Sayfadaki görseller
PDF
ePub
[ocr errors]

nous nous entretenons: "mais, c'est s'exposer à se tromper et à s'embarrasser beaucoup, que de poser en prin"cipe qu'en dehors de Rome, il faille faire tout comme à "Rome!" Et quand je dis que Rome a quelques coutumes, quelques usages qui lui sont propres, je serais bien peiné que l'on allât croire que je veux faire entendre par là, que les lois ou règles liturgiques y sont mises en oubli. Ce serait me faire dire juste le contraire de mes convictions! J'ai été à Rome, et j'en suis revenu bien convaincu que non seulement on y connaît à la perfection, mais que de plus on y suit avec une fidélité exemplaire les lois et les règles liturgiques et cérémoniales dans toutes les parties du culte religieux; et si quelquefois il en est autrement, c'est que partout les hommes sont les hommes, plus ou moins exposés à être entraînés hors de la voie par la faiblesse, par l'ignorance ou par la négligence, et qu'à Rome on est peccable comme ailleurs! Oui, à Rome on veut la loi, la règle ! Mais après cela, on est bien loin d'être sévère vis-à-vis un usage qui n'est point abusif ou grossier, ou qui se borne à subsister à côté de la règle ou de la loi, sans avoir pour tendance de la corrompre ou de la détruire. Et pourrait-il en être autrement avec l'esprit de Rome si essentiellement conservateur? Je ne crains point de le dire: si parmi nous l'étude et l'application des principes eussent été faites selon cet esprit et dirigées vers le but louable de ramener à la règle tout ce qui y était opposé, ou pouvait lui ôter son sens et sa signification, sans donner dans l'exagération de croire que tout devait être remis en question et que l'on ne serait à la règle que quand on aurait tout changé, l'on n'aurait point à déplorer la bigarrure rien moins que belle dans les cérémonies du culte, que l'on remarque aujourd'hui en passant d'une église à l'autre dans la province de Québec, où régnait autrefois sous ce rapport une régularité uniforme, ne manquant point de dignité et de grâce, établie par la vigilance et sous la direction des premiers pasteurs, dont

la sollicitude à ce sujet avait été jusqu'à publier un petit traité de cérémonies qu'ils avaient rendues aussi romaines que possible. Il n'y était toutefois question que des cérémonies à suivre dans les petites églises, ou églises paroissiales ordinaires. L'on n'ignorait pas que la suprême autorité de l'Eglise avait rédigé le Cérémonial des Evêques pour les cathédrales et les collégiales, où il est de rigueur d'en suivre les enseignements et les prescriptions.

Le jour viendra, j'espère, où l'on verra renaître cette uniformité si désirable et si conforme à tous les voeux de l'Eglise ! Mais ce ne sera pas assurément tant qu'il y aura en présence deux opinions extrêmes, dont l'une se refuse à tout changement et à toute réforme, sous prétexte d'usage et de coutume, sans vouloir même se donner la peine d'examiner s'il n'existe pas une loi, une règle, ou une décision de la Congrégation des Rites qui condamne la coutume ou l'usage que l'on veut maintenir. C'est là véritablement une de ces extrémités vicieuses, opposée aux saines notions sur les principes liturgiques, et que condamne même le vieux proverbe connu de tout le monde in medio stat virtus, cum extrema sint vitiosa. L'autre opinion extrême, qui met obstacle au retour à l'uniformité, et qui me paraît aussi opposée que la première aux véritables notions liturgiques, et au proverbe plein de sens et de sagesse que je viens de citer, est celle de ceux qui semblent avoir pris à tâche de tout changer et de tout refaire dans nos sacristies et dans nos chœurs, sous prétexte que l'on a pour soi l'opinion de tel auteur, et qu'il faut faire main basse sur des usages ou coutumes qu'aucune loi ni règle, ni aucune décision de la Congrégation des Rites ne condamne, afin de leur substituer ce que l'on veut bien appeler les usages de Rome, mais dont Rome, quand même il serait vrai de dire que ce sont réellement ses usages, ne fait certainement une obligation à personne en dehors de son enceinte. Permettez que je vous cite quelques-uns des changements amenés par cette exa11

T. III

gération d'idées, cette extrémité d'opinión, que l'on a faits sans aucune nécessité, et que l'on ne saurait vouloir soutenir sans apporter un obstacle insurmontable au retour à l'uniformité. Commençons par le surplis, pour passer ensuite à quelques autres points de détail.

On a prétendu, dit-on, nous donner le surplis romain, sous le nom de cotta ! Mais que l'on ouvre les Institutions liturgiques de Fornici, livre précieux qui a fait longtemps, et qui fait encore, je crois, la base de l'enseignement liturgique dans le séminaire de Rome, et l'on verra qu'en Italie cotta ne signifie point une espèce de surplis particulier, mais bien simplement le surplis ordinaire. Quant à un surplis romain, c'est-à-dire particulier à Rome, je serais heureux que quelqu'un m'indiquât le liturgiste qui en fait mention. Ce que je crois savoir bien certainement, c'est que les Pères de l'un des conciles provinciaux de Baltimore, ayant fait un décret pour prescrire l'usage du surplis romain, en revisant ce décret à la Congrégation des Rites l'on fit l'observation que Rome n'avait point un surplis particulier. Pour être bien convaincu qu'il en est ainsi, il suffit de lire ce que l'auteur que je viens de citer, dit de la forme du surplis, dont il ne fait nullement la description d'après l'usage de Rome, mais bien d'après l'usage général de l'Eglise, qu'il établit en s'appuyant sur les canons de quelques conciles provinciaux, évidemment faits pour consacrer et conserver cet usage. Après avoir cité ces canons, il fait la réflexion suivante, qui a bien naturellement ici sa place: "Mais beaucoup d'ecclésias

