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en garde. Cependant n'allez pas croire, N. T. C. F., que
cette bien faible épreuve nous paraisse comptable, en pré-
sence de tant de consolations que Dieu daigne nous ména-
ger d'ailleurs, pour soutenir notre faiblesse et relever notre
courage. A côté de tant de bien que de toute part Nous
apercevons dans notre diocèse, et que Nous nous plaisons
à admirer dans la régularité du clergé, dans la piété des
fidèles et la ferveur des communautés, le mal, cause de
ces quelques peines et soucis, dont Nous ne nous plaignons
qu'à Dieu pour le prier de le faire cesser, ne Nous apparaît
même pas comme une ombre légère dans le beau tableau
qu'offre au regard de la foi l'ensemble du diocèse de St-
Hyacinthe et si toutefois il fallait admettre que c'est
véritablement une ombre, il Nous semble qu'elle ne saurait
avoir d'autre effet que celui de faire mieux ressortir le
mérite et la beauté de ce tableau. C'est ainsi que l'apôtre
saint Paul se voyant dans la nécessité de reprendre quelque
chose dans la conduite de ses chers Corinthiens, trouve
moyen de tempérer l'amerture du reproche, en leur disant
que même les hérésies ont quelque chose d'avantageux,
puisqu'elles servent à rendre plus évidentes les vertus
Oportet et hæreses
éprouvées des chrétiens fervents.
esse, ut et qui probati sunt, manifesti fiant in vobis (1 Cor.,
II, 19).

Nous sommes donc heureux, et très heureux, N. T. C.
F., à l'idée du compte qu'il Nous sera donné de pouvoir
rendre de l'état de notre diocèse à l'auguste chef de l'Eglise,
lorsque tout prochainement Nous aurons le bonheur de
nous prosterner à ses pieds, et de le prier de vous bénir
en nous bénissant Nous-même ! Personne n'ignore aujour-
d'hui que la célébration du Concile Nous impose le devoir
de nous rendre bientôt à Rome ! Et Nous jouissons par
avance d'un véritable bonheur, en pensant à la joie dont
sera inondé le cœur du Vicaire de Jésus-Christ, le saint
et vénérable Pie IX, lorsque vous rendant la justice qui
vous est due, Nous ferons l'éloge des brebis qu'il confiait

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à nos soins, en Nous nommant votre Evêque et en nous imposant la charge de pasteur de vos âmes.

Mais il est temps que Nous en venions au Concile, dont Nous voulions particulièrement vous entretenir en la présente Lettre pastorale, et auquel Nous devons l'honneur d'avoir été convoqué par autorité apostolique, à notre caractère d'Evêque, et à notre qualité de premier pasteur de l'Eglise de St-Hyacinthe.

II

Il n'est personne qui ignore aujourd'hui, N. T. C. F., qu'il a plu au Vicaire de Jésus-Christ notre Saint-Père le Pape Pie IX indiquer par lettres apostoliques datées le 29 juin 1868, un Concile général ou œcuménique, qui doit s'ouvrir à Rome dans la Basilique de St-Pierre du Vatican, le huit décembre prochain, fête de la Conception Immaculée de la Vierge Marie.

Le bruit de cet événement qui au point de vue religieux et historique sera sans contredit le plus grand événement du dix-neuvième siècle, remplit le monde et le tient dans une suspense pleine d'attente et d'admiration depuis au delà d'une année déjà ; et cependant c'est à peine si Nous vous en avons dit quelques mots, en vous annonçant la faveur du Jubilé qu'à cette occasion l'indulgence du chef de l'Eglise a jugé bon d'accorder à l'univers catholique. Est-ce à dire pour cela que Nous avons reçu cette importante nouvelle avec indifférence? A Dieu ne plaise, et loin de là, N. T. C. F., car Nous n'hésitons point à vous protester ici solennellement du contraire! Nous osons même affirmer qu'aucun Evêque n'a reçu la Bulle d'Indiction avec un plus religieux respect, avec une soumission plus profonde que Nous-même! La voix du Souverain Pontife, s'adressant à tout l'Episcopat catholique pour le réunir en concile, a été pour Nous la voix du Ciel : et Nous sommes tombé à genoux pour l'écouter, comme si Nous avion

entendu la voix de Jésus-Christ lui-même. Aussi Nous sommes-nous fait un rigoureux devoir d'adhérer de cœur et d'âme au grand acte de souveraine autorité, émanant de la volonté de celui que Notre-Seigneur a choisi pour en faire la pierre angulaire de son Eglise, pour confirmer ses frères dans la foi, pour paître ses agneaux et ses brebis, c'est-à-dire, son troupeau tout entier, les pasteurs aussi bien que les fidèles ! L'acte de notre adhésion a été consigné en une lettre d'absolue convenance, que Nous avons adressée au Saint-Père à cette fin, et en laquelle Nous manifestions notre soumission, notre obéissance et notre respect pour le Siège de Pierre, en des termes assez clairs et assez énergiques pour rendre évidentes les dispositions avec lesquelles Nous avions accueilli l'annonce de la célébration du Concile. Laissez-nous vous apprendre, N. T. C. F., que l'accomplissement de ce devoir de piété filiale et de sincère dévouement envers le chef de l'Eglise a reçu sa récompense en une réponse remplie de la bienveillance la plus paternelle, dont la grande bonté de Pie IX a daigné Nous honorer, signée de sa main, et en laquelle il vous envoie avec amour sa Bénédiction Apostolique, que Nous l'avions supplié de vous accorder. Ces quelques mots d'explication suffiront pour vous faire comprendre comment Nous avons envisagé le fait si extraordinairement intéressant de la convocation du Concile, dont Nous avons à dessein remis de vous parler jusqu'au moment où il Nous faudrait songer à Nous éloigner de vous, pour aller Nous acquitter de l'obligation qui incombe à tout Evêque d'y assister. Entrons maintenant dans notre sujet.

