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sept années que ce grand poète dut passer à l'hospice des fous, soit qu'il ait effectivement aimé la princesse Éléonore, sœur du duc, soit que dans la vivacité de ses sentiments il eût franchi à l'égard du prince les bornes de la con

venance.

Malgré trois mariages successifs, Alphonse II demeura sans enfants: alors il choisit pour lui succéder son cousin CÉSAR (mort en 1628), fils naturel d'Alphonse Ir. Quand celui-ci prit le gouvernement, le pape Clément VIII contesta la légitimité de ses droits, et décréta que tous les fiefs spirituels de la maison d'Este feraient retour à l'Église. César

eut la faiblesse de céder aussitôt aux menaces et aux troupes du pape, et d'abandonner Ferrare avec les autres fiefs ecclésiastiques. Mais comme l'Empereur ne lui contestait pas son droit de succession aux fiefs de l'Empire, il conserva Modène et Reggio. Cependant il eut à soutenir contre la république de Lucques deux guerres pour la possession de Garfagnana, jusqu'à ce qu'enfin l'intervention de l'Espagne mit fin à cette contestation. La grande violence de caractère d'ALPHONSE III, son fils et son successeur, fit d'abord craindre un règne dur et tyrannique, mais la mort d'une femme tendrement aimée, Isabelle de Savoie, produisit en lui un changement complet, et bientôt une extrême douceur succéda à cette violence. Il abandonna même le gouvernement à son fils ainé François, et se retira, sous le nom de frère JeanBaptiste de Modène, dans un couvent de capucins au fond du Tyrol, où il termina ses jours dans la méditation et en se livrant à des œuvres de piété. Depuis la perte de Ferrare, la maison d'Este ne brillait plus que d'un reflet de son antique gloire.

FRANÇOIS Ier, fils d'Alphonse III, mourut en 1658 : il eut pour successeurs ALPHONSE IV, mort en 1662, FRANÇOIS II, morten1694,et RENAUD,en 1737.Cedernier, qui avait été cardinal auparavant, épousa Charlotte-Félicité de Brunswic, fille du duc de Hanovre, et réunit par cette alliance les branches de la maison d'Este séparées depuis 1070. Son fils FRANÇOIS III (mort en 1780) rendit

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quelques services aux sciences. Muratori et Tiraboschi, ses sujets, étaient pensionnés sur son trésor. HERCULE III, le dernier duc de Modène, de Reggio et de la Mirandole, maria sa fille unique MARIEBEATRIX à l'archiduc Ferdinand d'Autriche (voy. ci-dessous), frère de l'empereur Léopold II, et de ce mariage naquirent plusieurs fils et une fille, MarieLouise-Béatrix, qui fut l'une des femmes de l'empereur François. Hercule, qui par sa passion de s'enrichir avait perdu l'amour de son peuple, s'enfuit à Venise lors de l'approche des armées françaises en 1796. Modène et Reggio furent, en 1797, incorporées à la republique cisalpine (voy.), et la maison d'Este, que le traité de Campo-Formio dépouilla formellement de sa souveraineté sur ces pays, ne la recouvra de nouveau qu'en 1814. Voy. MODÈNE. C. L.

C'est à l'article qu'indique ce renvoi que nous aurons à parler de l'aîné des fils de Marie-Béatrix d'Este et de Ferdinand, archiduc d'Autriche, FRANçois IV, duc de Modène, de Massa, de Carrare, etc.; nous nous bornerons à dire ici qu'il est né le 6 octobre 1779, et qu'il a épousé en 1812 Béatrix, fille du roi de Sardaigne Victor-Emmanuel. Mais nous nous occuperons plus spécialement de son frère qui porte, comme lui, le vieux nom d'Este, et qui, dans les guerres de l'empire français, a su l'honorer par sa constance et par sa bravoure. S.

FERDINAND-CHARLES-JOSEPH D'ESTE, archiduc d'Autriche, prince royal de Hongrie et de Bohême, prince de Modène, et général de la cavalerie dans l'armée autrichienne, est né le 25 avril 1781. Il est, comme on vient de le dire, le second fils du frère de l'empereur Léopold II, Charles - Antoine-Joseph- Ferdinand, qui, né le 1er janvier 1754, épousa Marie-Béatrix d'Este en 1771, pendant qu'il était gouverneur général de la Lombardie. Les possessions de la maison d'Este devaient donc lui revenir par héritage; mais les Français s'en étant emparés en 1796 et en ayant chassé son beau-père, on avait donné en dédommagement à ce dernier le Brisgau et l'Ortenau qui avaient été érigés en duché, et qu'il transmit à son gendre. Celui-ci n'en

