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lieu qu'à la fin de la guerre et dans une proportion très restreinte. Seulement, pour parer à toute éventualité, on dut tout préparer pour faire en France de l'acide azotique par synthèse, en s'affranchissant de l'importation des azotates naturels, et un tiers environ de l'acide employé provint des procédés de synthèse.

Après une étude attentive, les Ingénieurs des Poudres optèrent pour la fabrication fondée sur l'emploi de la cyanamide, provenant elle-même du carbure de calcium. On sait que le carbure de calcium CaC2, découvert par Moissan, se produit facilement par la réaction du charbon sur la chaux sous l'influence de l'arc électrique. Plusieurs usines en fabriquaient couramment dans la région des Alpes en utilisant les chutes d'eau pour produire l'énergie électrique dès lors il n'y avait qu'à les développer. Le carbure de calcium CaC, traité par l'azote pur vers la température de 900° donne la cyanamide CN,Ca. L'azote pur est le plus souvent obtenu par la liquéfaction de l'air d'après le procédé Claude, suivi d'une distillation fractionnée. La cyanamide, par l'action de l'eau sous pression vers 180°, fournit l'ammoniaque :

CN.Ca + 3H2O CO,Ca + 2NH3

Enfin l'ammoniaque passant avec de l'air sur du platine chauffé vers 300', agissant comme catalyseur, fournit l'acide azotique ou plutôt du bioxyde d'azote qui peut ensuite être facilement changé en acide azotique c'est la réaction classique de Kuhlmann. Elle s'exécute facilement, sans exiger de trop grandes quantités de platine, qui théoriquement reste intact. Dans les dernières années de la guerre, une usine considérable recouvrant cinquante hectares, avait été installée par le service des poudres pour appliquer ce procédé de synthèse. Mais déjà l'industrie privée l'avait mis en

III SÉRIE. T. XXVIII.

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train dans un grand nombre d'usines de nos régions montagneuses.

On avait aussi produit une certaine quantité d'acide azotique par synthèse au moyen de l'union directe de l'azote et de l'oxygène de l'air sous l'influence de l'arc électrique, comme on le fait en Norwège (Birkeland et Eyde). Une usine avait été installée dans ce but dans les Pyrénées, à Soulon.

L'acide azotique expédié de Norwège à l'état d'azotate d'ammoniaque, a rendu de très grands services. Il servait à la fabrication de la schneidérite, mélange d'azotate d'ammoniaque et d'un comburant tel que la dinitro-naphtaline.

Quelques industriels avaient essayé le procédé Haber, très employé par les Allemands union directe de l'azote et de l'hydrogène sous l'influence d'un catalyseur tel que le fer ou le ferro-tungstène ou le ferro-molybdène vers 600° sous une pression de 200 atmosphères ; l'ammoniaque ainsi produit étant changé ensuite en acide azotique en le faisant passer avec de l'air sur du platine vers 300° d'après la réaction de Kuhlmann. Ce mode de production de l'ammoniaque a été repris par M. Claude, depuis deux ans environ, dans des conditions qui donnent un rendement beaucoup plus considérable, grâce à une pression de près de mille atmosphères, vers la température de 600°.

Enfin l'azote de l'air peut être fixé par l'intermédiaire de l'aluminium (pratiquement, mélange de bauxite ALO, HO et de charbon) à très haute température; il l'absorbe en donnant un azoture; celui-ci par l'action de l'eau donne de l'alumine et de l'ammoniaque (procédé Serpeck, exploité à Saint-Jean de Maurienne). Mais il ne semble pas que ce procédé ait beaucoup été utilisé pendant la guerre.

III. APPLICATIONS SCIENTIFIQUES DIVERSES

Si cet exposé ne risquait pas d'être démesurément allongé, on pourrait mentionner beaucoup d'autres applications des sciences expérimentales à l'art militaire pendant la guerre. Choisissons-en seulement quelques-unes.

Les fumigènes ont été extrêmement utiles pour la guerre, tant sur terre que sur mer. On produisait des nuages blancs qui masquaient la position exacte d'un navire de manière à en éviter le torpillage. Ils étaient obtenus par l'action de la vapeur d'eau de l'atmosphère sur certains chlorures métalliques volatilisés : chlorures de titane, d'étain et même de zinc.

