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"Fermez donc l'oreille, dit le Souverain Pontife Léon XII, d'heureuse mémoire, fermez l'oreille aux paroles "de ceux qui, pour vous attirer dans leurs assemblées, vous affirment qu'il ne s'y commet rien de contraire à "la raison et à la religion. D'abord ce serment coupable "que l'on prête même dans les grades inférieurs, suffit "pour que vous compreniez qu'il est défendu d'entrer "dans ces premiers grades et d'y rester. Ensuite, quoique "l'on n'ait pas coutume de confier ce qu'il y a de plus "criminel et de plus compromettant, à ceux qui sont dans "les grades inférieurs, il est cependant manifeste que la "force et l'audace de ces sociétés pernicieuses s'accrois

sent en raison du nombre et de l'accord de ceux qui en "font partie. Ainsi ceux des rangs inférieurs doivent " être considérés comme complices de tous les crimes qui "s'y commettent" (Lettre apostolique de Léon XII, 13 mars 1826).

Tenez-vous également éloignés de certaines autres sociétés, moins secrètes, il est vrai, mais encore trop dangereuses. Sous prétexte de protéger les pauvres ouvriers contre les riches et puissants qui voudraient les opprimer, les chefs et les propagateurs de ces sociétés cherchent à s'élever et à s'enrichir aux dépens de ces mêmes ouvriers souvent trop crédules. Ils font sonner bien haut les beaux noms de protection mutuelle et de charité, pour tenir leurs adeptes dans une agitation continuelle et fomenter des troubles, des désordres et des injustices. De là résultent pour les pauvres ouvriers deux grands malheurs. D'abord ils s'exposent au danger de perdre leur foi, leurs mœurs et tout sentiment de probité et de justice, en faisant société avec des inconnus qui se montrent malheureusement trop habiles à leur communiquer leur propre perversité. En second lieu, l'on a vu, ici comme aux Etats-Unis, comme en Angleterre, comme en France et partout ailleurs, les tristes fruits de ces conspirations contre le repos public. Les pauvres ouvriers n'en

ont retiré qu'une misère profonde, une ruine totale des industries qui les faisaient vivre; et quelquefois même, les rigueurs de la justice humaine sont venues y ajouter des châtiments exemplaires.

Croyez-le donc bien, nos très chers Frères, lorsque vos pasteurs et vos confesseurs cherchent à vous détourner de ces sociétés, ils se montrent vos véritables et sincères amis ; vous seriez bien aveugles si vous méprisiez leurs avis pour prêter l'oreille à des étrangers, à des inconnus qui vous flattent pour vous dépouiller, et qui vous font de séduisantes promesses pour vous précipiter dans un abîme d'où ils se garderont bien de vous aider à sortir.

VIII

DE L'INTEMPÉRANCE.

Nous devons encore vous prémunir, nos très chers Frères, contre un ennemi qui se présente à vous sous les dehors les plus séduisants, et qui en veut à votre repos, à votre fortune, à votre santé, à votre famille et à votre salut éternel. Oh! que de ruines entassées sur le passage de ce monstre infernal que l'on apppelle ivrognerie ! Que de larmes il a fait répandre! Que de crimes il a inspirés ! Malheur à vous, s'écrie le prophète Isaïe, malheur à vous qui vous levez de bonne heure pour vous livrer à l'intempérance jusqu'au soir! Malheur à vous qui êtes forts pour boire le vin et pour en supporter les excès (Isaïe, V, 11, 22)! En criant ainsi malheur, ce n'est pas une malédiction que Nous prononçons contre des enfants égarés, pour le salut desquels Nous donnerions volontiers notre vie; il Nous est toujours bien plus doux de pardonner et de bénir. Mais pouvons-nous ne pas vous rappeler les paroles du Saint-Esprit, annonçant avec une infaillible certitude le sort affreux qui menace l'ivrogne? Et que dirons-nous de ces vendeurs de boisson qui se font les

suppôts de Satan dans un commerce infâme et homicide? Malheur à celui par qui vient le scandale (S. Matth., XVIII, 7) Malheur à l'ivrogne, mais malheur mille fois aux vendeurs de boissons, qui sont la cause première de toutes ces calamités !

Comment pourrait-il en être autrement, quand il s'agit d'un vice qui ravale l'homme au-dessous de la brute ; qui éteint tout sentiment d'honneur, de pudeur et d'affection; qui ruine les familles et attire sur elles des châtiments terribles à cause des crimes et des blasphèmes dont il est la source féconde? N'est-ce pas un vice qui tue en même temps le corps et l'âme du malheureux qui s'y abandonne ?

