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Voici comment le savant auteur esquisse les différentes phases qui se sont déroulées pendant l'Aurignacien :

« On peut, dans la France du centre et du sud-ouest, reconnaître comme devant être placés au voisinage les uns des autres et dans le premier tiers de l'Aurignacien, le niveau de l'abri Audi, à tendance encore moustérienne, le niveau de Chatel perron, nettement aurignacien, mais trop apparenté au précédent par ses silex pour s'en écarter beaucoup chronologiquement, d'autant mieux que le gisement de la Ferrassie présente un type parfaitement intermédiaire entre les deux. A un niveau un peu supérieur, se rencontrent des stations qui accentuent beaucoup la note aurignacienne; les silex montrent la belle retouche caractéristique de cette période; les lames sont fortes et grandes, avec des coches marginales simples, opposées ou alternes, larges et nombreuses, les grattoirs carénés, massifs et peu soignés apparaissent, ainsi que de rares burins, principalement sur angle avec retouche transversale ou convexe. L'outillage osseux s'enrichit d'instruments variés, parmi lesquels la pointe d'Aurignac, à base fendue ou non, est la plus connue. A ce niveau appartient l'assise à statuettes de Brassempouy.

» Avec l'Aurignacien moyen plus développé, les grattoirs carénés se multiplient beaucoup, et se diversifient; leurs retouches lamellaires sont longues et fines, bien parallèles; on les retrouve aussi sur divers objets un peu épais; les burins de presque tous les types sont inventés, avec prédominance, d'abord, du burin busqué, puis bientôt du burin d'angle. La pointe de la Gravette apparaît timidement, ainsi que l'outillage microlithique. L'outillage en os est extrêmement nombreux; l'art décoratif, le dessin linéaire, la peinture à fresques sont en usage. C'est le point culminant de la retouche aurignacienne, bien que, vers la fin, la décadence se note déjà.

»'L'Aurignacien supérieur montre en effet un nombre beaucoup plus restreint de silex retouchés, mais la taille des lames allongées et étroites devient fort habile; les burins en bec de flûte, polyédriques, ou prismatiques, et surtout sur angle de lame à retouche transversale oblique, droite, convexe ou concave, sont souvent extrêmement nombreux, et d'une diversité de dimensions et de facture déconcertante; la pointe de la Gravette a un tranchant abattu, verticalement d'un bout à l'autre, et à extrémité (parfois les deux) très acérée... On y trouve souvent associées, les pointes à soie, c'est-à-dire à cran bilatéral, de Spy,

Font-Robert, Laussel. Ces pièces elles-mêmes sont constamment en contact avec des prototypes solutréens de feuilles de laurier ébauchées maladroitement. Les types d'os travaillé évoquent parfois ceux du plus vieux magdalénien... La décoration sur os est parfois très remarquable; la sculpture des personnages humains en figurines ou en bas-reliefs est largement usitée; on grave et on sculpte aussi des animaux sur pierre...

» Telle est l'évolution de l'Aurignacien français, et ce qu'on sait de celui de Belgique, d'Allemagne, de Pologne, d'Autriche et des Cantabres, montre des stades analogues... >>

Comment l'Aurignacien a-t-il pris naissance? Quelle hypothèse peut-on formuler sur l'origine de cette première période du Paléolithique supérieur?

Nous croyons que M. Breuil lui attribue une origine africaine et que ce stade si intéressant des temps préhistoriques a débuté par une invasion de peuplades nouvelles :

Dans l'état actuel de nos connaissances, il paraît établi que l'arrivée des paléolithiques supérieurs ait amené, à la fin du Moustérien, un changement social et industriel et une substitution de race humaine si profonde, qu'il serait certainement légitime, dans une classification bien coordonnée, de séparer le Paléolithique ancien des temps qui le suivent par une coupure de grandeur égale à celle qui sépare ceux-ci de l'époque néolithique.

> On ne peut facilement supputer la voie par laquelle les nouveaux venus sont arrivés : les Aurignaciens ont colonisé certainement presque toute la périphérie de la Méditerrannée, et toute l'Europe centrale et occidentale. Des motifs ethnographiques et des ressemblances dans les types humains plaideraient plutôt pour une origine africaine, mais il ne semble pas qu'on puisse songer à la région algérienne; on ne peut guère penser, en tout cas, à une origine orientale, car les facies primitifs de l'Aurignacien n'ont pas encore été rencontrés en Europe centrale et orientale. >>

Voici en quels termes M. l'abbé Breuil rend compte de l'épanouissement de l'épisode solutréen :

«... Tout à coup, en Dordogne, au Tribolite (Yonne), et jusqu'en Ardèche, vient le Protosolutréen grand appauvrissement industriel, par rapport à ce qui précède vraie chute dans le travail de l'os, qui persiste, mais régresse beaucoup, vraie chute aussi, dans la diversité et la confection des autres outils, les

pointes à face plane exceptées, à retouche solutréenne partielle, belle sans doute, mais monotone.

La technique solutréenne se perfectionnant, la feuille de laurier, caractéristique du plein solutréen, est créée et se rencontre de la Pologne et la Hongrie à la Bavière par la Moravie, puis en France, principalement à l'ouest et à l'est du Plateau central, et jusque dans la province de Santander... Dans les Pyrénées françaises, pourtant, les recherches n'ont pas abouti jusqu'à présent à trouver des stations solutréennes... >>

Quant à l'origine du Solutréen, M. l'abbé Breuil est tenté de la chercher à l'est de l'Europe:

« Ce n'est pas vers le sud qu'il faut chercher l'origine du solutréen, et la province méditerranéenne, y compris les Pyrénées proprement dites, n'a probablement pas connu cette industrie.

