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ajoutant, contre les Vaudois; afin que la posterité se persuadât que les Vaudois sont les Manichéens qu' Ebrard a combattus. Enfin Ermengard ayant mis cette inscription au-devant de son livre, Contre les hérétiques qui disent, et qui croyent, que ce monde et toutes les choses visibles ne sont pas l'ouvrage de Dieu, mais du diable, c'est-a-dire contre les Manichéens; ne voila-t-il pas ce même Gretser, qui met au-dessus de toutes les pages, Contre les Vaudois?

Voilà quelle est la hardiesse des uns; mais après avoir vû la mauvaise foi des premiers, considérez l'ignorance des autres. Les Albigeois ont été accusés de Manichéisme, par des gens qui ne savaient pas même en quoi la doctrine des Manichéens consistait. Tel est Pierre de Vaucernay, qui est convaincu d'une trop grossière ignorance, puisqu'au lieu de définir la religion des Manichéens par ce qu'ils croyent, il la définit par ce qu'ils ne croyent pas; leur attribuant d'enseigner que Dieu avait deux femmes, dont il a eu des fils et des filles; et qu'il y a deux Jésus Christ, l'un bon qui n'a jamais été sur la terre que dans le corps de St. Paul, l'autre mauvais qui avait été surpris en adultère avec Marie Magdelaine, dont il avait fait sa concubine, etc.

Je pourrais, Monseigneur, opposer aux calomnies de ce Moine, et d'autres auteurs aussi

ignorans que passionnés, une foule d'auteurs plus instruits ou plus sincères, et entre les autres des historiens célèbres, comme Guillaume Paradin dans ses Annales de Bourgogne Liv. 2. Du Haillan au tome ii. de son Histoire sur Philippe II.; Nicolas Vignier dans son Histoire Ecclésiastique sur l'an 1206; Du Tillet dans le sommaire de la Guerre contre les Albigeois; De Serres dans son Histoire de France sur Louis VIII; Le Président de Thou au Livre 5 de son Histoire sur l'an 1550; Mezerai sur Louis le jeune; La Popeliniere dans son Histoire de France tome ii. pag. 245; qui tous déchargent les Albigeois, des vices et des erreurs qui leur avaient été malicieusement imputés. Ainsi, Nicolas Bertrand, historien et jurisconsulte de Thoulouse, justifie, sur la foi d'un ancien Manuscrit, le Comte de Thoulouse du crime d'hérésie dont il avait été chargé. Habebat enim, ajoute-til, multos principes atque magnates ratione virtutis et potentiæ invidos; et, cum a nemine vinci posset, ideo hæresim imputabant. Il y avait plusieurs Princes et grands seigneurs, qui portaient envie à sa vertu et à sa puissance; et parcequ'ils ne pouvaient le vaincre, ils l'accusaient d'être hérétique. Quoiquils eussent des erreurs, dit Bernard Girard au livre 10 de son Histoire de France, ce n'est pas tant cela qui excitait contre eux la haine du pape et des potentats, que la

liberté avec laquelle ils reprenaient les vices et les dissolutions des princes, et du clergé, la vie même et les actions du pape; c'est là la principale cause qui leur a attiré la haine de tout le monde, et qui fait qu'on leur a imputé plusieurs opinions horribles, feintes et inventées, dont ils étaient du tout éloignés.

Voilà, Monseigneur, des témoignages en grand nombre que je pourrais raisonnablement opposer à la mauvaise foi ou à l'ignorance de ceux qui les ont calomniés. Mais je ne veux pas m'y arrêter, parceque j'ai quelque chose de meilleur à dire sur ce sujet.

Les Vaudois, ou Albigeois, (car l'un vaut l'autre) n'étaient ni Ariens, ni Manichéens au commencement du 12° siècle. Cela parait par un ancien monument de leur foi, qui est un traité écrit dans la langue vulgaire des vallées intitulé La nobla Leyçon, et datée de l'an 1100, dont il y a deux manuscrits; l'un dans la bibliothèque de Genève, l'autre dans celle de Cambridge en Angleterre. Là on y trouve le peuple Vaudois purgé du double soupçon, puisqu'on y trouve, avec la confession de leur foi, un abregé du Vieux Testament rejetté par les Manichéens avec l'établissement de ce principe, que Dieu seul peut pardonner les péchés; ce qui rend incontestable la divinité du Fils; et l'amour de Dieu et du prochain ainsi décrit,

C

En aysy que nos aman la santa Trinita, et lo proyme; ce qui ne s'accorde pas avec l'impieté Arienne.

Ces mêmes Vaudois n'étaient ni Manichéens, ni Ariens, lorsqu'ils publièrent leur Catéchisme ou Formulaire de Foi, composé par manière de dialogue, et qui est daté de la même année 1100; puis qu'on y trouve la doctrine chrétienne prouvée par le Vieux et par le Nouveau Testament, ce qui est contraire à l'impiété Manichéenne; et la divinité du Fils et du Saint Esprit avec celle du Pere, ce qui est opposé au blasphème des Ariens.

Ils n'étaient ni Ariens, ni Manichéens, lors qu'ils composèrent leur traité de l'Anti-Christ daté de l'an 1120, avec ces paroles remarquables pour titre, Comme la fumée va devant le feu, le combat devant la victoire, ainsi la tentation de l'Anti-Christ va devant la gloire. On y prouve la nécessité de se séparer de l'Anti-Christ tant par l'autorité du Vieux Testament que par celle du Nouveau; ce qui est contre l'hypothèse des Manichéens; et l'on déclare qu'on s'attache à la connaissance d'un vrai Dieu, et unité d'essence en trois personnes, la quelle connaissance la chair ni le sang ne donne point; ce qui est contre le principe des Ariens: et pour que vous n'ayez point de soupçon que ces écrits soient supposés, on vous les montre en langue

vulgaire; et cités et vérifiés par le témoignage même de leurs adversaires.

Les Vaudois ou Albigeois n'étaient ni Ariens, ni Manichéens, lorsque St. Bernard disait d'eux au 12° siècle; Toutes les hérésies ont leur auteur; Les Nestoriens ont eu Nestorius pour père, les Ariens Arius, les Manichéens Manés; mais cette secte ne peut nous marquer son auteur. Ils n'étaient ni Ariens, ni Manichéens, lorsque Guillaume de Puylaurens, auteur contemporain, en parlait ainsi :* Il y avait plusieurs hérétiques. Les uns étaient Ariens, les autres Manichéens, et les derniers étaient Vaudois. Ils conspiraient tous contre la foi Catholique; mais ils ne laissaient pas d'être opposés les uns aux autres, et ces derniers disputaient avec beaucoup de subtilité contre les Manichéens. Les disputes des Vaudois faisant honte aux prétres ignorans,et allumant leur haine, ils avaient plus de complaisance pour les Manichéens que pour eux. C'était alors une si grande honte que d'être prêtre, qu'ils cachaient ordinairement leur couronne. Les évêques faisaient leur charge comme ils pouvaient, et leur autorité était tellement méprisée que les soldats s'attachaient ouvertement aux hérétiques; les oppositions du clergé étaient vaines, et le respect qu'on avait pour les sectaires profond.

Les Vaudois ou Albigeois n'étaient ni Ari

* Chron. prol, pag. 49.

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