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La première partie de sa mission était remplie; il s'agissait maintenant de mener le roi à Reims, et, pour cela, il fallait traverser trois rivières bien défendues et quatre-vingt lieues de pays ennemi. Charles VII hésitait; Jeanne le couvainquit par de nouveaux triomphes. Jargeau fut pris d'assaut, Beaugency se rendit; à Patay, les Français tuèrent trois mille Anglais sans perdre un seul homme. Alors on se mit en marche pour Reims, avec une armée de douze mille hommes, sans vivres et sans artillerie. Tout cédait devant la Pucelle Auxerre se rendit à composition, Troyes songea à résister et n'osa combattre quand elle aperçut la bannière de la Pucelle; Châlons-sur-Marne ouvrit ses portes à l'approche du roi; les Anglais ne se présentaient plus nulle part, et quand Charles ne fut plus qu'à quatre lieues de Reims, une députation des principaux du clergé et du peuple vint remettre à ses pieds les clefs de la ville. Le sacre eut lieu le 17 juillet 1429.

Jeanne d'Arc assista à cette cérémonie, en habit de guerre, son étendard à la main, et tout proche de la personne du monarque. Dès que le sacre fut terminé, elle se jeta à ses pieds, fondant en larmes; et, après l'avoir félicitó de la protection miraculeuse que Dieu avait accordée à ses entreprises, elle ajouta que les deux objets pour lesquel s le Ciel l'avait envoyée se trouvant remplis, elle le suppliait de lui permettre de retourner chez ses parents et d'y reprendre son premier état. Le roi fut touché de la générosité de Jeanne d'Arc, mais il ne put consentir à sa retraite ; il lui dit que Dieu ne lui ayant rien révélé là-dessus, sa volonté était sans doute qu'elle achevât son ouvrage, en chassant les Anglais du royaume. En effet la réputation de la Pucelle s'était répandue de toutes parts; les peuples, persua

dés que le Ciel, en la suscitant, s'était hautement déclaré pou Charles VII, revenaient en foule à leur souverain légitime ; les soldats, pleins de confiance, ne combattaient plus que pour vaincre; le trouble et le découragement avaient passé chez les Anglais : battus en toutes rencontres, ils ne savaient plus que fuir; et le duc de Bedfort eut besoin de toute sa prudence et de tout son courage pour n'être pas dès lors obligé d'abandonner le territoire français. Il voulut, pour ranimer son parti, tenter un dernier effort, et mit le siége devant Compiègne. Jeanne d'Arc se jeta dans la place, mais elle fut prise dans une sortie : battant en retraite, et faisant face jusqu'au bout à l'ennemi, elle trouva la porte de la ville fermée par peur ou par trahison, et fut obligée de se rendre après avoir fait des prodiges de valeur (23 mai 1430). La joie des Anglais et des Bourguignons ajouta, s'il était possible, à la gloire de Jeanne d'Arc. Vendue au duc de Bedfort par le duc de Bourgogne, dont elle était la prisonnière, elle fut conduite à Rouen, où l'on devait instruire son procès comme sorcière. La sentence était prononcée d'avance; les Anglais ne voulaient pas reconnaître la protection divine qui couvrait la France. Cauchon, évêque de Beauvais, créature du roi Henri V et tout dévoué aux Anglais, et les juges iniques qui siégaient avec lui, condamnèrent la Pucelle, pour cause de magie, à une prison perpétuelle au pain et à l'eau. On lui défendit en outre de porter désormais des habits d'homme; mais comme dans son cachot et pendant qu'elle dormait les gardiens lui retirèrent les vêtements de son sexe, et mirent à la place un costume de soldat, Jeanne se vit forcée d'en faire usage. Ce prétendu crime la fit condamner à la peine du feu.

Déjà son bûcher s'élevait sur une des places publiques de

Rouen, et la foule se pressait pour la voir conduire à la mort. La jeune bergère traversa lentement cette multitude avide d'émotions cruelles, et pendant tout le trajet elle ne cessait de répandre des larmes. Arrivée au lieu du supplice, elle reprit courage, entendit la sentence, se mit à genoux pour recommander son âme à Dieu, contemplant avec amour et serrant sur son cœur une croix qu'on lui avait apportée. Du haut de l'échafaud, lorsque son regard embrassait d'un seul coup d'œil la foule silencieuse et la ville tout entière, elle ne put s'empêcher de dire: Ah! Rouen! Rouen! j'ai grand' peur que tu n'aies à souffrir de ma mort! Au milieu des flammes, l'héroïque jeune fille continua de prier tout haut, et les derniers mots qu'on lui entendit prononcer furent les noms de Jésus et de Marie. La victime était dans sa vingtième année (30 mai 1431). Cette horrible iniquité couvrit d'infamie et le duc de Bedfort, et les Anglais, et l'évêque de Beauvais, et tous ceux qui applaudirent à la condamnation de Jeanne. Quelques années après, la ville de Rouen étant rentrée sous la domination française, on s'occupa de la révision de ce monstrueux procès. L'injustice et l'atrocité de la procédure furent pleinement dévoilées; et, à la suite des informations les plus exactes, le Saint-Siége déclara solennellement Jeanne d'Arc innocente des crimes qu'on lui avait imputés. Enfin, on lui éleva une statue à Rouen, et une procession annuelle fut établie à perpétuité dans l'endroit où elle avait subi la mort'.

