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qui contenait le Concordat et les articles organiques, nous ne savons pas bien ce qu'on dépensa. Mais les documents publiés par M. Boulay (de la Meurthe) nous apprennent qu'en ces débuts du régime concordataire, Bonaparte fit en sorte que les Français n'eussent pas un sou à payer.

En effet, les premières dépenses de l'État pour le culte furent prises sur le « fonds de Batavie ». Voilà ce que c'était.

Par la convention du 9 thermidor an III, la République batave était tenue à entretenir un corps français de 25.000 hommes. Après la paix de Lunéville, le premier Consul avait consenti à réduire ce corps à 10.000 hommes, au prix d'une indemnité de 5 millions de florins, dont le premier million fut versé aussitôt.

C'est cet argent hollandais qui paya les premières dépenses du culte.

Pour l'an XI, Bonaparte assura les dépenses du culte par une sorte de coup d'État; c'est-à-dire qu'au lieu d'incorporer ces dépenses dans le budget, et de les soumettre au vote du Tribunat et du Corps législatif, il les ordonnança illégalement par des arrêtés consulaires secrets des 1er ventôse, 4 et 14 fructidor an XI. Au total, ce premier budget des cultes, strictement concordataire, s'élevait à 3.800.000 francs.

Pour l'an XII, le budget des cultes est fixé (toujours illégalement) par un arrêté du 3 vendémiaire an XII, et, rétrospectivement, par un décret du

30 brumaire an XIII, au chiffre de 7.500.000. C'est que maintenant, il y a des dépenses non concordataires, puisque l'État commence à payer les des

servants.

Pour l'an XIII, le décret du 17 pluviôse an XIII fixe le budget du ministère des Cultes à la somme de 35 millions, dont 22 millions pour le paiement des pensions ecclésiastiques, et 13 millions pour le service du ministère. Ce décret fut légalisé par la loi du 2 ventôse an XIII.

Pour l'an XIV et 1806, par la loi du 24 avril 1806, le budget des cultes est fixé à 36.600.000 francs, dont 24.000.000 pour les pensions, 12.600.000 francs pour les traitements.

Pour les années 1807 à 1814, voici ce que fut ce budget:

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(1) Je n'ai pas retrouvé le chiffre des pensions pour l'année 1814. J'ai utilisé, pour établir les chiffres ci-dessus, les registres des dépenses du culte, de l'an XI à 1814, conservés aux Archives nationales, sous la cote F19, 38 à 49.

que les lois de la mortalité auraient dû diminuer, progresse; c'est à cause des annexions de territoires, et aussi parce qu'à mesure que l'Empire se consolidait, presque tous les prêtres émigrés rentraient en France, et y obtenaient la pension.

Plus tard, quand les lois de la mortalité eurent produit leurs effets, le chiffre des pensions tomba à rien, et cependant la masse du budget des cultes ne cessa de grossir.

Je n'ai point à expliquer ici comment et pourquoi ce phénomène se produisit. J'ai voulu dire seulement de quelle manière le budget des cultes se forma, et montrer à quelle époque les dépenses non-concordataires s'y ajoutèrent aux dépenses concordataires.

19 novembre 1904.

VII

LE TEXTE DES DISCOURS DE DANTON

I

On sait que Robespierre lisait presque tous ses discours et n'improvisait que forcé par l'occasion. Vergniaud ne parlait, d'ordinaire, que d'après des notes étendues, qui lui servaient à la tribune de point de repère, de fil conducteur. Les autres, Girondins et Montagnards, ne se hasardaient guère sans manuscrit ou sans une forte préparation écrite, récitant quand ils ne lisaient pas. Danton, qui n'écrivait jamais, qui n'avait pas même de correspondance privée (1), disait-il, se livrait entièrement à

(1) Le 21 août 1793, démentant à la tribune de la Convention une lettre inepte qu'on lui attribue, il dit : « Je n'ai pas de correspondance, » et plus loin : « Si j'écris jamais... » On lit aussi dans les Mémoires de Garat (p. 190): « Jamais Danton n'a écrit et n'a imprimé un discours. Il disait : Je n'écris point. » Vergniaud avait la même prétention (voir le Moniteur, séance du 3 avril 1793), mais peu justifiée, puisque nous avons une partie de sa correspondance.

l'inspiration de l'heure présente. Ni ses phrases ni même l'ordre de ses idées n'étaient fixés dans son esprit, quand il se mettait à parler, comme le prouve la soudaineté imprévue de presque toutes ses apparitions à la tribune et le perpétuel défi que ses plus belles harangues semblent porter à ces règles de la rhétorique classique auxquelles Robespierre se piquait d'obéir et dont Vergniaud ne savait pas toujours s'affranchir. Danton était improvisateur dans toute la force du terme, pour le fond comme pour la forme, jusqu'à ne prendre aucun soin de sa réputation auprès de la postérité. Avec Cazalès, il est peut-être le seul orateur de l'époque révolutionnaire qui n'ait jamais publié ses discours politiques, et je ne crois même pas qu'il existe une seule << opinion » de lui imprimée par ordre de la Convention. Quant à la manière dont les journaux reproduisaient ses paroles, il ne s'en inquiétait point et ne daignait pas rectifier toute son attention était réservée à la politique active, et ses rares loisirs absorbés par la vie de famille. Nul ne fut plus indifférent à cette gloire littéraire si fort prisée par ses contemporains, depuis Garat jusqu'à Robespierre.

Il en résulte que nous souffrons aujourd'hui de cette négligence de Danton. Ses paroles, aux Jacobins notamment, furent longtemps résumées en quelques lignes sèches ou obscures et le plus souvent en style indirect, par le Journal des Débats de la société des amis de la Constitution, le plus indigent et le plus infidèle des comptes rendus. Plus

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