jouit pas longtemps: il mourut en 1806. | résistance héroïque de son arrière-garde

commandée par le général Mecserey, qui fut blessé à mort et fait prisonnier. Après avoir parcouru cinquante milles allemands en huit jours, au milieu de combats sans cesse renouvelés, l'archiduc arriva enfin à Eger avec moins de 1,500 hommes. Ce fut dans cette ville qu'il reçut l'ordre d'aller prendre le commandement supérieur de la Bohême. Il y organisa le Landsturm et disputa pied à pied le terrain aux Bavarois, qu'il vainquit dans plusieurs combats. A la tête de 18,000 hommes, il fut chargé ensuite de couvrir l'aile droite de la grande armée coalisée jusqu'à la bataille d'Austerlitz.

Nommé, en 1809, commandant en

A peine âgé de vingt-quatre ans, Ferdinand-Charles-Joseph, reçut nominalement le commandement supérieur du troisième corps de l'armée autrichienne dans la campagne de 1805 contre la France. Cette division, forte de 80,000❘ hommes, s'empara de la Bavière et entra en Souabe. Mais ce fut en réalité le général Mack, feldzeugmeister, qui dirigeait toutes les opérations en qualité de chef de l'état-major général. Lorsque ce dernier eut laissé tourner ses positions sur l'Iller, entre Ulm et Güntzbourg, et couper ses communications avec la Bavière, l'Autriche et le Tyrol, Ferdinand, qui commandait l'aile gauche, fut battu le 9 octobre par le maréchal Ney. Mal-chef du 7° corps d'armée, fort de 36,000 gré le feu de mousqueterie des Autrichiens, les Français passèrent sur la rive droite du Danube, au moyen des traverses des ponts qui avaient été détruits. Ferdinand, le prince de Schwartzenberg, le général Kollowrath et d'autres chefs, pressèrent alors le général Mack de s'emparer de la rive gauche et de gagner Nordlingen, pour sortir de la position désavantageuse où il se trouvait près d'Ulm. Ce fut en vain, et le 14 octobre l'armée autrichienne se vit cernée de tous côtés et enfermée dans Ulm. Ferdinand déclara alors qu'il était résolu de s'ouvrir un passage à la tête de douze escadrons. Le prince de Schwartzenberg en prit le commandement, et il réussit effectivement à traverser les lignes françaises et à atteindre Geislingen, où il espérait faire sa jonction avec le corps du général Werneck; mais celui-ci fut obligé de capituler le 18, près de Trochtelfingen. Ferdinand se retira donc vers OEttingen, où il rallia les débris de la division Hohenzollern. Toute sa troupe ne s'élevait pas alors à plus de 3,000 hommes, dont 1800 de cavalerie. Atteint près de Günzenhausen, sur l'Altmühl, par la cavalerie de Murat, il ne dut son salut qu'aux pourparlers du prince de Schwartzenberg et du général français Klein, pourparlers qui lui laissèrent le temps de s'échapper avec sa cavalerie. Toute l'infanterie et la grosse cavalerie tombèrent entre les mains des Français. Atteint une seconde fois près d'Eschenau, il fut sauvé encore par la

hommes, il traversa la Piliça et entra, le 15 avril, dans le grand-duché de Varsovie. Ce fut en vain qu'il publia une proclamation pour appeler les Polonais à la révolte contre Napoléon et le grand-duc. Poniatowski lui opposa, le 19 avril, une résistance vigoureuse à Rascyn; mais il n'en fut pas moins obligé, le 22, de rendre Varsovie par capitulation et de se retirer à Praga et sur la rive droite de la Vistule. Ferdinand d'Este marcha alors contre Kalisz (Kalisch) et attaqua inutilement Thorn. Poniatowski réussit à tourner les Autrichiens, battit plusieurs corps détachés, et excita un soulèvement populaire à Lublin, qui faisait partie de la Gallicie autrichienne. Les Polonais conquirent ensuite Sandomir, Zamosc, et le 28 mai, Léopol ou Lemberg. Dombrowsky (voy.) traversa la Bzura et força les Autrichiens à évacuer Varsovie. Il est vrai que Ferdinand reprit la Gallicie, mais il ne put empêcher les Polonais de faire leur jonction avec le corps auxiliaire russe sous les ordres du prince Gallitzin. Poniatowski chassa les Autrichiens de Lemberg et de Sandomir et prit possession de la Gallicie au nom de Napoléon. Il entra à Cracovie le 15 juillet. Ferdinand se retira en Hongrie, et l'armistice de Znaīm, signé le 12 juillet, vint mettre un terme à cette guerre.