III

Le Fils unique de Dieu, par amour pour les hommes et pour les sauver de la ruine éternelle qu'ils avaient encourue par le péché, est descendu du ciel; et s'étant incarné par l'opération du Saint-Esprit au pur et chaste sein de la Vierge Marie, il s'est fait homme, et a apporté à la terre la

bonne nouvelle du salut avec la lumière de son Evangile; et après une vie de trente-trois années, passée dans la pauvreté, la prière et la pénitence, il consommait sa mission de Sauveur du monde sur le Calvaire, en mourant sur une croix. Puis étant ressuscité et sorti glorieux du tombeau, il est remonté aux cieux pour s'asseoir et régner à la droite de Dieu le Père tout-puissant. Mais avant de rentrer dans la possession de son repos et de sa gloire éternelle, il avait réglé et disposé toute chose pour que l'œuvre de rédemption qu'il était venu opérer durât et produisît ses effets jusqu'à la consommation des siècles; et pour cela, il avait établi son Eglise, c'est-à-dire, cette société spirituelle, cet empire des âmes, dont la durée ne serait point limitée par le temps, et dont l'étendue n'aurait point d'autres bornes que celles de l'univers. Et comme c'est au moyen de cette société que le divin Sauveur voulait faire durer autant que les âges le grand ouvrage de régénération et de sanctification qu'il était venu consommer en faveur des hommes, étant Dieu il a dû dans sa sagesse établir cette société qu'il a lui-même nommée son Eglise (ædificabo Ecclesiam meam) sur des bases et dans des conditions qui lui permissent d'atteindre infailliblement la fin à laquelle il la destinait. Or cette fin (ceci est une vérité admise par tous ceux qui sont ou se disent disciples de Jésus-Christ et de son Evangile), c'était de le remplacer à travers les siècles auprès du genre humain tout entier, et de sauver les hommes comme il les eût sauvés lui-même s'il fût demeuré au milieu d'eux visiblement et en personne, pour leur enseigner la vérité et leur dispenser ses mérites.

Et pour la mettre en état de remplir cette fin surnaturelle et au-dessus de toute vertu et de toute force humaine, le Fils de Dieu a voulu que son Eglise exerçât jusqu'à la consommation des temps le même divin ministère d'enseignement, de réconciliation et de salut, qu'il avait lui-même activement rempli pendant son séjour sur la terre, et sur

tout pendant les trois dernières années de sa vie : -et en conséquence il lui a confié l'immense dépôt du grand ensemble de vérités, de commandements, et de divines institutions, qu'en descendant du ciel il était venu révéler et donner à la terre. Mais pour que ce dépôt sacré de la révélation et de la charité divine, renfermant tout ce qu'il faudrait croire et pratiquer pour être sauvé, pût traverser les âges sans aucune corruption ni altération, et porter sûrement aux hommes de tous les siècles le salut et la paix, ces fruits célestes de l'incarnation du Verbe éternel, il fallait que l'Eglise, dépositaire de ce trésor de vérité, de miséricorde et d'amour, d'un prix comme d'un mérite infini, fût revêtue d'une autorité souveraine d'enseignement, ayant droit d'imposer à tous les esprits, à tous les cœurs, à toutes les volontés un entier assentiment, une adhésion ferme et inébranlable, comme si au lieu d'enseigner par son Eglise, le divin Fondateur du Christianisme eût fixé son séjour sur la terre pour enseigner toujours lui-même en personne.

Et puisqu'elle devait ainsi parler et enseigner au nom et à la place de l'éternelle vérité, il fallait nécessairement que l'Eglise fût à l'abri de tout danger, et même de tout soupçon de possibilité d'erreur ; il fallait que son autorité doctrinale participât au caractère de divine infaillibilité, essentiellement inhérente à la parole du Verbe ou de la Sagesse de Dieu; c'est-à-dire, qu'il fallait, pour que l'oeuvre de Jésus-Christ ne fût point simplement une œuvre humaine, que jamais l'Eglise dans son enseignement ne pût tromper, ni être trompée, ni se tromper, dans les questions qui intéressent la Religion. Et c'est ce qu'a voulu l'auteur et le consommateur de la foi, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Or ce qu'il a voulu, il a pu le faire, comme personne ne saurait avoir l'idée d'en douter ; et il l'a fait véritablement et en effet, lorsque donnant la mission à ses Apôtres, il les constitua autorité enseignante dans son Eglise, employant à cette fin des expressions, un langage dont la solennité et la clarté rendent tout doute impossible sur

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