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chrétien, ou ils ne cessaient d'envoyer leurs missions, pour retirer leurs frères de la communion de Rome, qu'ils regardaient comme corrompue. Ils n'avaient d'autres deniers que la subvention volontaire de leur peuple, dont ils faisaient trois portions. De l'une ils nourrissaient leurs pauvres; de l'autre ils entretenaient leurs pasteurs; et la troisième etait employée aux frais de la mission évangélique. Les ministres, après avoir prêché quelques années à leurs troupeaux, les quittaient, pour aller annoncer tour-à-tour le pur évangile, aux lieux où la Providence leur ouvrait une porte, pour y établir le règne de Jésus Christ. Quelques uns d'eux se mariaient, pour montrer qu'ils approuvaient ce saint engagement; mais plusieurs gardaient le célibat, comme le jugeant plus propre aux voyages, et aux travaux auxquels ils étaient appellés. Ils avaient des correspondances dans toute l'Europe, et particulièrement dans l'Italie, ayant des maisons à Gênes, à Florence, et à Venise, maisons qui etaient le rendez-vous de leurs disciples.

On peut les reconnaitre à leurs fruits. Lollard ayant été envoyé en Angleterre y convertit un grand peuple, qui de son nom fut nommé la secte des Lollards. Ce sont les précurseurs des Viclefites. Pierre de Deyt et Jacques de Misne, tous deux Vaudois, ayant passé en Bohème rem

plirent ce pays de leur doctrine. C'est Æneas Sylvius Piccolomini, qui fut depuis le pape Pie II. qui nous l'apprend dans son Histoire des Taborites. Barthelemi de Carcassone rétablit les Eglises de Dieu en Hongrie, Dalmatie, Croatie, etc. ce qui fait que Matthieu Paris l'appelle leur évêque et leur pape. Giovanni du Val Luzerne envoyé à Gênes, Daniel de Valence en Bohème, Louis Pascal du Val Saint Martin en Calabre, Jean Mus en Provence, y ont travaillé avec beaucoup de succès à la propagation du pur évangile. Mais leurs progrès n'approchent pas de ceux d'Arnaud, Esperon, Joseph, ministres comme eux des vallées, et dont les disciples, répandus partout, ont été ap pellés de leurs noms.

Quand les ministres ne suffisaient pas à la moisson, on y envoyait des laïques, qui, par la bonne education qu'ils avaient reçue dans les vallées, étaient autant de Lévites, toujours occupés du soin d'apprendre ou d'enseigner les vérités du salut. Voici ce qu'on nous en dit dans un ancien manuscrit dont l'auteur était de votre communion.* Les hommes et les femmes (c'est des Vaudois dont il parle), les petits et les grands, la nuit et le jour ne cessent d'enseigner et d'apprendre. De jour le laboureur enseigne

Apud Johan. Valerium Andream, Dialog. 35.

J'ai

son compagnon ou apprend de lui; et la nuit tout le tems qu'ils peuvent veiller, ils l'employent à s'instruire les uns les autres. Ils enseignent même sans livres. Celui qui a été sept jours leur disciple, commence à en chercher d'autres, à qui il apprend aussi ce qu'il a appris. Que s'il s'en trouve quelqu'un, qui se veuille excuser sous prétexte qu'il ne saurait apprendre par cœur, ils lui disent, apprens seulement un mot par jour, et au bout d'un an tu sauras déjà plusieurs sentences, et continuant d'an en an tu profiteras encore. moi-même vû de mes yeux et ouï de mes oreilles un de ces pauvres paysans recitant par cœur le livre de Job tout entier, sans y manquer d'un mot; et quantité d'autres qui savaient parfaitement tout le Nouveau Testament. Que s'ils voyent quelqu'un qui vive mal, ils le châtient rudement par leur discipline, et lui disent, Les Apôtres n'ont pas ainsi vécu, etc. L'Inquisiteur Reyner n'en parle pas autrement. Les Vaudois, dit-il dans le livre même qu'il a fait contre eux, les Vaudois savent par cœur en langue vulgaire tout le Nouveau Testament, et une grande partie du Vieux. Car ils disent, que tout ce que les prédicateurs prêchent, sans le prouver par le Vieux et le Nouveau Testament, n'est que mensonge.

Un peuple si bien instruit ne pouvait être

qu'en grande estime parmi tous ceux qui cherchaient à servir Dieu selon la pureté de son évangile. Aussi l'Eglise des vallées était-elle reconnue pour la mère des Eglises évangéliques qui ne voulaient avoir aucune communion avec celle du pape, à-peu-prés comme l'Eglise de Jérusalem fut celle des Eglises Chrétiennes quis'établirent partout ailleurs. C'etait là comme le centre où les autres ressortaient. On envoyait de là des pasteurs dans toute l'Europe, et de tous les endroits de l'Europe on abondait là, pour y être instruit, non dans les sciences humaines, mais dans les principes de la véritable religion. Si l'on refuse d'en croire nos auteurs, on en croira peut être l'inquisition, dont le principal soin, après celui d'extirper les Vaudois autant qu'il lui était possible, était de s'informer des moyens qu'ils employaient pour répandre partout leur religion. Je trouve, dit un ministre de cet office, dont les paroles sont rapportées par Flaccius Illyricus dans son Catalogue des témoins de la vérité, Je trouve qu'ils se sont accoutumés de s'en aller de Bohème en Lombardie vers les Vaudois leurs précepteurs, ad suos præceptores Valdenses, comme à une certaine école ou académie, pour y apprendre la théologie. Le Livre des Martyrs s'accorde en cela avec l'inquisition, puisqu'au livre premier pag. 22 il nous dit, de quelques évangéliques d'Allemagne,

qu'ils envoyaient étudier et façonner dans les vallées ceux qu'ils voulaient consacrer au Saint Ministère.

Ainsi les vallées étant la retraite, l'école, le séminaire, de ceux qui préféraient la communion de Jésus Christ à celle du pape, il est aisé de comprendre, comment les Vaudois ne forment qu'une même société avec ceux, qu'on nommait Albigeois, Tolosains, Picards, Lyonistes, Petrobrusiens, Henricieus, Viclefites, Sacramentaires, Stenorauistes, Ariens, Manicheéns, Cathares, Croyans, Evangéliques, tous noms empruntés, ou des lieux où ils ont habités, ou des docteurs qui les ont instruits, ou des calomnies par lesquelles on a taché de les flétrir, ou des titres qu'ils se donnaient eux-mêmes. Mais la plus grande division de ce peuple est celle qui les distingue en Vaudois et Albigeois; et la plus juste serait de les partager en Vaudois résidans dans les vallées, et Vaudois répandus dans les diverses parties du monde chrétien, comme dans la tige et ses branches.

En effet il parait que des vallées ils s'étendirent dans la Provence, et de la Provence dans le Languedoc, et cela de fort bonne heure. Henri Pantaleon, dans son Histoire des Martyrs publiée l'an 1563,prouve par divers témoignages, que les Vaudois avaient passé de leurs vallées

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