L'hélium, ce gaz rare si curieux, commençait, au moment de l'armistice, à être employé pour les aérostats militaires. Il offre un grand avantage sur l'hydrogène, parce qu'il n'est pas inflammable. Sa densité est quatre fois plus forte que celle de l'hydrogène, mais il permet d'obtenir une force ascensionnelle très suffisante. Aux Etats-Unis, on était arrivé à le préparer, mais avec des dépenses considérables, en liquéfiant l'air émanant de certaines sources naturelles contenant jusqu'à ou 1 pour cent d'hélium, puis en le soumettant à des distillations fractionnées. On avait fabriqué ainsi, paraît-il, 1400 mètres cubes d'hélium. On comptait envoyer sur Berlin des aérostats de ce genre munis de bombes explosives.

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La métallurgie de l'acier a pris d'énormes développements pendant la guerre, car après la bataille de la Marne, on manquait presque de projectiles. Au lieu de fabriquer treize mille obus par jour, comme il avait été prévu, on arriva en 1918 à deux cent cinquante mille on produisait en même temps par jour 50 canons de 75.

Aucune découverte sensationnelle ne se rattache à ce travail intensif: il fallait aller au plus vite et les

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des usines métallurgiques de France, celles du Nord et de l'Est, étaient arrêtées.

Cependant beaucoup de progrès pratiques ont été réalisés : surtout la simplification des anciens procédés traditionnels du service de l'artillerie : ainsi on a admis le travail par le laminage au lieu de la presse ou du marteau-pilon on a autorisé la fabrication des obus avec l'acier Thomas.

Mais en même temps on a reconnu la nécessité de diriger et de contrôler de plus en plus la fabrication dans des conditions de véritable rigueur scientifique : analyses chimiques et essais mécaniques très sérieux. Signalons aussi une réelle augmentation dans la production de la fonte au four électrique.

Vers la fin de la guerre, plusieurs aciers spéciaux avaient pris beaucoup d'extension; surtout l'acier Hadfield, au manganèse, dont une variété était employée pour les casques des soldats (13 pour cent de manganèse).

Le dur-aluminium (aluminium allié à 3,7 pour cent de cuivre et 0,5 de magnésium) était de plus en plus en faveur.

Si la présente étude n'était pas destinée spécialement à la chimie, nous aurions pu y comprendre les applications de la physique. Mentionnons dans ce sens :

la balistique des hautes régions de l'atmosphère 8.000 m. à 12000 m.) où la faible densité de l'air diminue extraordinairement la résistance. M. le Comte de Sparre a pris une grande part à ces progrès dont profitera l'aéronautique civile;

le repérage par le son des batteries ennemies; en combinant les renseignements ainsi obtenus avec ceux

des avions et avec l'observation directe, on arrivait, grâce aux admirables cartes du service géographique de l'armée, à déterminer l'emplacement d'une batterie à environ dix mètres près;

la télégraphie sans fil a fait pendant la guerre d'énormes progrès pratiques.

IV. UTILISATION EN TEMPS DE PAIX DES FABRICATIONS DE GUERRE

On peut se demander ce que deviendront les nombreuses installations réalisées rapidement et avec d'énormes dépenses pour la chimie de guerre. C'est un problème qui est à l'étude et qui n'est pas encore complètement résolu.

L'un des produits les plus importants des nouvelles fabrications est la cyanamide obtenue en vue de faire de l'acide azotique. On est en droit de supposer que la cyanamide survivra à la guerre et sera utilisée par l'agriculture, qui commence déjà à l'employer. En effet, la cyanamide, qui dans le sol humide se change peu à peu en ammoniaque, est un véritable engrais azoté à forte teneur en azote : elle en renferme 18 à 20%, tandis que l'azotate de soude naturel du Chili n'en renferme que 15 ou 16%. Son prix est, dit-on, moins élevé. Déjà avant la guerre ou fabriquait de la cyanamide en Belgique. Sa production, très étudiée aujourd'hui, grâce précisément aux besoins de la guerre, est un des moyens de résoudre le problème capital de la fixation de l'azote atmosphérique.

L'acide sulfurique reprendra l'une de ses applications principales, la fabrication des superphosphates, si importante pour l'agriculture qui a beaucoup manqué d'engrais pendant ces dernières années. Mais le

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