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s'il eût été permis à quelques cardinaux mécontents de protester contre une élection valide et reconnue comme telle par toute l'Église pendant plusieurs mois? Que serait devenue l'unité de l'Église? Nous ne voulons pas juger les deux antipapes qui siégèrent à Avignon; le second surtout, l'habile et ambitieux Pierre de Lune, devait avoir quelques doutes sur sa légitimité; mais on sait avec quelle facilité on trouve sa propre cause meilleure que celle des autres, et, comme il y eut des saints dans les deux obédiences, on ne saurait déclarer absolument qu'il n'y eût que la mauvaise foi du côté des Pontifes d'Avignon.

Au reste, les Papes qui ont paru pendant le grand schisme ne se sont pas occupés que de leur querelle; les Pontifes romains méritèrent l'attachement de leurs sujets; ceux d'Avignon montrèrent, dans certaines circonstances, une fermeté qui leur fait honneur. Sans doute les tristes divisions de l'Église permirent à l'hérésie de relever la tête; mais il ne faut pas oublier que les erreurs de Wiclef et de Jean Hus furent comprimées pour le moment, et que près d'un siècle encore s'écoula sans que la chrétienté fût déchirée par les suites de la révolte de Luther.

Ayant fait, dans le précédent volume, l'histoire du schisme en lui-même, nous reprendrons dans celui-ci l'histoire des Pontifes qui se sont succédé perdant cette lamentable période, pour les faire connaître en eux-mêmes et pour raconter les autres faits religieux qui intéressent l'Église. Ce sera la première partie. Dans une seconde, nous ferons connaître les Papes qui ont suivi jusqu'à l'extinction complète du schisme sous le Pontificat de Nicolas V. Une troisième sera consacrée aux Papes qui ont régné depuis Nicolas V jusqu'à Alexandie VI. Les

attaques récemment renouvelées contre ce dernier Pontife, à cause de la restauration, entreprise par lui et achevée par Jules II, de la royauté temporelle des Pontifes romains, nous ont engagé à donner une place plus considérable à l'histoire d'Alexandre VI.

2.

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On a vu comment fut élu l'archevêque de Bari, Barthélemy Prignano, qui prit le nom d'Urbain VI, et comment, plusieurs mois après, le 20 septembre 1378, le cardinal de Genève fut élu par quelques cardinaux rebelles. L'antipape prit le nom de Clément VII. Il n'eut guère d'abord pour partisan de son schisme que le royaume de Naples, où régnait la reine Jeanne, femme aussi décriée par ses mœurs et ses crimes que remarquable par les plus brillantes qualités. Le schisme se serait éteint de lui-même, si la France n'y était entrée et n'avait fourni une résidence pontificale à Clément VII dans la ville d'Avignon. L'exemple de la France entraîna quelques autres pays; mais la plus grande partie de l'Europe, l'Angleterre en tête, reconnureut le Pape légitime. Sainte Catherine de Sienne et sainte Catherine de Suède, fille de sainte Brigitte, embrassèrent vivement le parti d'Urbain VI.

Sainte Catherine de Sienne écrivit aux cardinaux qui

avaient fait l'élection schismatique d'Anagni: «Est-il donc vrai qu'au lieu d'être les boucliers de la foi, les défenseurs de l'Église, les pasteurs du troupeau, vous êtes des mercenaires et des ingrats! Car vous savez la vérité, vous savez, et vous l'avez dit mille fois, qu'Urbain VI est Pape légitime; que son élection a été bien plutôt l'œuvre de l'inspiration divine que de votre industrie humaine. Quelle est donc la cause de votre changement, sinon le venin de l'amour-propre qui empoisonne le monde? Voilà pourquoi, au lieu d'être les colonnes de l'édifice, vous flottez au gré du vent comme une paille légère. Au lieu d'être les fleurs qui parfument l'Église, vous l'infectez de vos erreurs; au lieu d'être la lumière placée sur la montagne, vous marchez à la suite de l'ange des ténèbres. »

Aux arguments que faisaient valoir les docteurs de l'université de Paris en faveur de Robert de Genève, les docteurs d'Oxford opposèrent les suivants, qui ne furent pas réfutés et qui ne pouvaient l'être : -1° On prétend que l'élection d'Urbain VI n'a pas été libre; or, le peuple romain n'a point imposé aux cardinaux telle ou telle personne en particulier. Il demandait, et avec raison, que le Pape fût romain. Les cardinaux ne se sont pas même rendus à ce désir; ils ont choisi un Napolitain auquel la multitude ne songeait nullement. Les cardinaux ne peuvent donc se plaindre qu'on leur ait imposé un choix qui n'était pas le leur. 2o L'archevêque de Bari, élu, refusa avec la plus grande insistance la Papauté qu'on lui offrait. Les cardinaux le supplièrent de céder à leurs vœux. Si l'élection n'eût pas été libre d'abord, elle l'était devenue alors. Au lieu de la révoquer, les cardinaux la renouvelaient par leurs instances. Ils ne peuvent donc pas dire qu'Urbain VI a été

élu malgré eux. -3° Les cardinaux l'ont couronné. Ceux même qui s'étaient éloignés de Rome y sont revenus pour cette cérémonie. Comment seraient-ils revenus sacrer un Pape qu'ils n'avaient pas élu? 40 S'il y a eu violence exercée sur le conclave, ce ne fut que pendant une nuit. Or, durant trois mois, les cardinaux restèrent pacifiquement avec Urbain VI, reçurent de sa main la sainte communion, lui prêtèrent serment de fidélité, et sollicitèrent et en obtinrent des grâces. Le peuple ne resta pas trois mois en armes autour du palais pontifical. Les cardinaux étaient libres alors; ils traitaient donc librement Urbain VI en Pape. 5o De deux choses l'une ou les cardinaux ont su que Barthélemy Prignano était Pape, ou ils ont su qu'il ne l'était pas. Si, à leurs yeux, Prignano était Pape, pourquoi ont-ils élu Clément VII? S'il ne l'était pas, pourquoi ont-ils notifié à toute la chrétienté son élection comme légitime? Si cette notification n'était qu'un mensonge, ils ont donc trompé toute la sainte Église de Dieu; ils n'ont donc plus aucun droit à ce qu'on accepte désormais leur témoignage.

Les deux Pontifes rivaux s'anathématisèrent réciproquement, mais leur conduite était bien différente dans tout le reste. Urbain VI n'abandonnait aucun des droits de l'Église, et n'usait d'aucune condescendance coupable à l'égard des princes. C'eût été un Pontife accompli s'il eût eu moins d'amour pour les siens, particulièrement pour un neveu qui déshonorait son nom, et s'il eût eu plus de douceur pour les autres; car il avait des mœurs très-pures, il aimait la justice, il haïssait la simonie et le luxe, menait une vie austère, jeûnait presque tous les jours, et portait un cilice. Clément VII, au contraire, se plaisait dans le

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