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partout ailleurs ! L'expérience est faite; il n'y a plus moyen d'en nier les résultats.

Je ne demande au catholique sincère qu'un peu de bonne volonté et pour peu qu'il se donne la peine d'appliquer avec discernement la règle que je viens de tracer pour reconnaître qu'un journal est mauvais, dangereux et pernicieux à la foi et à l'esprit de religion, il ne manquera pas de frapper juste et de découvrir l'hôte funeste et pestiféré qu'il aurait eu l'imprudence ou le malheur d'admettre sous son toit! Avec cette règle, le sens religieux et moral suffira à un cœur droit, à un esprit dégagé des intérêts de la passion, pour juger si un journal paraît sous les circonstances, ou avec quelques-unes des dispositions, des tendances, des couleurs, des nuances, ou même si vous voulez me passer l'expression, quelques-unes des odeurs que je viens de signaler! Et s'il en est ainsi, un bon chrétien sait alors faire son devoir par lui-même, sans attendre que l'Evêque ou le curé ait parlé. Tout le monde sait ce qu'il faut se hâter de faire quand un loup entre dans la bergerie, ou qu'un reptile venimeux a pénétré dans la maison. Il en doit être de même du mauvais journal, qui déjà aurait été admis ou chercherait à se faire admettre dans une famille, d'où la crainte de Dieu, l'amour de sa loi sainte et l'attachement à la religion n'auraient pas encore été entièrement bånnis. Et pour que l'on soit ainsi strictement obligé, sous peine de péché, de repousser ou de bannir courageusement le mauvais journal, il n'est pas nécessaire qu'il porte toutes les marques et tous les caractères auxquels j'ai dit que l'on pourrait facilement le reconnaître ; c'est assez qu'il les ait en partie, pour que l'on ne puisse pas le recevoir en conscience.

Il serait plus que superflu de vouloir démontrer qu'il se publie dans le pays un plus ou moins grand nombre de mauvais journaux. Il suffit pour que l'on soit obligé de se mettre sur ses gardes, de savoir qu'il en existe; et quand il n'y en aurait qu'un, il y aurait toujours la même prudence

à garder, et le même devoir à remplir, parce que le mal n'est point en rapport direct avec le nombre, mais avec la diffusion des mauvais journaux. Et un seul mauvais journal ferait un mal incalculable, si on le laissait acquérir une grande circulation. Voilà d'où sont venus les efforts constants et héroïques d'un prêtre éclairé et zélé, aujourd'hui devenu Evêque, auquel nous avons dans le temps tous applaudi, pour l'encourager dans la lutte qu'il avait entreprise contre un certain petit journal, qui n'était certainement pas de nature à faire plus de ravages dans les âmes que les journaux dont c'est notre devoir absolu de tâcher d'empêcher la circulation, et même la publication, s'il peut nous être donné d'arriver à ce but. Espérons que Dieu nous viendra en aide, et qu'il prendra en main la cause de son peuple si violemment tenté et poussé vers sa perte! Ses ennemis, véritables loups qui se travestissent en brebis, n'ignorent pas ce que l'on a réussi à faire en d'autres pays, par le moyen du mauvais journalisme. Ils se flattent qu'avec le même moyen, ils obtiendront les mêmes résultats. A nous le soin et la charge de briser leurs efforts, et de faire échouer leur tentative aussi antinationale qu'anti-religieuse.

Vous vous ferez donc un devoir de mettre les brebis confiées à vos soins en état de discerner les mauvais journaux par les moyens que je viens de vous suggérer, ou par tels autres que vous jugeriez aussi propres à cette fin. Il n'y a pas de doute que ceux qui s'y tromperont après cela, seront dans une erreur bien volontaire, et ne pourront avoir aucune excuse devant Dieu. Et si, refusant d'écouter et de suivre vos instructions et vos conseils, ils s'obstinent à continuer de recevoir le mauvais journal, il faudra nécessairement leur refuser les sacrements. C'est le seul moyen coercitif à notre disposition pour éloigner les âmes du danger que vont semer partout ces feuilles empoisonnées; à venenatis hujusmodi paginis arcere ! Une chose bien certaine, c'est que lorsque vous les aurez ainsi

instruits et prévenus de ce qui devient une stricte obligation pour vous, et un devoir impérieux pour eux, sauf les cas d'exception justifiés par les principes de la théologie et qu'il serait toujours sage de soumettre au jugement de l'Evêque, ils ne pourront plus prétexter ignorance; et que s'ils osaient s'aller confesser sans vider leur conscience de tout doute sur la qualité du journal qu'ils reçoivent, les sacrements auxquels ils participeraient après une confession ainsi faite dans la mauvaise foi et dans la témérité de l'orgueil, au lieu de procurer la vie donneraient la mort à leur âme ! La première des conditions requises à une bonne confession, c'est l'humilité et serait-il humble, le chrétien qui oserait ainsi mépriser le jugement du supérieur ecclésiastique, pour s'en rapporter à lui-même, ou à quelque ignorant et faux ami, ou peut-être encore à des suggestions sacrilèges qu'il pourrait avoir lues dans le journal même sur la réception duquel il s'obstinerait à garder à son confesseur un silence plus que coupable? Ce serait assurément un acte des plus anti-catholiques, qui au lieu de la miséricorde n'attirerait sur son auteur que la colère et la justice de Dieu, qui tient en une abomination toute spéciale le pauvre superbe, pauperem superbum (Ecc., 25, 4). Et aux yeux et dans le sens de la foi, quoi de plus pauvre qu'une âme assez dépourvue de l'intelligence des vérités éternelles, pour écouter les suggestions de son orgueil, qui seul l'empêcherait ici de se soumettre? Ce serait vraiment la répétition du non serviam de Lucifer! Aussi, point de pitié au confessionnal pour une pareille rébellion! et certainement que Dieu liera dans le ciel ce qu'alors vous aurez lié sur la terre !

