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moi Pierre prince des apôtres. Vous et votre bienheureux frère Paul m'étes témoins, avec plusieurs autres, qu'on m'a forcé de prendre la conduite de la sainte église; ce qui me fait croire, que vous avez agréable que je gouverne le peuple chrétien que Dieu a soumis à notre conduite. Sur cette assurance, à l'honneur de votre sainte église, de la part et au nom de Dieu tout-puissant, Pere, Fils, et Saint Esprit, et par votre autorité, je dépouille Henri, fils de Henri Empereur des Royaumes de Germanie et d'Italie, pour s'être élevé par orgueil contre votre sainte église; afin que les nations sachent que c'est vous qui êtes Pierre, et que le fils de Dieu a édifié son église sur votre pierre.

le

Henri, après divers évenemens, et des efforts héroïques pour se soutenir, trouva sa perte dans sa soumission. Car étant allé à Canosa en Toscane, forteresse imprenable dans laquelle pape s'était mis en sureté, pour appaiser ce pontife, et n'être pas abandonné de tous ses partisans, il fallut attendre pendant trois jours en hiver, pieds nus, un balai à la main, qu'il plût à sa sainteté de lui donner audience. Enfin l'humble pontife remit l'empereur en grace, mais sans le rétablir dans sa dignité: Henri fut delié de l'excommunication, sous promesse de tenir ses sujets quittes du serment de fidélité, &c.

Le tombeau, retraite assurée et inviolable des malheureux, ne put servir d'asile à l'empereur degradé son corps fut deterré par l'ordre du pape, et transporté de sa sépulture Royale dans un sépulcre commun jusqu'à ce qu'il plût à St. Pierre d'être appaisé.

Ce ne fut après cela qu'un jeu pour les évêques de Rome, de fouler sous les pieds la majesté des souverains. Innocent II. fait prendre dans un tableau l'empereur Lothaire prosterné à ses pieds, et se et se reconnaissant homme lége du pape. Adrien IV. fait tenir l'étrier de son cheval par Frederic. Les Rois d'Angleterre sont poussés à telle extremité qu'un d'entre eux cherche à se soumettre à un prince Mahometan. Les Rois de France euxmêmes ne sont pas épargnés, et Boniface VIII. aurait poussé bien loin son audace si l'Albigeois Nogaret ne l'eut réprimé, comme cela est connu de tout le monde. Le monde vit ensuite pluseurs papes, et il n'en pouvait porter un seul.

Chose étrange que l'esprit de vérité soit allié à tant de fierté et d'arrogance, et l'esprit de mensonge à tant de modestie et de simplicité; que l'humilité soit hérétique dans les Vaudois, et l'orgueil orthodoxe et plus qu'orthodoxe dans les évêques de Rome; que Jésus Christ ait pour ses vicaires les enfans du roi d'orgueil, et que le roi d'orgueil ait pour ses suppôts les débon

naires de la terre que Jésus Christ avait pris pour ses disciples en nous disant, Apprenez de moi, que je suis débonnaire et humble de cœur, et vous trouverez du repos à vos âmes.

3. Les papes n'étaient pas seulement les tyrans des souverains, ils l'étaient encore du clergé ; car, à parler généralement, les évêques n'étaient plus que les subdélégués du siége Romain, n'étant évêques que par sa grace; et les conciles devaient se contenter de l'honneur d'être ses chanceliers, pour faire entendre au peuple les oracles qu'il lui plaisait de dicter, soit de bouche, ou par ses légats. Innocent III. leur apprend leur devoir, lors qu'ayant assemblé son concile de Latran, non pour savoir le sentiment de cette assemblée sur les matières proposées, mais pour lui dire le sien, il fait jusqu'à septante décrets par la seule autorité de l'esprit infaillible qui réside dans le coffret de sa poitrine: car Matthieu Paris, auteur contemporain, avec plusieurs autres,* nous apprend que les décrets du concile de Latran furent bien dressés par Innocent III. et lus par son ordre dans l'assemblée; mais non déterminés par la voix des prélats qui la composaient, dont on ne demanda point les avis, Il est vrai qu'en revanche le pontife les

* Matth. Paris in Reg. Johan. ad an. Do. 1215.

combla d'honnêteté, et qu'il les complimenta sur l'honneur qu'ils avaient de lui appartenir. C'est de moi, leur disait-il, exaltant sa toute-puissance, et le droit qu'il s'arrogeait de sauver ou d'écraser les peuples et les rois, c'est de moi qu'il a été dit dans les prophètes, Je t'ai établi sur les nations et sur les royaumes, pour déraciner et pour renverser, pour bâtir et pour planter, &c. Je suis un milieu entre Dieu et l'homme; au-dessous de Dieu, (La Majesté Divine n'a-t-elle pas de grandes obligations à la modestie du pontife?) mais au-dessus de l'homme; et plus grand que l'homme, puisque je suis son juge, et ne puis étre jugé de personne. Ne suis-je pas l'époux, et chacun de vous l'ami de l'époux? Je le suis, parceque je possede l'épouse, la noble, la riche, la glorieuse, et la sainte église de Rome; qui est la maîtresse de tous les fidèles, et qui m'a apporté un douaire précieux et inestimable, savoir l'abondance des choses spirituelles et temporelles.

Les Arnaud et les Bossuet ont raison, si la chose est ainsi, de traiter avec hauteur les troupes errantes et vagabondes des Vaudois et des Albigeois. C'est bien en effet à des miserables, connus seulement par la mort de huit cents mille martyrs de leur hérésie-ou de leur rebellion contre Sa Sainteté,-à se dire la véritable église! Surtout lorsqu'ils oseut blasphémer contre son

vicaire, qui a l'abondance des biens temporels et spirituels, et qui se nomme lui-même l'époux de l'église! Que veulent dire ces malheureux hérétiques, avec leur affectation de ne porter que des souliers percés par le-dessus, selon le reproche qui leur en est fait par le dernier père de l'église ?* Voudraient-ils insulter la brillante chaussure de Sa Sainteté, que releve l'éclat des pierreries, et que vénérent les maîtres du monde? Voudraient-ils insinuer que Jésus Christ n'a pas lavé les pieds de St. Pierre par un miracle d'humilité, afin que St. Pierre donne ses pieds à baiser aux plus grands potentats par un prodige d'orgueil?

Ce que je souhaite que votre Eminence remarque, c'est que la transubstantiation, l'autorité de l'évêque de Rome à déposer les souverains, et sa superiorité sur les conciles, sont ici non seulement determinées par la même autorité, mais encore comprises dans la même décision. Innocent III. décide, que le pain est changé au corps de Jésus Christ; voilà la transubstantiation: il le décide sans prendre les avis de l'assemblée; voilà sa supériorité, magistrale sur le concile: enfin ce décret condamne les contredisans à être livrés au bras séculier, quelques

* M. De Meaux, Hist. des variations.

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