Nous faisons donc appel à tous ceux qui ont à cœur le bien de la religion et de la patrie, afin qu'ils s'unissent à Nous pour arrêter, ou du moins pour diminuer, autant que possible, les ravages de l'intempérance. Oui, Nous vous en supplions par la charité de Notre-Seigneur Jésus Christ, qui est mort pour racheter nos âmes, priez pour ces malheureux que Satan tient enchaînés dans une habitude ruineuse; priez pour que Dieu ouvre les yeux à ces vendeurs de boissons sur l'énormité du scandale dont ils se rendent coupables; priez pour que Dieu inspire à nos législateurs de sages mesures propres à arrêter un mal si préjudiciable à notre pays; priez enfin pour que les autorités municipales et paroissiales remplissent courageusement et fidèlement leur devoir, car elles répondront un jour devant le souverain Juge de tous les crimes qu'elles pouvaient et devaient empêcher. Hélas! n'arrive-t-il pas trop souvent que les intérêts de toute une paroisse sont sacrifiés aux clameurs et aux intrigues d'un petit nombre d'amis des auberges?

A ces prières ferventes, joignez l'exemple, en vous enrôlant dans ces belles sociétés de la Tempérance et de la Croix, établies dans vos paroisses et missions. Quel bonheur pous vous, quel mérite, quelle joie dans le ciel d'avoir contribué ainsi à la conversion de quelques

pauvres âmes! Enfin, ne vous contentez pas de gémir en secret, mais sachez déployer du courage et de l'énergie pour élire et appuyer des conseillers municipaux qui veulent sincèrement le bien, et pour protester contre les lâches complices de tous les abus.

IX

DE L'USURE.

Quel est le cœur assez insensible pour ne pas gémir sur la cruelle industrie de ces prêteurs qui profitent de la nécessité d'un pauvre malheureux pour extorquer des intérêts exorbitants? Et une fois engagés dans cette voie ruineuse, les pauvres victimes n'en sortent que quand il ne leur reste plus une obole à donner à leur insatiable tyran.

Que ceux qui ont de l'argent à prêter, se rappellent bien que ce n'est pas sans danger que l'on viole les éternelles lois de la justice et de la charité. Tôt ou tard ces fortunes amassées par l'usure se fondront entre leurs mains, ou entre celles de leurs enfants, sous le souffle de la justice divine, car celui qui dépouille le pauvre pour s'enrichir, dit le Saint-Esprit, se verra dépouillé à son tour par un plus riche et il sera dans l'indigence (Prov., XXII, 16). Le sang d'Abel criait contre l'homicide Caïn; les pleurs des pauvres dépouillés par l'usure, crient contre l'usurier, et l'usurier n'échappera pas plus que l'homicide à la vengeance divine. Qu'arrivera-t-il donc à l'usurier? demande le prophète. Cet homme vivra-t-il devant le Seigneur? Non, il ne vivra point; car il a fait une chose détestable; il mourra, et son sang retombera sur sa tête (Ezechiel, XVIII, 13). Car, ajoute le psalmiste, c'est une chose certaine que Dieu prendra en main la cause du pauvre et le vengera de ses oppresseurs (Ps. CXXXIX. 13).

A la vérité nos législateurs ont aboli les lois qui punissaient autrefois ceux qui exigeaient un intérêt plus élevé

que six par cent, et les tribunaux forcent l'emprunteur à payer l'intérêt stipulé, quelque énorme qu'il soit. Mais ce serait une grande erreur de s'imaginer que l'on peut maintenant exiger en conscience tel intérêt que l'on veut.

Non, non, nos très chers Fréres, si vous avez de l'argent à prêter, vous n'avez pas en conscience le droit d'en retirer tel intérêt qu'il plaira à votre cupidité de fixer. La loi de l'éternelle justice est toujours au-dessus de vos têtes, et tous les législateurs du monde ne sauraient l'abolir. Elle vous défend d'exiger au delà d'un intérêt raisonnable, dont la quantité, à défaut de lois civiles qui la déterminent, dépend du titre spécial que vous pourriez avoir pour exiger un intérêt, ou bien de la commune estimation que les hommes d'affaires probes et honnêtes, font de la valeur de l'argent. Tout ce que vous exigeriez au delà serait injustement acquis et devrait être restitué. Voilà, nos très chers Frères, ce que Nous pensons que l'éternelle loi de la justice peut vous permettre. Mais il est une autre vertu qui, dans vos prêts d'argent, comme dans tous vos rapports avec le prochain, ne doit pas être oubliée : c'est la charité.

Sous la loi de Moïse, il était défendu aux Juifs d'exiger le plus petit intérêt des sommes prêtées à leurs compatriotes (Deut. XXIII, 19). Dieu avait voulu ainsi resserrer entre tous les enfants d'Abraham les liens de cette charité qui doit unir des frères.

Or, nos très chers Frères, depuis que Dieu le Père a aimé le monde jusqu'à lui donner son Fils unique (S. Jean, III, 16); depuis que ce Fils unique nous a aimés jusqu'au point de se livrer à la mort pour nous (Gal., II, 20); depuis que le Saint-Esprit a répandu dans nos cœurs un rayon de cette charité infinie qui unit ensemble les trois personnes de l'adorable Trinité (Rom., V, 5), la charité est devenue la loi par excellence. Donc, si Dieu nous a aimés ainsi, nous devons nous aimer les uns les autres (S. Jean, IV, 11), comme enfants de Dieu et frères d'une même famille.

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