» Elle semble au contraire devoir provenir de l'est de l'Europe, et les dernières fouilles dans les grottes hongroises indiquent dans ce pays un grand développement du vieux Solutréen... »

L'auteur s'étend longuement sur l'évolution du Magdalénien. Choisissons deux des textes les plus suggestifs :

« Il est peu de gisements où le plus vieux Magdalénien soit mieux représenté qu'au Placard, et développé en couches distinctes donnant l'idée du long développement de cette période avant la floraison artistique si séduisante que tout le monde admire. Trois vastes assises assez facilement discernables y sont observées, sans qu'aucun prototype de harpon apparaisse encore, sans qu'aucune œuvre d'art comparable à la série classique puisse encore être signalée. Ces horizons, reconnaissables aux types des sagaies et aux motifs décoratifs, existent au moins partiellement en Pologne, en Suisse au Kesslerloch, en Périgord, dans les Pyrénées et les Cantabres. Ce n'est qu'au-dessus que se développent les assises à harpons, d'abord rudimentaires, puis à une et à deux rangées de barbelures, ce qui fait de cinq à six divisions fondamentales magdaléniennes avec leur outillage suffisamment reconnaissable, et leur position précisée par des superpositions stratigraphiques bien constatées. Notons, comme caractères analogiques réalisés à de grandes distances, la similitude des schémas gravés sur objets de bois de renne des deux couches magdaléniennes inférieures du Placard, avec ceux de la grotte polonaise de Maszycka à Oicow, avec d'autres des couches correspondantes du Castillo (Santander), de Solutré (1907), du Périgord et du Poitou. >>

« L'histoire des sagaies est fort instructive à la base du Magdalénien, on rencontre des formes lancéolées, généralement puissantes, à base fortement élargie se projetant comme un lissoir à contour ogival dont la face déclive est sillonnée de traits souvent disposés en épis ou en rayons. Puis le biseau se précise ou laisse la place à une base pointue, le fût s'arrondit et s'allonge, parfois se courbe, il se sillonne d'une fine rainure dorsale. Ensuite les sagaies diminuent de volume, les pointes à base en biseau simple deviennent toutes mignonnes, souvent très courtes, avec une ou plus souvent deux profondes rainures opposées; avec celles-ci se trouvent de minces pointes fusiformes profondément creusées de deux cannelures latérales. Puis vient le règne des sagaies à base en double biseau qui se trouvent avec les harpons à simple et surtout à double rangée de barbelures. >> Les considérations du savant auteur sur l'origine du Magdalénien sont aussi originales qu'intéressantes :

« D'où venaient les Magdaléniens? De notables analogies avec l'Aurignacien supérieur pyrénéen, principalement en ce qui concerne l'art pariétal (gravures de Gargas), l'usage répandu des marques de chasse, même la forme très élargie et aplatie à la base des grosses sagaies du vieux Magdalénien peuvent faire songer à un berceau pyrénéen, puisque cette contrée française paraît manquer de l'épisode solutréen. La médiocrité et la rareté des gisements de silex dans ce pays expliqueraient partiellement l'inhabileté des vieux magdaléniens à travailler cette matière avec art. Il ne s'agit là que d'une pure hypothèse; il semble qu'au moins des éléments fondamentaux de l'Aurignacien supérieur ont contribué, par quelque voie incertaine, à constituer le noyau de la civilisation magdalénienne, durant que l'épisode solutréen se déroulait. Il ne semble pas, en tout cas, que les Magdaléniens, s'ils ont une origine étrangère, aient pu venir des provinces méditerranéennes, qui en manquent totalement. On peut au contraire songer à des éléments orientaux, car le Magdalénien ne manque ni en Autriche, ni en Pologne. Des stations de vieux Magdaléniens misérables existent dans le loess d'Autriche, ainsi que M. Obermaier l'a démontré ; en Pologne, la grotte du Maszycka, à Oicow, a donné une grande série d'os travaillés avec décorations schématiques et petites rainures longitudinales correspondant à la couche encore très ancienne de la grotte du Placard qui succède à la base du Magdalénien. Le fait qu'à une date bien plus récente, on trouvera vers l'Oural, et dans les provinces baltiques une espèce de Magdalénien particulier dont

l'origine n'est pas occidentale, doit incliner à faire admettre, vers l'extrême nord-est habitable à ces époques, un foyer magdalénien, qui a pu essaimer vers l'occident d'abord, puis, bien plus tard, vers la Baltique et l'Oural.

>> Nous ne pouvons, en effet, négliger les caractères anatomiques décrits par Testut, de l'homme de Chancelade, et leurs relations avec le type Eskimo actuel, et cette indication plaide en faveur d'un élément nouveau, venu peut-être du fond de l'Asie sibérienne, mais qui bénéficia, dans nos régions, des acquisitions artistiques réalisées et conservées dans certains districts par les peuplades aurignaciennes ou leurs dérivés. »

La révolution qui s'est opérée à la fin du Magdalénien par l'apparition de l'industrie azylienne fournit à M. l'abbé Breuil l'occasion d'étudier l'origine et le cachet particulier des diverses industries microlithiques qui caractérisent la fin du Paléolithique et soit le commencement, soit certains facies du Néolithique.

J. CLAERHOUT.

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