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dans la Provence il y avait deux cens ans :-a ducentis ferme annis a Pedemontio in Provinciam transiérant.

Mais le Moine des vallées de Sernay, leur ennemi mortel, remonte plus haut, et veut que de tout tems Thoulouse eut été infectée de l'hérésie Vaudoise. Jacques de Riberia, ennemi des Vaudois, nous en marque les progrés dans ses recueils de la ville de Thoulouse, lorsqu'il dit, que les Vaudois ont long tems tenu le premier rang dans la Gaule Narbonnaise aux dioceses d'Alby, &c. Il ajoute, que c'est parceque ceux qui voulaient être appellés prêtres, évêques, et ministres de l'eglise, étaient en mauvaise estime; car se trouvant presque tous ou indignes ou ignorans, il fut facile à ces Vaudois par l'excellence de leur doctrine de prendre le dessus entre le peuple, parcequ'ils disputaient subtilement de la religion par-dessus tous les autres; ce qui faisait que les prêtres mêmes les admettaient à enseigner publiquement, sans approuver leurs opinions, parce qu'ils leurs étaient inférieurs en connoissance. Du Languedoc et de la Guienne ils passèrent en Angleterre. La doctrine des Vaudois, dit La Popeliniere au L. 1. de son Histoire de France, a été communiquée aux Anglais par les habitans des quartiers d'Alby, nommés Albigeois, qui en ce tems là se trouvaient leurs voisins, parcequ' alors les Anglais possédaient la Guienne; et qu'elle

fut semée dans l'entendement de plusieurs, qui la porterent en Angleterre, où elle tomba de main en main dans la tête de Viclef, fort renommé théologien dans l'université d'Oxfort, lequel par son eloquence et sa rare doctrine gagna si bien le cœur et l'esprit de plusieurs Anglais, et même des plus grands, qu'ils l'embrasserent. Il ajoute, qu'un ecolier porta à Prague un livre de Viclef, nommé des Universales, lequel éclaircit la doctrine déjà dès long tems semée en Bohème par les Vaudois, qui s'y étaient refugiés dès le tems de Valdo, tellement que plusieurs du peuple, des ecoliers, des Nobles, et même des ecclésiastiques, la suivirent. En voila asséz pour le premier article.

2. Je passe au second, qui ne me retiendra pas si long tems. Car qui ne sait qu'entre la doctrine des Vaudois et celle des Protestans, il n'y a presque que le nom de changé? On avait toujours accordé cela, jusqu'au tems où les Bossuets, les Arnauds, et autres, s'aviserent de chicaner, mal-à-propos et contre toute vérité, là dessus; mais c'était chicaner en vain contre une vérité certaine et mille fois reconnue. On reprocha à Luther d'avoir renouvellé les hérésies déjà condamnées des Vaudois et des Albigeois, comme s'expriment Eckius et Vimpina. On a fait le même reproche à Calvin et à ceux de saCommunion, dont Jean de Cardonne a dit dans

le vers qu'il a mis à la tête de l'Histoire du Moine de Sernay,

"Tout cela que commet la secte Genevoise,
"L'Hérétique Albigeois l'avait plutôt commis."

Claude Rubius, dans son Histoire de la Ville de Lyon, parlant des Luthériens et des autres Réformés, dit, que les hérésies qui ont eu cours de notre tems sont entées sur les anciennes hérésies des Vaudois; et le Jesuite Gautier l'a supposé si bien de la sorte dans sa table chronographique sur le 12me siècle chap. 15, qu'il a réduit à 27 articles la conformité qui est entre la doctrine des Vaudois, et celle des Protestans. Si ce témoignage ne vous plait pas, en voici un, Monseigneur, des plus authentiques; Jean du Tillet, Greffier du Parlement de Paris, dans un livre intitulé, Sommaire de la guerre faite contre les hérétiques Albigeois, extrait du thrésor des chartres du Roi, Du Tillet (dis-je) reconnait que la doctrine des Protestans est la même que celle des anciens Albigeois. Enfin, pour se convaincre de cette vérité, il n'y a qu'à comparer les confessions de foi des Protestans, avec celles que les Vaudois ont publiées de siècle en siècle, pour faire voir la justice de leur cause, et la pureté de leur doctrine; ce qui de tous les moyens, est celui qui est le plus naturel et le plus raisonnable. A-t-on encore des doutes?

Je veux bien m'en rapporter à ce que Claude Seissel archevêque de Turin, et Cousson théologien de Paris, en ont écrit il y a trois cens ans, et cela dans toute autre intention que celle de favoriser les ennemis du siége de Rome. Les Hérésies des Vaudois, si l'on en croit ces deux auteurs, consistaient à rejetter le Pape, avec le purgatoire, les indulgences, le mérite des œuvres, les fêtes des saints, la prière pour les morts, la confession auriculaire, les œuvres satisfactoires, le culte religieux des images, l'invocation de la bienheureuse vierge et des saints; à croire que l'eucharistie n'est appellée le corps de Christ, que dans le sens que la pierre etait Christ. Je laisse à penser, si la foi de ceux qui sont connus sous le nom de Protestans s'éloigne beaucoup de cette doctrine. Je perdrais donc mon temps, si j'insistai plus longtems sur ce parallèle.

3. Je viens, Monseigneur, à l'accusation odieuse d'Arianisme et de Manichéisme tant de fois renouvellée contre nos Pères, et tant de fois confondue à la gloire de leur foi et de leur innocence. Si une bonne cause avait besoin de ménager tous ses avantages, je vous ferais souvenir de l'ancienne raison que les papes ont de traiter de Manichéens, ceux qui ne veulent pas consentir à l'immensité de leur pouvoir. On sait que Boniface VIII. a décidé dans sa

Bulle Unam Sanctam, que le Pontife Romain est le seul principe, duquel toutes choses doivent dépendre; ce qu'il prouve par cette raison transcendante, que Dieu créa le ciel et la terre au commencement, et non aux commencemens. D'où il conclut que ceux, qui veulent mettre en parallèle la puissance civile avec la sienne, sont une espèce de Manichéens, qui reconnaissent deux principes l'un bon et l'autre mauvais.

Je pourrais encore découvrir ici, la bassesse des artifices qu'on a employés, pour donner du crédit à cette calomnie qui confond les Vaudois avec les Ariens et les Munichéens. Car c'est quelque chose de fort singulier sans doute qu'on ait changé jusqu'aux titres des livres, pour avoir lieu de persuader le public que les Vaudois n'étaient pas différens de ces anciens hérétiques. Ainsi, Luc de Tude avait écrit contre diverses sectes, et intitulé son livre, De l'Autre Vie, et des Controverses de la Foi; mais il a plu au Jésuite Mariana,* pour donner à entendre que cet ouvrage ne regardait que les Albigeois, de le faire courir avec ce titre Contre les erreurs des Albigeois. Ebrard de Bethune avait fait un traité contre les Manichéens, qu'il combat sans les nommer sous le simple titre d'Antihæresis. Qu'a fait le Jésuite Gretser? Il a bravement changé le titre, en

* Mariana in Epist. ad Carvaj. Caur.

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