[ocr errors]

tiques ne réduisent pas ces lois en pratique, ne se con"forment pas à cette louable discipline de l'Eglise ! En "raccourcissant trop le surplis, on lui fait perdre aux yeux des fidèles ses mystérieuses significations: on perd "la gravité, premier ornement des clercs."

66

Il ne faudrait pas croire qu'en citant Fornici, je veuille que l'on recule au moyen âge, puisque cet auteur, mort en 1828, a été le contemporain de plusieurs d'entre nous. Et

puis Gavanti et Catalani, pour avoir vécu le premier au 17o, et le second au 18° siècle, n'en sont pas moins encore partout dans l'Eglise, considérés comme des autorités du plus grand poids dans les matières et les questions liturgiques. Il n'y a qu'à examiner ce qu'ils disent du surplis, de sa matière et de sa forme, et voir en même temps ce qu'en a dit saint Charles Borromée, pour demeurer bien convaincu que notre ancien surplis était beaucoup plus conforme aux règles et à l'esprit de la liturgie, que celui par lequel plusieurs curés ou prêtres du diocèse se sont cru permis de le remplacer. Evidemment, le vrai surplis doit être un vêtement ample, à larges manches s'étendant jusqu'à la main, comme la manche de l'aube et du rochet: Superpelliceum manicis ita oblongis, ut crispata usque ad digitos summos pertingant......... in ipso ore potius forma sit rotunda quam quadrata; a pectore nullo modo scissum aut dissectum; longe ducatur infra genua, fere ad media crura, etc., etc. Pour moins nous étonner de cette description du surplis, rappelons-nous que, pendant longtemps, les clercs et tous les membres du clergé qui n'exerçaient point de fonction à l'autel, n'avaient point d'autre habit de choeur que l'aube: et ce fut quand on voulut plus tard porter sous l'aube des robes fourrées de peaux, pour se garantir du froid, qu'on lui donna les larges manches qui lui sont aujourd'hui particulières, et qu'il prit son nom de superpelliceum ou tunica superpellicialis, habit que l'on met par-dessus la fourrure. Dans la suite, pour plus de commodité, il devint de pratique générale de raccourcir ces tuniques ou habits, qui à l'origine descendaient comme l'aube jusqu'aux talons. Il ne peut donc y avoir le moindre doute que le surplis ne constitue pour les ecclésiastiques qui sont appelés à s'en revêtir, un ornement destiné à leur rappeler, et à rappeler en même temps aux fidèles, qu'ils ne sont plus à eux-mêmes ni au monde, mais qu'ils ont choisi pour leur unique partage le Seigneur et ses autels! C'est pour cela que l'homme, dépouillé même

d'au moins une grande partie de ses cheveux, semblait autrefois disparaître tout entier sous le vaste et long habit dont le revêtait l'Evêque en l'introduisant dans le sanctuaire, et dont la blancheur devait être le symbole de la pureté de sa vie et de ses mœurs de lévite! Il n'y aurait assurément pas moyen de contester l'exactitude de ces notions sur le surplis, pas plus que l'on ne pourrait contester l'exactitude de la signification que je viens de lui attribuer.

Admettant que ces notions et ces idées sur le surplis sont exactes, comment ne pas voir avec peine que sans même consulter l'Evêque, on se soit permis d'introduire dans plusieurs églises du diocèse un surplis de forme si peu tolérable, qui descend à peine jusqu'aux reins, qui ne couvre ni le cou ni les épaules de celui qui en est revêtu, et auquel une ganse qui en relève les manches jusqu'à l'origine des bras, achève d'enlever toute grâce et toute gravité? Comme il est loin de paraître avec dignité le prêtre revêtu de ce surplis, dans sa stalle au chœur, ou à la banquette, paré de la chape par-dessus ce surplis, pour officier aux vêpres! Observez attentivement, et examinez sans préjugé, et vous conviendrez bientôt que si le surplis, appelé surplis de Québec, avait le tort d'être un peu exagéré dans sa longueur et sa largeur, et de paraître en conséquence un peu lourd et embarrassant, il était cependant bien un surplis d'après l'idée que nous en donnent les habiles liturgistes cités tout à l'heure et je pourrais ajouter qu'un surplis qui est absolument le même, moins cette exagération, est en usage dans le chœur des Passionnistes à Rome, où je l'ai porté moi-même à un exercice de concours, au milieu d'un grand nombre de prêtres et de religieux qui en étaient aussi revêtus. Mais pourrait-on véritablement, d'après cette même idée, reconnaître un surplis dans l'espèce de brassière qu'on lui a substituée, et qui va si mal aux larges épaules et aux formes développées d'un homme fait ? Passe encore, si l'on s'était

« ÖncekiDevam »