Sans doute qu'il ne saurait être question d'oser venir dire, pour s'excuser, que l'on ne reçoit ces journaux qu'à cause du parti politique qu'ils supportent, parce que ce prétexte ne saurait prévaloir contre les raisons qui ont amené la nécessité de les condamner, et qui sont d'un ordre bien supérieur à la politique, de l'ordre religieux et

moral. Si ces journaux, au lieu d'entrer témérairement dans le domaine de la religion, et de s'y établir en maîtres et en juges, s'étaient contentés de faire ce qui s'appelle purement et simplement de la politique, une politique constitutionnelle et légale, quand même leur politique eût été comme celle de quelques feuilles du pays opposée au parti qui gouverne, il ne serait jamais venu en idée aux supérieurs ecclésiastiques de s'occuper de les condamner, et de défendre de les recevoir. Personne n'ignore que les Evêques et les prêtres du pays connaissent assez la constitution sous laquelle ils vivent, pour ne point troubler le repos de conscience des citoyens, quand il s'agira uniquement d'une opinion politique soutenable, quand même ils ne partageraient point cette opinion. Il est cependant bien vrai, quoi qu'en puissent penser et dire certains libéraux avancés, un peu atteints de la prêtrophobie, qu'une opinion politique qui serait en défaveur auprès du clergé du pays en général, ne devrait guère trouver crédit et support auprès des citoyens calmes et éclairés, je dirais même, sensés ! Si donc il faut nécessairement en venir aujourd'hui à la condamnation de certains journaux, du moins au for intérieur et secret de la conscience, puisqu'il y a entrave à le faire au for extérieur, c'est parce que ces journaux sont un scandale pour les fidèles, dangereux et pernicieux à la foi et à l'esprit de religion. Nul autre motif n'a inspiré et dicté cette condamnation et c'est le seul qui devra animer notre zèle et guider nos démarches, dans tout ce que nous aurons à faire pour nous acquitter du pénible devoir que nous imposent les circonstances et le jugement de l'éminent supérieur ecclésiastique qui nous a dit à chacun : oves tibi concreditas à venenatis hujusmodi paginis arcere curabis !!!

Il me semble, Messieurs et chers collaborateurs, qu'il vous sera maintenant assez facile de vous acquitter de cet important devoir vis-à-vis vos bons et chers paroissiens et tous ceux dont vous pourriez être appelés à éclairer et

diriger la conscience relativement à cette question si épineuse et si agitée des journaux. Ce qu'il importe surtout en une mesure d'application générale comme celle-ci, c'est qu'il y ait entente et uniformité parfaite, et que nulle division d'opinion n'apparaisse entre ceux qui la doivent mettre à exécution. La victoire sur l'ennemi dangereux et funeste que nous avons à combattre, et qui, je le crains, a peut-être déjà fait aux âmes un mal dont nous n'apercevons pas toute l'étendue et la profondeur, ne saurait nous rester qu'à cette condition. Est-ce que nous pourrions oublier que la simple apparence d'un défaut d'union entre ceux qui avaient engagé la lutte, a dernièrement suffi pour compromettre assez gravement un très beau triomphe, remporté malgré tout en faveur de l'ordre social et, je crois pouvoir dire, de l'ordre religieux dans le pays? C'est bien ici qu'il faut nous rappeler et méditer la sentence de l'Evangile qui s'applique si naturellement au cas présent, qu'elle vient comme d'elle-même se placer sous nos yeux: Omne regnum in seipsum divisum desolabitur! Puis donc que nous ne voulons pas la désolation de l'Eglise, le royaume de Jésus-Christ, dont la défense nous est confiée, restons unis en présence des ennemis qui l'attaquent, et que nous voulons repousser.

II

Vous voudrez bien me permettre de profiter de cette occasion pour vous dire un mot, mais un mot seulement sur la délicate question du prêt à intérêt, qui malgré tout ce qui a dernièrement été dit et écrit sur le sujet, continue malheureusement à être entaché d'usure en bien des cas, soit à raison de l'exagération du taux d'intérêt, soit à cause de certaines clauses ou conditions usuraires que l'on adjoint au contrat de prêt. Il est difficile de poursuivre l'usure dans tous ses retranchements et toutes ses cachettes. Néanmoins, un peu de surveillance et de dili

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