient le royaume de Portugal, et il est devenu, lui aussi, une langue indépendante qui doit, sous le nom de portugais (voy.), parvenir à de brillantes destinées. Nous n'avons point à nous en occuper : notre tache se borne à parler de cette langue castillane qui a réuni sous les lois d'une seule grammaire tous les dialectes de l'Espagne, à l'exception du dialecte occidental, de même que les rois castillans ont étendu leur sceptre sur Léon, sur Tolède, sur Valence, sur Grenade, sur toutes les villes couronnées de l'Espagne, sur toutes, sauf celle qui siége à l'embouchure du Tage et qui vit jadis la flotte de Vasco de Gama déployer ses voiles pour aller découvrir le monde oriental.

Des trois dialectes bien distincts sortis de la langue vulgaire parlée sous la domination des Visigoths, le castillan est celui

qu'ils l'ont changé contre le son de l's ou du z. D'un autre côté, il paraîtra peut-être bizarre que la prononciation germanique, répandue avec le torrent des Barbares victorieux sur toute la surface de l'Europe centrale et méridionale, n'ait laissé cette trace marquée de son influence que dans une des contrées où elle a dû le moins agir, puisqu'elle était une des plus éloignées de son point de départ, et que l'on sait d'ailleurs qu'entre tous ces conquérants de l'empire romain les Visigoths, comme leurs frères les Ostrogoths, se montrèrent constamment enclins à prendre les mœurs, les habitudes, le langage des vaincus plutôt qu'à leur imposer les leurs. Ces considérations,jointes au séjour si long que les Arabes firent dans la Péninsule, à cette conquête bien autrement enracinée que celle des Visigoths, au degré tout autre de civilisation auquel ils étaient parvenus lorsqu'ils l'accomplirent, enfin à la part éclatante et incontestable que leur littérature a eue dans la formation de la littérature castillane, tandis qu'on n'y retrouve aucun air de famille avec le génie des peuples germaniques, nous porteraient à penser que l'opinion qui fait dériver de leur prononciation l'un des caractères les plus frappants de la prononciation castillane reste toujours la plus vraisemblable*.

qui a conservé dans un grand nombre de mots le plus de traces de l'influence germanique. Plus tard, nul doute que le contact continuel avec les Arabes, tantôt sur les champs de bataille, tantôt durant les courts intervalles de paix, dans les fêtes que les cours chrétiennes et mauresques célébraient à l'envi, nul doute aussi que la réunion successive à la couronne de Castille de tous ces royaumes maures pleins de chrétiens qui s'étaient si bien accoutumés au langage de leurs conquérants, n'aient mêlé au castillan une foule de mots et de locutions arabes. Nous pouvons donc nous représenter cette langue comme ayant le latin pour base constitutive et primordiale, et pour éléments qui ont concouru d'une manière secondaire à sa formation, le visigoth et❘ l'arabe. Quant à l'idiome antique qu'on parlait dans la Péninsule avant l'invasion romaine, il ne paraît pas qu'il en subsiste des traces sensibles dans le castillan, non plus que dans aucun des autres dialectes qui ont succédé à la dénomination de la langue latine (voy. IBÈRES). Si, comme il y a apparence, cet idiome est le même que celui des peuples basques (voy.), on peut assurer qu'il n'existe aucune analogie entre lui et l'espagnol.-Il s'agirait maintenant d'examiner lequel, de l'arabe ou du visigoth, a fourni de vastes emprunts à la langue castillane. Ici se présente tout de suite une question assez difficile à résoudre: d'où vient dans le castillan cette aspiration gutturale qui forme l'un des caractères les plus frap-à-fait national. Il ne faut jamais perdre pants de sa prononciation? L'opinion la plus ancienne et la plus générale l'attribue à l'influence de l'arabe, dans lequel cette aspiration se retrouve; des auteurs récents ont cru cependant pouvoir le faire dériver du visigoth qui, selon eux, se serait maintenu plus intact dans les montagnes de la Castille que dans les autres parties de l'Espagne : l'aspiration gutturale existant dans les langues germaniques aussi bien que dans l'arabe rendrait cette supposition admissible. Une chose remarquable, c'est que les Portugais, qui n'ont pas eu moins de rapports que les Castillans avec les Arabes, n'ont point adopté le son guttural dans les mots qu'ils ont empruntés à ceux-ci, mais

Nous avons remarqué que le développement de la langue castillare, plus lent que celui de la plupart des idiomes de famille romane, eut un caractère tout

de vue cette vérité en étudiant la langue et la littérature espagnoles: ce n'est pas dans les palais des grands, au milieu du luxe et de l'oisiveté des cours que cette langue a pris forme, a revêtu ses premiers ornements, que cette poésie a déroulé ses premières images et ses premières inspirations; c'est sur les champs de bataille. Ce n'est pas dans l'esprit de quelques écrivains d'élite qu'elles ont été élaborées et façonnées : c'est du

(*) Ce caractère a pu aussi être le produit du sol même de l'Espagne. On sait que Cicéron, dans son ouvrage de Divinatione, parle de la langue des Ibères comme d'un idiome dur à l'oreille ainsi qu'au gosier; et Martial, Espagnol de naissance, n'en donne pas une idée plus avantageuse.