Dans la campagne de 1815, l'archiduc prit le commandement supérieur de la réserve autrichienne, qui comptait 44,000 hommes. Elle traversa le Rhin

le 26 juin avec deux divisions de cette réserve, et s'avança sur Lunéville, tandis❘ que le prince Hohenzollern marchait contre Strasbourg et que le général Colloredo forçait Lecourbe à se rejeter dans Belfort. Mais l'archiduc ne trouva plus l'occasion de se distinguer.

En 1826, Ferdinand d'Este assista, en qualité d'ambassadeur extraordinaire, au couronnement de l'empereur Nicolas à Moscou, et parut jouir à un haut degré de la confiance du nouveau souverain de la Russie. Il est actuellement gouverneur général du royaume de Gallicie. C. L. ESTER, du latin stare. Ce mot, qui appartient à la langue romane, et qui n'est plus usité que comme terme de jurisprudence, signifiait, dans son sens primitif, être, subsister, exister. Il avait en outre un grand nombre d'acceptions dont nous indiquerons seulement quelquesunes. D'abord on l'employait comme synonyme de s'arrêter. C'est ainsi qu'on lit dans les Établissements de saint Louis, liv. I, chap. 87: « Se aucuns hons estrange vient ester en aucune chatellerie de aucun baron. » De là ester s'est dit pour se tenir debout, comme dans Froissart, liv. I, partie 2, chap. 247 : « Si vit devant lui ester messire Bertran du Guesclin. On voit aussi ce mot pris dans le sens de rester tranquille. « Par mon Dieu, mon amy, je veux dormir; laissez-moi ester, attendez le matin. » (Les quinze joyes de mariage, pag. 67, édit. de Rouen, 1596.) Enfin, dans le Roman de la Rose, on trouve laisser ester pour quitter, abandonner:

Genius ainsi la conforte,

Et de ce qu'il peut luy enhorte, Qu'elle laisse son dueil ester (vers 17,580). En droit, ester en jugement, c'est être partie dans un procès, comme demandeur ou défendeur. Cette expression vient des termes de la loi romaine stare in judicio, dont elle n'est toutefois qu'une traduction inexacte, le mot latin judicium signifiant procès, tandis que c'est la décision du juge (sententia judicis) que nous appelons jugement. L'art. 215 du Code civil porte: « La femme ne peut ester en jugement sans l'autorisation de son mari, quand même elle serait mar

Encyclop. d. G. d. M. Tome X.

chande publique, ou non commune, ou séparée de biens. » Sous l'ancienne législation, en matière criminelle, ester à droit c'était comparaître en personne devant la justice. Suivant l'ordonnance de 1670, lorsque le condamné par contumace ne s'était pas représenté ou n'avait pas été arrêté dans les cinq ans de l'exécution de la sentence par contumace, les condamnations pécuniaires, amendes et confiscations prononcées contre lui, étaient réputées contradictoires. Néanmoins, il pouvait encore ester à droit et se faire juger de nouveau, en obtenant du prince une autorisation spéciale, que l'on nommait lettres pour ester à droit. E. R.

ESTERHAZY DE GALANTHA, une des plus anciennes et des plus puissantes familles hongroises, que les généalogistes cherchent à faire remonter jusqu'à ce prétendu descendant d'Attila, roi des Huns, Paul Estoraz, qui fut baptisé l'an 969; famille qui rendit à la maison de Habsbourg, sous Ferdinand II et Léopold Ier, d'importants services, relativement à la soumission et à la conservation de la Hongrie. Cette famille compte parmi ses aïeux une longue suite d'hommes d'état illustres, de guerriers et d'éminents prélats. Elle se sépara (l'an 1238) en deux branches : celle d'Esterhazy et celle d'Illyeshazy, actuellement éteinte. Elle ajouta à son nom celui de Galantha en 1421, en même temps qu'elle acquit la principauté ainsi nommée, dont le chef-lieu, bourg hongrois du comitat de Presbourg, renferme, comme Esterhaz *, un beau château, résidence de cette famille. Depuis 1594, elle se sépara de nouveau en trois branches encore existantes: celle de Cset

