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50459-19

A. M. Jules ZELLER

MEMBRE DE L'INSTITUT

Souvenir d'Aix et hommage respectueux de son ancien élève

INTRODUCTION

I

Il y aura bientôt quatre ans, nous publiions une étude sur Mirabeau et la Provence en 1789.

Cette étude, qui portait particulièrement sur la période électorale, s'arrêtait au 5 mai de cette année mémorable. Nous voudrions la reprendre et la continuer jusqu'à la mort du grand orateur.

Notre plan et notre but seront les mêmes que dans notre précédent travail.

Nous nous efforcerons de reproduire, dans leur vivante réalité, les principaux épisodes de la révolution à Aix et à Marseille pendant cette période, en insistant principalement sur la part qu'y prend Mirabeau et sur le rôle qu'il y joue.

Les événements que nous aurons à retracer dépassent, le plus souvent, soit par leur origine, soit par leur portée, l'horizon de l'histoire provinciale.

Ils ne sont, dans bien des cas, que le contre-coup et la conséquence de ceux qui s'accomplissent à Paris, dans l'Assemblée nationale ou au delà de la frontière; en revanche, ils ont un retentissement qui se prolonge, à plus d'une reprise, jusque dans les débats les plus éclatants de la Constituante. Si l'on cherchait une épigraphe à cette monographie, on pourrait choisir ces mots : « Paris en Provence et la Provence à Paris. »

Importants par eux-mêmes, ces événements empruntent un plus haut intérêt à l'intervention de Mirabeau.

Cette intervention, dont le caractère varie avec les circonstances, est, le plus souvent, celle d'un modérateur chez lequel les préoccupations de la popularité et de la lutte pour le pouvoir se croisent avec des conseils empreints d'une haute sagesse.

Avant d'aborder ce côté particulier de la vie politique de Mirabeau et pour le mieux comprendre, il semble opportun de rappeler ses idées, ses principes et son attitude à l'Assemblée nationale.

II

Chez Mirabeau, l'homme privé et l'homme public présentent un étrange contraste.

Le premier a vécu dans une longue succession de désordres qu'un moraliste, croyant à la loi de l'hérédité, ne doit pas juger sans invoquer, comme explications, et, peutêtre, comme circonstances atténuantes, la déraison de sa mère et la folie de sa grand'mère paternelle. Le second a montré un admirable bon sens et un grand instinct de l'ordre unis à l'ardent amour de la liberté.

Ce puissant agitateur était un partisan très convaincu de la prérogative royale. A la tribune, dans la séance du 7 août 1789, il la déclarait le « plus précieux domaine du » peuple. » Il défiait, pour répéter ses propres expressions, « le plus respectable de ses collègues, d'en porter plus loin » que lui-même, le respect religieux (1). »

Sans veto aux mains du roi, il aimerait mieux vivre à Constantinople qu'en France (2); et ce veto, à ses yeux, ne doit pas être suspensif, mais absolu. Le 10 octobre 1789, il dit à la Constituante: « Ravivez le pouvoir exécutif;

(1) Archives parlementaires, 1 série, t. VIII, p. 359. (2) Ibid., p. 118.

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