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<< Si dans le passé on a eu trop de confiance dans la puissance du génie humain, se croyant très près de découvrir la raison suprême des choses, on tombe à présent dans l'excès contraire»; c'est l'avis de M. Righi. Il l'énonce au début d'une étude très documentée des plus récentes théories des phénomènes électriques (1). L'excès consisterait à ne voir dans ces merveilleuses théories que des chimères.

M. J. J. Thomson y voit bien autre chose : « En fait, déclare-t-il, le fluide électrique nous est actuellement mieux connu que d'autres fluides, tels que l'air et l'eau » (2). Relevons ce propos, car nous savons pas mal de choses sur l'air et sur l'eau. Les hypothèses et les théories de l'électricité correspondent par conséquent en quelques points à la réalité, et il est permis de croire que ces correspondances deviendront de plus en plus nombreuses et de plus en plus étroites : nous ne prétendions pas démontrer autre chose avant de nous engager dans ces études.

Nous devions le faire : c'est fait !

Parmi ces théories, il en est une qui, après avoir acquis droit de cité dans la science, en avait ensuite été bannie, parce qu'elle avait cessé de s'harmoniser avec des faits, ultérieurement découverts; d'autres lui ont succédé, qui ont subi le même sort, pour la même raison. Mais les théories meurent rarement tout. entières. Le mouvement de la science se poursuit avec logique et avec suite; on l'a comparé au progrès de la vie dont chaque état subsiste dans l'état suivant, et on peut lui appliquer le jugement de Paul Bourget, que

(1) Righi La Théorie Moderne des phénomènes physiques (Traduction Neculcea; Paris, 1906), p. 6.

(2) J. J. Thomson, Electricity and Matter, p. 89; citation en exergue de M. Drumaux, dans la Théorie corpusculaire de l'Électricité (Paris, GauthierVillars, 1911).

l'on ne s'attendait peut-être pas à entendre citer dans un travail scientifique : « Vivre, c'est évoluer, mais c'est aussi durer ».

Pour devenir acceptable, il suffit souvent à une doctrine de quelques modifications ou corrections, qui lui permettent de reprendre plus étroitement contact avec la réalité.

C'est ce qui est arrivé.

Et l'on se prend à augurer que la science pénétrera de plus en plus profondément dans la connaissance de l'électricité, cette chose si pleine d'énigmes, si grande et si puissante, que l'on soupçonne d'être, avec l'éther, le principal d'entre les matériaux de l'Univers.

AIME WITZ

Correspondant de l'Institut,
Doyen honoraire de la

Faculté catholique des Sciences de Lille.

LA NOTION PSYCHOLOGIQUE

DE

SUBCONSCIENCE O

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Vous souvient-il de ce valet de comédie - le valet d'Harpagon, je crois qui endosse tour à tour, avec une gravité burlesque, la livrée de tous les offices d'une grande maison: tantôt laquais, tantôt intendant, tantôt cocher, tantôt maître-queux ?...

Eh bien ! la subconscience joue un peu, aujourd'hui, ce rôle de « valet à tout faire ». On la sonne de dix côtés à la fois... Le psychologue, dans ses promenades à travers les phénomènes conscients, rencontre-t-il une lacune, un fossé trop large? qu'à cela ne tienne : le << subconscient » jettera la passerelle... Le critique d'art prétend-il, devant un chef-d'œuvre, pénétrer le secret de l'inspiration géniale? « élaboration subconsciente», «< irruption magnifique de la subconscience dans la conscience claire »... L'historien des religions, naïvement incrédule trop souvent, se pique-t-il d'enlever tout mystère aux origines du sentiment religieux, aux mobiles des conversions, ou bien, à ces phénomènes si délicats à définir que sont les «< états mystiques»? c'est encore le « subconscient »

qui

(*) Cet article reproduit une conférence prononcée devant un auditoire de jeunes gens à peine initiés aux recherches psychologiques. Aux amis qui nous ont demandé la publication d'une causerie aussi dénuée de toute prétention savante, nous laissons, devant le lecteur bénévole, l'entière responsabilité de leur initiative. Ils ont pensé que les pages qu'on va lire pourraient servir d'introduction facile à quelques études plus techniques, que nous écrirons peut-être pour cette Revue.

