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mais il perdit dix mille hommes (1449). L'année suivante, il mit le siége devant Croïa, mais ne put la prendre, et alla mourir à Andrinople après avoir voulu trois fois abdiquer en faveur de son fils Mahomet, et avoir été obligé trois fois de reprendre le fardeau du gouvernement, trop lourd pour les mains trop jeunes encore de ce fils.

Mahomet II monta sur le trône des Osmanlis, dont il devait être le second fondateur, deux ans après Constantin XII Dragosès, frère de Jean Paléologue, qui devait être le dernier empereur grec. Rome, fondée par Romulus et devenue la capitale du monde sous Auguste, avait vu s'écrouler son empire matériel sous Romulus Augustule; Constantinople, fondée par Constantin, le premier empereur chrétien, devait cesser d'être chrétienne sous un autre Constantin. On aime à savoir que ce dernier ne fut pas trop indigne du fondateur de son empire il tomba glorieusement. Mahomet n'avait que vingt-deux ans. Il commença par se débarrasser d'un frère qui le gênait et qu'il fit étouffer dans son bain, politique de fratricide dont Bajazet avait déjà donné l'exemple. Puis il reçut les ambassadeurs de Constantin, et de ses frères Démétrius et Thomas, qui étaient despotes en Morée, comme feudataires des Ottomans, enfin de l'empereur de Trébizonde et de plusieurs autres souverains chrétiens et musulmans. A tous il fit entendre des promesses d'amitié qui devaient être singulièrement gardées. Il avait juré la ruine de l'empire grec, et fit d'immenses préparatifs pour réussir. Les Grecs lui fournirent les premiers l'occasion d'une rupture, en osant réclamer le payement plus régulier d'une pension affectée à la garde d'un petit-fils de Soliman, qui vivait à Constantinople; Mahomet répondit en faisant coustruire à l'embou

chure du Bosphore une forteresse à laquelle il donna le nom peu rassurant de Boghaskeron (Coupe-gorge). Constantin se plaignit d'un acte qui menaçait directement Constantinople: « De quel droit, répliqua Mahomet, examinez-vous « ce qu'il me plaît de faire ? Ces deux rivages sont à moi: « celui d'Asie, parce qu'il est occupé par les musulmans; ce« lui d'Europe, parce que vous ne pouvez le défendre.» Constantin, indigné, voulait fondre sur les travailleurs; il ne trouva personne pour le suivre. Il écrivit à Mahomet d'épargner au moins les pauvres habitants de la campagne occupés à leurs moissons; Mahomet donna aussitôt l'ordre de ravager les champs et de massacrer les moissonneurs. Constantin trouva dans une nouvelle lettre les magnifiques accents d'une noble résignation: « Nos traités, vos serments, tous mes efforts, écrivit-il au farouche sultan, ne peuvent assurer la paix à mon peuple; je ne mets plus ma confiance qu'en Dieu : il changera votre cœur ou vous livrera Constantinople. Je me soumettrai à lui sans murmurer; mais tant qu'il n'aura pas prononcé son arrêt, je remplirai mon devoir; je défendrai mes sujets, et je vaincrai ou je mourrai avec eux (1452). »

L'Occident regardait sans s'émouvoir cette lutte du faible contre l'oppresseur; il n'y avait plus d'union, et l'on se souvenait trop de l'ancienne perfidie grecque qui avait fait échouer les croisades, des promesses cent fois violées de retour à l'Église romaine. Seul, le pape Nicolas V, s'élevant au-dessus de tous les ressentiments dans l'intérêt du bien commun, fit un pressant appel à la chrétienté; il obtint de l'argent et pas d'hommes, et, d'ailleurs, les fanatiques de Constantinople insultaient son légat, le cardinal Isidore de Kief, qui leur apportait des secours en les exhortant à quit

ter le schisme. Ce peuple dégénéré préférait le turban à la foi romaine.

Cependant les préparatifs de Mahomet étaient faits. Il avait deux cent cinquante mille hommes, une flotte de huit cents voiles; il avait fait fondre par un Hongrois renégat de gigantesques canons. Il fallait sept cents hommes pour servir l'un de ces canons, la plus monstrueuse machine dont les annales de l'artillerie aient gardé le souvenir, et il fallait cinquante paires de bœufs pour la traîner. On l'amena à grand'peine devant la porte d'Andrinople, et on lui fit tirer son premier coup. On crut entendre un roulement de tonnerre à plusieurs lieues à la ronde; la ville entière fut couverte d'un nuage de poussière, et, à la distance de mille pas, le boulet de pierre, qui pesait douze quintaux, s'enfonça dans la terre à la profondeur d'une brasse. Il faut ajouter que la pièce éclata et resta hors de service.

