Sayfadaki görseller
PDF
ePub
[ocr errors]

les ordres destinés à maintenir les divers genres de subordination; et l'on n'espéroit pas de faire changer ses opinions en détruisant le crédit de ses Ministres. Tout étoit différent sous le règne de Louis XVI : aucun ascendant personnel ne prêtoit encore de la force au Monarque, et il s'en falloit bien que l'ancien style des Edits, ce voulons et nous plaît, toujours conservé par usage, fût reçu, fût admis dans la plénitude et la rigueur des

mots.

LES avertissemens qu'avoit reçus M. de Brienne sur la puissance de l'opinion publique, et la déférence que lui-même avoit eue pour elle en renonçant avec tant de promptitude à ses plans d'imposition, ne le détournèrent pas de sa marche hasardeuse; et blessé personnellement des sentimens que lui montroient les Cours Souvéraines, il conçur le projet de les attaquer dans leurs principes de vie, au risque et au risque évident d'associer de plus en plus la Nation à leur cause. Elle eût approuvé peut-être la réduction de leur ressort judiciaire et l'accroissement de la compétence des Bailliages. Ce fut la première disposition adoptée par le Conseil du Roi, mais

[ocr errors]

on voulut aller plus loin, et, pour s'affranchir de toute espèce de contrainte, on se proposa de réunir en un seul Corps, présidé par le Monarque ou par son Chancelier, le droit de vérifier et d'enregistrer les loix de police générale, les loix de finance et d'imposition. C'étoit dépouiller, en un moment, tous les Parlemens du Royaume des illustres prérogatives dont ils avoient joui depuis plusieurs siècles. Quelle entreprise au milieu de la foiblesse du Gouvernement! et pouvoit-elle réussir ?

[ocr errors]

Ce fut sous le nom de Cour Plénière que le nouveau Corps politique fut institué, et la Grand'Chambre du Parlement de Paris avec deux Députés de chacun des autres Parlemens y étoient réunis aux Ducs et Pairs aux Grands Officiers de la Couronne et à un certain nombre de Maréchaux de France, de Lieutenans-Généraux, de Chevaliers des Ordres et d'autres hommes quaHifiés, tous nommés par le Roi. Le public à cet aspect crut voir les droits de Législation partagés aux Courtisans, et un cri général de réprobation se fit entendre d'une extrémité du Royaume à l'autre.

Le Gouvernement, donnant aux remontrances des Parlemens un texte si fécond,

eut l'habileté de s'en garantir en suspendant les fonctions de la Magistrature, sous la forme nouvelle d'une continuité de vacances; mais les différens Ordres de l'Etat. n'eurent besoin d'aucun signal, pour se réunir contre une innovation qui applanissoit toutes les voies au despotisme Ministériel. Plusieurs associations se formèrent, et l'on remarqua sur-tout l'Assemblée de l'Ordre de la Noblesse en Bretagne, l'Assemblée des trois Etats en Béarn et la grande Union Provinciale du Dauphiné. Le Gouvernement essaya de contenir ces mouvemens par des coups d'autorité: il fit enfermer à la Bastille douze Députés de la Noblesse de Bretagne; il multiplia par-tout les Lettres-de-cachet, et toutes ses rigueurs ne servirent qu'à rendre la fermentation des esprits plus ardente et plus générale.

Le Ministre alors employa les raisonnemens, eut recours aux explications, et en commençant à changer lui-même, il supposa des mal-entendus de la part des autres, et s'en fit à l'avance un moyen de retraite. Il répondit aux représentations du Clergé, que la Nation avoit tort de s'alarmer, qu'il n'étoit pas dans l'intention du Roi d'employer la médiation de la Cour Plénière

pour établir aucun impôt de durée, aucun impôt dont la sanction avoit appartenu de tout tems à d'autres Autorités. Et pourtant il représentoit cette Cour comme un réouvellement de l'ordre des choses, tel qu'il existoit il y a plusieurs siècles ; il rappeloit la date de la création des Parlemens ; il rappeloit l'ancienne circonscription de leurs prérogatives; enfin il remontoit jusques au commencement de la Monarchie pour indiquer le type de sa nouvelle institution. Mais de quoi servoient ces recherches aux hommes de la génération présente? Tous les Rois de la première et de la seconde race auroient paru pour témoigner de la ressemblance de l'idée de M. de Brienne avec leurs anciens Plaids, avec ces Conseils où s'étoient formés tous leurs Capitulaires, et tous leurs Capitules, que l'opinion de la France moderne n'eût pas été changée. La différence des tems équivaudra toujours, et par de bonnes raisons, à la différence des pays."

.

Le Ministre apperçut enfin l'inutilité de ses efforts; il vit que la foible autorité du Gouvernement ne pourroit subjuguer la vigoureuse puissance de la volonté générale, et au mois d'Août 1788, trois mois

après l'institution de la Cour Plénière, une Déclaration du Monarque abrogea solemnellement cette nouveauté politique.

Qn conçoit néanmoins combien des changemens si ràpides, ces expériences hardies et ces prompts repentirs, devoient discréditer le Gouvernement.

UNE Conduite si incertaine servit aussi parfaitement le vœu progressif de la Nation en faveur des Etats-Généraux. Le Parlement de Paris avoit demandé leur convocation dès le mois d'Août 1787, et tandis que, par un Arrêté formel, il accusoit le Gouvernement de réduire la Monarchie Françoise à l'état de despotisme, de disposer des personnes par Lettres-de cachet, des propriétés par des Lits de justice, des affaires civiles et criminelles par des évocations ou cassations, et de suspendre le cours de la justice par des exils particuliers ou des translations arbitraires, il se déclaroit lui-même dans l'impuissance légale d'adhérer dorénavant à aucune imposition, il marquoit ses regrets d'avoir adopté si long-tems d'autres principes, et il transmettoit à tous les Bailliages sa nouvelle profession de foi.

[ocr errors][merged small]
« ÖncekiDevam »