S.

cœur de tout un peuple guerrier qu'elles se sont spontanément élancées.

sons guerrières et populaires dont les recueils sont encore aujourd'hui une des plus grandes gloires de la langue dont nous nous occupons. Ce mètre d'ailleurs n'a point perdu de son importance à mesure que la langue et la littérature ont marché. La poésie dramatique l'a adopté, et c'est lui que Lope de Véga et Caldéron ont employé de préférence dans leurs nombreuses et brillantes productions.

Un peu plus tard que les redondilles, naquirent les stances dactyliques appelées versos de arte mayor. Ce mètre lourd, traînant, imparfait, prospéra peu. Les alexandrins, employés dans de longs poèmes par des moines qui les imitaient des hexamètres latins, ne devinrent point populaires. Le sonnet, importé sans doute de Provence en Espagne et essayé par quelques poètes, fit cependant à cette époque une fortune assez peu brillante.

Ainsi, dans ces premiers temps, le castillan se borne à peu près à une seule forme poétique, toute originale et parfaitement propre aux sujets qu'elle doit revêtir. Dans cette forme se glisse par les rimes quelque imitation de la ma

A quelle époque ce peuple a-t-il commencé à mêler des chants à ses cris de guerre? Il serait difficile de la fixer nettement; quoique les plus anciennes romances écrites ne remontent pas au XIIe siècle, on peut, sans trop craindre de se tromper, présumer que plus d'un siècle auparavant, que du temps du Cid, par exemple, la mémoire des actions glorieuses était déjà conservée dans ces mètres faciles qu'on nomme redondillas. Les redondillas, formes poétiques particulières aux Portugais et aux Castillans, sont des espèces de chansons en vers composées toutes également de quatre pieds trochaiques. A la fois harmonieuses et simples, ces chansons avaient encore le mérite d'être d'une facture si aisée que chacun, au besoin, pouvait en improviser; d'autant plus que dans ces premiers temps on ne regardait encore de près ni à la distinction des syllabes en longues et brèves, ni à l'exactitude des rimes. Il est vrai qu'on ne tarda pas à ajouter quelques règles à ces règles si simples. Ainsi, lorsqu'au lieu de raconter des faits on voulait exprimer des pen-nière des Arabes. La poésie, d'après une sées, il devint d'usage de couper les redondilles en strophes régulières, appelées stances ou couplets (estancias ou coplas). Quelquefois aussi, pour varier le rhythmne, on s'avisa d'entremêler aux vers des redondilles des vers qui n'avaient que la moitié de leur mesure; enfin à l'imitation des Arabes, les poètes espagnols composèrent de longues romances dont tous les seconds vers finissaient par la même rime. Puis vint encore une autre recherche : ce fut de substituer à la rime exacte ou pleine une rime imparfaite qui était l'écho de la voyelle et non de la consonne finale du vers auquel elle répondait. De là vint cette distinction des rimes en assonnantes et consonnantes, qui n'est guère connue que de la nation espagnole (voy. AssONNANCE). On nous pardonnera d'avoir si longuement parlé des redondilles, si l'on considère qu'elles ont été la forme primitive de la poésie espagnole, et comme le moule nécessaire dans lequel devaient être jetées ces belles chan

loi reconnue pour être d'application universelle, a grandi et s'est développée longtemps avant la prose; elle a servi à tout, et l'on nous cite des chroniques, entre autres celle d'Alphonse XI, écrites tout entières en redondillas. Ce n'est guère que vers le milieu du xive siècle que la prose commence à devenir en usage à son tour; au xv, sous le règne célèbre de Jean II (voy.), elles prennent l'une et l'autre un essor rapide et rivalisent à qui fera les plus grands progrès; la langue s'y montre encore dans son énergie naturelle et sans aucun secours étranger. Mais au xv1° siècle, l'admiration passionnée pour l'antiquité passe d'Italie en Espagne; le castillan subit alors l'effet d'une double imitation : l'imitation des classiques anciens de la Grèce et de Rome, l'imitation des classiques nouveaux produits par la moderne Italie. Il s'assouplit, devient plus élégant et plus varié dans ses formes; une foule de tours nouveaux sont introduits; les formes poétiques italiennes, et surtout celle

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