tiendra le flambeau... Voici un médecin, dans une clinique de maladies mentales: parcourez avec lui la salle des épileptiques, des hystériques, des délirants, ou que sais-je ? partout, sous les affublements les plus capricieux, il vous fera reconnaître l'imprécise et complaisante figure du « subconscient »... Et si, quittant le terrain respectable de la science psychologique ou médicale, de la critique religieuse, de l'art, vous vous aventurez dans le domaine suspect de l'occultisme et du spiritisme, là encore, les théoriciens les plus écoutés évoqueront devant vous, drapée d'ombre, comme une sibylle antique au fond de l'antre sacré, la « subconscience ».

I

Évidemment, le mot «<subconscience» n'est qu'une étiquette, dont la valeur réside tout entière dans la conception théorique qu'il désigne. Mais cette étiquette, par elle-même, fait image. Les savants qui la créèrent n'étaient point totalement dépourvus d'imagination : on peut même dire que les savants, en général, cultivent la métaphore, sinon avec autant de goût, du moins aussi irrémédiablement que les poètes. La terminologie scientifique, pour une bonne part, est figurée. Voyons donc quel genre d'images leur suggère le terme de << subconscience ».

c'est

La subconscience s'oppose à la conscience à-dire à tout l'ensemble des éléments psychologiques dont nous nous disons « clairement conscients >> comme quelque chose d'inférieur, de sous-jacent. La conscience ressemble aux étages d'une haute maison, bien visibles et baignés de lumière tous les objets y sont distinctement perçus. La subconscience, au contraire, éveille l'idée de sous-sols profonds, obscurs, sans soupiraux peut-être sont-ils bondés de provisions

et d'objets précieux, qui seront successivement remontés au jour; en attendant, ces objets gisent dans d'épaisses ténèbres.

Voulez-vous une comparaison plus exacte? Peut-être avez-vous eu l'occasion de visiter la machinerie d'un grand théâtre. Sous la scène, et derrière les portants des coulisses, c'est un enchevêtrement de tiges, de cables, de poulies, de treuils et d'engrenages; puis, par ci par là, dans ce fouillis, des dispositifs d'optique : miroirs, glaces transparentes, projecteurs, jettent un reflet furtif; puis encore, dans toutes les directions, courent des rampes de lampes électriques de teintes diverses, que le mécanicien allumera ou éteindra à volonté en un mot, un mécanisme extrêmement compliqué, une vaste « machine », dont le public, assis dans la salle, n'aperçoit rien. Que voit-il, le public? Rien que la scène, tout illuminée, avec sa parure chatoyante, ses changements à vue, ses décors fondants: une féerie, où tout s'harmonise et semble vivre en pleine clarté... Pourtant, ce qui se voit la splendeur vivante de la scène est à chaque instant le résultat d'un labeur précis et compliqué, qui ne se voit pas le travail obscur de la machinerie. La scène symbolise la conscience, la machinerie la subconscience : les psychologues nous parleront de « l'entrée d'une représentation sur la scène de la conscience », etc...

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Ils se permettront d'ailleurs, pour exprimer le rapport de la conscience à la subconscience, bien d'autres comparaisons encore. Une de leurs métaphores favorites évoquera l'image d'un foyer lumineux, avec sa frange et sa pénombre: conscience pleine au foyer, conscience marginale à la frange, subconscience dans la pénombre. Ou bien, une métaphore empruntée aux installations de cinématographe: la conscience sera figurée par l'écran lumineux, la subconscience par la cabine de l'opérateur, où se dissimule le mécanisme du passage des films devant l'objectif.

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