Constantin se préparait à une vigoureuse défense. La ville, par son étendue, par la force et la hauteur de ses murailles, par son port que défendaient d'admirables ouvrages et une chaîne tendue de la belle Porte à la tour de Galata, aurait pu résister longtemps, si elle eût eu assez de troupes et une population plus guerrière. Mais l'empereur n'avait guère que cinq mille Grecs, deux mille Génois et quelques Vénitiens à opposer à l'innombrable armée des Ottomans.

C'était assez pour mourir glorieusement, pas assez pour repousser l'ennemi. On voyait dans les rangs des Grecs tout ce que l'empire expirant comptait de plus illustres noms, les Commène, les Ange, les Ducas, les Lascaris, les Cantacuzène, les Paléologue; le Génois Georges Doria commandait le port; un autre Génois, Giustiniani, commandait dans la ville. Le cardinal Isidore animait le courage de la

petite troupe qu'il avait amenée avec lui. Constantin se montra digne d'être à la tête de tous ses braves.

Le siége commença dans les premiers jours de février 1453; le 6 avril, les quatre batteries de l'artillerie turque firent une première décharge. Les assiégés se défendirent avec courage, mais ne purent empêcher l'ennemi de s'avancer jusqu'au pied des murailles. Des brèches s'ouvrirent : les assiégés repoussèrent les assaillants sur terre, pendant que leurs vaisseaux se heurtaient contre la grande chaîne. On essaya de la mine; une contre-mine arrêta les travailleurs. Après un mois d'attaques sans résultat, on vit s'avancer du fond de la Propontide cinq vaisseaux armés en guerre un vaisseau grec et quatre génois. Ils attaquent trois cents barques turques rangées en croissant devant le port, les coulent à fond pour la plupart, font périr douze mille Ottomans, et entrent dans le port aux acclamations. des chrétiens. Mahomet, furieux de ses échecs, désespérant de rompre la grande chaîne qui lui interdisait l'accès du port et qui s'abaissait pour ses ennemis, conçut le dessein prodigieux de faire descendre sa flotte dans le port par dessus un promontoire assez élevé, inégal et couvert de broussailles. Une armée entière fut employée à cette opération extraordinaire; elle fut achevée en une nuit. Lorsque Constantin vit le port rempli de vaisseaux ennemis, il jugea que la dernière heure de Constantinople était venue. Son courage redoubla pourtant, et il y eut de tels prodiges de valeur que Mahomet, doutant de réussir par la force, offrit à l'empereur une principauté en Morée, s'il voulait céder sa capitale. L'empereur refusa., « Eh bien! s'écria le sultan,

1 On dit que c'est un aventurier crétois qui lui suggéra cette idée,

« dans peu de jours je trouverai à Constantinople mon « trône ou mon tombeau. »

L'assaut général fut annoncé pour le matin du 29 mai. Dans la nuit, Constantin se rendit à Sainte-Sophie où il communia avec les siens, et, dans un discours qui était l'oraison funèbre de l'empire, il les exhorta à vaincre ou à mourir, leur promettant de partager leur sort. Puis il monta à cheval, visita les postes, encouragea les soldats, et alla se poster à l'endroit où le danger devait être le plus grand. Mahomet II, aussi à cheval et tenant en main une massue d'or, jurait par le Prophète, par l'âme de son père, par ses enfants et par son cimeterre que le Coran triompherait, et les derviches parcouraient les rangs de l'armée en criant: Heureux ceux qui vont succomber dans la guerre sainte! malheur aux lâches! pendant que les rues, les places et les églises de Constantinople retentissaient du chant du Kyrie eleison. L'assaut commença dès les premières lueurs du jour. Trois fois les musulmans s'élancent sur les murailles, trois fois ils en sont repoussés, et le fossé se remplit de leurs cadavres; le sultan ordonne aux janissaires de tuer tous ceux qui reculent. Enfin, une tour est enlevée. Giustiniani, atteint d'une balle à la main gauche, recule, malgré les exhortations de l'empereur. Les janissaires entrent dans la place; Constantin se précipite à leur rencontre et combat comme un lion: il voit tomber à ses côtés François Commène, Démétrius Cantacuzène, Théophile Paléologue; tout couvert de leur sang et du sien, il reçoit deux coups de ciméterre, l'un au visage, l'autre derrière la tête, et tombe avec son empire. Il y eut un carnage affreux, des scènes épouvantables de cruauté, de débauche et de pillage, des tombeaux ouverts et la cendre des empereurs jetée au vent.

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