(*) Esterhaz ou plutôt Eszterhaz (de même que la véritable orthographe du nom de famille est Eszterhazy) est un grand village peuplé d'Allemands et situé dans la Basse-Hongrie, comitat d'OEdenburg, près du lac de Neusiedel. Le château, autrefois célèbre, mériterait une description; mais le manque d'espace nous oblige de renvoyer le lecteur à celle qu'on trouve dans l'Encyclopédie autrichienne, qui donne aussi d'amples détails sur la puissante famille d'Esterhazy, dont le chef a ce singulier privilége d'avoir une garde d'honneur avec laquelle il peut entrer jusque dans les faubourgs de Vienne et garder seul l'empereur si ce monarque vient à séjourner dans l'une de ses terres, etc. J. H. S. 6

neck, celle de Zolyom et celle de Frakno ou de Forchtenau*: la dernière fut élevée dès 1626 à la dignité de comte de l'Empire; les deux premières le furent en 1688. La branche de Frakno se subdivisa encore en celle de Papa et celle de Frakno; et le comte PAUL IV, chef de celle-ci, obtint en 1687, avec le titre de prince de l'Empire, la régale de la monnaie, le droit de conférer la noblesse, etc. Le décret impérial qui confère ce titre dit, entre autres : « Parce que des documents valables font remonter leur race au-delà du déluge. » La branche princière s'augmenta de tant de possessions et de domaines, par des donations, des mariages et des héritages successifs, qu'on regarde le possesseur de son majorat comme l'un des plus riches propriétaires fonciers, nonseulement de la monarchie autrichienne, mais peut-être aussi de l'Europe tout entière. On évalue son revenu annuel à 1,800,000 florins; mais les biens sont tellement grevés d'hypothèques qu'ils sont sous sequestre et qu'il n'est alloué au chef de cette maison que la somme annuelle de 80,000 florins **.

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viron 20,000 volumes. La résidence d'été des Esterhazy, dans la ville d'Eisenstadt, (comitat d'OEdenbourg), où il fit ensevelir avec pompe les restes du célèbre Haydn, est devenue par ses soins un temple de la musique et de la botanique. Quand Napoléon était à Vienne en 1809, il fit entendre au prince Nicolas qu'il pour rait disposer en sa faveur de la couronne de Hongrie, pour affaiblir l'Autriche par cette séparation; mais il s'était mépris sur les dispositions du prince, aussi bien que sur celles du peuple hongrois; d'une part Esterhazy ne se prêta pas à un pareil arrangement, et de l'autre il n'aurait nullement été accepté lu peuple. Nicolas IV mourut le 25 novembre 1833, à Côme, en Italie, où il avait trouvé une douce et paisible retraite. Le chef actuel de la famille est son fils, PAUL - ANTOINE, prince Esterhazy, né le 11 mars 1786, et qui a épousé en 1812 Marie-Thérèse, princesse de la maison souveraine de la Tour et Taxis. Il est depuis plusieurs années ambassadeur d'Autriche à Londres, chevalier de la Toison-d'Or, etc. Son frère NICOLAS-CHARLES, prince Esterhazy, est grand-officier de la maison de l'empereur, et leur sœur MARIE-LÉOPOLDINE, princesse douairière de Lichtenstein (voy.), est grande dame du palais.

Les autres branches de la maison d'Esterhazy ne portent que le titre de comte; mais tous les membres de celle de Frakno sont nés princes, en vertu d'une patente impériale accordée à la famille en 1783. C. L.

Le prince NICOLAS IV, né le 12 décembre 1765, mérite une attention toute particulière. Il parcourut dans sa jeunesse presque toute l'Europe, et séjourna longtemps surtout en France, en Angleterre et en Italie. Comme son père Nicolas III et son frère Antoine, qui, tué devant Belgrade, fut vivement regretté de Laudon, il prit du service dans l'armée; mais il eut bientôt à remplir des missions diplomatiques dans des circon- ESTHER, fille juive, dont, suivant stances importantes. Les arts et les scien-l'Écriture, le premier nom fut Edissa*. ces lui ont d'immenses obligations. Il est le premier fondateur de la magnifique galerie de tableaux qu'on admire à Vienne (faubourg Mariahilf), dans le palais Esterhazy, entouré de vastes jardins, qui avait appartenu auparavant au prince Kaunitz : c'est là qu'il a réuni ses immenses collections de gravures et de dessins, ainsi qu'une bibliothèque d'en

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Elle eut pour père Abihail, cousin de Mar-
dochée et descendant de Saul. La Bible
ne nomme point sa mère, Après que l'é-
dit de Cyrus eut rendu la liberté aux
Juifs expulsés de leur pays par Nabucho-
donosor, la famille d'Esther vint s'éta-
blir à Suze, siége de l'empire des Per-
ses. Orpheline en bas âge, et adoptée
par son parent Mardochée, Esther vivait
auprès de lui dans une profonde retraite;
et c'est peut-être de là qu'elle reçut ce
nom d'Esther, dont le sens en hébreu
est: celle qui se cache (abscondita) **.
(*) Ou Hadassa.