Le crime commis par les Anglais ne leur porta pas bonheur. Le couronnement solennel d'Henri VI eut lieu à Paris (1431), mais ne releva pas les affaires des Plantage

1 Histoire de France A. M. D. G.

net. Le traité d'Arras (1435) fit rentrer dans le parti français le duc de Bourgogne, à qui l'on cédait les villes du sud de la Somme, Auxerre, Mâcon et quelques autres. L'année suivante, Paris ouvrit ses portes. Quelques années après, le royaume de France était reconstitué.

Martin V avait vu les triomphes de Jeanne d'Arc ; il n'eut pas la douleur d'apprendre son supplice. Il était mort à Rome, le 21 février 1431, après un règne pacifique de près de quatorze ans. L'un de ses derniers actes fut de convoquer à Bâle un concile pour y terminer l'affaire des hussites et procurer la réunion de l'Église grecque, qui sollicitait encore une fois les secours de l'Occident. La Papauté n'oublia pas les vertus de Jeanne d'Arc. Vingt cinq ans après la mort de l'héroïne, le pape Calixte III ordonna une enquête de révision dont il chargea l'archevêque de Reims. L'innocence de la Pucelle d'Orléans fut reconnue et sa mémoire glorieusement réhabilitée. Calixte III déclara par un jugement solennel que Jeanne « avait souffert le martyre pour la défense de sa religion, de son roi et de son pays. »

EUGÈNE IV.

(3 MARS 1431 23 FÉVRIER 1417.)

Dix jours après la mort de Martin V, les cardinaux entrèrent en conclave, et, le 3 mars, ils élurent le cardinal Gabriel Gondolmerio, petit neveu du pape Grégoire XII, qui prit le nom d'Eugène IV. Le Pontificat nouveau ne fut, pour ainsi dire, qu'une longue tempête; la paix rendue à l'Église quelques années auparavant, fut troublée à la fois par les prétentions du concile de Bâle et par les séditions taliennes. Eugène IV vit attaquer à la fois sa souveraineté

temporelle et sa suprématie spirituelle. L'aventurier François Sforza, qui devait plus tard se rendre maître de Milan, combattant tantôt pour les Visconti, tantôt pour les Vénitiens, toujours dans ses propres intérêts, s'empara de la Marche d'Ancône, qu'il conserva jusqu'à la fin du pontificat d'Eugène IV. Les Colonna, qui avaient repris une grande influence parce que Martin V appartenait à leur famille, se livrèrent à des malversations qu'Eugène dut réprimer. Ils se vengèrent en s'unissant à quelques condottières, et excitèrent une sédition qui força le Pape de quitter Rome (1434), où il ne rentra qu'au bout de neuf ans, quoiqu'il eût été r appelé plus tôt par les Romains.

Le jour même où Eugène IV fut élu, s'ouvrait le concile de Bâle, qui devait particulièrement s'occuper de l'hérésie des hussites, de la réforme et de la réunion des Grecs. Ce concile, peu nombreux et composé de membres imbus des doctrines peu favorables au Saint-Siége qui s'étaient fait jo ur dans le concile de Constance, ne tarda pas à se mettre en opposition avec le Pape. Il avait commencé sans son approbation, il ne fut d'accord avec lui que pendant huit sessions (5 février 1434-18 avril 1435) et dégénéra en un conciliabule schismatique qui osa prononcer l'anathème contre le concile œcuménique ouvert à Ferrare (1438); il alla plus loin, et nomma un antipape dans la personne d'Amédée VIII de Savoie, qui prit le nom de Félix V (1439). Amédée VIII, dégoûté de régner, avait laissé le gouvernement de la Savoie à son fils Louis, mais sans abdiquer, et s'était retiré avec quelques chevaliers au couvent de Ripaille, près de Thonon, où il prit l'habit monastique et fit construire une demeure délicieuse. C'est là que les prélats de Bâle allèrent le chercher. Amédée se laissa faire et resta antipape pen

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