(**) Esther paraît être un nom royal, le même

Dans la 4o année de son règne, Assuérus* répudia la reine Vasthi, qui, fidèle aux habitudes des femmes de l'Orient, avait refusé de paraître sans voile aux yeux des convives de son époux. Esther obtint la préférence sur toutes celles qui, conformément aux ordres du roi, se présentèrent pour remplacer Vasthi; mais, docile aux conseils de son oncle, elle ne révéla point son origine à Assuérus. Mardochée s'était procuré dans le palais des intelligences auxquelles il dut la découverte d'un complot tramé contre les jours du roi par les eunuques Tharès et Bagatha: il le fit savoir à Esther, qui en instruisit le monarque. Cet avis valut à Mardochée son admission dans l'intérieur du palais et quelques présents. Cependant il se refusait à fléchir le genou devant le favori Aman, auquel, d'après un ordre d'Assuérus, tous les Perses devaient rendre cet honneur. Aman, qui était de race amalécite, ennemie du peuple juif, pour venger sur ce peuple la ruine de ses ancêtres et satisfaire sa haine personnelle contre Mardochée, persuada au roi que les Juifs ne cessaient de conspirer pour lui arracher la vie et l'empire, et il obtint ainsi de ce prince crédule un édit de proscription contre tous les Israélites répandus dans ses états. Le même arrêt livrait à la cupidité de l'ambitieux ministre les dépouilles de la nation proscrite. Cet édit fut porté la 12° année du règne d'Assuérus, huit ans après le couronnement d'Esther.

Avertie par Mardochée du danger qui menaçait sa nation, Esther, malgré la défense formelle d'aborder le roi sans être appelé devant lui, se rendit auprès de son époux, et l'invita pour le jour suivant à un festin où elle désirait qu'Aman fût aussi admis. La nuit d'après, Assuérus, ne pouvant trouver le sommeil, se fit lire les annales de son règne. Arrivé au récit de la conspiration découverte par Mardochée, il s'étonna qu'il eût été si peu récompensé. Aman, dont l'invitation de la reine avait encore re

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doublé l'orgueil, s'était rendu avant le jour à la porte du palais, pour obtenir du roi la permission de faire, dès cette même journée, suspendre Mardochée à une potence de 60 coudées de hauteur, qu'Aman avait fait élever devant sa maison. Assuérus, ayant fait entrer son favori, lui demanda de quels honneurs il devait récompenser l'homme qui avait le plus de droits à sa reconnaissance. Aman, persuadé qu'il allait parler pour luimême, conseilla au roi de revêtir des ornements royaux celui qu'il voulait honorer, et de le faire conduire, dans toute la ville de Suze, par le premier seigneur de la cour, qui, tenant la bride du cheval, obligerait tous les habitants à se prosterner à son passage. Assuérus ordonna à Aman d'exécuter à l'égard de Mardochée tout ce que lui-même venait de proposer, et ce fut après avoir servi de héraut au triomphe de son ennemi que l'insolent ministre vint s'asseoir à la table d'Esther. Un plus grand châtiment l'y attendait.

A la suite du banquet, le roi, transporté de joie et d'amour, ayant conjuré Esther de lui demander tout ce qu'elle pouvait désirer, avec serment de la satisfaire, elle se jeta à ses pieds, en le suppliant de sauver sa vie et celle de son peuple. Aussitôt, lui avouant son origine, elle lui dévoila les trames d'Aman et sa haine contre Mardochée. Le roi, ému de colère, fit livrer Aman au supplice que celui-ci avait fait préparer pour le parent d'Esther. L'anneau royal, gage de la faveur du monarque, passa de la main d'Aman dans celle de Mardochée, qui fut fait grand-maître du palais. Non-seulement l'arrêt de mort porté contre les Juifs fut révoqué sur-le-champ, mais un nouvel édit d'Assuérus leur permit de se défaire de leurs ennemis, dans toute l'étendue de la Perse, au jour qui avait été indiqué pour leur propre ruine. Suivant l'Écriture, ce contre-ordre coûta la vie à 75,000 hommes. Il en périt 800 à Suze, outre les 10 fils d'Aman, qui partagèrent le sort de leur père. L'Écriture dit qu'ils furent pendus à une croix, ce qui laisse quelque équivoque sur le genre de leur supplice. Esther et Mardochée se hàtèrent d'expédier, dans les 127 pro

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